Il aura fallu moins d’un an (près de 11 mois pour être exact) pour que Big Ben et Kylotonn passent à la vitesse supérieure… Autrement dit pour qu’ils passent de WRC 6 à WRC 7. Ce mois de septembre, ce sont donc des voitures gonflées à bloc qui s’apprêtent à dévaler à toutes trombes les pistes du championnat officiel des rallyes.

Les règles ont changé !

Pour le studio parisien Kylotonn, c’est une aubaine ! S’il n’est pas évident de se renouveler en si peu de temps, la FIA offre à l’éditeur un pont doré en appliquant, cette saison, de nouvelles règles dans le championnat WRC. Une bonne opportunité, donc, d’actualiser copieusement le jeu !

Par exemple, pour booster des épreuves qui se ressemblaient un peu trop d’une année sur l’autre, la Fédération Internationale autorise cette saison des voitures beaucoup plus puissantes (entre 380 et 390 chevaux). En 2017, les voitures de rallye vont plus vite !

De même, les constructeurs peuvent désormais améliorer l’aérodynamisme et l’appui des véhicules grâce à d’imposants ailerons arrière…

En parallèle, on pourrait aussi parler des arrivées et des départs dans les paddocks. Ainsi, Citroën et Toyota font leur grand retour cette année dans le championnat. Mais Volkswagen s’en est retiré. Ce qui vaut d’ailleurs au quadruple champion du monde, Sébastien Ogier, de troquer cette année sa Polo contre une Ford Fiesta WRC flambant-neuve.

Mais assez parlé du vrai Championnat du Monde des Rallyes ! Car je me doute que, ce qui vous intéresse avant tout, c’est de savoir ce que vaut le jeu… Alors, on va voir cela tout de suite !

WRC, solidement installé sur la licence officielle

Le premier point qui installe confortablement WRC 7 dans le championnat 2017 des jeux vidéo de rallye, c’est justement le fait qu’il détienne les licences officielles du World Rally Championship. Autrement dit, le jeu de Kylotonn est celui qui va vous proposer les voitures et les pilotes officiels. Mais aussi les épreuves et le calendrier 2017 tels qu’établis par la FIA.

Et mine de rien, pour le puriste du rallye, cela signifie énormément. Cela signifie qu’il pourra disputer les vraies épreuves, au jour près. Cela ne se ressent pas dans votre salon, mais ce petit détail calendaire va avoir énormément d’importance pour les compétitions eSport.

Avec treize pays à parcourir, chacun avec leurs trois spéciales (plus un epic-stage), le jeu va vous en donner pour votre argent ! Monte Carlo ; Suède ; Mexique ; Corse ; Argentine ; Portugal ; Sardaigne ; Pologne ; Finlande ; Allemagne ; Catalogne ; Grande-Bretagne et Australie… Ils sont tous là.

Et si vous envisagez de vous lancer dans les championnats, coupez votre portable, fermez la porte à clé… Vous allez en avoir pour un moment avant de remporter le titre suprême !

Cependant, un détail m’intrigue ! Chaque rallye a perdu, en moyenne, une spéciale par rapport au calendrier officiel. Est-ce un choix, afin de raccourcir les championnats ?

Bis repetita

Évacuons tout de suite la question qui fâche : WRC 7 est quasiment le même, dans ses menus, que WRC 6 ! Course rapide, championnat ou mode « carrière » vont vous donner une « légère » impression de déjà vu. La différence étant que le mode Carrière a été agrémenté de jolies images de fond, représentant les voitures.

Une fois passée la surprise de cette modification purement cosmétique, le contenu du mode carrière reste le même. Vous allez incarner un p’tit jeunot qui se lance dans la catégorie « jeunes espoirs » de la WRC. Il devra ensuite gravir les échelons, passer en WRC2, puis monter dans le prestigieux championnat WRC.

Le challenge est là, mais ce mode Carrière va surtout solliciter votre imagination débordante. Car à l’heure des modes « story » élaborés, dans les jeux de sport, WRC 7 pèche par un sérieux manque de narration. Ne serait-ce qu’un début de scénario, ou des cinématiques… Le mode carrière manque clairement de sex-appeal.

