Trois ans après L’Ombre du Mordor, ce brave Talion est de retour, prêt à en découdre dans une suite sobrement intitulée l’Ombre de la Guerre. Vous l’avez deviné : ça va défourailler sec dans la Terre du Milieu. Sauron n’a qu’à bien se tenir !

Avant-propos

Avant de commencer ce test, je me dois de vous apporter quelques précisions. Tout d’abord, honte à moi, mais c’est comme ça : je n’ai pas joué à L’Ombre du Mordor ! Faute de temps, autres jeux à tester à cette époque… Shadow of Mordor fait partie de ces titres que j’ai loupé. C’est donc un regard totalement neuf que je poserai ici sur la licence. Ce qui explique que je me garderai de comparer les deux opus, c’est évident !

En revanche, j’avoue être un très grand fan de l’univers de J.R.R.Tolkien. D’une part, j’ai littéralement dévoré ses différents ouvrages (y compris Le Silmarillion, et ce n’était pas gagné). D’autre part, j’ai aussi beaucoup apprécié l’univers décrit par les deux trilogies de Peter Jackson, au cinéma (Lord of the Rings et The Hobbit). Aussi, j’ose espérer que le jeu ne prendra pas trop de libertés…

Enfin, petit détail technique : c’est sur une PS4 classique que je teste ce jeu. Pas sur une PS4-Pro, ni sur une Xbox One X, mais sur une PlayStation 4 de première génération… Je regrette déjà de ne pas bénéficier de la version optimale du titre… Ceci étant dit, place à la suite, avec un test pour lequel j’utiliserai des captures de début de partie, pour éviter les spoilers ^^…

Un anneau… de plus !

Vous l’avez compris : La Terre du Milieu : L’Ombre de la Guerre vous emmène dans le monde extraordinaire de J.R.R. Tolkien ! Et plus particulièrement en reprenant l’esthétique inventée pour le cinéma par Peter Jackson, réalisateur des deux trilogies que l’on ne présente plus.

Le jeu se situe justement entre les deux oeuvres Le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux. Sauron est de retour, l’anneau unique aussi. Le Maître du Mordor n’a donc pas encore été vaincu, et son armée se répand sur la Terre du Milieu comme une tache d’huile sur la mer…

L’Ombre de la Guerre est la suite directe de L’Ombre du Mordor. Aussi, c’est sans surprise que vous allez retrouver le rôdeur du Gondor, Talion, ainsi que son complice spectral, l’elfe forgeron Celebrimbor (prononcer Kelebrimbor). Pour vaincre le Seigneur des ténèbres, nos deux personnages abordent la problématique sous un angle original ! Plutôt que de foncer dans le tas, nous allons plutôt essayer de retourner les troupes de Sauron contre leur maître ! Oui, vous avez bien lu : vous allez tenter de faire copain-copain avec vos ennemis !

Le jeu s’ouvre donc sur un prologue qui vous rappelle les faits. Le massacre de la famille de Talion… La « non-mort » du héros sauvé in-extremis par Celebrimbor… Et vous envoie dans l’antre d’Arachné (beaucoup plus séduisante sous sa forme humaine que sous celle à huit pattes). C’est donc ici que débute notre histoire…

Digne du cinéma ?

Ce qui frappe au lancement du jeu, c’est l’effet « waow » quasi-instantané ! Le jeu est magnifique, les détails sont soignés, et l’on sent que les développeurs maîtrisent l’art de la mise en scène ! Avec une mention spéciale pour les orques et Uruk-Aï, et leurs visages si finement détaillés.

Au niveau de l’ambiance sonore, notez que tous les dialogues sont ici doublés en Français. Avec une qualité de doublage assez réussie dans l’ensemble. Bien que certains orques sortent parfois des répliques qui prêtent à sourire… Cela tranche avec l’ambiance sombre du titre, donc on aime ou on n’aime pas (perso, je trouve que cela apporte un peu de légèreté).

Vous êtes un rôdeur, donc vous aimez la marche ! Et cela tombe bien, puisque SoW va vous offrir un véritable monde ouvert. Une balade démesurée et dépaysante dans le Mordor, des cimes enneigées à la sombre Montagne du Destin, en passant par des cités aux architectures splendides… Un vrai régal visuel pour le fan, à pied, à cheval, ou à dos de Caragor ! Même si l’on regrettera les temps de chargement lorsque l’on passe d’une zone à l’autre (cinq zones au total).

Sur le long terme, en revanche, vous allez vite constater que les environnements finissent par beaucoup se ressembler. Alors certes, on ne demande pas d’avoir des mondes thématiques (on n’est pas dans Mario)… Mais les différentes régions de la map du jeu finissent par présenter beaucoup de similitudes (notamment les donjons). Et l’on aura vite l’impression que la variété se limite à quelques skins alternatifs.

