Une douce musique à ton oreille

Si nous débutons généralement nos tests par une présentation du contexte, de la série dont est issu le jeu, ou du studio qui le développe… Cette introduction historique sera plus courte cette fois-ci, et pour cause : Melobot est le tout premier jeu vidéo développé par Anomalie Studio. Une petite PME parisienne créée en août 2018 par Mathias Jacquin-Ravot et Paul Samuelson. Donc, pas grand chose à dire, si ce n’est que les premières infos envoyées par le détecteur de talents Microids nous avaient bien donné envie d’en savoir plus.

En cette rentrée, les robots se suivent, mais ne se ressemblent pas ! Car ici, il ne sera pas question de plateforme, mais d’un jeu d’aventure musical. Dans un contexte postapocalyptique et dans un monde contaminé par une étrange matière noire… On y incarne un petit robot conçu pour préserver la paix. Pour cela, tel un homme-orchestre, il dispose de tout un arsenal d’instruments de musique. Notre petit robot se réveille donc sur une planète souillée, dans la peau d’un héros qui doit restaurer la faune et la flore, en reproduisant leurs chants grâce à ses notes de musique…

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Avec ses graphismes tout mignons qui semblent tout droit sortis de l’imaginaire de Pixar ou de Ghibli, et son histoire faussement naïve, on aurait envie de classer Melobot dans les jeux « jeune public » ! Ce qui n’est pas faux en soi, et les plus jeunes passeront un bon moment sur le jeu (à condition de les accompagner, le gameplay étant plus complexe qu’il n’y paraît… Mais on y revient plus bas). Mais en réalité, plus vous progresserez, et plus vous remarquerez que derrière cette naïveté apparente, Melobot parle aussi aux adultes. Notamment en tenant des propos engagés, et plus matures qu’il n’y paraît. En filigranes, on parlera par exemple d’écologie, ou des risques de la surexploitation des ressources naturelles (mais on n’en dira pas plus).

Un jeu musical se doit de soigner sa musique, c’est une évidence ! Et dans le projet, on note la présence du compositeur Nairod, artiste multicarte qui s’est impliqué au delà de la bande sonore. « J’ai mis beaucoup de moi dans ce jeu musical : du son, de la musique, de la narration, de la com, des trailers, des idées de game design, de visuel, d’interface, des idées abandonnées… » indique t-il sur sa page Facebook. Sa musique electro progressive porte le joueur du début à la fin. Et contribue grandement à nous plonger dans cette ambiance poétique, onirique. Le jeu doit beaucoup à sa bande-son, que l’on espère aussi trouver en libre écoute.

Un gameplay (presque) sans fausse note

Melobot est donc un jeu d’aventure musical. Autrement dit, vous allez contrôler ce gentil robot dans un monde en 3D, où il fera deux types de rencontres : des plantes contaminées, et des ennemis. Pour les seconds, vous devrez effectuer des combinaisons de touches afin de déclencher une onde de choc (votre attaque), ou bien de restaurer votre bouclier (votre défense). Et lorsque vous aurez purifié un certain nombre d’êtres vivants, un boss (appelé Gardien) apparaîtra. Pour le vaincre, vous utiliserez les mêmes commandes que celles expliquées plus haut. Là, c’est une phase assez classique. Les développeurs ont aussi pensé à inclure un arbre de compétences, qui vous permettra d’améliorer votre bot grâce aux points d’XP acquis.

En réalité, la boucle de gameplay la plus originale est celle qui consiste à purifier les Méloplantes engluées dans une étrange matière noire. Pour cela, vous devez écouter attentivement une mélodie qui vous est proposée. Puis, vous devrez la reproduire en appuyant sur les touches affectées aux notes de musique (les quatre directions et les quatre touches de commandes croix-carré-rond-triangle ou A, B, X, Y). Si les combinaisons sont simples au départ, elles se complexifient au fur et à mesure que vous avancez. Car elles nécessitent que vous reproduisiez les séquences musicales avec le bon tempo, et sans erreur (mais vous pouvez recommencer autant de fois que vous le souhaitez). Le plus difficile étant de mémoriser la correspondance des touches. Votre performance sera notée à la fin de chaque séquence, de une à trois étoiles correspondant à des titres Musicien, Expert ou Virtuose.

