TEST. – « Espace, frontière de l’infini, vers laquelle voyage notre vaisseau spatial. Sa mission de cinq ans : explorer de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles vies, d’autres civilisations, et au mépris du danger avancer vers l’inconnu »… Nous n’allons pas aujourd’hui parler de Star Trek, mais bel et bien de No Man’s Sky ! Le titre est désormais disponible sur PS4 et PC !

Il était une fois… Les explorateurs (de l’espace)

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Carnet de bord du capitaine, coefficient espace-temps 3’619.6 : cela fait maintenant plus d’une heure que je me suis écrasé sur cette planète au nom imprononçable (un préambule en mode « survie » faisant office de tuto) ! Je récolte enfin les derniers matériaux, les derniers minéraux qui vont me permettre de remettre mon vaisseau en état, de décoller et de rejoindre la base spatiale, en orbite à quelques années lumières d’ici…

Oui, je sais ! Vous vous dites sans doute que cela fait déjà deux références à la série Star Trek que je glisse dans ce test. Pourtant, ce n’est clairement pas le titre qui nous intéresse ici, puisque cet article est bien évidemment consacré au dernier jeu de Hello Games, No Man’s Sky !

Alors pourquoi cette analogie ? Tout simplement parce que depuis que j’ai lancé le jeu, je retrouve avec nostalgie cette ambiance que j’adorais, enfant, en découvrant la géniale série de Gene Roddenberry, ou en dévorant l’émission Temps X des frères Bogdanoff.

Sans doute parce que la direction artistique de No Man’s Sky me rappelle toutes ces illustrations que je pouvais voir en couverture des vieux romans d’Isaac Asimov, ou dans des films cultes comme Planète Interdite, cette bonne vieille SF des années 50-60-70 sur fond de musique électro-expérimentale, que j’affectionne encore aujourd’hui. Une époque où la littérature comme le cinéma, saturés d’invasions de soucoupes volantes, ouvraient une nouvelle voie en nous offrant de l’oxygène et du rêve : la SF devenait exploratrice, et l’univers devenait son terrain de jeu illimité !

Et comme les références citées plus haut, No Man’s Sky est avant tout un jeu d’exploration. Autrement dit, si vous comptez dézinguer de l’Alien, changez tout de suite de jeu ! Comme pour Star Trek (voilà pourquoi j’y faisais référence), l’ADN de No Man’s Sky, c’est très clairement le plaisir de la découverte, de fouler des terres inconnues, de rencontrer des espèces indigènes. Non pas en tant que colonisateur, mais en tant que scientifique, simple observateur et respectueux des nouveaux écosystèmes qui se dévoilent au fur et à mesure de votre progression.

Vers l’infini et au delà !

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Plus concrètement, dans No Man’s Sky, vous incarnez un explorateur dont le but final est d’atteindre le centre de l’univers. Ce ne sera pas une mince affaire, mais c’est ce que vous propose le lointain pitch du jeu. La technologie vous permet d’explorer l’espace, d’enfiler les années lumières en quelques minutes, de vivre quel que soit le milieu qui vous accueille, mais attention : les ressources ne sont pas infinies, et vous tomberez très rapidement en panne de carburant.

Alors, une seule solution : faire étape sur les planètes avoisinantes pour les explorer et y trouver ces matériaux. Au sol, vous pourrez enregistrer les nouvelles espèces indigènes (plantes et animaux), miner les blocs vous offrant les précieux métaux et éléments (saisir du plutonium à mains nues, voilà qui m’interpelle !), crafter ces éléments pour améliorer votre vaisseau, votre combinaison, ou plus tard pour fabriquer de l’anti-matière et ainsi voyager à la vitesse de la lumière… Mais gare aux « Sentinelles », ces drones présents sur chaque planète : pas franchement hostiles de prime abord, ils vous agressent dès lors que vous puisez un peu trop à leur goût dans les ressources de la planète. Oui, No Man’s Sky véhicule aussi, à sa façon, un message écolo !

Vous croiserez souvent d’autres extra-terrestres, très souvent amicaux et dont vous pourrez apprendre la langue grâce à des bornes ancestrales disséminées sur les planètes. Dans les stations spatiales, ou dans les bases abandonnées et dans les comptoirs commerciaux, vous pourrez revendre vos objets ou en acheter de nouveaux, le commerce étant une mécanique essentielle pour progresser dans le jeu… Jusque là, le soft semble assez classique.

