C’est une véritable légende du jeu vidéo, qui revient ce mois-ci dans une seconde compilation. Après un premier jeu retraçant la période NES du célèbre robot bleu, Mega Man Legacy Collection 2 nous emmène sur Super-Nintendo, PlayStation et PS3…
Quatre jeux pour le prix d’un
Le studio Digital Eclipse Software et Capcom auraient pu nous proposer une compilation avec tous les jeux Mega Man. Au lieu de cela, nous aurons eu finalement deux Legacy Collection ! Une première sortie en 2015, qui regroupait les six épisodes NES de la licence.
Le second volet est celui qui nous intéresse aujourd’hui. Tout fraîchement sorti sur PS4, Xbox One et PC, il regroupe fort logiquement les épisodes manquants. A savoir Mega Man 7, 8, 9 et 10.
Mega Man 7 est sorti initialement sur Super Nintendo. Le huitième épisode était quant à lui nativement un jeu PlayStation et Dreamcast. Les deux derniers sont des jeux PS3/X360, sortis tout récemment, dans un style rétro-NES clairement assumé.
Notez aussi que le jeu est vendu uniquement en téléchargement, contre 14,99€. De ce point de vue, le rapport qualité-prix est plus que correct, quand beaucoup ne se seraient pas privés de nous vendre une telle compilation à 40€, si ce n’est plus.
C’est l’histoire d’un mec habillé en bleu…
Mega Man (ou Rockman en japonais) est le tout premier jeu de Capcom à être sorti sur une console de salon. Nous étions en 1987, sur NES, et l’éditeur japonais s’éloignait ainsi pour la première fois des salles d’arcade, son terrain de jeu favori (si j’ose dire).
Avec un look et un univers qui n’est pas sans nous rappeler le manga Astroboy (d’Osamu Tezuka), Mega Man nous emmène dans un futur peuplé de robots. Le scénario tient sur un post-it : vous allez devoir contrecarrer les plans de domination planétaire du Dr Willy, un savant-fou au look inspiré par Albert Einstein. Certains joueurs ne pourront s’empêcher de faire également le rapprochement avec Mighty N°9, son fils spirituel par les mêmes créateurs.
Le Docteur Light a créé des robots intelligents, puissants… Mais son assistant, le Docteur Willy, en a détourné une grande majorité pour en faire des super-soldats, à sa botte. Aussi, le docteur Light reprogramme t-il son meilleur robot-assistant, Rock (Mega Man, donc) pour aller bouter ces indésirables.
Indubitablement dans cette compilation, on ressent très clairement le progrès technique avec le passage au support CD, avec Mega Man 8 (PS1 et Dreamcast). Sa mise en scène bénéficie pour la première fois de cinématiques en dessin animé. Conséquence directe : ce 8e volet est celui qui va nous offrir le scénario le plus développé…
A vous de construire votre aventure
Si Mega Man est une série de jeux de plate-formes, sa particularité est de vous laisser le libre choix de l’ordre dans lequel vous allez traverser ces niveaux. Généralement, les jeux se composent de huit niveaux (plus un niveau final), gardés par un boss (ou Robot-Master dont le nom se termine par « man »)…
Si, comme je l’écrivais, vous pouvez choisir l’ordre dans lequel vous allez faire les niveaux, il va falloir cependant réfléchir un minimum. Lorsque Mega Man bat un boss, il en absorbe le pouvoir, parfois très utile pour battre un autre boss (avoir un pouvoir d’eau peut être utile contre un boss de feu). Vos choix seront donc conditionnés par cette mécanique.
Dans sa jouabilité, Mega Man est un plate-former des plus classiques. Traversez les niveaux en sautant, en grimpant à des échelles… et en battant les nombreux ennemis qui parsèment les environnements thématiques (en lien avec le boss). Tout en gardant un oeil sur votre barre de vie, qui peut fondre comme neige au soleil.
Dans Mega Man Legacy Collection 2, vous allez aussi découvrir les joies du dash, une glissade qui vous permet de traverser les passages les plus exigus. Mais attention : en plus des ennemis, il faudra aussi prendre en compte les nombreux pièges mortels (pics, trous, lave, électricité…). Une fausse manip, et c’est le « one kill » assuré !
