Six ans après Marvel vs Capcom 3, le célèbre cross-over de Capcom est enfin de retour sur consoles. Avec des évolutions dans les catalogues respectifs des deux marques. Ce nouvel épisode peut-il rallumer le feu sacré dans sa communauté de fans ? C’est ce que nous allons essayer de voir maintenant…

Quand des héros japonais croisent des super-héros américains

Lorsque le concept est apparu, en 1996 (avec X-Men vs Street Fighter), ce cross-over pouvait sembler improbable. Des super-héros américains (issus de comics, de séries ou de films) qui viennent se battre contre (ou avec) les héros emblématiques du géant Capcom ? Sérieux ?

Et puis, la série a connu son petit succès, devenant même parfois plus populaire que Street Fighter aux USA (pouvoir incarner les héros nationaux, mine de rien, ça y joue pour beaucoup).

Aujourd’hui, la célèbre série « cross-over de baston » se compose notamment de six jeux (et une compil’) emblématiques : X-Men vs Street Fighter ; Marvel Super Heroes vs Street Fighter ; Marvel vs Capcom : Clash of Super Heroes ; puis Marvel vs. Capcom 2 : New Age of Heroes ; Marvel vs. Capcom 3: Fate of Two Worlds ; Ultimate Marvel vs. Capcom 3 ; Marvel vs. Capcom Origins… Ce dernier étant une compilation (Marvel vs Capcom 3 est donc véritablement le dernier jeu original de la série).

Aussi, il était grand temps que la série actualise son roster, sur les machines actuelles. Et c’est désormais chose faite avec Marvel vs Capcom : Infinite.

Baston générale : tous contre Ultron !

Et cela tombe bien ! Avec son Marvel’s Universe qui s’enrichit chaque année de trois nouveaux films en moyenne, le géant américain (désormais englouti par Disney) a des choses à nous raconter ! Et c’est donc dans les derniers arcs cinématographiques que Capcom va aller puiser son inspiration. Et oui ! Pour la première fois dans la série, nous avons aujourd’hui un scénario !

Vous ne serez donc pas surpris d’entendre le jeu vous parler d’Ultron (Avengers II : l’ère d’Ultron), ou des Pierres de l’Infini (clins d’oeil dans quasiment tous les films Marvel, et l’objet de Avengers III : Infinity War, prévu en salles pour 2018). A un détail près : il faut ici intégrer le casting de Capcom, qui se compose tout de même de quinze personnages (sans compter les DLC).

Aussi, Marvel vs Capcom : Infinite gravite autour du projet pas forcément très humaniste d’Ultron, qui consiste à détruire le monde (ou « les » mondes) grâce aux Pierres de l’Infini. À nouveaux reliés, les mondes de Capcom et Marvel sont ici réunis, confrontés à la même menace. La fin de l’univers est proche ! Et comme nos héros sont très loin de faire le poids face au psychopathe de fer blanc, ils vont devoir s’unir avec le diable en personne : Thanos (relisez les comics, et vous comprendrez à quel point Thanos est adorable).

» Retrouvez aussi le casting du jeu ici.

Avec quinze personnages (de base) dans chaque camp, le roster est honnête, bien que nous aurions aimé en trouver davantage (on en a donc 20 de moins que dans MvC3… Mais dois-je vous rappeler qu’à son lancement, SFV n’offrait que 16 persos ?). Certains reprocheront à Capcom de recycler des personnages issus des précédents épisodes mais… D’une part, le jeu propose son lot de petits nouveaux… D’autre part, peut-on passer à coté de certains d’entre eux ? Non, ici, ce sont, à la limite, plus les absences qui se font sentir (X-Men notamment… Merci, les problèmes de droits !).

Par ailleurs, le roster vous propose tant de diversité qu’il est possible de constituer des équipes à la carte : une équipe de robots ? De méchants ? Une équipe plus équilibrée avec un Spiderman survolté et un Nemesis puissant ?.. Tout est possible, et vous allez passer des heures à trouver votre combinaison idéale. Reste la question de l’équilibrage, certains persos apparaissant plus cheatés que d’autres.

La fin des plans à trois

Car vous l’aurez compris ! Marvel vs Capcom : Infinite est un jeu de combat, un versus-fighting comme Capcom sait si bien les faire.