Mais No Man’s Sky présente une particularité très intéressante : le jeu est capable de générer très exactement 18.446.744.073.709.551.616 planètes à visiter ! Autrement dit, comme l’indiquait l’éditeur, si vous aviez le pouvoir d’explorer une planète par seconde, il vous faudrait 245 milliards d’années pour toutes les visiter. Pour vous donner une échelle, notre bonne vieille Terre avoisine les 5 milliards d’années seulement.

Ces planètes sont générées grâce à la méthode procédurale. Autrement dit, elles ne sont pas toutes stockées sur le CD ou sur les serveurs, mais le logiciel peut les créer en direct, au fur et à mesure que vous les découvrez, grâce à des calculs en temps réel. On peut donc en conclure que, si vous découvrez la même planète que l’un de vos amis (avec autant d’astres, c’est statistiquement quasi-impossible), elle ne sera pas exactement identique : il peut y avoir autant de versions d’une même planète que de joueurs… No Man’s Sky vous entraîne dans l’infiniment grand, ou plutôt dans l’infiniment procédural !

La musique du jeu est signée 65daysofstatic (l’un des compos préférés de Sean Murray, l’un des concepteurs du jeu), qui nous offre des plages assez étranges au premier abord, mais qui collent parfaitement à l’ambiance du jeu, et contribuent à l’ambiance « SF old-school » du titre.

Grosse attente… mais grosse frustration à l’arrivée

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Comme vous l’avez peut-être vu sur d’autres sites, No Man’s Sky, qui aura généré une très grosse attente, a aussi provoqué une grosse frustration et s’est fait allumer, pour ne pas dire parfois « franchement défoncer » ! Certains arguments sont justifiés, d’autres un peu extrêmes à mon goût : je m’explique !

Le défaut le plus choquant est cet affichage indigne d’un PC ou d’une console de génération actuelle : Si dans l’ensemble le jeu est beau, séduisant par sa direction artistique et ses palettes de couleurs très 70′, on a en revanche plus de mal à accepter ce clipping dégueu qui vous agresse les yeux dès que vous dévoilez la surface d’une planète ! Les éléments (montagnes, arbres…) s’affichent à peine à 15 mètres devant vous, avec un effet de pointillisme pas vraiment esthétique. Pendant que je rédigeais ce test, des mises à jour ont corrigé le tir, mais hélas, quelques bugs d’affichage persistent.

Le second gros défaut du jeu concerne la gestion de votre inventaire, plus que limité ! La plupart du temps, alors que vous êtes à la recherche de précieux matériaux, vous allez devoir en abandonner certains car vous n’avez tout simplement plus de place dans vos inventaires (je parle bien des trois : vaisseau, combinaison et arme). Et ce malgré la customisation qui vous crée des blocs supplémentaires, mais hélas insuffisants ! Je vous conseille donc, dès que possible, de racheter un plus gros vaisseau, avec une plus grosse capacité de stockage.

Beaucoup auront été frustrés par l’absence d’un vrai mode multijoueur ! Il aurait vraiment été sympa de pouvoir échanger, commercer, ou mener des opérations communes avec d’autres joueurs. Mais qu’on se le dise : No Man’s Sky n’est pas un MMO ! Dans les faits, les seules âmes que vous allez croiser sont des PNJ, le mode online ne servant qu’à partager vos découvertes. L’avantage, c’est que le jeu est entièrement jouable offline !

C’est décevant c’est vrai, mais ça reste cohérent ! Combien de planètes déjà dans No Man’s Sky ? Combien est-on d’humains sur Terre ? Et si chaque humain avait une PS4 ou un PC, combien aurions nous statistiquement de chances de croiser un autre terrien dans cet univers virtuel ?

Reste l’aspect très critiqué de la redondance du titre. Que dire, étant moi-même arrivé à un stade où je ne joue plus que par séances d’une heure grand max. Oui, le jeu est répétitif, mais quelque part, on aurait pu le deviner en lisant le cahier des charges du jeu. Je le rappelle : nous avons affaire à un « sandbox« , et pour cet aspect, le titre fait son job. L’éditeur lui-même nous a toujours dit qu’il n’y a pas vraiment de scénario dans No Man’s Sky, tout au plus un fil rouge si, en début de jeu, vous préférez suivre les indications de l’Atlas plutôt que de jouer en mode libre.

