Vous aimez les sports mécaniques et la beauté des belles figures lors de sauts mémorables ? Vous aimez aussi la boue entre les gencives et les chutes qui vous rendent paraplégique ? Alors le motocross est sans doute votre sport préféré. Et justement, nous allons nous essayer aujourd’hui à MXGP2, le dernier né du studio italien Milestone !

Du sport viril, pour les durs !

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que la génération actuelle de consoles propose aujourd’hui un catalogue de jeux de sports assez riche. Il y en a pour tous les goûts. Du sport collectif qui balaie un registre très large (football en tête avec Fifa ou PES), du golf au hockey, en passant par le catch, le handball ou le basket (avec le brillant NBA 2K16 dont on ne se remet toujours pas).

Du coté des sports mécaniques, il faut chercher un peu plus. On a bien Project Cars, très bon pour son hybridation simu-arcade, WRC5, Dirt ou Sebastien Loeb pour le rallye… En règle générale, pour trouver un bon jeu de courses (je parle bien ici de simulations sportives, pas de jeux comme Need for Speed, on est bien d’accord), la bonne astuce consiste à aller voir ce qui se passe du coté du catalogue de l’italien Milestone, réputé dans ce domaine.

Et justement, en attendant Valentino Rossi : the Game, du même éditeur, voici qu’arrive MXGP2, pour ceux qui aiment se péter le dos sur des bosses et dans les ornières des circuits de cross, défier la gravité en s’envolant à des hauteurs vertigineuses, qui n’ont pas peur de choper des tendinites et des tassements de vertèbres…

Vous l’aurez compris, nous allons aujourd’hui parler de motocross, un genre qui nous a offert quelques jeux fort sympas : pour ma part, dans un style qui semble très épuré aujourd’hui, je me souviens avoir passé des heures sur Excitebike sur NES. Quelques années plus tard, je faisais bouillir ma PS1 sur l’excellentissime Championship Motocross Ricky Carmichael (THQ)…

Sans être un puriste du genre, c’est avec une certaine impatience que j’attendais le second MXGP, développé par cette pointure qu’est le développeur milanais Milestone !

Deux gameplays à apprivoiser

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A peine le jeu installé, c’est avec une certaine impatience que je presse la touche option, histoire de voir ce que ce MXGP2 a dans le ventre. Et tout commence par… la création de mon avatar, customisable du casque aux bottes. Couleur de maillot, logo, nom d’écurie, choix de la moto… Si quelques éléments sont disponibles d’entrée, il vous faudra compléter le riche catalogue en gagnant des crédit pour passer en boutique. Classe ! Mais maintenant que mon avatar est créé, allons chercher un mode solo digne de ce nom !

Et c’est parti pour quelques tours de piste, qui vont nous démontrer qu’étrangement, le jeu offre deux types de gameplay. Sur terre tout d’abord, le titre est d’une rigueur absolue, et se révèle extrêmement punitif. La moindre faute est lourdement sanctionnée, la moindre sortie vous fait perdre de précieuses secondes… Vous allez devoir apprendre à négocier vos virages (frein avant ou frein arrière ?) et à optimiser votre vitesse, votre placement !

Un seul moyen pour s’en sortir : tout apprendre ! Les tours d’entraînement ne seront pas de trop pour domestiquer votre bolide, parmi un catalogue qui va faire baver d’envie les amateurs de deux roues : Kawazaki, KTM, Yamaha, Suzuki, Husqvarna, Honda… Vous n’avez que l’embarras du choix, une fois de plus !

Une fois en l’air, les choses sont très différentes, peut-être un peu trop d’ailleurs. Lors des sauts, votre engin est beaucoup plus léger et facile à maîtriser, et vous pourrez rattraper une mauvaise trajectoire avec le stick R3. On vient sans le savoir, et sans trop comprendre pourquoi, de basculer sur un gameplay beaucoup plus « arcade ». Et comme vous allez passer pas mal de temps en mode « aérien », j’en connais qui vont être contents !

