Quinze ans après sa première apparition sur Nintendo 64, The Legend of Zelda : Majora’s Mask revient ce mois-ci sur 3DS, dans une version remise au goût du jour, et en 3D. Et c’est avec grand plaisir que l’on retrouve cet épisode plus sombre, plus oppressant et plus onirique que son prédécesseur, l’illustre Ocarina of Time. Pour Mardi Gras, on ressort les masques !

Changement de destination !

3DS_MajorasMask_FR_09Nombre sont ceux qui, parmi les fans de The Legend of Zelda, considèrent Ocarina of Time (également disponible en relief sur 3DS) comme le meilleur épisode de la série. Aussi, on imagine leur joie, en 2000, lorsque Nintendo publie Majora’s Mask, toujours sur N64. Cette suite est tellement copieuse qu’elle nécessite l’expansion pack, destiné à booster la mémoire de la console.

Pourtant, changement de cadre dans cette « suite »… Link quitte Hyrule pour découvrir le surprenant monde de Termina, un monde plus onirique, plus sombre… Ca passe, ou pas ! Au final, les avis étaient partagés.

Toujours est-il que, chez les fans de Link, nombreux sont ceux qui rêvaient de voir Majora’s Mask être re-lifté sur 3DS. Nintendo a bien entendu ce souhait, et envisageait de toute manière, de longue date, cette opération chirurgicale. Et en fin d’année 2014, l’annonce tombait dans un Nintendo-Direct : quinze ans après, Link va bien ressortir ses masques sur 3DS !

Vous l’aurez compris, Majora’s Mask est la suite de Ocarina of Time ! Alors que Link vient de battre Ganondorf et de sauver Hyrule, il décide de prendre du recul, de partir à l’aventure avec Epona, sa fidèle jument.

Mais alors qu’il traverse les bois, il est attaqué par deux fées et par un garçon mystérieux appelé Skull-kid. Link se fait dérober l’ocarina du temps, et Skull-kid embarque Epona au passage. Alors que Link part à sa poursuite, il se fait changer en « peste Mojo » et arrive dans un tout nouveau monde, Termina. Un monde en danger : Skull-kid, possédé par le masque maudit de Majora, a déclenché la fin du monde, qui aura lieu dans trois jours.

Et comme vous pouvez vous en douter, le seul qui peut sauver le monde, c’est vous !

C’est du beau !

3DS_MajorasMask_FR_04La première remarque que l’on se fait en lançant le jeu est que cette version 3DS est plus que réussie. Les graphismes ont été entièrement relissés, les décors éclatent de couleurs et de beauté, les textures sont agréables, la 3D est, elle aussi, plutôt réussie… Très rapidement, on en vient à reconnaître que nous avons là l’un des plus beaux jeux de la 3DS !

Le game-design est toujours aussi impeccable, et dès que c’est possible, le joueur prend un plaisir immense à parcourir Termina, sur une map certes plus réduite que dans OoT, mais en même temps, vu qu’Epona n’est plus à vos cotés…

Si vous n’êtes plus à Hyrule, le fan retrouvera néanmoins les univers propres aux races qui peuplent l’univers de Zelda, et les codes graphiques eux aussi refondus des Mojos, Zoras, Gorons…

Le plaisir est ici visuel, mais aussi musical, et les magnifiques thèmes qui vous accompagnent n’en seront que plus beaux si vous décidez de brancher un casque sur votre console… Fermez les yeux (enfin, non en fait, pas pratique) et savourez !

Au niveau sonore, les personnages ne parlent toujours pas mais s’expriment toujours par onomatopées. Les codes sonores des opus précédents sont tous là (ouverture des coffres, menu, bassin des fées, boutiques… Pas d’erreur, c’est bien un Zelda !

A l’aide !

3DS_ZeldaMajora's Mask_1107_07L’un des aspects qui peuvent rebuter dans Majora’s Mask, c’est bien le fait que vous puissiez parfois avoir la sensation d’être perdu ! Vous ne savez plus quoi faire, où aller, à qui parler… Et vu le nombre de quêtes à réaliser, cela peut perturber, voire vous conduire à décrocher ! A plus forte raison lorsqu’il vous faut mener la quête principale avec un chrono à tenir. Toute la difficulté est là !