Jouabilité : entre Assassin’s Creed et Batman Arkham

Si, comme moi, vous n’aviez pas joué au premier épisode, pas de panique : le prologue du jeu, sans grande difficulté, fait office de tutoriel. Et pour tous les autres, cette intro fait aussi figure de piqûre de rappel.

Lors des phases in-game, vous allez très vite prendre en main la jouabilité du soft, qui utilise pourtant toutes les touches de la manette. Comme je le disais dans mon intertitre, ces phases en vue à la 3e personne me font beaucoup penser à Assassin’s Creed. Notamment pour la possibilité de passer en mode « furtif » pour approcher une cible… Ou encore pour les phases d’escalades que vous offrira le jeu. Plonger sur un capitaine orque depuis le sommet d’une tour, c’est tout à fait possible. Avec cependant une jouissive impression de puissance en plus, lorsque votre personnage dashe son escalade grâce aux pouvoirs de l’anneau… Ou se réceptionne sans une égratignure après un saut de 200m de haut.

Des yeux derrière la tête

Et puis, la jouabilité me fait aussi beaucoup penser à une autre série Warner : celle des Batman Arkham (lire aussi notre test de Batman Arkham Knight). Il peut en effet arriver (souvent) que vous soyez cerné par un groupe d’ennemis, qui vont donc vous attaquer tour à tour. Et ici, le système de combat se rapproche énormément de celui utilisé par l’homme chauve-souris ! Pendant que vous frappez un adversaire, la touche triangle vous permet de contrer un autre ennemi qui allait vous surprendre par derrière. Une fois toutes les subtilités de gameplay assimilées, les combats s’avèrent donc assez nerveux et jouissifs.

Sans compter qu’en maintenant la touche carré, vous pouvez passer de l’épée à la lance, ou autre arme, chacune correspondant à des situations bien précises (la lance pour balayer un groupe, c’est sympa). Talion dispose aussi de pouvoirs, à activer en passant en mode spectral. Il peut ainsi faire parler des ennemis (lockés en vert), ou les rabaisser. Oui, le combat est aussi psychologique !

Et puis, la jouabilité c’est aussi la gestion de votre inventaire ou de vos skills, que vous devrez upgrader grâce aux points acquis lors des combats. Et ce sur un arbre de compétences tout à fait correct pour un jeu du genre. Si le menu vous demandera un peu d’adaptation (pas mal de choses à gérer), vous prendrez vite le plis. Au final, il s’avère assez pratique !

La loi du Talion

Ce qui fait la particularité du jeu, c’est son système appelé Nemesis (Nemesis System), absolument génial ! Autrement dit, vos adversaires ont une mémoire des faits ! Vos actes auront une incidence sur la suite de l’aventure, puisque rien ne sera laissé au hasard… Et tout sera laissé à l’appréciation de vos interlocuteurs.

Si par exemple vous aidez un orque pris en embuscade, il saura s’en souvenir. Et peut-être viendra t-il, plus tard, vous aider à son tour lorsque vous en aurez besoin. À contrario, si vous faites une crasse à un ennemi, il s’en souviendra aussi. Et pourra saisir sa chance de vous planter une dague dans le dos dès qu’il en aura l’occasion.

Mais le système est beaucoup plus pointu que cela, et vous devrez aussi prendre en compte les affinités entre chacun. Si deux orques, que vous promouvez généraux, ne s’entendent pas, peut-être vont-ils s’affronter dès que vous aurez le dos tourné..?

Il en résulte un système absolument génial, où les personnages secondaires deviennent totalement imprévisibles, avec des réactions très crédibles. Avec le Nemesis, on est à des années lumières des PNJ scriptés jusqu’à la moelle. Le système prenant vraiment en compte les actes que vous avez réalisé auparavant… Vous allez apprendre à assumer les conséquences de vos choix.

Un jeu plus stratégique qu’il n’y paraît

Pour l’instant, sur le papier, L’Ombre de la Guerre a tout du bon gros défouloir bien bourrin ! Mais ça ne va pas durer ! Car vous allez vite devoir intégrer l’idée que le Nemesis apporte aussi une dimension stratégique au titre !

Pour se débarrasser de ses ennemis, Talion pourrait foncer dans le tas, en défonçant tout ce qui bouge. Mais en fin stratège qu’il est, il a compris qu’il suffit de tuer le capitaine orque pour semer la panique dans ses troupes. Alors, le jeu va prendre cette orientation consistant à interroger les sous-fifres pour obtenir des infos sur leur Capitaine (sa localisation ou son point-faible par exemple)… Une fois les infos obtenues, le chef devient une cible que vous allez devoir assassiner. Encore une fois, Shadow of War me fait penser à la série d’Ubisoft.

