On vous le dit sans arrêt ! En matière de jeu vidéo, la France n’a pas à rougir face aux studios japonais ou américains. Le talent « made in France » s’illustre une nouvelle fois aujourd’hui, avec Tandem : A Tale of Shadows, développé par le studio Monochrome, et édité par Hatinh Interactive. Dans ce joli conte, le joueur est plongé dans un univers à l’ambiance très « Halloween » et qui semble inspiré par Jules Verne ou Tim Burton. Il fallait que l’on vous en parle !

Un jeu « made in France »

Le studio parisien Monochrome présente un CV très intéressant. Tout d’abord, il n’est pas un studio de création de jeux vidéo, mais de création d’images 3D. Sur les bases de l’agence digital Ultranoir, il a été créé en novembre 2016, à Paris, par Axel Aubert, Guillaume Nicollet et JB Grasset. On peut donc trouver, dans son book, de nombreux projets : des jeux vidéo évidemment, mais aussi des expériences VR, des séquences en 3D pour de grandes marques… Autant dire que l’on va parler ici d’une marque qui sait de quoi elle parle en matière de design, de 3D… Qui a déjà un solide bagage en matière d’immersion et de création de mondes atypiques. Par curiosité, je vous invite d’ailleurs à visiter leur site.

De l’autre coté, on retrouve aussi l’éditeur du jeu : Hatinh Interactive. Une entreprise qui a délibérément choisi de miser sur les jeux indépendants, convaincue que le potentiel Indie est colossal (Hatinh estime que les jeux indés atteignent la barre des 15 milliards de dollars en 2020). Hormis Tandem : A Tale of Shadows, Hatinh s’est aussi fait connaître avec Out of Line, le puzzle-plateformer de Nerd Monkeys sorti sur PC en juin. Sur son site, Hatinh affiche aussi deux autres jeux sur PC et consoles, dont les noms n’ont pas encore été dévoilés.

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Mais revenons à nos moutons ! Et aujourd’hui, le titre qui nous intéresse est Tandem : A Tale of Shadows, développé par Monochrome. Un jeu qui colle à l’actualité puisqu’il nous plonge en pleine magie d’Halloween (désolé pour le retard dans la publication de ce test). Avec un univers victorien tirant ses inspirations de Jules Verne, Conan Doyle et Tim Burton (mais je reviens plus bas sur ces aspects), rien de tel pour se mettre dans l’ambiance.

Menez l’enquête

Tandem : A Tale of Shadows est donc un jeu qui, en cette période d’Halloween, va vous proposer de mener l’enquête dans une ambiance digne des films de Tim Burton. Le joueur y suit Emma, une jeune fille présentée comme déterminée et courageuse. Elle est accompagnée d’un ours en peluche, Fenton. Tous deux enquêtent sur la mystérieuse disparition de Thomas Kane, l’héritier d’une famille d’illusionnistes.

Et c’est ensemble qu’ils vont devoir faire face à de nombreuses situations dangereuses. Et qu’ils s’engageront parfois sur de fausses pistes dans le manoir des Kane. Arriveront-ils à s’échapper du manoir où ils sont entrés, ou leur sort est-il déjà scellé ? Telle est la question que posent les développeurs.

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Sur le principe, le jeu est assez classique. On progresse dans des salles, en affrontant les jouets et autres boss mécaniques de chaque dimension. Mais la particularité du titre est de vous faire jouer simultanément deux personnages (si vous aviez aimé Brothers, ça va vous parler). Mieux : l’un ne pourra pas progresser sans l’autre, et inversement ! Le joueur doit donc observer, et trouver la solution de chaque énigme (plus de 40 énigmes réparties dans 5 univers) pour avancer, tout en aidant notre comparse à ne pas rester bloqué à son niveau. Votre meilleur allié, c’est votre matière grise !

Autre particularité de Tandem : il reprend et mélange les codes des jeux de plateforme, d’énigmes, d’action et d’aventure. Ce qui en soit est une nouvelle bonne idée au crédit des développeurs. Dans Tandem, le joueur n’a que très rarement l’impression de redite, de déjà vu… Le jeu sait, par son mélange des genres, vous surprendre jusqu’à la fin. 

Et la direction artistique, on en parle ?

Oui car, quand on y pense, elle est audacieuse cette DA ! Le principe même du jeu, à savoir résoudre des énigmes en maîtrisant un double gameplay, avec des perspectives qui changent entre Emma et Fenton… C’est une chouette idée sur le papier. Mais c’est aussi une énorme contrainte pour les développeurs qui doivent par conséquent penser chaque tableau, chaque plan du jeu, non pas selon un, mais deux points de vue ! C’est primordial car le bon fonctionnement du gameplay en dépend !

Et hormis quelques soucis de précision dans le gameplay, notamment durant les phases de plateformes, ça fonctionne globalement ! Une pendule totalement anecdotique, juste placée là pour faire joli dans un plan physique, sera un élément capital pour progresser dans le second. Et c’est là que l’on ressent toute la prise de tête qu’a dû subir le level-designer. Lorsqu’Emma éclaire le décor, les ombres projetées permettent à Fenton de progresser horizontalement. En retour, Fenton peut aider Emma en activant des interrupteurs invisibles à ses yeux. Et ça va être comme ça tout au long du jeu. Bien que de nombreux mécanismes soient introduits progressivement, renouvelant constamment l’expérience.