Mais comme on a pu le voir dans de nombreux titres récents de Nintendo, l’éditeur aime vous faciliter la tache, rendre ses hits accessibles à tous. Notamment dans les derniers Mario, où la perte de plusieurs vies consécutivement fait apparaître un costume de Tanooki blanc vous rendant momentanément invincible (le temps d’un niveau).

Dans Majora’s Mask, cette aide précieuse s’appelle « rochers Sheikah », des pierres déjà initiées dans Ocarina of Time 3D, qui vous offrent des « flash forwards » et vous permettent de voir les actions à réaliser pour accomplir vos quêtes, ou de localiser les quarts de coeurs.

Certes, me direz-vous, il est possible de faire le jeu avec sa difficulté originale, sans avoir recours à ces pierres bavardes, mais la tentation est parfois trop forte. Et pour avoir terminé (et parfois galéré) la version d’origine, je puis vous garantir que cette aide peut vous faire gagner un temps précieux !

Le journal vous permet quant à lui de ne rien rater des missions qui vous sont imposées. Gardez l’oeil dessus et rien ne devrait vous échapper.

Big N promettait la conservation de la difficulté d’origine, et c’est le cas. Il n’empêche que, au rang des nouveautés, on constate de nombreuses aides, plus en adéquation avec un usage nomade du jeu, tels que des sauvegardes mieux dispatchées, des lieux qui ont été déplacés pour apparaître ici dans des endroits plus pertinents et plus pratiques…

Sans avoir pour autant simplifié le jeu, Nintendo et Grezzo en font un titre plus accessible. Ici, ce n’est pas le jeu qui devient facile, mais votre cheminement : là où vous auriez décroché dans l’aventure originelle, la solution devient évidente, et décrocher devient impossible.

Quoi d’neuf docteur ?

3DS_MajorasMask_FR_11Outre ces dispositions qui vous guident et rendent le jeu plus intuitif, ce Majora’s Mask 3D arrive avec pas mal de nouveautés, plutôt intéressantes dans l’ensemble.

A commencer par la plus évidente : la gestion de vos items facilitée grandement par une utilisation bien pensée de l’écran tactile de la 3DS. Nul besoin de presser une touche pour accéder à votre inventaire, il est disponible en permanence sur votre écran du bas et une simple pression suffit à basculer d’un objet à l’autre.

En règle générale, votre meilleur ami est votre stylet, indispensable pour gérer tous les « à cotés », de l’inventaire à vos voyages dans le temps… Autant dire qu’il ne va pas passer beaucoup de temps rangé dans son compartiment.

L’autre nouveauté très appréciable de cet opus est la visée ! Si le système de lock et de visée a été amélioré, on appréciera la prise en charge du gyroscope de la console : autrement dit, pour viser plus précisément et plus facilement, il vous suffit désormais de déplacer la console dans la direction qui vous sied. Cela peut sembler « gadget » au début, mais on prend vite le plis.

L’ergonomie du jeu est plus instinctive qu’avant, mais force est de constater que l’habitué des jeux Zelda retrouve ses repères en à peu près quatre secondes et demi… Link obéit au doigt et à l’oeil !

Pour le plus grand plaisir des ceusses qui joueront par intermittence, les sauvegardes sont désormais plus fréquentes et mieux réparties sur la map : autrefois, la statue de hibou vous faisait voyager, non sans lui avoir joué un petit air au préalable. Désormais, elle vous permet également de sauvegarder votre partie sans devoir retourner dans le passé : un point noir de Majora’s Mask qui disparaît ici.

Bourg-Clocher (le village central du jeu) est un poil plus grand et de nouvelles boutiques ont fait leur apparition (notamment la banque ici mieux relocalisée).

Le « chant du temps » est plus facile à utiliser, et vous sert maintenant à vous déplacer à n’importe quel moment de la journée. Finies les longues attentes de la version précédente.

Zéro défaut ?

3DS_MajorasMask_FR_05Trouver des défauts à ce nouveau Zelda ? Mais oui c’est possible ! Car bien que le jeu soit proche de la perfection, il a cependant ses petits travers.

A commencer par une certaine redondance à partir du moment où vous revenez en arrière dans le temps. Dès lors, vos items « consommables » (potions, rubis, etc) disparaissent et vous devez refaire votre inventaire. Les PNJ vous oublient, et vous devrez alors, bien souvent, vous retaper les fenêtres de dialogues. En même temps, c’est logique, quand on y pense !