Même constat du coté du mode online, qui est encore une fois le même que dans WRC6, avec quasiment ses mêmes épreuves et ses leaderboards mondiaux. Le online vous permet toujours de participer à des spéciales, à des rallyes entiers, ou de créer vos propres épreuves. Et les puristes retrouveront le traditionnel mode « Hot Seat » (siège éjectable). Mais alors, doit-on acheter WRC7 ? Et si « oui » pourquoi ?

Rien de nouveau alors ?

Dans les grandes lignes, nous l’avons vu, WRC7 est très proche de son prédécesseur. Pourtant, de nombreux points nous ont séduit. Et nous laissent penser que la barre a, tout de même, été rehaussée. Oui, WRC 7 est un très bon jeu de rallye !

Le premier point auquel je suis particulièrement sensible est la présence d’un mode multijoueur en local. Une possibilité qui est hélas devenue trop rare, voire inexistante dans les jeux de course (y compris dans le concurrent DiRT 4 sorti en juin). Alors, si votre meilleur pote squatte votre canapé, sachez que WRC 7 vous permet de jouer à deux en écran splitté. C’est bête, mais ce détail compte beaucoup pour moi !

Second point vraiment très intéressant : les Epic Stages ! Si vous aimez les jeux de rallye, et la conduite plus poussée, voici des spéciales faites pour vous. Comme leur nom l’indique, ces Spéciales vont s’avérer… épiques ! Plus longues (un gros quart-d’heure pour une seule d’entre-elles), plus techniques, mais terriblement grisantes… Voici l’une des grosses réussites de ce titre.

Enfin, de manière plus globale, de nombreux niveaux ont été upgradés visuellement. Hélas, ce n’est pas toujours le cas… Mais des stages comme l’Australie ou Monte-Carlo sont vraiment magnifiques. Mais j’y reviens plus bas.

Le vrai point-fort du jeu

Jusqu’à présent, WRC7 nous a offert quelques satisfactions, mais aussi des déceptions. Alors, il est grand temps d’aborder le vrai point fort du jeu : sa réalisation technique ! WRC 7 est un jeu terriblement grisant ! Il suffit de choisir la vue « capot » pour ressentir pleinement la vitesse de votre bolide !

Car si Kylotonn ne prend pas énormément de risques sur le contenu du jeu, l’éditeur français semble vouloir révolutionner la licence sur son aspect technique. Et le résultat est là ! Les sensations de conduite sont tout simplement excellentes, vont provoquer chez le joueur une sorte d’ivresse absolument géniale ! À plus forte raison lorsque vous tenez le volant des puissantes 380cv. Le rendu des accélérations ou des reprises vous confirme que vous ne pilotez pas la 106 de mémé !

Le comportement de la voiture est une chose, mais le développeur ne s’arrête pas là ! Et l’immersion est renforcée par l’incroyable rendu des surfaces. Asphalte, terre, glace, boue… Pour chacune, une conduite adaptée sera nécessaire tant le comportement de la voiture peut être changeant ! D’autant qu’une même spéciale peut vous proposer plusieurs natures différentes. Il va falloir vous entraîner sérieusement !

Des pistes extrêmement bosselées

Mais la nature du sol n’est pas le seul paramètre à surveiller. Le joueur devra aussi être attentif à son « relief » et à ses petites imperfections : la piste est extrêmement bosselée, parfois complètement accidentée. Le pilote ressentira la moindre bosse, le moindre nid de poule… Et passer dans un creux, lancé à fond les ballons, ça peut jouer sur le chrono ! D’autant que, sur 90% des spéciales, la route va vous sembler vraiment très étroite ! Dans WRC 7, même une longue ligne droite n’est pas dépourvue de danger !

Fort heureusement, la jouabilité suit. Certes, le jeu va nécessiter un long temps d’adaptation, et vos premières spéciales vont être chaotiques. Avec cependant la possibilité de jouer dans un niveau de difficulté qui vous correspond (amateur, semi-pro, pro et simulation). Mais une fois les bolides maîtrisés, et une fois que vous aurez compris comment régler la voiture, vous allez littéralement prendre votre pied !