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Pour le reste, c’est du tout bon ! Ce monde s’inspire très clairement des univers de Jules Verne et de Conan Doyle, avec de superbes cinématiques qui nous plongent en pleine ère victorienne. C’est vraiment très agréable à regarder, avec un ressenti qui nous renvoie dans les meilleurs films de Tim Burton (avant qu’il ne s’égare dans des superproductions moins intéressantes car il a aussi besoin de bouffer).

Pour terminer sur le volet technique, j’ai envie de m’attarder sur la bande-originale particulièrement inspirée de Tandem. Certains passages sonnent comme les boîtes à musique de nos enfances, quand d’autres renforcent l’ambiance étrange dans laquelle Emma évolue. Et il se dégage de cette bande-son comme une impression que le jeu vient chercher dans nos propres souvenirs… Une sensation que nous avions déjà ressenti avec Little Nightmares. Pour vous faire un avis, sachez que les compositions de Guillaume Nicollet sont disponibles à l’achat sur Steam et à l’écoute sur les  principales plateformes de streaming.

Vous avez dit puzzle-plateformer ?

La même scène, différente selon que vous incarniez Fenton ou Emma.

Tandem est ce que ses concepteurs qualifient de puzzle-plateformer. Et c’est sans doute ici que vous vous demandez comment il est possible de mixer, de rendre compatibles ces deux genres qui offrent des gameplays différents, voire parfois opposés ? Et bien, la réponse est dans la question. En proposant deux manières de jouer, chacune attribuée à l’un des deux personnages. Ainsi, Emma et Fenton se complètent, et pour avancer, il faudra faire progresser les deux. Vous aviez aimé Brothers ?

Plus concrètement, le joueur peut switcher quand il le souhaite entre les deux protagonistes. Et interchanger vous permet de voir le niveau sous un tout autre point de vue. Emma se joue en vue du dessus, et peut se déplacer en courant, mais elle ne peut pas sauter. À l’inverse, Fenton peut sauter, mais pas courir. Fenton qui, lui, se joue en vue de profil, et se déplace sur un autre plan physique (les murs).

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Lorsque vous passez à Fenton, la direction artistique change, pour basculer en monochrome. C’est aussi un indice concernant le gameplay ! Car si les ombres demeurent immatérielles dans la dimension d’Emma, elles peuvent offrir des possibilités de déplacement à Fenton (en formant des plateformes). Vous l’aurez compris : pour progresser dans le jeu, vous allez devoir analyser chaque tableau non pas d’un point de vue… Mais bien de deux, radicalement différents. Ce en quoi Tandem parvient à honorer son pari de mêler subtilement les deux types de gameplay.

La mécanique fonctionne plutôt bien… Si ce n’est quelques petits soucis de précision. Parfois, les plateformes se dessinent mal, et le joueur doit refaire certains passages. Mais dans l’ensemble, le jeu est bon ! On lui reprochera juste l’oubli assez étonnant d’un mode co-op (ça peut vite se réparer avec un patch), surprenant pour ce type de jeux.

Au final

À la relecture de mon test, je réalise que je ne taris pas d’éloges pour ce jeu qui peut sembler sorti de nulle part. Un jeu indé perdu au milieu des grosses machines de l’automne, dont vous n’aviez sans doute pas entendu parler mais… Qui mérite franchement que vous vous y intéressiez. C’est beau, innovant, le gameplay est très intelligent, l’ambiance géniale… Autrement dit, c’est tout ce que l’on demande à un jeu vidéo. Cerise sur le gâteau, son prix de 25€ est dérisoire au regard du rapport qualité-prix qui nous est proposé. Je ne donnerai pas de nom, mais certains devraient en prendre de la graine !

Pour son ambiance, Tandem est un jeu d’Halloween. Manque de bol, mon test sera sans doute publié après la fête des citrouilles. Qu’importe : Tandem est très stylé, mais son concept est suffisamment perché pour pouvoir être joué n’importe quand dans l’année, à toute heure et chaque jour de la semaine ! De mon point de vue, j’ai adoré, et si ces prochaines semaines n’étaient pas aussi chargées, j’y retournerais volontiers. Sans doute pendant les fêtes, du coup… En attendant, vous pouvez foncer si le jeu vous interpelle. Si vous aimez le genre, vous risquez de ne pas être déçus !


Tandem: A Tale of Shadows

Testé sur PS4, sur une version fournie par l’éditeur.
On a aimé :
  • L’ambiance qui colle à Halloween, et la DA géniale évidemment !
  • Le concept de double gameplay fonctionne bien
  • Les énigmes autour de la lumière/ombre
  • Un jeu fluide et accessible
  • La bande-son
  • Durée de vie un peu faible (6h environ) relevée par quelques petits secrets à trouver
  • En VF depuis le patch day-one
  • Petit prix
On aime moins :
  • Quelques imprécisions dans le gameplay
  • Il manque un mode co-op
  • On aurait aimé plus de profondeur pour le scénario
  • Quelques énigmes moins intéressantes