Cette relative facilité pendant les sauts va générer deux écoles : tout d’abord ceux qui vont s’efforcer de continuer à piloter « technique » en enchaînant les scrubs (les deux sticks dans deux positions opposées au bon moment, juste avant de décoller), en jouant sur la position du pilote (en avant ou en arrière) pour influer sur la vitesse et sur l’adhérence… Et ceux qui vont jouer la carte de la facilité en se remettant simplement dans le bon axe, sans chercher à aller plus loin… A chacun sa façon de conduire !

Du contenu à foison

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Puisque l’on parle de simulation de motocross, on n’est pas surpris de voir que les développeurs ont porté une attention particulière au réalisme des épreuves, afin de contenter au mieux les amateurs de la discipline, ceux là même qui veillent jusqu’à tard dans la nuit pour suivre les retransmissions sur une célèbre chaîne TV de sport.

Aussi, hormis les classiques contre la montre, course rapide, entrainement… Vous pourrez vous essayer aux différentes épreuves des championnats officiels 2015 (MXGP et GP2), 18 épreuves de grand prix et une du MXoN (Monster Energy Fim Motocross of Nations). On retrouve ainsi les circuits de Losail (Qatar), Villars sous Ecot (France), Matterley Basin (Grande-Bretagne), Lommel (Belgique), Mantova (Italie), Udevalla (Suède)… Une chose est sûre : vous allez voir du pays !

Pour le coté spectaculaire, l’éditeur n’oublie pas les courses « stadium », ces impressionnants shows se déroulant dans des stades, rhabillés pour l’occasion en mode « plus de bosses et virages serrés ». Les circuits « stadium » sont ici au nombre de quatre : Football Stadium 1 et 2, et Diamond Stadium 1 et 2…

Le roster complet de la saison 2015 est intégré au jeu, de Ryan Villopoto à Antonio Cairoli, en passant par Gautier Paulin, Tim Gajser, Romain Febvre ou Shaun Simpson, pour ne citer que les pilotes les plus connus… A vous de voir si vous allez jouer avec votre avatar, ou avec un champion existant. Quoi qu’il en soit, il est clair que MXGP2 n’usurpe en aucun cas son suffixe de « Jeu officiel du championnat MXGP » (Official Motocross Videogame).

En revanche, pour le gamer qui a des amis, on regrettera de voir un mode online qui se contente du minimum syndical. En local, on a aussi du mal à comprendre pourquoi le mode « deux joueurs » (en écran splitté) a tout simplement été zappé !

Une technique soignée

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Du coté de la technique, le jeu fait tranquillement son job ! Les motos et les pilotes sont très joliment modélisés, on regrettera juste une curieuse animation du motard lorsqu’il se prend des gadins : bien qu’il respire encore, votre avatar présente déjà les symptômes d’une raideur cadavérique anticipée, dès qu’il lâche le guidon.

Dans l’ensemble, le jeu est très agréable à regarder. D’autant qu’il fourmille de petits détails bien sentis, comme la tenue du pilote qui se salit en temps réel (en même temps, le contraire aurait été étrange dans un jeu de cross, me direz-vous). En revanche, à ces jolis effets viennent s’opposer quelques détails qui piquent un peu les yeux : quelques textures grossières, un public pas toujours bien animé et qui semble parfois sorti tout droit d’un jeu PS3… Des petits détails qui viennent contraster avec la beauté des environnements. Cependant, vous serez tellement concentrés sur la piste qu’il y a des chances que vous vous en moquiez totalement…

Deux vues vous sont proposées : une vue à la troisième personne classique, mais très pratique, et une vue « guidon » pas toujours heureuse (le bout de votre garde-boue et les poignées du guidon, qui disparaissent parfois, notamment lors des sauts). Au final, cette seconde vue s’avère peu pratique, et l’on reviendra vite sur la première, qui offre une meilleure vision d’ensemble. Question de goûts, sans doute !

Avec des détails et de nombreux concurrents à l’écran, on apprécie également de ne constater aucun lag, aucune chute de framerate. Sur le plan de la technique, c’est propre ! En même temps, Milestone n’a plus grand chose à démontrer en termes de savoir-faire sur des jeux de motos, depuis le temps !

