La Nintendo Switch, une console destinée aux casual-gamers ? C’est dans la douleur que Furi, disponible sur ce support depuis le 11 janvier, va vous faire ravaler vos à-prioris ! Le français The Games Bakers offre à la console de Nintendo un jeu de combat qui va calmer même les plus aguerris !

Seulement neuf boss ?

Tout d’abord, avant toute chose, il est bon de vous rappeler que Furi est ce que l’on appelle un « boss-rush » ! Autrement dit, le dernier né des Montpellierains de The Games Bakers (Squids Odyssey, Combo Crew) est un jeu d’action dans lequel vous allez enchaîner les combats contre des boss, et rien que ça ! Pas de niveau à explorer, pas de PNJ qui radote… Juste neuf boss qui s’enchaînent, à défaire, et c’est tout !

Alors, je dois vous avouer que, lorsque j’ai entendu parler de ce titre la première fois, grande était mon appréhension. Neuf ennemis seulement ? Je me suis mis à imaginer un jeu indépendant, relativement court ! Neuf combats, ça se plie en 2 heures, non ? Pauvre de moi !

Car c’était sans compter sur un paramètre que j’aurais dû prendre en compte : Furi n’est pas un jeu pour les débutants ! Et la souffrance aura commencé dès mon premier adversaire ! J’attendais un bon gros tuto des familles, comme mise en bouche. Que nenni ! Premier adversaire, première déculottée… Non, je ne parlerai pas de « défaite » ! Ici, on devrait plutôt parler d’humiliation ! Quoi que… J’y reviens plus bas !

Exigeant, sévère mais… Juste et gratifiant !

Furi, un jeu difficile ? Oui, dans une certaine mesure. Il n’est pas difficile, en soi, à cause de boss complètement surcheatés… Il est surtout difficile par son exigence ! Vous avez voulu découvrir le jeu en bourrant dans le tas ? Mal vous en a pris : à la moindre erreur, la punition tombe !

Car le jeu ne laisse rien passer ! Oui, Furi est un véritable challenge ! Justement parce qu’il va vous obliger à refaire, et refaire encore les mêmes combats, jusqu’à ce que vous ayez compris très exactement comment battre votre adversaire.

Parfois on va loin, parfois on aperçoit la victoire… Et tout s’estompe parce qu’on a commis une erreur de timing ! Alors, on ravale sa fierté et on recommence ! Finalement, ces neuf adversaires vont vous donner du fil à retordre. Et le jeu ne se pliera pas aussi vite que prévu, croyez moi !

Furi ne vous fera pas de cadeau. En revanche, et c’est un très bon point pour ce jeu, la victoire n’en devient que plus gratifiante. Lorsqu’enfin, les pouces tuméfiés et la gueule en sang, on voit enfin l’adversaire s’écrouler… On n’en ressent qu’une fierté beaucoup plus grande ! Peut-être même cette impression (à peine exagérée) d’avoir sauvé l’univers d’une menace quelconque.

Furi est sévère ! Mais il n’est pas injuste ! Furi a la punition facile, et ne va pas vous rater ! Mais il a aussi la récompense à la hauteur de vos efforts, est gratifiant pour les joueurs qui ont du skill !

Un gameplay à comprendre, et à apprivoiser

Vous l’aurez compris : le gameplay est précis, et technique ! Le studio de Montpellier a voulu apporter de la variété dans le genre, et le résultat est là : Furi est un jeu qui se pratique avec un double décimètre. Les possibilités sont nombreuses, encore faut-il utiliser la bonne, au bon moment. L’expression « risk & reward » prend ici tout son sens !

En réalité, chaque combat de boss se compose de plusieurs phases. Tout d’abord, un combat se découpe en sets, qui vous feront penser à certains sports collectifs. Puis, chaque set se compose lui-même de deux phases bien distinctes. Dans la première, vue du dessus, vous êtes libre de vos mouvements dans l’arène. La seconde vous impose un champ d’action beaucoup plus restreint, en vue latérale, centrée sur le boss.

Dans la première phase, qui consiste à briser la garde adverse, le cadrage est beaucoup plus large. Et le joueur pourra user et abuser des esquives, des dashes/téléportation et autres réjouissances à distance. Il suffit simplement de piger les patterns pour vider la barre de vie du boss, dont les séquences d’attaques vous deviendront vite familières. Mais une fois sa barre vidée, l’étau se resserre en seconde phase, le cadrage aussi. Dans un champ beaucoup plus restreint, vous allez essentiellement jouer du sabre et de l’esquive, pour du corps à corps plus soutenu. Avec un timing parfait, car la puissance des attaques adverses ne diminue pas, elle…

Lorsque le combat commence, vous possédez trois vies, le boss en a entre 5 et 8. Si vous emportez les deux phases décrites plus haut, le boss perd une vie, et vous en gagnez une. Et votre barre de vie se recharge. Un second set peut alors commencer. Mais l’adversaire va alors changer de tactiques, suivre de nouveaux patterns… Vous allez donc devoir tout réapprendre ! Et attention, car si c’est vous qui perdez, c’est le boss qui recharge sa barre de vie… Donc on prend les mêmes et on recommence !