Autre aspect critiqué : le gameplay. J’avoue que le titre n’est pas facile à prendre en main, et ce n’est pas votre première heure de jeu (un tuto, mais plutôt avare en aides : débrouillez vous) qui va vous donner le sourire. Mais au fur et à mesure que vous progresserez, l’apprentissage se faisant, la jouabilité s’avère plutôt bien pensée et finalement assez ergonomique. Il suffit de s’accrocher un peu…

Il n’empêche qu’une fois passées les dix premières heures de jeu, malgré la diversité des planètes, les parties commencent à sérieusement se ressembler. Les géniales phases d’exploration sont très vite asphyxiées par du « farming » certes nécessaire, mais surtout outrancier.

No Man’s Sky est de ces jeux qui vous balancent leurs défauts lors des premières heures de jeu. Il y a ceux qui décrocheront tout de suite, et ceux qui s’accrocheront, découvrant une pépite sous le tas de sable !

Univers pas toujours cohérent

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Enfin, j’aurais également envie de souligner les incohérences présentes dans le jeu : si Hello Games s’est attaché à créer un univers cohérent, en s’appuyant au maximum sur des faits scientifiques avérés, quelques détails interpellent le passionné de sciences que je suis. Je ne reviendrai pas, car évoqué plus haut, sur le fait de collecter le Plutonium comme l’on cueillerait un bouquet de marguerites…

Si les astéroïdes vous offrent de précieux métaux dans l’espace (une fois détruits, votre vaisseau les aspire par un procédé qui tient plus de la magie que de la science), en voir autant (d’astéroïdes) lâchés en pleine nature est flippant ! Ici, pas de ceinture d’astéroïdes seulement de temps en temps, ici ou là, comme on n’en trouve par exemple dans notre système solaire qu’entre Mars et Jupiter : dans l’espace de No Man’s Sky, ils sont partout !

Enfin, je regrette le manque de variété concernant les corps célestes : certes les planètes sont nombreuses, mais l’éditeur se limite aux faits les plus évidents : une planète proche d’un soleil sera désertique tandis que les plus éloignées seront glaciaires ! Mais quid des géantes gazeuses, des supernovas ou des trous noirs ?

L’espace se limite ici à des planètes et à des astéroïdes… Qui plus est des planètes très proches les unes des autres, un peu comme si depuis la Terre, vous pouviez apercevoir trois astres dix fois plus gros (donc plus proches) que la Lune. Une telle situation dans la réalité engendrerait des dérèglements climatiques dus à de trop grandes forces gravitationnelles, donc la fin de toute forme de vie…

Mais relativisons : nous sommes dans un jeu vidéo, donc dans un monde imaginaire malgré tout ! Et bien que constituée de plus de 20 heures de jeu, mon expérience ne me permet pas encore d’affirmer que de nouveaux corps ne seront pas disponible en s’enfonçant d’avantage dans l’univers. Et le propos n’est pas ici d’ouvrir une encyclopédie mais de s’amuser… Donc, je passerai outre ces aspects 😉

Rien à faire dans No Man’s Sky ?

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C’est sans doute la critique qui revient le plus souvent, et un avis que je ne partage pas ! Certes, le jeu vous livre à vous même, et non, il n’y a pas de scénario ! Mais il ne faut pas déconner : dans No Man’s Sky, il y a plein de choses à faire !

Comme je l’ai évoqué plus haut, vous pouvez choisir en début de partie de jouer en jeu libre ou de suivre l’Atlas, qui vous guidera et vous donnera des objectifs à remplir. C’est lui qui, par exemple, va répertorier toutes vos découvertes, qu’il s’agisse des nouvelles planètes ou des espèces vivantes (partager vos découvertes vous permet de ramasser quelques crédits).

L’un des éléments capitaux dans No Man’s Sky est le commerce : des objets en trop ? Des items qui ne vous servent à rien mais qui intéressent des extra-terrestres ? Des matériaux à acheter ou un vaisseau à agrandir ? Si cet aspect du jeu vous semble anodin, il va très vite devenir essentiel, et vous allez vite prendre l’habitude de faire du business avec les PNJ locaux.

Sur les planètes, vous ne vous intéresserez pas uniquement aux espèces ou aux ressources : pour compléter votre niveau de découverte de chaque astre à 100%, vous devrez aussi trouver des vestiges (tombes ou bornes vous permettant d’apprendre des mots de langage Alien) ou des bases abandonnées. D’autant que ces campements regorgent de nouvelles technologies et de ressources. Merci au scan, bien utile pour localiser les centres d’intérêt de chaque planète.

Et puisque l’on parle des nouvelles technologies, voilà une nouvelle quête à accomplir : dégoter un peu partout dans l’espace les plans d’améliorations pour votre vaisseau : propulseurs plus puissants, amélioration de vos armes, de votre combinaison… Vous avez du pain sur la planche !