En revanche, beaucoup seront déstabilisés par l’impossibilité de s’accroupir. Vous exposant à des tirs soutenus si vous n’avez pas le réflexe de vous planquer en utilisant le décor. Et puisque l’on parle des tirs, si dans les premiers niveaux, les ennemis sont vaincus au bout de deux ou trois balles… Ils deviennent plus résistants par la suite.
Des graphismes d’époque…
Mega Man Legacy Collection 2 est un titre qui se destine avant tout aux rétrogamers, ou aux fans de jeux à l’ancienne, qui ne seront pas choqués de trouver ici une véritable foire aux pixels. MMLC2 n’est pas un remaster HD des quatre jeux pré-cités, mais un simple portage de titres compilés dans un seul jeu !
Différence de taille d’écran oblige, le jeu vous contraint, à la base, à jouer sur un écran réduit, entouré d’artworks. Certains apprécieront, d’autres pas du tout. Personnellement, cela me rappelle l’époque du Super-Gameboy, qui permettait de lire les cartouches Gameboy sur Super-Nintendo. Avec un écran mini et un énorme cadre autour. Donc…
Heureusement, l’éditeur a prévu de vous offrir la possibilité de passer en plein écran. Personnellement, je trouve cette configuration plus confortable. Mais comme vous pouvez vous en douter, le phénomène de pixélisation n’en sera qu’accentué.
Ainsi, si vous avez été biberonnés aux graphismes en HD, vous risquez la conjonctivite. Mais si vous êtes un nostalgique des jeux (et des graphismes) rétro, MMLC2 peut avoir un certain charme. Le rétrogamer passionné n’hésitera pas à mettre la main au porte-monnaie pour saisir cette chance de replonger dans une légende rétro.
… La jouabilité aussi !
Va pour les graphismes rétro qui, comme je l’ai écrit, peuvent avoir un certain charme. Mais on ne peut pas en dire autant sur la jouabilité, elle aussi d’époque ! Mention spéciale pour l’animation soignée de votre héros lorsqu’il explose (après avoir vidé sa barre de vie) : c’est celle que vous allez voir le plus souvent dans le jeu !
Aussi, vous allez (re)découvrir les joies des mouvements lourds, des sauts approximatifs, qui vous pénalisent instantanément par une mort certaine si vous loupez une plate-forme à deux pixels près. Idem pour les tirs ennemis, parfois difficiles à éviter.
L’un des points qui m’a toujours énervé dans Mega Man fait aussi son grand retour : les ennemis vaincus qui réapparaissent indéfiniment dès que vous changez d’écran. Autrement dit, si vous battez un adversaire, avancez de deux pas, et revenez en arrière, le défunt est de retour pour vous gâcher la vie. Un aspect vraiment très agaçant dans les niveaux verticaux, lorsque vous chutez et retombez pile sur un ennemi pourtant vaincu.
Nous parlons d’une époque durant laquelle l’IA n’était pas vraiment au meilleur de sa forme. Aussi, comme dans les jeux d’origine, vous pourrez facilement défaire les boss si vous mémorisez leurs paterns.
Comme à son époque, Mega Man est connu pour sa difficulté élevée. Souvenez-vous que le jeu date d’une époque où Capcom excellait dans les jeux d’arcade. Ces jeux qui devaient à la fois être accrocheur, et faire en sorte que le joueur se prenne des gadins, afin de pulvériser tout son stock de pièces de cinq Francs.
Aussi, à la moindre erreur, la punition est instantanée. Et au bout de la 786e tentative, vient l’envie d’atomiser sa manette, en mode Super-Saiyen en colère. Et bien souvent, le succès ne reposera que sur votre capacité à mémoriser les niveaux, l’emplacement des pièges… A les connaître par coeur… Donc à passer des heures dessus, et à arriver au boss au bout de la 359e vie.
Un peu de facilité dans un monde de brutes
Oui, Mega Man est un jeu difficile. Et les plus jeunes, habitués aux sauvegardes à outrances et aides en tout genres pourront être rebutés. Je les comprends : ils n’ont pas connu l’époque où il fallait finir un jeu sans sauvegarde, avec seulement trois vies.