Recrutez chez l’ennemi

Seul contre tous… C’est un jeu dangereux ! Aussi, Talion va très vite se mettre à détourner les orques de leur sombre chemin. Les tuer, c’est pratique ! Mais les recruter pour aller ferrailler ensemble contre Sauron, c’est beaucoup plus fun ! Vous allez donc avoir très vite la possibilité de recruter des troupes chez l’ennemi, et de promouvoir des capitaines. En leur demandant soit de garder les sites que vous avez délivrés, soit de partir combattre, ou encore de vous accompagner dans la bataille finale de chaque zone, contre le « grand chef de zone » .

Celui-ci vous attend dans sa tour, et c’est donc à la tête de votre nouvelle armée que vous allez devoir partir le bouter, menant un assaut spectaculaire. Après une séquence épique, vous venez de délivrer une zone, et allez pouvoir y placer l’un de vos capitaines. Mais que l’ennemi va essayer de reprendre, bien évidemment. C’est donc là que le jeu prend une dimension « Tower Defense » vraiment intéressante. Vous pensiez laisser vos neurones en vacances ? Dommage, L’Ombre de la Guerre va aussi vous demander de cogiter…

Y’a toujours un truc à faire !

Très clairement, L’Ombre de la Guerre va vous en donner pour votre argent ! Entre les différentes possibilités de customisation de votre perso, et les quêtes annexes… Le jeu va vous occuper quelques dizaines d’heures. Pour vous donner un ordre d’idée, j’ai personnellement levé le pied au bout d’une grosse cinquantaine d’heures de jeu, avec encore pas mal de quêtes secondaires à boucler !

La personnalisation, donc, puisque le gain d’expérience et de skills ne sera pas la seule amélioration dont pourra bénéficier votre héros. Sur un arbre de compétences très complet (et plutôt bien foutu), vous pourrez dépenser votre expérience pour améliorer vos aptitudes. Mais les améliorations pourront aussi être cosmétiques, puisque Talion peut changer d’épée, d’arc, d’anneau ou de tenue… Sympa d’y avoir pensé ! Les armes peuvent être aussi améliorées grâce à des gemmes, qui vous octroient différents effets.

Et puis, il y a les missions ! Outre la quête principale, le jeu va multiplier les objectifs ! Nous avons déjà parlé du recrutement (et de la consolidation) d’armées pour partir massacrer en masse… Mais on pourrait aussi parler des défis, des quêtes secondaires… Et sur cet aspect, les développeurs sont vraiment généreux ! Au point que cette qualité peut vite devenir un défaut, tant vous allez avoir à faire : le jeu peut en effet vous perdre assez facilement dans cet océan de choses à faire… Et vous allez très vite, naturellement, faire le choix de ce qui vous semblera prioritaire, ou pas !

Le jeu est aussi jouable en ligne. Vous pourrez ainsi partir conquérir les forteresses occupées par les autres joueurs. Cette option reste très anecdotique, et vos actions n’auront pas d’incidence sur la partie principale du joueur assiégé. Un mode à réserver aux fans de jeu online, car le jeu est déjà suffisamment riche pour vous occuper sans passer par cette option.

Fidèle à l’esprit de Tolkien ?

Et c’est ici que le fan de Tolkien prend la plume (ou plutôt le clavier) ! Car si le jeu respecte globalement le lore créé par l’auteur britannique, quelques petits détails pourront faire tiquer…

À commencer par le pitch général du jeu, qui vient contredire toute cohérence de cet univers. Car une fois équipé de son anneau, je pense que l’on peut considérer que Talion est quasiment l’égal de Sauron. Pour sa force, pour son influence sur les armées de l’ombre, pour ses aptitudes… Il fait jeu égal avec le maître du Mordor… Certes, c’est jouissif, mais… J’avais justement cru comprendre que personne  (à part peut-être Tom Bombadil) ne pouvait égaler la force de Sauron !

Le jeu de Monolith Productions prend beaucoup de libertés, multiplie les personnages et créatures inventé(e)s pour l’occasion… C’est une bonne chose mais… Est-ce toujours utile ? Je pense par exemple à ces créatures inventées pour le jeu, mais qui existaient pourtant déjà dans les oeuvres originales ! Que l’on soit bien d’accord : un Caragor, c’est la même chose qu’un Warg, par exemple !

Force est de constater que ce scénario inédit reste malgré tout crédible, en s’appuyant sur de nombreuses références qui parleront à voix haute aux fans (ah, les Nazgûls, le Roi-Sorcier, le Balrog…). Du bon gros fan-service qui va vous donner envie de ressortir votre collection de bluray collector du Hobbit et du Seigneur des Anneaux !

Talion d’Achille

Et voici le moment de sortir le crayon rouge, pour aborder les défauts du jeu. Et si j’ai pu me montrer très emballé jusqu’à présent, j’ai quand même pu noter deux ou trois trucs !

