Amateurs d’explosions, de punchlines musclées et de testostérone en perfusion, accrochez-vous ! Rico Rodriguez est de retour avec Just Cause 4 ! Comme le disait si bien, autrefois dans Les Guignols de l’Info, le commandant Sylvestre : « On va tout péter » !

Son nom est… Rico Rodriguez !

Que de chemin parcouru depuis 2006, date à laquelle les joueurs découvraient, sur PS2, Xbox et PC, un jeune révolutionnaire, en plein chaos sur une île sud-américaine fictive : San Esperito. Rico Rodriguez était né. Et déjà, il embarquait deux artefacts qui allaient devenir des alliés incontournables : son grappin et son parachute ! Puis re-belotte en 2010, avec un Just Cause 2 sur PS3, X360 et PC…

Just Cause est une série qui transpire la testostérone ! Des méchants qui meurent bêtement, un héros qui se prend un arsenal dans la tronche mais se relève toujours, plus d’explosions que dans un film de Michael Bay… Certains trouveront cela peu crédible, voire ubuesque. Personnellement, je préfère y voir un hommage franchement assumé au cinéma d’action des années 80-90… Vous savez : ces films avec Stallone, Schwarzy ou Chuck Norris, dans lesquels le héros torse-nu se fait une armée entière sans jamais mourir… Ou se prend des missiles dans le dos sans une égratignure !

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Pour ma part, j’avoue avoir découvert la série sur le tard, avec un Just Cause 3 (en 2015) qui a été pour moi une véritable claque ! Je m’attendais à trouver un GTA-like doublé de phases FPS sans grande originalité… Quelle erreur ! Du défouloir à grande échelle ! Des explosions par centaines, des bases ennemies rasées à grands coups de lance-roquettes (et ici, on ne parle pas de la salade, croyez-moi)… Bref, un jeu extrêmement jouissif, sans prise de tête ! Juste le plaisir totalement assumé de faire sa révolution en pétant tout autour de soi… La bonne parole de Rico, c’est la politique de la terre brûlée, dans tous les sens du terme ! Les créateurs du jeu aiment définir Just Cause en parlant de « destruction créative » !

Alors, je ne vais pas vous cacher que j’ai fait un bond lorsque Square-Enix et Avalanche Studios ont annoncé Just Cause 4, lors de l’E3, en juin dernier… Ouais, bon, j’avoue, ça ne s’est pas vraiment passé comme cela ! En réalité, le jeu a été officialisé car les leaks fusaient de toutes parts, et le secret n’aurait pu être gardé plus longtemps (lire aussi ici)… N’empêche que je me suis alors empressé d’inscrire Just Cause 4 parmi les jeux à tester absolument cette fin d’année !

Un héros, des méchants, des bombes…

Le pitch de Just Cause 4 tient en quelques lignes. Un dictateur, une milice à sa solde, un peuple asservi… Et un héros répondant au doux nom de Rico Rodriguez. Bon, en réalité, c’est un peu plus complexe que ça ! L’histoire se déroule à nouveau en Amérique du Sud, une nouvelle fois dans un pays fictif : Solis. C’est ici que réapparaît Rico Rodriguez, après s’être fait discret un temps, suite à l’annihilation des troupes du dictateur Di Ravello, sur l’archipel de Medici.

Retour au Pays, donc, pour Rico, qui marche ici dans les pas de son propre père. Tout se déroule donc à Solis, terre d’Amérique du Sud partagée entre forêt tropicale, étendues désertiques, montagnes enneigées, plages turquoises. Mais la carte postale se ternit lorsque l’on réalise que ce paradisiaque pays est en réalité sous le joug d’Oscar Espinosa. Celui-ci, à la tête de la Main Noire, est secondé par Gabriela Morales. Une femme-soldat d’une cruauté sans pareil.

C’est donc dans ce petit paradis corrompu par l’injustice et un régime totalitaire que débarque Rico, la fleur au fusil. Et forcément, notre héros ne va pas tarder à s’en mêler. D’autant que l’ennemi dispose d’une machine permettant de contrôler la météo, et surtout les tornades (le fameux Projet Illapa). Un dispositif auquel serait lié le nom de son propre père. Notre justicier semble aussi avoir des comptes persos à régler…

Le scénario de Just Cause 4 est très générique. Comme dans un film d’action des années 80. Alors, et je ne sais pas vraiment si c’est un défaut, on s’en éloignera rapidement. Et ceci pour se concentrer majoritairement sur les missions annexes, ou le mode libre. Dans JC4, on s’éloigne vite de la trame principale pour s’amuser à détruire, à raser, à passer des heures à exploser un camp ennemi de toutes parts… Si les fans seront ravis de découvrir l’histoire et de revoir des personnages de la série (comme Tom Sheldon), beaucoup se paieront surtout des bosses de rire en mode libre… À inventer mille manières de tout démolir. Destruction créative, on vous a dit !