Sur les planètes, le jeu vous laissant très libre de vos actions, vous pourrez vous comporter de deux manières : soit comme un explorateur respectueux qui ne puise que ce dont il a besoin, soit comme un malotru qui vampirise tout ce qui peut se miner et qui tire sur tout ce qui bouge. Mais attention : dans ce second cas, vous attirerez les foudres des sentinelles et un avis de recherche planera sur votre tête. Ces drones pourront appeler des renforts, et feront tout pour vous empêcher de nuire !

Au même titre, dans l’espace, vous pourrez, si vous le souhaitez, attaquer des cargos. Mais gare à la réplique, ces puissants bâtiments sachant se défendre ! De plus, là encore, vous serez traqué par les forces de l’ordre intersidérales.

Si l’univers de No Man’s Sky vous semble bien tranquille, il n’en est rien lorsque l’on regarde en arrière-plan. Et les différents peuples extra-terrestres que vous croisez constituent des factions qui se livrent une guerre de territoire sans merci. Libre à vous de rester neutre, ou de prendre part au conflit en soutenant un camp. Mais si vos alliés vous soutiendront par la suite, leurs rivaux n’oublieront pas vos choix et pourront vous le faire payer.

Alors oui, il y a énormément de choses à faire dans No Man’s Sky ! Mais il faut reconnaître que tous ces aspects sont hélas asphyxiés par une gestion de l’inventaire et des carburants qui vous pousse à farmer, à farmer, et à farmer encore. Au point que, c’est vrai, vous aurez vite l’impression de tourner en rond et de faire toujours la même chose…

Au final

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La première question à se poser est « à qui se destine No Man’s Sky ? » Et comme le jeu génère une infinité de planètes, il peut générer tout autant de ressentis, d’impressions : vous n’aurez sans doute pas la même approche, ni le même avis que votre meilleur ami !

La plus grosse déception vient sans doute d’une méprise : non, No Man’s Sky n’est pas un MMO à l’action survoltée dans lequel votre but va être de détruire d’hostiles aliens… Il a déçu car il propose autre chose que ce que l’on a l’habitude de voir ! No Man’s Sky est avant tout une immense sandbox, qui vous offre d’ailleurs le choix (au début du jeu) de suivre une aventure guidée, ou d’explorer librement l’univers : il met de nombreux outils à votre disposition, et vous les utilisez librement, pour écrire votre propre histoire.

De ce fait, je ne considère pas No Man’s Sky comme un jeu vidéo conventionnel, mais comme une expérience à part entière ! Et si l’on reprend le cahier des charges du jeu, hormis quelques bugs d’affichage, le titre fait son boulot. A titre personnel, j’aime vraiment ce titre ! Certes, si l’annonce de son report avait déçu au début de l’été, quelques semaines de fignolage en plus n’auraient pas été de trop, ne serait-ce que pour corriger les problèmes d’affichage du jeu.

Au final, on ne peut que vous encourager à essayer le jeu, ou à regarder des vidéos de gameplay, avant de l’acheter. Car No Man’s Sky peut autant emballer que décevoir ! Et pour vous écrire l’avis le plus pertinent qui soit, il me faudrait inventer le « verdict procédural« , avec 18.446.744.073.709.551.616 conclusions différentes 😉


Verdict

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Définitivement un jeu qui tranche avec les productions actuelles ! Ceux qui passeront outre ses défauts y trouveront une petite pépite !

Notre note :

14/20

Votre note, avec la méthode procédurale (cliquez) :

 

Les + :

  • 18.446.744.073.709.551.616 planètes à visiter, qui dit mieux ?
  • Des décors originaux à chaque fois
  • Un jeu très immersif
  • Un jeu sans fin : du jamais vu en termes de durée de vie
  • Savant mélange d’exploration, de craft, d’action
  • La bande-son
  • Ambiance sonore réussie
  • Un jeu qui peut se jouer sans problème en off-line
  • Le jeu qui vous fait réviser votre table de Mendeleiev
  • Pas de coupes (ou d’écrans de chargement) lorsque l’on passe de l’espace à l’atmosphère d’une planète

Les – :

  • Le cliping qui pique les yeux
  • L’inventaire, trop limité
  • Pas de vrai mode online
  • La lenteur des déplacements
  • Le jeu devient vite redondant, le farming trop étouffant

No Man’s Sky, par Hello Games, sur PS4 et PC. PEGI 7.

Jeu testé sur une version dématérialisée fournie par l’éditeur.

Site officiel