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Seul petit bémol : si les biomes sont assez variés, on regrettera qu’il n’en soit pas de même pour le gameplay. Car s’il est bien pensé, et plutôt efficace dans l’ensemble… L’impression de toujours faire les mêmes actions en boucle va vite s’installer. Et ce n’est pas qu’une impression. On aurait donc aimé quelques boucles de gameplay plus originales, histoire de casser un peu le rythme. Et surtout casser cette redondance qui s’installe fatalement. Le jeu est répétitif, mais pas si longtemps car…

Autre petit reproche : la durée de vie est plutôt faible. Alors certes, c’est un premier jeu, développé par une petite équipe (six personnes il me semble), et son prix est rikiki… Mais quand même ! Cinq heures pour en voir le bout, c’est quand même vite expédié ! Et c’est d’autant plus court qu’avec un tel concept et une telle ambiance, on aurait signé volontiers pour du rab ! Les développeurs n’ont donc plus vraiment le choix : il va falloir penser à un Melobot 2, un de ces jours ! 😉 En attendant, vous pourrez toujours reprendre votre partie pour tenter de compléter l’encyclopédie du jeu, trouver tous les secrets et découvrir l’histoire émouvante qui se cache derrière notre héros mélodique…

Au final

Melobot : a Last Song, c’est ce petit jeu indépendant que le hasard du calendrier envoie au casse-pipe à une période de l’année où les grosses pointures écrasent tout sur leur passage, sans laisser la moindre miette ! Mais s’il s’agit de son tout premier jeu, Anomalie Studio nous propose ici un titre suffisamment solide pour tirer son épingle du jeu, et qu’on lui consacre du temps. Et pour que l’on revienne vous en parler. Microids a eu du nez, et nous a détecté un petit bijou que vous devez essayer si vous recherchez un titre original. Qui mise certes sur un gameplay qu’il faudra prendre en main… Mais qui capitalise aussi sur une ambiance, sur un univers, sur une écriture plus mature et engagée qu’il n’y paraît.

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Qui dit premier jeu dit aussi petites erreurs à corriger. Et Melobot n’échappe pas à cette règle. On pourra chipoter par exemple sur des textures trop lisses : on peut comprendre que le studio a fait au mieux, mais cela peut parfois nuire à la lisibilité et à la perception de votre environnement. Ainsi, on constate quelques soucis de collision avec certaines de ces textures : certaines vous laissent passer, d’autres bloquent votre course… Ce qui peut être gênant lorsque vous tentez de fuir une situation périlleuse. Problème que nous n’avons cependant pas relevé plus haut, car facilement patchable.

Melobot : A last Song a donc quelques défauts, mais aussi beaucoup de qualités. Ce qui, pour un premier jeu développé par une petite équipe, est un gage évident de sérieux et de qualité. Le jeu est attachant, bien pensé, efficace dans son gameplay et dans son écriture… C’est l’un de nos coups de cœur de la rentrée, donc un jeu que l’on vous recommande.


Melobot : A Last Song

  • Par : développé par Anomalie Studio, édité par Microids
  • Sur : PS5, Series X/S et Steam
  • Genre : aventure/jeu musical
  • Classification : PEGI 3
  • Prix : 24,99€
  • Conditions de test : terminé sur PS5, sur une version fournie par l’éditeur avant la sortie du jeu
  • La direction artistique mignonne et pastelle
  • Le concept même du jeu et des mélodies
  • L’ambiance globale : c’est un jeu attachant et poétique
  • Notre héros tout mimi
  • La bande-son
  • Pour chaque planète, on change d’instruments
  • Une difficulté et un gameplay adaptables
  • Petit prix
  • Les déplacements lents
  • Le jeu est court…
  • … Et aussi un peu répétitif à la longue
  • Quelques hitboxes qui peuvent vous gêner