Au niveau de la jouabilité, les premières parties sont frustrantes tant le jeu vous semble « injouable ». Mais on comprend très vite que ce n’est pas le cas : le titre de Milestone est juste très précis, et les options de pilotage demandent juste beaucoup de doigté. Après quelques tours, ce qui semblait être un problème d’ergonomie au néophyte s’avère être en réalité une jouabilité assez exigeante, qui comblera les amateurs de pilotage pointu. Le jeu ne manque pas de maniabilité, il est juste cohérent avec les physiques des motos et du terrain. Voilà qui confirme que nous sommes bien dans une simulation, et non dans un jeu pour casual gamers.

Des points noirs à corriger avec un patch… viiiite !

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Voici le moment d’aborder les points négatifs du jeu : on en a déjà cités quelques uns, mais en voici deux qui vont particulièrement vous gâcher le plaisir, qui vont littéralement vous faire péter un boulon : si je puis vous donner un conseil, prévoyez une manette blindée, qui résiste aux chocs contre les murs 😀 A moins que l’éditeur n’ait prévu de corriger ces aspects agaçants avec un patch, ce qui serait une excellente nouvelle !

Tout d’abord, intéressons nous à l’intelligence artificielle ! Ici, c’est le mot « intelligence » qui me dérange, car vos adversaires sont de véritables brutes ! Vous souvenez-vous, dans Le Roi Lion, de la scène pendant laquelle Simba est piégé par une horde de gnous en panique ?… Et bien, vous allez vivre la même chose ! Vos adversaires semblent avancer sur des rails, donc ne croisez pas leur trajectoire. D’autant qu’ils semblent aussi peser des tonnes : si vous les touchez, vous terminez quasi-systématiquement les dents plantées dans la boue ! Mais eux ne s’écartent pas, évidemment ! (si ça peut vous consoler, vous pouvez aussi parfois les faire chuter, mais il faut y aller franco et la punition sera aussi là pour vous).

Vient alors le second problème, plus ou moins lié, puisque dans la plupart des cas vous allez tenter de fuir l’assaut adverse en vous écartant… Et en sortant de la piste ! Mauvaise idée ! Car si vous sortez du tracé, le programme vous sanctionne sans appel en vous réinitialisant au milieu du circuit, votre moteur au point mort… On pourrait presque voir, au loin, les précieuses secondes s’envoler en vous faisant un signe avec leur petites ailes !

Quelques conseils ?

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Exceptionnellement, le titre étant assez difficile à prendre en main, je me permets de vous délivrer ici quelques conseils qui pourraient vous faciliter la tâche, et vous permettre d’apprécier le jeu à sa juste valeur 😉 Entraînez-vous tout d’abord à réaliser des « départs canons » : penchez votre pilote en avant, et mettez les gaz au moment où la barrière s’abaisse : attention, un bon timing est de rigueur !

Comme je l’ai déjà écrit, n’hésitez pas à passer du temps, beaucoup de temps, en mode libre, pour apprendre les trajectoires. Dans MXGP2 plus que dans d’autres jeux de courses, apprendre à aborder les virages par l’intérieur est capital, votre pire ennemi étant le chrono. Au même titre, apprenez que freiner n’est pas toujours la solution : dans les courbes légères, décélérer suffit bien souvent, à condition de remettre les gaz au bon moment. Sachez enfin que dans MXGP2, vous disposez de deux types de freinage : avec la roue avant, et avec la roue arrière (X ou L2). Un choix qui vous aidera à passer les virages, en fonction de leur niveau de difficulté.

Une autre notion importante pour optimiser vos temps est d’apprendre à maîtriser le centre de gravité de la moto : grâce au stick, apprenez (lors des sauts) à positionner votre pilote en avant ou en arrière, à déplacer son poids vers l’avant ou vers l’arrière de la moto, chaque réception étant différente en fonction de la configuration de l’obstacle à franchir (notez que, dans les paramètres, la gestion du poids du pilote peut être « manuelle » ou « semi-automatique »).

