Le bonheur est-il dans le pré virtuel ? Comme chaque année, Giants Software et Focus Home sont de retour avec une nouvelle mouture de Farming Simulator. Une nouvelle version est arrivée, Farming Simulator 19, avec ses nouveautés, et ses promesses. Le jeu est-il à la hauteur de l’attente qu’il suscite ? La réponse, c’est maintenant !

Un Farming qui sait cultiver l’envie

C’est drôle, mais depuis des années, Farming Simulator produit toujours le même effet : lorsque j’en parle autour de moi, les gens me regardent toujours avec un air dubitatif. Encore plus lorsque je leur explique que le jeu consiste à gérer une exploitation agricole. Mais sur les quelques « cobayes »  à qui j’ai permis de s’essayer au titre de Giants Software, le résultat est toujours le même. Ils se prennent au jeu très vite, pour avoir du mal à décrocher…

Mais je ne leur jette pas la pierre. J’ai moi-même été le premier à avoir cette réaction, en découvrant la série. C’était très exactement en 2013. Je craignais le jeu barbant, mais je découvrais l’un des simulateurs les plus passionnants du game !

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D’ailleurs, chaque année, les résultats sont éloquents : Farming Simulator est le jeu de gestion qui suscite le plus d’attente, et génère le plus de ventes. Vous êtes des millions à attendre chaque nouvelle mouture. Vous étiez même 3 millions à avoir craqué pour l’édition 2018, rien que ça ! Et nos propres données statistiques le confirment : les articles parlant de la série figurent régulièrement dans les tops.

Alors, il aurait été impossible de passer à coté du test du nouvel épisode. Non pas pour faire du clic, mais tout simplement parce que je suis un converti (en un seul mot, s’il vous plaît) ! Grand amateur de jeux de gestion, je suis aujourd’hui convaincu qu’effectivement, Farming Simulator fait partie du haut du panier… Faut-il craquer pour ce nouvel épisode ? La réponse, c’est maintenant !

L’amour est-il vraiment dans le pré ?

N’en déplaise à l’animatrice TV Karine Lemarchand, ce n’est pas dans Farming Simulator que vous allez rencontrer l’âme sœur, voire faire des petits ! Comme ses prédécesseurs, Farming Simulator 19 est un simulateur de ferme, et rien d’autre. Pas de rencontre amoureuse comme dans Harvest Moon ! Ici, l’agriculture c’est du sérieux 😉

Autrement dit, le jeu va vous glisser dans la peau d’un agriculteur (homme ou femme, à vous de voir). Une fois vos choix cosmétiques effectués (on peut choisir notamment sa tenue), vous voilà lâché sur votre exploitation. Deux maps sont disponibles : une européenne (Felsbrunn) et une américaine (Ravenport). Selon le niveau de difficulté choisi (trois choix possibles), vous démarrez soit en caleçon (c’est une image) pour le mode le plus dur… Soit avec un pécule de base et quelques engins pour le mode facile.

Des multiples activités que vous devrez réaliser, on retiendra quatre grands axes : la culture des champs et ce que vous y planterez ; L’élevage d’animaux ; La sylviculture introduite avec l’édition 2015 ; Et enfin les petites missions annexes pour rendre service à la population, et gagner un peu d’argent en plus. Mais vous vous en doutez : chacun de ces axes est plus complexe qu’il n’y paraît, et aura ses spécificités.

La vie d’agriculteur, avec ses cotés chouettes, et ses cotés lourds !

Vous voilà donc lâché au beau milieu d’une cour de ferme. Non loin de là, un champ de blé vous attend ! Le premier réflexe sera donc de monter dans votre moissonneuse pour offrir une coupe estivale à votre terrain. Le blé sera quant à lui stocké dans votre silo. Puis, il faudra replanter. Mais comme ici, la magie n’existe pas, les cultures ne poussent pas d’un simple claquement de doigts. Alors on sillonne, on balance de la chaux sur le terrain et on le traite contre les mauvaises herbes, on plante, et enfin on termine le tout avec de l’engrais…

Je vous avais prévenu : on est dans un simulateur très réaliste ! Et l’on va donc passer un temps fou à s’occuper de nos cultures. Pour mon premier champ, je pense avoir passé plus de deux heures à tout couper et tout replanter. Ça laisse peu de temps pour partir en exploration tout ça ! Qu’est-ce que ça va donner lorsque je serai propriétaire de plus de terres autour de ma ferme ? Bien entendu, si vous voulez vous lancer dans des missions annexes tout en cultivant, l’option permettant de recruter du personnel est toujours là !