A commencer par cette aberration qu’est l’absence de lock, en combats. Ne pas pouvoir cibler un ennemi en pleine mêlée, il faut reconnaître que c’est chiant handicapant ! Peut-être a t-on pris une mauvaise habitude, à une époque où le lock est devenu un standard au même titre que le double-saut ? Et peut-être les développeurs ont-ils simplement voulu corser le challenge ? Toujours est-il que ce manque va vous occasionner de belles prises de têtes lors de certains combats.

Si dans l’ensemble, la direction artistique du titre envoie du lourd (pour ne pas dire du très très lourd), le jeu montre parfois mystérieusement des limites. Je pense par exemple à des textures de feuillages, ou d’arbres, qui nous ramènent parfois une génération de consoles en arrière (apparemment, un problème qui n’existe pas sur PS4-Pro ou Xbox One X). De même pour certains visages « humains » moins réussis que les superbes monstruosités du Mordor. Enfin, j’ai pu constater, à quelques occasions, une caméra qui se barrait parfois à l’Ouest.

Des pics de difficulté

La dimension stratégique évoquée plus haut va aussi en prendre un coup lorsque vous allez réaliser que les sièges de tours ne sont pas si tactiques que ça. Certes, vous allez devoir choisir vos unités, et les placer, mais… Pendant la bataille, vous allez vite comprendre que vos troupes n’en font qu’à leur tête. Vous devenez alors un simple spectateur, faisant simplement office de renfort.

Enfin, pour terminer sur les défauts du jeu, j’ai aussi pu constater, sur la fin, des pics de difficulté. Un mauvais dosage de la force de certains adversaires, soudainement complètement pétés. Deux possibilités s’offrent alors à vous : soit vous serrez les dents, et retournez au charbon jusqu’à la victoire… Soit vous craquez et cédez aux micropaiements vous permettant de recruter des capitaines plus puissants, notamment.

Des versions optimisées du jeu
Le jeu est bien évidemment optimisé pour la PS4-Pro, et depuis ce mardi 7 novembre, pour la nouvelle Xbox One X ! Grâce à une mise à jour, les joueurs peuvent profiter d’une qualité 4K associée à la technologie HDR (High Dynamic Range) sur Xbox One X. Une fois la mise à jour téléchargée, les joueurs peuvent choisir entre deux modes d’améliorations offerts par L’Ombre de la Guerre sur la console. La première option améliore la résolution du jeu, notamment les détails des textures disponibles en 4K native… La seconde option améliore la qualité graphique du titre de manière générale. Notamment la distance d’affichage ; les effets d’ombre et de lumière ; la végétation ; l’occlusion ambiante ; le nombre de polygones ainsi que les textures…

Au final

Avant de choisir de jouer ou non à L’Ombre de la Guerre, il est un détail qu’il ne faut pas omettre ! Le jeu n’est pas seulement là pour vous offrir un défouloir XXL dans l’univers de Tolkien, en rangeant votre cerveau dans son emballage. Si les trailers vous ont laissé croire que le but est ici de défourailler de l’orque à tout-va, détrompez-vous ! Car avec son système de Nemesis, ou de gestion des tours, le jeu prend aussi allègrement une dimension tactique assez intéressante.

Pour le reste, avec ses graphismes somptueux, son ambiance ou son histoire inédite… C’est sans surprise que ce jeu s’impose parmi les grosses machines à ne pas louper cette fin d’année. Et si, de plus, vous êtes fan de l’univers de Tolkien, le fan-service atteint ici des summums. Malgré quelques aspects qui restent encore à corriger, La Terre du Milieu : L’Ombre de la Guerre est un titre à essayer coûte que coûte… À moins d’être allergique aux orques , à la magie et aux batailles à l’arme blanche !


La Terre du Milieu : L’Ombre de la Guerre

Par Monolith Productions, pour Warner Bros. Interactive Entertainment. Sur PS4, Xbox One, PC, optimisé pour PS4-Pro et Xbox One X. PEGI : 18. Environ 60€ pour la version standard.

 

La pureté des Elfes :

  • Des graphismes absolument somptueux !
  • Le système Nemesis génial
  • Mise en scène maîtrisée
  • Des combats nerveux
  • Les sièges de forteresses
  • Vous allez voir du pays
  • La narration, aussi passionnante que riche
  • Un style de combat à la carte
  • Pouvoir chevaucher des dragons
  • Très grosse durée de vie
  • Le personnage d’Arachné qui gagne ici en profondeur
  • Fan service absolu pour les fans de Tolkien

La noirceur du Nazgûl :

  • Quelques soucis de caméra
  • Des textures parfois ratées
  • Les temps de chargement entre les zones
  • Des pics de difficulté sur la fin
  • Un p’tit verrouillage d’ennemis n’aurait pas été de refus
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