Une véritable identité graphique

La première chose qui frappe dans Furi, c’est son identité graphique bien à lui : chara-design, level design, direction artistique en général… Si le style graphique du jeu vous semble familier, vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que le studio français s’est offert les services de Takashi Okazaki (Afro Samurai).

Furi vous emmène donc sur les pas d’un samouraï, emprisonné et torturé pour des raisons qui demeurent obscures. Mais lorsqu’un individu, caché derrière un masque de lapin (le même qui vous récite le CV du prochain adversaire entre deux combats), lui offre l’opportunité de s’évader, notre héros doit gagner sa liberté au prix du sang. Il va devoir se débarrasser des neuf gardiens de sa prison, bien décidés à le stopper par tous les moyens. C’est donc sans retenue que notre héros va distribuer les coups de katana et les balles de pistolet automatique.

Le scénario comme le cadre se prêtent à merveille aux envolées délirantes de Takashi Okazaki. Enfin… Façon de parler, car ces « délires » , qui auraient pu être mignons dans un autre titre, prennent ici une tournure plus inquiétante. Pourtant, ce n’est pas faute d’évoluer dans un décor futuro-japano-féodal du plus bel effet.

Un cadre psychédélique qui est aussi joliment mis en valeur par la bande-son du jeu. Les morceaux (exclusifs au jeu) sont entraînants, pertinents, vraiment sympas à écouter (à quand la vente d’une OST du jeu ?). Encore une fois, le studio français fait bosser les copains, puisque cette bande-son synthwave dans l’âme est signée par Kn1ghtThe Toxic Avenger, Carpenter Brut, Lorn, Scattle, Waveshaper ou Danger. Les amateurs d’électro vont kiffer !

Furi sur Switch

J’avoue qu’il va m’être très compliqué d’effectuer ici une comparaison, car c’est justement avec cette version Switch que je découvre le jeu. Je ne me contenterai donc que de constater, et non de comparer avec une version PS4 que je ne connais pas !

Tout d’abord, il faut saluer l’effort concernant le contenu d’un jeu qui est, à la base, vendu à un prix plus que correct. Il vous coûtera moins de 20€. « Effort » car vous devez savoir que cette version Switch embarque, sans frais supplémentaires, le DLC One More Fight.

La prise en main est très bonne, et quasi immédiate (bien que je n’apprécie que la configuration « Joy-Con sur leur support manette » À mon sens la plus pratique pour ce type de jeux)… Pour le reste, le rendu graphique est très agréable.

J’ai pu constater un léger aliasing en mode TV, quelques chutes de framerate et quelques textures qui bavent légèrement à l’écran… Mais rien de bien méchant. En mode nomade, hormis un léger filtre flou, c’est également assez chouette à regarder (et à jouer). De toute manière, vous allez très vite vous concentrer sur les combats, oubliant tout le reste 😉

De même, j’ai pu relever quelques petits bugs de son. Notamment des sons qui semblaient désynchronisés lors de phases de bourrinage intense.

Au final

C’est le corps complètement meurtri que je termine ce test de Furi, sans doute le jeu qui m’aura le plus mis à l’épreuve ces dernières années ! Sa direction artistique si particulière avait piqué ma curiosité… Sa difficulté m’a fait me sentir petit, très petit ! Puis, plus grand, avec mes premières victoires !

Furi est un bon, et un très grand jeu ! Pas de doute à ce sujet ! Pourtant, il n’est pas à glisser entre toutes les mains. Non pas qu’il soit trop violent, ou déconseillé aux plus jeunes… Mais sa difficulté est capable de vous rebuter au bout de 20 secondes. Si vous passez le premier boss, tout ira bien pour peu que vous vous accrochiez… Mais dans le cas contraire, ce jeu va vous hanter ! Une pépite à essayer de toute urgence, à la seule condition d’avoir des nerfs d’acier, et un minimum de skill


Furi

Furi

 

Ça fait du bien ! :

  • Une patte graphique bien à lui
  • Un jeu nerveux et fluide
  • Des boss qui ont la classe
  • Chaque combat est différent
  • Un apprentissage permanent
  • Des patterns parfois surprenants
  • Quand on gagne, c’est vraiment gratifiant
  • La bande-son, et le doublage
  • Bonne rejouabilité (mode Speedrun, DLC…)
  • Le DLC inclus
  • Un prix plus que correct (19,99€)

Ça picotte ! :

  • Une difficulté qui pourra rebuter certains joueurs
  • Un peu d’aliasing
  • La narration, que l’on zappe assez vite
  • Quelques textures qui bavent un peu
 .