Développé par le studio montpelliérain Swing Swing Submarine et édité par Focus Home, Seasons after Fall est un jeu de plate-formes/réflexion 2D qui vous glisse dans la peau d’un renard. Véritable ode à la nature, le jeu est un voyage fantastique qui vous permet de « jouer » avec les saisons.

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Encore un « indé » en haut du panier !

En ce moment, j’ai vraiment l’impression de me répéter ! Mais une fois encore, voici aujourd’hui une nouvelle preuve que les meilleures expériences vidéoludiques ne viennent pas forcément des grosses machines. Après Little Nightmares, Inside, Limbo… Voici un nouvel indé qui va nous en mettre plein la vue !

Le jeu est signé par le studio de Montpellier Swing Swing Submarine (Blocks the Matter, Tetrobot & Co). Il est distribué par Focus Home Interactive. Déjà disponible sur PC depuis début septembre, il arrive enfin sur PlayStation 4 et Xbox One ce mardi 16 mai.

Dans Seasons after Fall, vous allez incarner un renard sauvage, qui me fait irrésistiblement penser à celui de Saint-Exupéry dans Le Petit Prince. Maître goupil se retrouve embarqué malgré lui dans une aventure périlleuse qu’il devra mener à bien grâce à ses pouvoirs mystiques.

Des pouvoirs qui lui permettent d’altérer les environnements qu’il traverse en invoquant la saison de son choix, à tout moment et en tout endroit…

Swing Swing Submarine, le bon élève de la classe

Dans le petit monde du jeu vidéo, j’imagine assez facilement le développeur Swing Swing Submarine comme le bon élève de la classe, assis au premier rang, qui a toujours la bonne réponse et qui préfère relire deux fois avant de rendre une copie nickel au professeur.

Du coté de la direction artistique, on ne peut que s’attendrir sur ces « tableaux » (dans tous les sens du terme) peints à la main. Le dessin laisse apparaître les coups de pinceau, entre l’aquarelle et le crayonné… Chaque niveau est une oeuvre qui nous rappelle de doux souvenirs, tel un livre pour enfants animé. Si certains doutent encore que le jeu vidéo soit un art, nous en avons aujourd’hui la preuve.

Le son est lui aussi très réussi. Qu’il s’agisse des voix françaises dont les doublages sont pertinents, ou des bruitages simples mais efficaces (ah, le glapissement de votre renard, so « choupinou » !). Du coté de la bande-originale, elle est tout simplement magnifique, assurée par un quatuor à cordes qui nous offre ici une ambiance attachante.

Graphismes, sons… Pour compléter le triptyque, il nous manque l’écriture. Et là encore, force est de constater que les scénaristes de Seasons after Fall nous emmènent dans un récit vraiment bien écrit. Tantôt onirique, tantôt attendrissant… On accroche dès les premiers instants à cette fable joliment racontée, qui nous rappelle ô combien la nature sauvage nous est pourtant si familière, qu’elle peut être à la fois dure mais fragile, et d’une grande sensibilité. Le message est fort, mais il est amené avec douceur !

On pourrait penser qu’un tel enrobage cache une mauvaise surprise. Il n’en est rien. Seasons after Fall est bon sur la forme, mais aussi sur le fond. Le jeu alterne entre des phases d’exploration, de nombreuses énigmes à résoudre, et plusieurs tableaux à traverser à la manière des « Metroidvania. »

Les quatre saisons

Qu’il s’agisse d’explorer cette forêt sans ennemis ou de résoudre les énigmes, votre succès repose sur une mécanique absolument géniale. Celle de contrôler les quatre saisons. Un pouvoir octroyé à votre personnage, investi d’une mission mystique.

