Je dois vous avouer ma petite faiblesse pour les J-RPG. Avec un intérêt tout particulier lorsqu’il s’agit d’un Final Fantasy ou d’un Dragon Quest. Et puisque l’on parle de ce dernier, la référence absolue est pour moi DraQue VIII : L’Odyssée du Roi Maudit, sorti sur PS2 en 2006 ! Et si cela changeait aujourd’hui ? Le prétendant au titre n’est autre que Dragon Quest XI : Les Combattants de la Destinée, sorti il y a un an au Japon (sur PS4 et 3DS). Il n’est dispo que sur PlayStation 4 chez nous…

Un poids-lourd du RPG… Un phénomène de société !

Dragon Quest (ou DraQue pour les intimes) est une licence légendaire, dans le petit monde du jeu vidéo, et plus particulièrement du J-RPG. Autrement dit, depuis le milieu des années 80 (le premier volet est apparu en 1986 sur NES), la franchise Dragon Quest se tire la bourre, au sommet du panier, avec une autre licence très connue, sa rivale : Final Fantasy. Et derrière cette « guerre » , une autre rivalité, entre deux studios cette fois : Enix contre SquareSoft. Rivalité qui prendra fin en 2003, lorsque les deux concurrents fusionnent pour devenir Square-Enix !

On considère même qu’au Japon, Dragon Quest est plus populaire que Final Fantasy. Et au Pays du Soleil Levant, le jour de sortie d’un nouveau DraQue est férié. Ce pour éviter que trop d’élèves ne sèchent les cours pour aller faire la queue devant leur boutique préférée… À ce qu’on dit ! Plus qu’un hit, un phénomène de société !

S’il est un élément qui est devenu une constante dans la série Dragon Quest, c’est son équipe de développement, qui ne change pas d’un opus à l’autre. Ainsi, pour chaque épisode, le chara-design est assuré par Akira Toriyama, créateur de Dragon Ball. Également au générique, Yūji Horii comme concepteur principal… Ou encore Kōichi Sugiyama pour la superbe bande-originale symphonique, et son thème principal désormais connu de tous.

Paradoxalement, aussi populaire qu’elle soit, la série brillait par son absence sur consoles de salon depuis quelques années. Le dernier épisode numéroté ayant marqué profondément les joueurs est Dragon Quest VIII : L’Odyssée du Roi Maudit, sorti sur PS2 entre 2004 (Japon) et 2006 (Europe). Depuis, les joueurs auront dû se contenter de nombreux remakes des précédents épisodes pour 3DS (dont DraQue VIII, lire notre test ici).

Du coté des épisodes originaux, Dragon Quest IX : Les Sentinelles du Firmament (2010) est quant à lui une exclusivité Nintendo DS. Et Dragon Quest X, décliné en trois versions, sortira sur Wii, Wii-U, PC, PS4, Android, 3DS et Switch entre 2012 et 2017. Mais il s’agit cette fois d’un MMORPG, exclusif au Japon. C’est dire si le Dragon Quest XI qui nous intéresse aujourd’hui est attendu !!

Scénario : c’est un J-RPG !

Qui dit J-RPG dit aussi que nous allons retrouver ici une narration construite sur un modèle bien prédéfini. Les scénarii de TOUS les J-RPG ont la même construction, utilisent les mêmes ficelles, et nous allons toutes les retrouver dans ce titre. Un jeune héros qui doit quitter son village pour s’engager dans un voyage initiatique… Le mal qui s’étend sur le monde… Votre héros qui est « l’élu » (terme assez récurrent dans ce genre de jeux) qui peut vaincre le malin… Une équipe qui se forme autour de vous… On a ici le pack intégral !

Tout commence donc, sans grande surprise, par une superbe scène cinématique, qui démontre qu’en matière de RPG, Square-Enix entend bien montrer qui est le patron. Elle nous explique succinctement les origines de notre personnage principal (ne comptez pas sur moi pour vous spoiler)… Avant de le retrouver quelques années plus tard, adolescent, pour la toute première séquence jouable du jeu. En compagnie de votre amie d’enfance, vous devez gravir le plus haut pic de votre village, rite initiatique sensé symboliser votre passage à l’âge adulte.