Soif de destruction !

Au niveau de son contenu, Just Cause 4 ne diffère pas énormément de son prédécesseur. Le jeu propose ainsi un mode scénarisé, que l’on peut à tout moment interrompre pour se lancer dans un milliard de quêtes annexes. Des bases entières à détruire, des terrains à reconquérir, des fusillades avec les escouades ennemies… Sur ce point, Just Cause 4 n’est pas un jeu que vous aurez terminé dans quinze jours !

Une nouvelle mécanique fait néanmoins son apparition : les lignes de front ! Ces lignes bordent la zone que vous avez libéré, et c’est là que s’affrontent votre Armée du Chaos, et celle de la Main Noire. Libre à vous de simplement envoyer des troupes pour y combattre, et ainsi libérer les zones voisines, ou de prendre part au combat. Une nouvelle fonction plutôt intéressante, qui vient s’ajouter au contenu déjà copieux du jeu. La barre de Chaos de Just Cause 2 est de retour, et apporte de nouvelles troupes une fois pleine.

Hélas, ce mode vous enferme dans une suite d’événements obligatoires qui vont à l’encontre de la dimension sandbox du titre. À certains moments du jeu, vous devez remplir des missions pour recruter des hommes que vous enverrez sur les lignes de front (et accessoirement faire avancer le scénario). Puis devrez remplir d’autres missions obligatoires, afin d’empêcher l’ennemi de reprendre du terrain. Ces événements viennent en quelque sorte étouffer le sentiment de liberté qui se dessinait jusqu’alors.

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Du coté des gadgets, notre Rico possède toujours ses outils préférés : le grappin, le parachute et la wingsuit, pour se déplacer plus vite notamment. L’élément central reste le grappin, qui permet d’attraper des objets, ou de les lier entre-eux (on peut par exemple lier un bidon explosif et une porte, pour envoyer le premier sur le second et donc ouvrir un passage). Associé à la wingsuit ou au parachute, le grappin peut aussi vous permettre de prendre de la hauteur, et vous déplacer dans les airs. Il dispose désormais de trois slots, pour y attribuer différentes compétences.

Celles-ci tournent autour de deux nouveaux gadgets, qui font leur apparition : les ballons d’hélium, et les propulseurs. Associé au grappin, le premier vous permet d’envoyer même les chars les plus lourds dans la stratosphère. Un peu comme les fulton dans Metal Gear Solid V. Et s’il ne suffit pas, le second pourrait presque vous permettre de propulser n’importe quoi sur la Lune. Ces deux nouveaux items vous ouvrent de nouvelles possibilités de destruction, ou tout simplement pratiques (dégager une voie encombrée grâce aux ballons, par exemple). Notez aussi que, si la situation tourne mal, vous pouvez aussi vous faire livrer n’importe quel véhicule, arme, gadget (à condition d’avoir suffisamment progressé pour cela)… à l’endroit que vous souhaitez. Plutôt sympa !

Rodrigueznado

Mais la grosse nouveauté de cet opus, celle qui va vous scotcher devant l’écran, ce sont les tornades tropicales, les orages ou les tempêtes de sable déclenchés et contrôlés par la Main Noire. Très réussies physiquement, ces conditions météo extrêmes offrent des sensations incroyables si vous vous retrouvez au milieu de l’une d’entre-elles. Chahuté dans l’oeil du cyclone, Rico peut croiser une toiture ou des murs entiers, un avion de ligne, un bus… J’avoue que cela fait son petit effet.

Hacker dans l’âme, notre Rico ne manquera pas de prendre le contrôle du dispositif permettant de contrôler les tornades, dès qu’il le pourra. Imaginez alors pouvoir envoyer une tornade sur une base ennemie… On économise les balles, pour un effet plus dévastateur !