Avec ce nouvel opus, les développeurs ont abandonné les combats en 3vs3 pour se limiter à des rixes en duo. Un bon point, qui permet au jeu de gagner en lisibilité. Et ce ne sera pas du luxe, car avec les nombreux effets pyrotechniques qui vont s’afficher à l’écran, ce choix va vous permettre de rester plus concentrés, sur un écran très chargé. Mais cependant moins bordélique que sur un Marvel vs Capcom 3.

La page d’accueil du jeu vous propose de retrouver les classiques du genre. Tout d’abord un mode story, évoqué plus haut, qui se révèle hélas trop court (six heures pour en faire le tour, pauses pipi comprises). Bien qu’assez classique dans le fond, on appréciera sa forme assez déjantée (ah, les vannes de Rocket, ou les facéties de Frank West !). Et la mise en scène soignée dont elle fait l’objet, avec de superbes cinématiques.

MvCI embarque aussi une valeur sûre : un solide mode « versus » qui, une fois le scénario terminé, risque d’animer vos soirées « pizza-jeux vidéo » pendant un bon moment. C’est ici que vous allez prendre la mesure du fun dont est capable de faire preuve MvCI. Avec toutefois l’horreur de découvrir que votre pote qui touche à la manette pour la première fois peut ici vous humilier en public !

Capcom Pro Tour en vue ?

Le classique « entraînement » répond lui aussi à l’appel. Et vous pourrez parfaire votre connaissance de vos héros préférés en remportant les nombreux défis proposés. Enfin, le dernier onglet qui nous intéresse est le mode online. Mode sur lequel tout éditeur qui se respecte ne peut désormais plus faire l’impasse aujourd’hui. Le Online fonctionne plutôt bien, et le jeu semble déjà avoir sa petite communauté, prête à vous refaire le portrait en 15 secondes chrono.

De plus, il ne serait pas surprenant de voir ce mode online s’affiner au cours des prochains mois. Car une récente vidéo, mise en ligne par erreur par John Diamonon (directeur eSport chez Capcom), laisserait entendre que Marvel vs Capcom : Infinite pourrait rejoindre Street Fighter V dans le prestigieux Capcom Pro-Tour.

Jouabilité : un résultat mitigé ?

La jouabilité de MvCI est tout simplement excellente ! Les personnages répondent au quart de tour, et un débutant trouvera ses marques dès les premières parties ! Capcom nous offre ici une jouabilité simplifiée, avec des combos qui se déclenchent par de simples combinaisons de touches.

Aux techniques de base viennent s’ajouter des enchaînements, des auto-combos, des launchers, des hyper-combos (HP + HK) spectaculaires… Bref, nombre de techniques qui pourront aussi occuper les puristes du genre, bien qu’elles aient été considérablement simplifiées (plus besoin de faire 25 quarts de tour+L2+triangle+grand écart, pour sortir un Super).

Simplification ! Tel est le mot d’ordre de ce nouvel opus ! Des commandes plus faciles à sortir, mais aussi plus de permissivité en termes de timing pour caser vos combos. Mais sans pour autant négliger l’aspect tactique du jeu, pour peu que vous appreniez à en maîtriser les subtilités. En témoigne le switch entre vos persos, qui vous autorise des débauches d’enchaînements dévastateurs. Mais qui peut aussi être contré par un counter-switch bien placé.

Autre mécanique très intéressante : les Pierres d’Infinité. Comme dans l’univers Marvel, elles sont au nombre de six, et en fonction de la couleur choisie, elles octroient de nouveaux pouvoirs spécifiques à vos personnages. Elles ajoutent aussi deux mécaniques : l’Infinity Storm (pouvoir spécial propre à chaque pierre), et l’Infinity Surge (fait grimper votre jauge de storm).

Y’a un hic !

Mais alors, pourquoi cet intertitre me demanderez-vous ? Et bien, justement à cause de cette très grande accessibilité ! Et notamment des spéciaux qui se déclenchent quasiment sans effort. Il en résulte des combats qui ne laissent finalement que peu de place à la technique, si vous jouez contre un adversaire débutant (ou bourrin) !

Oui le jeu est fun, et offre de belles barres en multijoueur. Mais, MvCI est une invitation à spammer les spéciaux, à les sortir à outrance dès que la jauge dédiée le permet. Fervent pratiquant de Street Fighter V, mes sessions sur MvCI m’ont donné l’impression de devoir laisser mon côté « technicien » sur un coin de la table… Ne serait-ce que pour survivre à des adversaires usant et abusant eux mêmes des techniques les plus spectaculaires. La magie des Spéciaux à distance, au détriment du corps à corps millimétré…

Un chara-design surprenant

S’il est un point qui m’interpelle également sur ce Marvel vs Capcom : Infinite, c’est bien la question du chara-design. Et il suffit de regarder un gros plan de Chun-Li pour se dire que l’équipe en charge de cet aspect n’est sans doute pas la même que pour Street Fighter V.

