Depuis le temps qu’on vous en parle ! Depuis longtemps, nous en avons suivi les différentes étapes de développement, relayé les annonces, dévoilé les vidéos diffusées par l’éditeur… Autrement dit, on l’a vu grandir, en partageant avec vous les levées de mystère sur un titre attendu par toute une communauté de fans du film de Ridley Scott… Mais cette fois ça y est ! On le tient ! Alien : Isolation est là, et c’est l’heure, pour lui, de passer à la « testing room » !
Dans l’espace, personne ne vous entend crier
S’il est une licence cinématographique qui a vu de nombreuses adaptations vidéoludiques, plus ou moins réussies, c’est bien Alien. Je me souviens par exemple d’un plate-formes plutôt pas mal, sur Super-Nintendo, qui vous plongeait dans l’ambiance d’Alien 3, à des années lumières des versions cauchemardesques sur Commodore ou Atari 2600 des premiers volets du film.
Et puis, avec la 3D, la licence s’est plutôt orientée vers le FPS, notamment avec le dernier en date, Alien Colonial Marines, qui n’a pas laissé un souvenir transcendant chez les fans, c’est le moins que l’on puisse dire…
Mais aujourd’hui, The Creative Assembly prend le parti de s’orienter vers une autre ambiance, avec Alien : Isolation. Certes, la vue est toujours subjective, mais l’éditeur vous plonge cette fois dans un jeu qui ressemble beaucoup plus à un survival-horror qu’à un jeu de tir.
Alien : Isolation se déroule en 2137, quinze ans après le premier volet (Alien de Ridley Scott) et quarante-deux ans avant le second (Aliens de James Cameron). Vous y incarnez Amanda, la fille d’Ellen Ripley qui, après avoir recherché sa mère toute sa vie, découvre que la « boite noire » du Nostromo serait détenue sur la station Sevastopol. Elle décide de s’y rendre pour retrouver sa mère. Mais elle ignore que le Xenomorphe y est déjà, lui aussi…
Sombre, dans tous les sens du terme
Après son installation et une première mise à jour, le jeu se lance. Ici, les temps de chargement sont judicieusement utilisés pour vous envoyer quelques petits textes, quelques communications qui vous replongent dans cette ambiance que vous aviez laissé à la fin du visionnage du chef d’oeuvre de Ridley Scott, en 1979 : la situation est grave, et l’on se souvient que de tragiques événements se sont déroulés…
Le premier point positif qui saute aux yeux, dès les premières images du jeu, c’est son coté sombre, froid. Ici, les vaisseaux ne sont pas tout blancs et lumineux, tout nickels comme dans 2001 ou dans un catalogue Ikea.
Ils sont étriqués et déjà le joueur ressent la froideur du métal, perçoit les odeurs de rouille et de renfermé. Sur ce point, le titre de Sega colle parfaitement à l’ambiance voulue par Ridley Scott.
Pas d’ambiguité ! Dès le départ, le joueur sait qu’il n’est pas là pour un gentil voyage au pays des Bisounours, qu’il ne va pas évoluer dans une histoire haute en couleurs et où l’héroïne se marie avec le prince de l’espace à la fin. Dès le départ, on sait que l’ambiance va être pesante, la tension extrême.
On distingue d’ailleurs deux climats bien distincts, au début du jeu… Lorsque vous prenez en main (c’est une façon de parler, évidemment) Amanda, tout va bien… Lorsque vous faites un petit tour dans l’espace, à bord du Torrens, pour rejoindre la station Sevastopol, ça va encore à peu près… Mais dès que vous posez un pied dans cette station dévastée, ce n’est plus la même chose, et croyez-moi, vous allez régulièrement scruter chaque recoin au moindre petit bruit.
L’héritage de Ridley Scott
Fiers de leur « bébé », les programmeurs de The Creative Assembly expliquent que, en grands fans d’Alien qu’ils sont, ils voulaient programmer le jeu dérivé de la licence dont ils ont toujours rêvé, mais que personne n’avait jamais fait.
Et pour coller à l’ambiance, ils ont souhaité coller à la perfection au film d’origine, développer un environnement résolument rétro lorsque la mode au cinéma est davantage au reboot.
S’inspirant des notes et des artworks de l’époque, le studio a conçu un univers où les appareils électroniques sont cathodiques, par exemple. Pour cela, le studio a été aidé par la Twentieth Century Fox, qui a prêté aux développeurs les reliques de tournage, ou les concepts imaginés par Ron Cobb et H.R. Giger.
Le mot d’ordre étant « interdiction de faire apparaître des écrans tactiles ou une technologie qui n’existait pas avant 1979 ». Amanda utilise des armes lourdes et encombrantes, et non des items miniaturisés.
Le jeu reprend également tous les ingrédients qui ont fait le succès du film, et qui vous ont fait frémir : des lieux sombres et exigus, un ennemi unique mais quasi invincible, invisible et qui peut surgir de nulle part et dont vous ne devrez attendre aucune humanité, la nécessité de se débrouiller avec trois bouts de ficelles pour se sortir de situations mortelles… Oui, comme Ellen Ripley, Amanda devra quasi tout le temps se bricoler des soluces à l’arrache pour se débarasser de son ennemi quelque peu collant !