Le principal défaut du jeu : sa technique

Voilà, tout est dit ! Vous venez de lire, en ces quelques mots, le principal reproche que l’on pourra faire à Just Cause 4 ! Sa technique date de quelques années ! Bien sûr, il y a de gros efforts que l’on ne peut nier, au niveau des animations, ou des décors ultra-détaillés. La jungle est absolument superbe, la végétation réaliste. Mais…

Mais il n’y a pas que les barils qui explosent ! La technique semble avoir pris une balle perdue. Et ce sont les chutes de framerate qui ouvrent le bal, de manière hélas trop fréquente. Je ne sais pas vraiment ce qu’il en est sur PS4-Pro, mais sur ma PS4 classique, je peux vous dire que c’est un festival : Du clipping, de l’aliasing, des chutes de framerate, des caméras qui partent parfois en vrille… Ou encore une luminosité et des couleurs qui saturent… J’ai beaucoup de mal à comprendre, d’autant que le jeu est porté par un nouveau moteur, l’Apex. De mon ressenti personnel, l’Avalanche Engine offrait un meilleur rendu sur Just Cause 3

Et c’est bien dommage car on sent que des efforts ont été réalisés. Les impacts de balles se ressentent mieux, les textures sont dans l’ensemble assez jolies (malgré quelques ratés), les décors sont superbement détaillés, le rendu des tornades est fantastique… Mais on ne peut s’empêcher de penser que l’Apex est encore en rodage… Et que les développeurs n’ont pas forcément bénéficié du temps nécessaire pour développer leur jeu.

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Enfin, le jeu pêche également par un soucis évident de jouabilité, dès lors que l’on s’intéresse aux véhicules. Ça passe pour les hélicos, mais c’est plus délicat pour les avions de chasse, les voitures et les motos. Au moindre contact, à la moindre erreur de jugement, ça se barre en sucette ! C’est d’autant plus dommage que ces véhicules font partie du gameplay de JC4 ! Alors, en pleine poursuite, on serre les fesses et on espère que notre voiture ne va pas faire la toupie au moindre contact avec un rocher…

Ah… Je réalise que j’oubliais l’IA ! Si de nouveaux soldats plus retors font leur apparition, et si les gunfights sont beaucoup plus pêchus… Je dois vous avouer que l’intelligence artificielle n’est pas la plus futée que l’on ait vu dans un jeu vidéo… On ne change pas une équipe qui gagne !

Au final

Pour une raison que j’ignore, sans doute une histoire de goûts, cette aventure sud-américaine de Rico m’a moins séduit que le troisième opus, et son univers méditerranéen absolument génial. Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : Just Cause 4 demeure un excellent défouloir. Et son achat se justifie par le plaisir que vous allez ressentir à déclencher l’Armageddoooooooon !

Pourtant, le jeu est frustrant ! Il offre un gigantisme sans pareil dans la licence, et porte la promesse d’une durée de vie colossale, de fun absolu. Pourtant, il est vite rattrapé par une technique parfois poussive, qui ne peut cacher ses limites. Sur le papier, les intentions sont bonnes, bien que globalement timides en comparaison avec l’opus précédent… Mais quand la réalité vous rejoint, se dessine alors un jeu incroyablement fun, mais qui risque de ne parler qu’aux fans de la série, qui toléreront les quelques petits loupés de ce Just Cause 4 plus facilement.

Au final, Just Cause 4 est le jeu des contradictions. Contrôler Rico, sa wingsuit et son grappin est un pur régal, mais l’expérience est gâchée par certains véhicules. La dimension bac à sable est géniale, mais interrompue par des missions obligatoires pour progresser. La réalisation est très chouette, mais gâchée par une technique parfois à la ramasse. Just Cause 4 est un jeu que l’on vous recommande évidemment si vous aimez la série, mais avec une nette préférence pour son prédécesseur… À défaut d’être le meilleur épisode de la série, Just Cause 4 en est le plus complet et le plus gigantesque, c’est un fait…


Just Cause 4

 

On aime :

  • Explosif de bout en bout, on va tout péter : la « destruction créative » est bien là !
  • Du fun à 200%
  • Les tornades ! Absolument « amazing » !
  • Ballons et fusées qui offrent de nouvelles mécaniques très fun
  • La prise en main aisée de Rico
  • La livraison de véhicules
  • Son coté bac-à-sable toujours aussi prenant
  • Rico toujours aussi charismatique
  • Des tonnes d’easter-eggs sont planqués
  • Une map gigantesque, avec quatre biomes différents

On n’aime pas :

  • Missions redondantes sur la durée
  • On zappe vite le mode story
  • Scénario trop classique
  • Sound design très générique
  • Des bugs, de l’aliasing, du clipping, des chutes de framerate…
  • Une technique assez limitée
  • Toujours pas de mini-map
  • Les véhicules qui partent parfois en c…
  • L’IA qui a dû foirer tous ses tests de logique
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