Nous sommes le 11 mars 1995 au Japon. Des milliers de gamers font la queue devant leur enseigne favorite, pour acquérir un jeu fantastique, un titre que je classe volontiers parmi mes trois RPG favoris… Un monument vidéoludique intitulé « Kurono Toriga »… En août de la même année, les Américains le découvriront sous le nom de… Chrono Trigger !

chrono 2Ah la la ! Que d’émotion à l’évocation de ce titre ! Un hit en puissance qui, hélas, n’aura jamais vu le jour en France sur son support d’origine, la Super-Nintendo ! Je me revois encore, ado, lisant un texte élogieux dans le magazine Console +, et quelques pages plus loin, le même jeu mis en avant dans une pub d’une société d’import. Pris d’une envie irrésistible, je fracassais ma tirelire et rassemblais mes économies pour réunir les 700 Francs à l’époque (plus de 100€ aujourd’hui) pour acquérir la version US de Chrono Trigger… Quelques jours plus tard, le facteur devenait mon héros.

Une fois la jolie cartouche déballée, je l’insérais dans mon adaptateur (permettant de lire des jeux US et Japonais sur ma Super Nintendo PAL), et enclenchais l’interrupteur… Le logo Squaresoft (Square-Enix n’existait pas encore) apparaissait à l’écran. La magie allait opérer !

Dream Team

chrono 3Pour vous aider à bien comprendre à quel point ce jeu était exceptionnel, j’aurais dû commencer par faire les présentations du staff technique, une véritable dream-team du RPG qui, à sa simple évocation, déclenchait des filets de bave chez tout amateur de RPG. « Dream Team », c’est d’ailleurs le petit nom que s’était donné cette formidable équipe de développement.

Ainsi, on retrouvait au générique Yûji Horii (créateur et scénariste de Dragon Quest), Hironobu Sakaguchi (créateur de Final Fantasy), Akira Toriyama au design (créateur de Dragonball), et la musique était assurée par les compositeurs Yasunori Mitsuda (Xenogears quelques années plus tard) et Nobuo Uematsu (Final Fantasy)…

Au générique, on retrouvait également d’autres piliers de la série Final Fantasy, comme Kazuhiko Aoki, ou Tetsuya Nomura au design des décors… Un nom que vous rencontrerez beaucoup plus tard sur un certain Kingdom Hearts.

D’ailleurs, au cours du jeu, on pouvait retrouver des références à la saga : l’épée légendaire Masamune (en hommage à un autre des créateurs de Final Fantasy, c’est aussi le nom du sabre de Sephiroth dans Final Fantasy 7), ou encore Biggs et Wedge qui apparaissaient dans une attraction de la fête foraine…

Nom de Zeus, Marty !!

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Pour vous résumer le scénario de Chrono Trigger, sans spoiler l’histoire pour ceux qui voudraient refaire le jeu (on va vous expliquer comment plus bas), Chrono Trigger vous permettait d’incarner Chrono, un jeune garçon aux cheveux rouges, ami avec Lucca, et faisant la rencontre d’une jolie blonde, Marle, lors d’une fête foraine.

Suite à une grosse boulette et à une invention bien foireuses, notre trio s’embarquait dans un voyage dans le temps des plus calamiteux, leur permettant d’explorer différentes époques comme le Moyen Age, la Préhistoire, un futur post-apocalyptique, l’antiquité ou encore une étrange « fin des temps » (End of Time) qui vous servira très rapidement de QG. Dès lors, votre mission était de traverser le temps pour éviter le cataclysme provoqué par une créature destructrice nommée Lavos.

► Lire aussi : (1999) Chrono Cross, la digne suite de Chrono Trigger ?