Lors des sauts, si vous voulez jouer « technique », ne négligez pas les « scrubs » (photo ci-dessus). Pour les réaliser, il suffit de presser deux directions opposées sur les deux sticks (« gauche-droite » par exemple). Mais attention, ils ne fonctionnent qu’avec un timing parfait (trop tôt ou trop tard, et c’est la chute). Il faut les déclencher juste avant de décoller, sur les bosses qui le permettent, celles offrant une longue phase aérienne : si vous tentez un scrub sur une série de petites bosses, c’est la gamelle assurée ! Mais si vous réussissez la manip, vous n’aurez pas perdu de temps lors des sauts (vous sautez cependant moins haut).

Enfin, et même si personnellement je ne suis pas un utilisateur convaincu de cette fonction, sachez qu’il existe une option « rewind » (R1), vous permettant de revenir jusqu’à dix secondes en arrière pour retenter votre chance en cas de fausse manip…

Au final

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MXGP2 propose de très nettes améliorations par rapport à la version précédente, qui était déjà bonne. Mais… Fichtre, qu’il n’est pas évident ! J’ai pu lire que le jeu est accessible à tous… Et je ne suis pas vraiment d’accord ! Certes, un débutant pourra faire quelques tours, en s’amusant à creuser des sillons sur la piste, mais il finira souvent dernier, en passant la moitié de son temps planté dans la boue ! Si vous recherchez un jeu typé « arcade », dans lequel vous devez enchaîner des figures, passez votre chemin !

Non ! Pour jouer à MXGP2, il faut aimer souffrir, et piloter comme un as, ça se mérite ! Pour vous en sortir sur ces tracés qui vont vous faire baver, il va falloir un peu, pour ne pas dire beaucoup, d’entraînement ! MXGP2 n’est clairement pas de ces jeux dans lesquels vous vous contentez de garder la touche R2 enfoncée : pendant la course, il vous faut anticiper vos trajectoires, le comportement des adversaires, les conditions de conduite, le comportement de la moto… Autant d’aspects qu’il va vous falloir maîtriser un minimum avant de vous lancer dans les championnats, sous peine de prendre un abonnement annuel à la 22e place.

Mais une fois que vous aurez payé de votre personne, que vous aurez consacré suffisamment de temps à l’apprentissage du pilotage, MXGP2 est un pur régal ! Avec du doigté et beaucoup d’anticipation, piloter dans les travées est un réel bonheur et offre de bonnes sensations. Une fois qu’il les maîtrise, le joueur prend un malin plaisir à enchaîner les scrubs…

Avec un contenu solide (un cadeau du ciel pour les fans des championnats officiels) et un nombre plus que correct de courses et de modes à terminer, MXGP2 est une nouvelle référence ! Il décevra à coups sûr ceux qui recherchent un jeu orienté « arcade » ; mais pour ceux qui souhaitent s’essayer à une simulation fidèle de motocross, le résultat est concluant, et pour longtemps !


Verdict

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Malgré quelques petits défauts, MXGP2 s’impose comme la nouvelle référence des simulations de motocross. Mais gare à sa jouabilité très exigeante : le jeu demande un temps d’apprentissage pour pouvoir être savouré, ce qui pourra en décourager certains. 

17/20

Les + :

  • La modélisation des motos et des pilotes
  • C’est beau à regarder dans l’ensemble
  • De nombreux modes
  • Les pistes officielles
  • Le contenu copieux, et le championnat officiel 2015
  • un casting de champions
  • Deux catégories : MXGP et GP2
  • La jouabilité au sol demande une bonne maîtrise
  • Les « stadium »
  • Les nombreuses possibilités de customisation
  • Placer des scrubs (quand on maîtrise la technique)

Les – :

  • Quelques textures grossières et un public en mode « carton »
  • L’IA va vous faire péter un cable
  • Ne surtout jamais sortir des clous !!
  • Les temps de chargement
  • Pas de mode deux joueurs

MXGP2, par Milestone, sur PS4, Xbox One et PC. Pegi : 3.

Site officiel