Mais les événements qui suivent vont vous révéler que vous êtes la réincarnation d’un héros légendaire. Un pincement au cœur, vous devez donc quitter votre village, afin de suivre votre prestigieuse destinée. Mais rien ne se passe comme prévu. Le roi, qui devrait apporter son soutien au héros légendaire, vous emprisonne sitôt après que vous lui ayez révélé votre véritable identité. Accusé d’être l’engeance de l’ombre, vous voilà devenu l’ennemi public N°1… L’aventure commence !

Le scénario est assez classique dans l’ensemble… Mais lorsque l’on joue à un Dragon Quest, on ne se prend pas vraiment la tête à chercher compliqué. On ressort son âme d’enfant, et on voyage ! D’autant qu’ici, l’histoire principale va vous tenir entre 45 et 50 heures en ligne droite (comptez plus avec les quêtes annexes… D’où le temps mis pour rédiger ce test ^^)… Une histoire découpée en chapitres, comme dans bon nombre de jeux Dragon Quest. Une telle durée de vie, ça ne court plus vraiment les rues à notre époque !

Une technique maîtrisée

Vous l’aurez compris à la lecture du début de ce test : DraQue XI est un jeu techniquement maîtrisé de bout en bout ! Scènes cinématiques ou phases de gameplay, on est vraiment dans le très beau. Le jeu est coloré, très détaillé… Et ici, pas de mode Chibi dès lors que vous passez sur la map. Le jeu est littéralement dopé par un Unreal Engine 4 décidément très en forme !

Cependant, je me dois de relever quelques soucis techniques, qui commencent sérieusement à piquer en 2018. Des chutes de framerate, ou encore des temps de chargement plus ou moins longuets dès lors que vous quittez une zone, ou qu’une scène de la quête principale s’enclenche… Dans le doute, je vais mettre cela sur le compte de ma vieille PS4 classique. J’ose espérer que le résultat est meilleur sur une PS4-Pro !

Pour l’anecdote, sachez que la version qui nous intéresse aujourd’hui est en quelque sorte un remaster de la version japonaise. L’archipel avait des bruitages pour accompagner les textes, l’Europe bénéficie des doublages anglais rajoutés sur la version américaine du jeu. Avec les plus (des voix pour les personnages, sauf le héros, un mode caméra libre), mais aussi des moins. Notamment concernant la localisation, la traduction anglaise s’éloignant parfois de l’esprit japonais. Nous récupérons par exemple les prénoms de la version anglaise, qui n’ont rien à voir avec leurs équivalents nippons.

Une architecture qui ne néglige pas la verticalité

Vifs et colorés, les différents panoramas flattent la rétine ! Et c’est tant mieux, puisque vous allez passer beaucoup de temps à gambader, à explorer pour découvrir des coffres bien planqués… Ou des quêtes annexes. Contrairement à beaucoup de J-RPG, on apprécie aussi de voir les monstres dans le décor (ils ne vous attaquent pas aléatoirement, et on peut les éviter). Petit détail qui donne encore plus de réalisme au tableau. Et je n’ose même pas vous parler des villes, vivantes et très détaillées, tout simplement magnifiques !

Un très bon point, donc, pour le level-design ! Il brille à la fois pour ses graphismes et pour son architecture. Les développeurs ont particulièrement bossé sur la verticalité des niveaux, et il ne sera pas rare d’aller chercher des coffres ou des PNJ en grimpant à des échelles ou des cordes, en allant se balader sur les toits… Un bon point également pour le design des monstres. Si le bestiaire habituel de la série répond présent, on relèvera aussi quelques nouvelles créatures.

Dans l’ensemble, malgré une réalisation de très grande qualité, il ressort un coté assez « old-school » de ce Dragon Quest XI (construction de la narration, gameplay…). C’est LE J-RPG que nous aurions aimé avoir il y a quinze ans ! Pour certain, le jeu semblera donc un poil archaïque, à l’heure où d’autres titres ont littéralement bouleversé ces standards. Personnellement, je préfère me placer dans l’autre catégorie : celle qui trouvera que cela lui donne un charme dingue ! Un Dragon Quest de mon adolescence, mais en plus beau et à une autre époque ! Je signe avec grand plaisir !

