Quand l’éditeur From Software (Dark Souls, BloodBorne) s’essaye à la VR, cela donne un jeu beaucoup plus soft, plus zen. Ici, pas de démons surpuissants, mais un point-and-click en trois dimensions… Le studio japonais étant ce qu’il est, on ne va toutefois pas pouvoir s’empêcher de vous parler de fantômes… Allez zou… On enfile le casque VR et c’est parti pour notre test !

From SoftWare, spécialiste des entités paranormales ?

On ne va pas vous faire un dessin ! Qu’il s’agisse de BloodBorne ou de la série Dark Souls, l’éditeur From Software est connu pour la difficulté infernale de ses jeux ! Des démons redoutables, des boss démesurés… Et surtout un challenge qui aura rebuté bien des joueurs… Et j’avoue que, de ce fait, le trailer dévoilé lors de l’annonce du jeu, au cours de l’E3 2018, m’a surpris ! Plus zen, plus « explorateur » … On était à des années lumières des invincibles démons assoiffés de sang…

La raison ? Sans doute, pour ce développement, le rapprochement de l’équipe de Hidetaka Miyazaki avec le Japan Studio de Sony. Il est clair que nous ne sommes pas ici dans la démesure graphique ou la surenchère d’effets hallucinants. Autant vous prévenir tout de suite : Déraciné ne joue pas dans la même cour que les autres jeux From Software ! Il a la couleur d’un jeu indépendant, mais développé par des pointures…

Pour vous resituer le jeu dans le paysage vidéo-ludique, disons que Déraciné, c’est un peu de l’exploration à la Gone Home, un gameplay à la Fragments of Him, et quelques mécaniques point’n click… Des objets à trouver, des missions à remplir… Et une histoire émouvante à découvrir…

Mon ami le fantôme

Une fois le casque VR et les deux PS-Moves (obligatoires) configurés, le jeu se permet de vous proposer un mode tutoriel avant de lancer véritablement l’aventure. Et ce ne sera pas un luxe car Déraciné est l’un des jeux en réalité virtuelle sollicitant le plus de commandes ! Du moins, il est pour l’heure le titre le plus complexe auquel j’ai pu jouer en VR… Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : il est simple à prendre en main, n’a rien de compliqué mais… On est très loin des autres jeux VR qui ne nécessitent que quatre touches… Ici, il y a plus de possibilités…

Vous êtes mort ! Et depuis peu, vous êtes un esprit résidant dans un orphelinat chouettement détaillé et modélisé. Vous voilà donc lâché dans les couloirs de l’internat, habité par six enfants (et par un chat qui vous bloque le passage, et les zones accessibles plus tard : c’est bien connu, les esprits ont peur des chats). Ici, votre but sera de fouiller les pièces disponibles, d’examiner méticuleusement, d’observer les objets et personnes figées dans le temps… Pour dévoiler petit à petit cette histoire fragmentée. La narration est efficace, les personnages attachants.

Et il le faudra bien, car c’est principalement autour des jeunes pensionnaires de l’orphelinat que va graviter cette aventure surnaturelle. En tant qu’esprit, vous avez le pouvoir de vous balader dans l’espace, mais aussi dans le temps, afin d’améliorer le quotidien de ces infortunés enfants. Ceux-ci sont figés, comme si le temps s’était arrêté. Mais lorsque vous déclenchez une interaction, une sphère de lumière vous délivre, sous forme de dialogue, de précieuses indications sur les actes à accomplir. Votre esprit bénéfique se déplace non pas en marchant, mais en se téléportant d’un point lumineux à l’autre grâce à la touche Move… Et ça, ça va vous faire gagner du temps lors de vos allées et venues…

Pas de soucis avec la VR

Je réalise que je n’ai pas encore répondu à cette question que beaucoup se poseront sans doute. Alors non, je n’ai pas constaté de problème majeur avec le casque VR. Du moins, concernant le fameux motion sickness : pas de nausée ni de vomissement à l’horizon… Ça passe nickel, même après quelques heures de jeu…

Néanmoins, c’est davantage au niveau de la jouabilité que j’ai pu constater quelques petites failles. Comme les PlayStation Moves qui deviennent très brièvement non-reconnus par la caméra. Et donc votre personnage qui perd le contrôle de ses mains, un instant… Un cas très rare, non pénalisant, mais que je me devais toutefois de vous signaler…

Y’a un truc qui me chagrine

Sur le papier, Déraciné a tout pour plaire, et est typiquement de ces jeux que je vais surkiffer sur PS-VR… Pourtant, deux ou trois petites bricoles me gênent.