… Et en plus c’est joli à regarder !

Le seul reproche que l’on pourrait faire à WRC7 concerne la gestion des dégâts, parfois incompréhensible. On peut frotter sévèrement un rocher et égratigner à peine la carosserie… Comme on peut éclater un pneu et partir en vrille simplement en touchant un buisson sur le bas côté… Un défaut qui se corrige très bien avec un patch !

Mais dans l’ensemble, le jeu est magnifique ! Je ne développerai pas ici la modélisation des voitures, extrêmement fidèle à la réalité. Les modèles sont vraiment superbes ! Et quelle que soit la vue choisie (avec une vue cockpit plutôt chouette).

Kylotonn a littéralement dopé son moteur maison, le KT Engine, qui affiche ici des effets de lumière de toute beauté. De même, lorsque vous êtes lancé à pleine vitesse, l’effet de projection de particules (eau, poussière, etc) est lui aussi très réaliste. Seul regret : le jeu ne tourne pas tout à fait en 60fps. Mais le rendu est donc beaucoup plus stable, et les bugs (quelques chutes de framerate) quasiment imperceptibles.

Des sons moteurs excellents

Enfin, on ne pourra qu’admirer le rendu des environnements. Les décors sont très variés (on visite treize pays, quand même), et dynamiques. Les programmeurs semblent avoir attaché une attention particulière aux textures qui sont plus colorées, plus réalistes… Et effacent cette impression de voir des arbres et rochers en aplat 2D.

Un dernier mot sur l’ambiance sonore, elle aussi très réussie. Le rendu des sons « moteur » flattera les tympans des amateurs de belles cylindrées. Et on notera que la langue du co-pilote peut être changée (anglais, allemand, espagnol, italien ou même… chinois). Ne manque peut-être qu’une bande-originale plus présente (elle ne m’a pas vraiment marqué).

Au final

Cela fait maintenant trois ans que Kylotonn dispose de la licence officielle du championnat des rallyes. Et trois ans que la licence WRC se bonifie avec le temps, techniquement. Chaque année, la licence fait son job, avec son lot d’améliorations. Et cette année, nouvelles règles obligent, les fans de changement vont être servis. Du moins dans un premier temps…

… Car très vite, les similitudes avec l’opus précédent se font sentir. A commencer par un mode carrière qui vous laissera une petite impression de déjà vu. Fort heureusement, le studio français compense avec une réalisation technique aux petits oignons. La licence évolue, et dans le bon sens. La nouveauté n’est pas le point fort du jeu. En revanche, le plaisir est bien là.

Au final, WRC 7 est un excellent jeu de rallye. Reste à savoir s’il mérite les 60€ réclamés. La réponse est « oui » si vous êtes un fan de rallye en mal de jeux, si vous découvrez la série, ou si vous êtes maniaque au point de posséder la dernière version du jeu. Mais si vous possédez déjà WRC 6 et que vous êtes un joueur patient, peut-être serait-il judicieux d’attendre une baisse de prix.


WRC 7

Par Kylotonn Racing Games et Big Ben Interactive, sur PS4, Xbox One et PC. Pegi : 3.

 

À fond, à fond, à fond ! :

  • Les « Epic Stages » plus éprouvants mais tellement bons
  • Un pilotage très précis, assez technique, mais très plaisant
  • La modélisation des voitures
  • Une physique maîtrisée
  • Un jeu plus beau
  • Épreuves, pilotes, voitures et calendrier officiels
  • Très bonnes sensations de vitesse
  • Les sons moteur
  • Le copilote en Chinois, pour le fun
  • Le multijoueur en local (écran splitté)

Ça dérape sur le bas côté :

  • Mode « carrière » impersonnel et quasi identique à son prédécesseur
  • Une spéciale en moins sur chaque rallye
  • La gestion des dégâts
  • Les replays qui manquent de jus
  • 60€, un peu cher si vous possédez WRC6
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