Un gameplay sans réelle folie

Si vous êtes un amateur de RPG, alors vous ne serez pas vraiment déstabilisé, tant ce DraQue XI reprend massivement des mécaniques approuvées depuis plus de vingt ans. À quelques détails près, la jouabilité est ici la même que dans 99% des Dragon Quest, voire des J-RPG en général.

Ainsi, le gameplay se partage entre deux grandes lignes principales. L’exploration, et les combats. Pour la première, on se balade… On ouvre des coffres à l’aide de la touche d’action, qui sert aussi à déclencher les dialogues avec les PNJ. Du classique, comme je l’ai écrit ! Pour le reste, comme dans tous les Dragon Quest, dès que l’on arrive dans un village, on cherche en premier lieu la chapelle qui vous permet de sauvegarder, soigner votre équipe, etc. Deux nouveautés apparaissent durant les phases d’exploration : la possibilité de sprinter, et celle de pouvoir faire des sauts.

Lorsqu’un combat commence, on va également retrouver de grands classiques. Des ennemis alignés face à vous… Et la possibilité d’envoyer au choix une attaque de base, une technique spéciale, de la magie (offensive ou soin)… Voire pourquoi pas de fuir la bataille si les adversaires vous semblent un peu trop pétés.

Des nouveautés dans le gameplay

Cependant, le mode « combat » propose quelques nouveautés plutôt bienvenues. La première consiste en des attaques de groupe, qui se déclenchent avec beaucoup d’aisance pour peu qu’au moins deux personnages soient en état Hypertonique (les stats sont alors boostées) simultanément. Inutile de vous dire qu’un coup porté à deux fait beaucoup plus de mal qu’une attaque de base. Une mécanique qui devrait parler aux fans de Chrono Trigger, avec ses attaques en duo ou en trio.

Au chapitre des nouveautés, on appréciera également de désormais pouvoir se déplacer librement autour de l’adversaire pendant les combats. En revanche, l’automatisation des combats peut déstabiliser. Autrement dit, vous choisissez un style pour chaque personnage (défensif ou offensif ; Va t-il attaquer la même cible que vous ou se concentrer sur les autres adversaires ; Va t-il privilégier les soins, ou les sorts d’attaque…), et tout se fait tout seul, sans que vous ne soyez obligé de lancer la commande à chaque tour. Vous pouvez cependant changer de style à tout moment. À la fin des combats, l’expérience acquise peut être distribuée sur un « Hexagramme » , arbre de compétences très proche du sphérier de Final Fantasy X.

Enfin, sachez que cette sortie mondiale de DraQue XI est aussi l’occasion de découvrir la Quête Draconique. Un nouveau mode destiné à ceux qui aiment le cuir à clou et les dominatrices à fouets. car ce mode vous permet tout simplement de corser le challenge en ajoutant des handicaps bien tordus : faire l’aventure sans pouvoir se ressourcer dans les auberges, monstres plus forts, jeu sans sorts de soin… Les puristes apprécieront, d’autant que le jeu n’est pas bien compliqué à finir, pour peu que vous farmiez un tant soit peu entre deux combats de boss… Si vous aimez souffrir, ce mode est fait pour vous. Perso, je préfère faire l’aventure en mode pépouze !

Des quêtes vraiment « annexes »

Les quêtes annexes, qui ont généralement pour objectif de rallonger la durée de vie du titre, sont hélas aujourd’hui l’un des points faibles de ce onzième épisode. D’une part, elles ne sont pas si nombreuses que cela (elles se concentrent dans les villes)… D’autre part, certaines sont tout simplement inintéressantes.

Comme dans la plupart des J-RPG, de nombreux personnages vous demanderont un coup de main. Sympa pour gratter quelques items ou de la monnaie… Mais des missions Fed-Ex qui deviennent vite répétitives, pour ne pas dire barbantes à la longue.

Enfin, il y a aussi toutes ces activités annexes, que vous pourrez faire pour passer le temps. Aller au casino, c’est toujours sympa. Les courses de chevaux, en revanche, vont vous amuser cinq minutes, mais pas forcément plus. Pour ma part, après avoir testé une fois cette expérience, je n’ai pas trouvé l’envie (ni la nécessité) d’y revenir.