Autre point plus mitigé : malgré sa bonne ergonomie, ce titre nous fait clairement sentir qu’il a été développé pour la New 3DS. Un aspect qui se fait ressentir notamment avec la gestion des angles de vue. Si vous jouez sur une 3DS (ou 2DS) classique, et non équipée du fameux « circle pad » commercialisé pour l’occasion, remettre la caméra dans le bon sens va parfois vous faire vous arracher les cheveux. Pas foncièrement handicapant en soi, mais un point qui est en quelque sorte le p’tit caillou dans la chaussure.

Ce chrono qui vous met la pression en permanence, et vous oblige à vous organiser et à agir vite et bien, sous peine de voir s’écouler les fatidiques trois jours, pourra en rebuter plus d’un. Bien que le challenge soit très loin d’être irréalisable (surtout avec les aides proposées), cela peut être un frein.

Enfin, on regrettera l’absence de fan-service. A jeu culte, on s’attend à des bonus à gogo, à la p’tite cerise sur le gâteau. Ici, il vous faudra vous contenter de l’aventure principale, sans supplément ou sans le challenge de la master-quest de OoT.

Au final

3DS_ZeldaMajora's Mask_1107_03Après un excellent Ocarina of Time 3D, Nintendo complète sa série issue de la N64 avec une conversion sur 3DS de Majora’s Mask. Et quand certains se seraient contentés d’un simple portage, Big N et Grezzo proposent ici une refonte totale du titre, améliorent ses petits points noirs pour finalement sortir un jeu proche de la perfection. Un coup de frais qui ne dénature nullement l’esprit d’origine.

Assez controversé dans l’univers Zelda, Majora’s Mask 3D reste fidèle à l’ambiance d’origine, toujours aussi sombre, aussi onirique, aussi décalé voire parfois aussi effrayant (cette Lune qui menace de s’écraser sur Terre a vraiment une sale tronche).

Les nouveautés sont en conséquence, apportant à la fois des plus et prenant les joueurs moins aguerris par la main, dans un titre qui n’est, initialement, pas le plus facile de la saga.

Quinze ans après sa première sortie, Majora’s Mask nous fait remonter le temps et s’offre une seconde jeunesse des plus réussies. Amoureux de la 3DS ou de la série Zelda s’accorderont à dire que nous avons là un titre à ne rater sous aucun prétexte !


 

Verdict

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Nintendo décroche la Lune pour faire d’un hit un jeu encore meilleur ! Le « must-have » du moment !

Les + :

  • Ce n’est pas un simple portage, mais un magnifique lifting graphique !
  • Les musiques toujours aussi belles
  • Effets 3D réussis et game-design scotchant
  • Aventure envoûtante. Impossible de décrocher !
  • Des nouveautés vraiment utiles, et pensées pour vous empêcher de décrocher
  • La visée grace au gyroscope de la console
  • Plus sombre, plus triste, plus mystérieux, plus horrifique… Un « Zelda » vraiment à part !
  • De nombreuses quêtes annexes et une bonne durée de vie
  • Liberté d’action
  • 24 masques à trouver et autant de pouvoirs
  • Boss un peu plus complexes
  • Le système permettant d’avancer ou reculer dans le temps est plus précis
  • Certains lieux ont été déplacés, leur emplacement étant ici plus pertinent
  • Le chrono vous oblige à être organisé dans votre progression
  • Usage excellent de l’écran tactile
  • Nombreux points de sauvegarde

Les – :

  • Quelques micro-bugs et des ralentissements
  • Les rochers Sheikah qui « tuent » parfois les recherches
  • Les items « consommables » qui disparaissent lorsque vous remontez le temps
  • Le chrono vous met la pression
  • Un aspect un peu redondant si vous échouez à certaines quêtes, que vous devez refaire (dialogues avec les PNJ compris)
  • La gestion de la caméra si vous n’avez pas de « circle pad » d’appoint ou une New 3DS
  • Pas de mode « master quest » ni de bonus

The Legend of Zelda : Majora’s Mask 3D, par Grezzo et Nintendo sur 2DS, 3DS et New 3DS depuis le 13 février. Pegi : 12. Disponible en version simple ou collector.