Du coté des Marvel, on sent très clairement que Capcom se retrouve dans une situation très délicate, le cul entre deux chaises ! D’une part, l’éditeur veut coller à l’actualité cinématographique en reprenant le design des tenues de vos super-héros préférés… Mais ne détient les droits que des Comics (et non des films). C’est pourquoi, malgré un look qui s’en rapproche, vous ne reconnaîtrez ni Robert Downey Jr, ni Chris Evans, ni Chris Hemsworth…

Du coté des personnages Capcom, on ressent davantage l’esprit « maison » de la marque. Quel plaisir de retrouver Megaman, Arthur, Ryu, l’imposant Nemesis de Resident Evil 3, ou encore les démons de Darkstalkers… Fidèles à nos souvenirs ! Avec cependant quelques petits loupés : j’évoquais plus haut Chun-Li, la pauvre ayant visiblement été ici remplacée par sa soeur aînée.

Et puisque l’on parle d’esthétique, certains tiqueront aussi sur le level-design. Certes, les dix niveaux proposés sont plutôt jolis, vivants et colorés… Mais pas assez originaux pour marquer les joueurs. Vos combats en mode versus risquent, au bout d’un moment, de tourner uniquement sur vos deux ou trois niveaux préférés.

Enfin, je terminerai cette partie consacrée à mes « coups de gueule » en abordant la douloureuse question des DLC. Six personnages (et pas les moins intéressants : Venom, Black Panther… lire ici) sont déblocables si vous ajoutez le season-pass à la facture (soit 29,99€ de plus). Un modèle économique qui risque de fermer la porte à nombre de joueurs. Certes, c’est aussi le prix du season-pass de Street Fighter V, mais à un léger détail près : dans SFV, les personnages sont aussi accessibles gratuitement, via les Fight-Points. Un système qui manque ici.

Au final

Très accessible et visuellement explosif, Marvel vs Capcom Infinite est un bon jeu de combat, capable de fédérer de nombreux joueurs : néophytes, bastoneurs plus aguerris, fans de jeux vidéo ou de Comics… Il a tout pour plaire au plus grand nombre ! Avec une facilité accrue en guise de parade de séduction, le dernier né de Capcom drague ouvertement les nouveaux venus.

Mais ses quelques petits défauts (story-mode court, chara-design parfois WTF…) le privent de lauriers, et des sommets de la baston, un genre bien servi cette année par les Injustice 2, Tekken 7

Reste à savoir qui sera prêt à mettre 60€ dans le jeu (sans compter le season-pass)… Les fans de Marvel ou de Capcom ? Les ceusses qui recherchent un jeu facile à prendre en main, et qui promet des heures de poilades avec les potes ? Les amateurs de cross-overs improbables, qui se sentent un peu abandonnés depuis le dernier Super Smash Bros ? Cela représente pas mal de monde, mine de rien…

En revanche, les joueurs hardcore risquent d’être plus difficiles à convaincre. Les plus techniciens risquent de camper sur la référence du genre, un certain Street Fighter V (du même éditeur). Quoi que l’on en pense, Marvel vs Capcom Infinite est un jeu qui s’essaye, ne serait-ce que pour passer un bon moment avec ses amis, en compagnie de personnages que nous avions presque oubliés (coucou Arthur et Strider).


Marvel vs Capcom : Infinite

Par Capcom, sur PS4, Xbox One et PC. Pegi : 12.

 

Prends ça dans ta face ! :

  • Accessible instantanément
  • Des associations de persos improbables
  • Des combats nerveux
  • Les Pierres d’Infinité et leurs effets
  • Du fan-service à gogo
  • Seulement 30 combattants, mais aux styles variés
  • Le online qui tourne plutôt bien
  • L’ambiance sonore et des musiques connues
  • Les cinématiques fort jolies
  • De la pyrotechnie à tout va : on en prend plein les yeux

Aoutch, ça fait mal ! :

  • Le chara-design pas toujours très réussi
  • Mode histoire trop court
  • L’équilibrage entre les persos
  • Les temps de chargement
  • En online, où est le cross-play PS4/PC (comme dans Street Fighter V) ?
  • Un season-pass à 30€
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