Tout d’abord, et c’est vraiment mon plus gros regret : une histoire trop linéaire, sans véritablement de choix ! S’il est très agréable de suivre cette histoire, qui se déroule au fil de l’eau (et qui est plutôt bien écrite), elle est trop scriptée ! Vous vous contentez de faire ce que l’on vous demande, sans pouvoir prendre de chemins alternatifs, quoi que vous fassiez…  Vous voyez déjà où je veux en venir : ce fait nuit à la rejouabilité du titre. Car hormis l’expérience en elle-même, très plaisante au demeurant, ce n’est pas l’histoire qui vous motivera à tout refaire, une fois connue… D’autant que je dois vous avouer que j’aurais aimé cette aventure plus longue… Et ce n’est pas la quête des huit pièces à trouver qui va améliorer cet aspect.

Je pourrais aussi vous parler de la réalisation, qui connaît quelques loupés. Certaines manips imprécises, ou l’une de vos mains (voire les deux) qui part en couille pour une raison indéterminée (en mode Parkinson)… Ou encore quelques textures un peu dégueulasses viennent noircir le tableau. Car si le jeu est visuellement très réussi dans l’ensemble, il est surprenant de se retrouver (notamment en extérieur) avec des aplats immondes, de la végétation sans relief comme si les développeurs avaient posé un poster de gazon sur le sol, pour faire illusion. Ça peut marcher en 2D, mais en VR, si vous vous penchez pour bien observer, on ne voit que ça !

Et puis, on pourrait s’attarder sur le jeu d’acteurs : si l’on apprécie que les textes soient en VF, la diction est une invitation à la dépression ! En même temps, ça colle à l’ambiance mélancolique, voire triste parfois, du titre ! Enfin, je terminerai sur le rythme très lent du jeu, qui pourra déplaire à certains. Alors certes, ici l’intérêt est justement dans l’exploration, la fouille systématique de tous les endroits accessibles… Mais paradoxalement, si le jeu est court, certains passages sont longs…

Au final

Voilà un titre plutôt inattendu de la part de From Software ! On aurait pu croire que les développeurs auraient profité de l’occasion de nous foutre les chocottes en VR, mais il n’en est rien ! De cette collaboration avec Japan Studio émane un titre plein de mélancolie. L’histoire est touchante, l’ambiance l’est autant, et ce malgré quelques baisses de rythme.

Oubliez le rythme effréné des jeux d’action ! Déraciné est un jeu que l’on savoure en mode pépouze, sans se prendre la tête ! On observe, on se régale en VR, et on se laisse émouvoir par ces personnages tous plus touchants les uns que les autres. Déraciné est un très bon jeu narratif en VR !

Bien sûr, le jeu a ses défauts, qu’on lui pardonnera volontiers tant ses intentions sont bonnes. Mais s’il est une lacune que l’on a un peu plus de mal à digérer, c’est sa grande simplicité et sa courte durée de vie (comptez environ 5 heures pour en faire le tour) ! Dommage, car son coté très linéaire n’invite pas vraiment à la rejouabilité. Dommage bis car, aussi courte que fut l’expérience, on a vraiment aimé, et on aurait aimé un deuxième service…


Déraciné

 

On aime :

  • L’ambiance générale : chouettes décors !
  • La musique, très discrète et mélancolique, colle parfaitement
  • L’histoire m’a vraiment touché !
  • Textes lus en VF
  • Pas de nausée, ni de mal de tête

On n’aime pas :

  • On progresse (et on termine le jeu) trop vite
  • Pas vraiment de raison de refaire l’aventure
  • Un rythme très lent
  • Le jeu d’acteurs
  • Seulement jouable au PS-Move
  • Des énigmes pas très compliquées
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