Aussi, Capcom a pensé à eux, en implantant ici des options qui vont vous simplifier la vie. En théorie ! Comme la sauvegarde que vous pouvez effectuer n’importe quand… Ou encore l’ajout d’un mode facile. Enfin, le mot est fort… Ici, « facile » veut dire que vous allez rager un peu moins souvent ^^ Jouez à Mega Man 7 (considéré comme l’un des jeux vidéo les plus difficiles de tous les temps) et vous comprendrez.
Pour justifier le coté « collector » de cette compilation, l’éditeur a également ajouté de nombreux défis chronométrés. Un plus totalement inédit pour les fans de la franchise, mais qui va, une fois encore, vous demander beaucoup de dextérité et de self-control.
Finalement, l’onglet le plus reposant sera le museum, qui vous permettra d’admirer une foultitude d’artworks, et de dessins conceptuels des ennemis ou des personnages pour chaque jeu. A moins que vous ne préfériez vous évader avec le Music Player, qui vous permettra d’écouter les compositions du jeu. Des musiques qui sont d’ailleurs les mêmes que dans les titres d’origine. Ici non plus, pas de remasterisation…
C’est bien, ou c’est pas bien ?
De toutes ces remarques vont découler des avis qui divergeront selon votre attente des jeux vidéo. Et donc des points qu’il m’est impossible de classer comme qualité ou comme défaut. C’est selon chacun de vous.
Prenons l’exemple des graphismes. Comme je l’ai écrit, nous parlons ici de portages, et non de remasters. Les jeux n’ont pas été lissés, et proposent leurs graphismes (et musiques) d’origine : Super-Nintendo, PlayStation 1… Et les deux titres PS3/X360 (Mega Man 9 et 10) reprennent eux-même au pixel près l’apparence visuelle des jeux NES (un choix assumé des développeurs, donc). Aussi, un fan de rétro-gaming sera aux anges, et foncera la bave aux lèvres. Un adepte des graphismes sophistiqués sera beaucoup plus frileux.
De même, il est difficile d’estimer la durée de vie, qui peut être très longue comme elle peut être proche du néant. Pour un casual-gamer qui se décourage vite face à la difficulté, la durée de vie de MMLC2 est à peu près de 25 minutes. Soit le temps d’essayer le premier niveau de chaque titre, avant de le ranger dans un tiroir. Mais pour un joueur qui aime le challenge, qui est prêt à suer du sang pour finir un jeu, la durée de vie de cette compilation se compte en plusieurs dizaines d’heures, et l’investissement en vaut vraiment la peine.
Au final
Avec Legacy Collection 2, Mega Man reste fidèle à son image. Le jeu est coloré, l’ambiance cartoonesque, mais… Purée que ces jeux sont difficiles !
Cette nouvelle compilation est donc idéale pour les nostalgiques, qui voudraient redécouvrir la licence sans passer par l’émulation. Les quatre jeux seront identiques aux matrices d’origine. Y compris dans leur difficulté, d’ailleurs. Il faut donc être nostalgique, et hardcore-gamer (ou masochiste).
Aussi, le jeu s’adresse sans aucun problème aux fans de la série, frustrés de ne posséder qu’une collection incomplète avec le premier Legacy Collection. Ils posséderont donc maintenant la totalité des jeux Mega Man. Pour les joueurs casuals, moins habitués à une difficulté si punitive, le choix est plus contestable. Et beaucoup risquent de décrocher face à ce challenge… A acheter en connaissance de cause, donc !
Mega Man Legacy Collection 2
Par Digital Eclipse Software et Capcom, sur PS4, Xbox One et PC.
Les + :
- Retrouver Mega Man
- Quatre jeux sur une même compil
- L’ajout de quelques bonus sympas
- Un bon challenge pour les hardcore-gamers
- La fibre nostalgique qui fonctionne toujours
- Les DLC de Mega Man 9 et 10 livrés ici gratuitement
- Son petit prix (14,99€)
Les – :
- Une difficulté qui rebutera les moins aguerris
- Les ennemis qui « respawn »
- L’interface un peu trop basique