Au fil de votre périple, vous étoffiez votre équipe avec de nouveaux persos, issus de chaque époque : Glenn le chevalier médiéval changé en grenouille, un robot venu du futur, ou une femme de cro-magnon plutôt « cash » dans ses techniques de drague… Mais ma préférence ira sans conteste à Magus, un classieux boss ultra-puissant qui, selon un choix que vous aurez à faire à un moment du jeu, vous explosera la tête ou… rejoindra vos rangs (imaginez un peu Sephiroth rejoignant votre équipe dans Final Fantasy 7 ?)

Derrière son aspect bien naïf, Chrono Trigger était truffé de messages : l’amitié, la différence, la vengeance, peut-on sauver le monde de l’apocalypse que l’Homme a lui-même généré ?.. Le scénario, assez complexe au final, était des plus captivants !

Système aux petits oignons

chrono 4Le gameplay de Chrono Trigger était très proche de ce que nous connaissons dans les RPG classiques, et en particulier dans Final Fantasy : de longs dialogues pas toujours intéressants avec des PNJ, de l’exploration à gogo, des combats au tour par tour en équipes de trois avec l’Active Time Battle, des coffres, et un scénario que l’on bouclait de A à Z en une centaine d’heures environ… Du classique quoi !

A un détail près : Chrono Trigger introduisait de nombreux éléments qui seront parfois repris dans les RPGs suivants, ou d’autres aspects génialissimes qui resteront sa marque de fabrique.

Le « new game + » ? Une fois le jeu fini, il vous permettait de recommencer le jeu en conservant toutes vos stats et équipement !

Les attaques spéciales ? Entre les attaques ultimes visuellement spectaculaires et les combos à deux ou à trois, Chrono Trigger vous en mettait plein la vue avec des effets sublimes pour l’époque !

Les fins ? Oui, car vous avez bien lu. Quand les plus généreux des jeux vous permettent aujourd’hui d’avoir deux ou trois fins alternatives, il me semble, si je me souviens bien, qu’il était possible de visionner 11 ou 13 fins différentes dans Chrono Trigger : voilà de quoi recommencer le jeu encore et encore !

Au niveau de la technique, les cinématiques et les scènes de transition, ou de course (oui oui) utilisaient le fameux « mode 7 » de la Super Nintendo… Bref, Chrono Trigger était un titre qui poussait la « SNin » à son maximum !

Portages et suites

Chrono_Trigger_DS_Box_Art_by_DamianFoxxL’un des meilleurs jeux, je l’ai déjà écrit. Au point qu’il sera adapté, quelques années plus tard (en 1999) sur PlayStation, au Japon et aux USA. Le même jeu, mais cette fois avec de nombreuses cinématiques. La classe !

Chrono Trigger sera également porté sur la Console Virtuelle de la Wii en 2011. Ou plus récemment sur iPad et iPhone.

Mais le portage le plus réussi reste sans conteste la version Nintendo DS, en 2009. Et cette fois, hourra ! Le jeu est enfin traduit en Français ! Il est remoulé pour utiliser au mieux les fonctionnalités de la portable de Nintendo (notamment concernant les menus). Et comporte même des donjons bonus, un bestiaire, et la possibilité de regarder les cinématiques ! Si vous avez l’occasion de vous procurer cette version DS, foncez ! C’est tout simplement le meilleur RPG de la console !

Source de fantasmes et de nombreuses rumeurs, Chrono Trigger connaîtra quelques suites anecdotiques sur mobiles. Mais les projets annoncés avorteront (Chrono Break par exemple). Ce qui n’empêchera pas les fans, de tenter une « 3Dtisation » avec Chrono Trigger Rebirth (cherchez sur le net 😉 )

Mais non ! Rassurez-vous : il existe quand même une sublime suite de Chrono Trigger, intitulée Chrono Cross, sur PlayStation en 1999. Hélas, une fois encore, le jeu ne traversera pas l’Atlantique. Tout simplement sublime graphiquement, avec plus de 50 personnages à recruter, ce titre semble bien différent et bien éloigné de Chrono Trigger, jusqu’à ce que… Bon, ce sera pour une autre fois 😉