Autrement dit, vous devrez souvent explorer toutes les possibilités pour débloquer la situation. L’hiver permet par exemple de geler l’eau, vous permettant de courir sur les étendues aquatiques ou de grimper sur les geyser glacés. L’automne permet de faire pousser des champignons qui sont autant de plate-formes très utiles pour progresser. Le printemps vous aide en faisant pousser des fleurs/arbres grâce à la pluie…

Une fois les pouvoirs acquis auprès des quatre gardiens, il vous suffira de presser la touche R2 pour faire apparaître une roue vous permettant de choisir la saison voulue. La mécanique est relativement simple d’utilisation. Et c’est tant mieux, car vous allez sans cesse naviguer entre les saisons.

Dans la seconde moitié du jeu, les choses se compliquent. Il ne s’agira plus de traverser des niveaux, mais d’y trouver des objets, d’actionner des interrupteurs, etc. Si le début de l’aventure constituait une sympathique balade bucolique, les choses se corsent avec le temps. Il va falloir réfléchir encore plus, « petite graine » !

Afin de prolonger l’expérience, le jeu vous propose quelques collectibles à trouver. Faites éclore toutes les fleurs, retrouvez des séquences vous expliquant l’histoire ou collectionnez des artworks… Finir le jeu à 100% est un défi qui pousse la jauge « durée de vie », déjà très honnête, encore plus loin.

La voilà, la petite imperfection !

Je m’enflamme, je m’enflamme… Mais comme le dit le proverbe, « il ne faut pas vendre la peau de l’ours tant qu’il n’est pas d’accord sur le prix » ! Et si Seasons after Fall avait aussi des défauts ? Je vous rassure, la perfection n’existe pas, et ça ne changera pas aujourd’hui.

A commencer par la jouabilité, qui loupe de peu la perfection. Cela tient à très peu de choses, mais j’ai pu noter sur certaines phases de plate-formes que les sauts ne sont pas toujours faciles à doser. Entre autres à cause d’une (toute) petite latence lorsque vous devez vous retourner. Et il peut alors arriver de louper la marche, et de recommencer en bas.

Ensuite, une certaine redondance s’installe dans la seconde moitié de l’aventure. Partie durant laquelle vous allez devoir refaire les mêmes niveaux. Certes avec des variantes : vos nouvelles compétences vous poussent à explorer des zones jusqu’alors inaccessibles. Après avoir débusqué les gardiens, il faudra tout parcourir à nouveau pour libérer des stèles, etc… Et c’est bien là l’un des points noirs du jeu : les nombreux aller-retours, pas forcément utiles mais qui ont une fâcheuse tendance à venir casser le rythme de l’aventure. Le joueur se lasse, en pensant que ces voyages dispensables n’ont aucune autre raison d’être que de venir gonfler la durée de vie du soft.

Enfin, le défaut le plus rageant est le manque de lisibilité pour certaines énigmes. Une courte cinématique vous montre l’objet à retrouver ou la démarche à suivre, mais avec un angle de caméra qui vous empêche de comprendre, de localiser le lieu… Rageant, d’autant qu’il ne faudra pas compter sur la présence d’une carte pour vous épauler !

Au final

En conclusion, Seasons after Fall est un jeu enchanteur, bourré de charme, dans lequel rien n’a été laissé au hasard. Bénéficiant d’une direction artistique magnifique, d’une bande-son qui l’est tout autant, il n’en oublie pas sa mission première. Triturer nos méninges avec des énigmes bien pensées.

Certes, le jeu a ses défauts. Des lacunes qui auraient été impardonnables pour un AAA développé à coups de millions. Mais Seasons after Fall reste un indé, développé avec moins de moyens, mais tout autant de matière grise. Et au regard du voyage fabuleux qu’il propose, on lui pardonne sans hésiter.

Aussi agréable à regarder qu’à écouter, le dernier né de Swing Swing Submarine est une petite pépite à essayer sans modération, et en toutes saisons.


Seasons after Fall

Seasons after fall

 

Les + :

  • La direction artistique : magnifique !
  • Les musiques
  • Des énigmes vraiment bien pensées
  • La mécanique du changement de saison
  • Excellente qualité des doublages français
  • Animations fluides
  • Son prix : 19,99€

Les – :

  • Répétitif sur la seconde moitié
  • Les va-et-vient
  • Parfois quelques soucis de lisibilité
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