En revanche, on apprécie le système de forge qui vous permet de crafter votre équipement à partir d’items de base… Un peu à la manière du chaudron de Dragon Quest VIII, si ce n’est qu’ici, vous devrez mettre la main à la pâte… Et frapper correctement au marteau sur les trois parties de l’équipement à modifier pour le forger à votre guise.

DraQue XI pris à défaut

L’un de mes principaux regrets est le manque évident de charisme de la part du héros. C’est bien dommage, d’autant que les autres membres de l’équipe sont très réussis. Mais c’est un fait, votre personnage principal, muet (ça marchait dans DraQue VIII, mais moins aujourd’hui) et sans véritable présence, a le charisme d’un chausson aux pommes. Et il ne faut pas attendre très longtemps pour s’en rendre compte. Il suffit d’une heure de jeu, de rencontrer Érik, pour réaliser que son premier compagnon d’armes est 100 fois plus stylé ! (Avec aussi un p’tit coup de coeur pour Jade ^^).

Étrangement, cet épisode pêche aussi par sa bande-son. Les musiques sont toujours aussi classieuses, et le fan retrouvera les thèmes emblématiques de la série. Pourtant, je m’étonne du peu de pistes composées pour l’occasion. L’équation est simple : un jeu immense, mais pas assez de musiques. Vous l’avez compris : certains thèmes vont donc, par la force des choses, revenir souvent, voire totalement tourner en boucle. Et c’est bien dommage, tant on attendait aussi le jeu sur ce terrain !

Enfin, on pourrait aussi s’attarder sur le gameplay très old-school du jeu. Une critique en demi-teinte, puisqu’ici, ça fonctionne, et plutôt bien ! Cependant, un peu de fraîcheur aurait été bienvenue. Tout comme quelques mécaniques plus modernes, afin de ne pas avoir cette impression que les développeurs n’osent pas sortir de leur zone de confort. Une observation plus mitigée donc, car en même temps, ça marche toujours. Pour ne pas dire que ça plaît !

Au final

Dragon Quest XI : Les Combattants de la Destinée est un excellent J-RPG, mais un Dragon Quest un poil trop classique pour nous surprendre. Mais il n’a cependant pas à rougir tant ce voyage un soupçon naïf est capable de nous transporter loin ! Cette année 2018, les fans de J-RPG auront été gâtés, entre Ni no Kuni II et ce DraQue onzième du nom !

Véritable claque à tous les étages, il brille par sa direction artistique, par sa longue quête principale, par sa bande-son toujours aussi magistrale… Ou part un scénario qui tarde à démarrer, mais qui réserve quelques bonnes surprises. Sans prendre réellement de risques, il démontre que c’est dans les vieux pots que l’on fait la meilleure soupe… Le J-RPG a beaucoup évolué techniquement parlant (avec notamment Final Fantasy XV), mais les mécaniques « à l’ancienne » sont toujours redoutables !

Que vous soyez fan de DraQue ou non (chaque épisode est indépendant des autres), et à plus forte raison si vous aimez les J-RPG… Vous devez sauter de toute urgence sur ce titre ! Deviendra t-il un jeu culte ? Seul le temps nous le dira… Toujours est-il que ce Dragon Quest XI nous fait passer un très bon moment, avec l’envie d’y retourner… C’est plutôt une bonne chose, non ?


Dragon Quest XI : Les Combattants de la Destinée

  • Par Square-Enix.
  • Sur PlayStation 4 (et 3DS, au Japon seulement).
  • Genre : J-RPG.
  • Classification : PEGI 12.
  • Prix : 59,99€.

 

On aime :

  • La direction artistique
  • Un vrai Dragon Quest, avec son âme, son ambiance
  • Les personnages
  • La forge
  • Les techniques combinées, génial !
  • L’arbre de compétences (Hexagramme) facile à prendre en main
  • Excellente durée de vie
  • Les ajouts de la version occidentale
  • Le bestiaire varié
  • Une réalisation old-school qui plaira à certains…

On aime moins :

  • Quelques baisses de rythme
  • Un héros qui manque de charisme
  • Quelques temps de chargement
  • Des chutes de framerate sur PS4 classique
  • Jeu trop facile
  • Pas assez de pistes audio
  • … Mais déplaira à d’autres
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