Partie de chasse
Parlons maintenant un peu du jeu en lui même ! Comme je l’ai dit plus haut, si la vue vous inspire un bon gros FPS, nous sommes bien ici dans un survival-horror, et dans une grande majorité des chapitres, vous devrez fuir, vous cacher, ou combiner des éléments pour créer de quoi calmer momentanément le Xenomorphe. Car Alien : Isolation est un jeu de chasse. Ce qui est beaucoup moins agréable, c’est que la proie… c’est vous !
Ce qui provoque des situations qui ne seront pas sans vous mettre la pression, tant cet ennemi est imprévisible. Bien planqué, vous attendez que la crise passe, et (toujours en vue subjective), vous voyez l’appendice de la créature vous traverser le corps dans une grande gerbe de sang… Game over !
Le meilleur moyen d’éviter d’enchaîner les game-overs sera donc de vous cacher, de jouer la carte de la furtivité, voire de créer des objets permettant de détourner l’attention du monstre, ou des quelques ennemis qui ont décidé de venir vous ennuyer, comme si cela ne suffisait pas.
Comme je n’ai pas envie de vous spoiler, j’éviterai de vous parler de quelques petites trouvailles plutôt bien senties qui, au fil du jeu, vont vous procurer un grand plaisir. Tout comme celui procuré aux fans d’Alien, tant les références et les clins d’oeil au « Huitième Passager » sont nombreuses.
Histoire d’éviter la routine, l’éditeur a néanmoins prévu quelques phases d’action un peu plus musclées. Globalement, ce jeu va vous tenir en haleine (Ripley ?) un bon moment, et ce ne sont pas moins de 19 chapitres qui vous attendent.
Quelques points négatifs ?
Pour l’instant, le jeu est plutôt bon, et il faudrait quand même, pour la forme, lui trouver quelques aspects négatifs. Si je pensais initialement que ce serait difficile, ils n’ont pas tardé à pointer leur nez…
A commencer par l’IA qui est parfois… un peu étrange ! Le Xenomorphe qui semble parfois ne pas vouloir s’attaquer aux androïdes, ou ces mêmes androïdes qui, alors qu’ils vous recherchent, vont arrêter leurs investigations pile devant l’armoire où vous êtes planquée… Vous allez parfois lâcher un sourire en vous disant « chouette, mon ennemi est complètement c… »
Autre point un peu agaçant : le mode course ! Car parfois, Amanda se met à « tracer »… A chaque fois (ou quasi) lorsque le xenomorphe vous prend en chasse… Ca gâche un peu la surprise !
Enfin, les puristes du film regretteront que le jeu ne soit jouable qu’en VF, et sans la doubleuse française de Sigourney Weaver. Mais là, c’est vraiment histoire de…
Au final
Cet Alien : Isolation voulait vous replonger dans le chef-d’oeuvre de 1979, de Ridley Scott, et le contrat est honoré ! Pour son ambiance, ses graphismes, sa bande-son fidèle à celle du film, son coté rétro (ou « lo-fi ») assumé et un scénario très intéressant, le jeu est la digne suite d’Alien : Le 8e Passager !
Malgré quelques petites maladresses qui n’ont rien de bien méchant, nous avons là un excellent titre, qui redonne du panache à la licence, qui était hélas un peu malmenée dès que l’on parlait d’adaptation en jeux vidéo.
Seul point un peu plus mitigé : la peur ! Car c’est bien là le moteur de la série, et cela devrait l’être dans un survival-horror. Pourtant, je ne vous cacherai pas qu’Alien ne vous fera pas faire des bonds comme un The Evil Within, par exemple.
En fait, plutôt que de la peur, Alien : Isolation provoque davantage du stress. Plutôt que des sursauts, il vous fait paniquer lorsqu’il faut ouvrir une porte et que le xenomorphe patrouille juste derrière vous, à plus forte raison lorsque vous n’êtes armé que d’un coton-tige et d’une pile 1,5v (je caricature à peine).
Si le jeu sera un pur bonheur pour les fans d’Alien, pour les autres, il reste un titre à essayer. La surprise est de taille !
Verdict
Une digne suite du film de Ridley Scott !
Les + :
- Ambiance rétro
- Ambiance digne d’Alien : le 8e Passager
- La prise de risque « survival » est concluante
- Bon mix entre les nombreuses phases d’infiltration et les quelques phases d’action
- Bonne jouabilité
- La bande-sonore colle parfaitement à l’ambiance
- Bonne durée de vie avec ses 19 chapitres à boucler
- Plein de références pour les fans
- Voix et textes en français
Les – :
- Un jeu plus stressant qu’effrayant
- L’IA est parfois un peu bizarre
- Les piles de la torche d’Amanda ne sont visiblement pas des Duracel
- Pensez à sauvegarder très très très souvent
Alien : Isolation, par The Creative Assembly pour Sega. Disponible sur PS3 et PS4, X360 et XB1, sur PC. Pegi : 18.