Mais Farming Simulator va aussi jusqu’à reproduire les réalités bien chiantes de la vie d’agriculteur. Comme le fait de très vite crouler sous les dettes, d’emprunter à la banque… Et de devoir trimer comme un forcené pour sortir la tête de la fosse à purin. Hélas une dure réalité dans la vraie vie, que l’on retrouve à moindre mesure (ici pas de drame comme issue, heureusement) dans le jeu. Franchement, si je peux glisser une idée aux développeurs pour la prochaine édition, il ne manque plus que les grandes surfaces qui sous-évaluent vos productions pour que la simulation soit parfaite… Ou la possibilité de manifester en cramant des pneus devant les supermarchés 😉

Jouabilité : plus complexe qu’il n’y paraît

Au premier abord, la jouabilité du titre est très simple. On prend très vite le jeu en main lorsqu’il s’agit d’accomplir les commandes de base, comme se déplacer, ou monter dans un véhicule. Mais c’est justement aux commandes de vos machines que tout se complexifie. Car vous allez devoir intégrer l’idée que presser les gâchettes va vous permettre de basculer sur de nouvelles commandes, capitales pour que votre véhicule fonctionne…

Je m’explique. Si je reprends l’exemple de la moissonneuse, cité plus haut… Pour moissonner, vous allez devoir afficher les commandes pour accrocher les lames si ce n’est déjà fait, baisser la barre de coupe au niveau du sol, la démarrer… Puis, une fois ces manipulations faites, vous pourrez avancer pour tailler vos cultures. Mais votre machine ne peut pas stocker indéfiniment vos grains. Une fois la jauge de remplissage pleine, vous devrez donc aller chercher une remorque, la disposer à coté, déplier le bras de déchargement (la remorque se remplit automatiquement)… Puis replier le bras, et continuer la moisson !

Le fonctionnement des machines est une chose, la culture en est une autre. Comme expliqué plus haut, il ne suffit pas de passer sur un champ pour planter et cultiver. Votre terrain va aussi vous demander des soins particulier. Si vous n’y prêtez pas garde, vous aurez vite fait de vous retrouver envahi par les mauvaises herbes… Cultiver est plus complexe qu’on ne le pense ! Le constat est le même pour l’élevage : il ne suffit pas d’acheter des vaches ou des poules pour récolter leurs attributs. Il faudra aussi garder constamment un œil attentif sur vos bêtes. Par exemple, vos poules ne donneront pas d’œufs si vous oubliez de les nourrir…

C’est le même jeu en fait ?

Et bien non, Jean-Kévin ! Car pour justifier que tu achètes ce nouvel opus, tu te doutes bien que les développeurs ont ajouté quelques nouveautés par rapport à Farming Simulator 17 (oui, il y a deux ans, FS18 n’est sorti que sur 3DS et PS-Vita). Que je n’ai pas fait, soit-dit en passant. C’est la raison pour laquelle je me garderai d’apporter mes propres comparaisons avec l’opus précédent…

L’éditeur a copieusement communiqué à ce sujet, l’une des grosses nouveautés cette année est le fait qu’une grande marque rejoint le parc de véhicules. Cette marque très connue et très populaire chez les agriculteurs n’est autre que John Deere. Ce qui pousse le parc à plus de 300 équipements (tracteurs, remorques, moissonneuses, ensileuses, etc), de plus de 100 constructeurs différents. Mais dans le lot, pas de fictif : que des marques existantes ! Vous retrouverez donc du Case IH, New Holland, Challenger, Husqvarna, Fendt, Massey Ferguson, Grimme, Krone, Deutz Fahr…

Poules, vaches, moutons et cochons sont toujours là. Mais cette édition 2019 ajoute les chevaux. Que vous pourrez élever, mais aussi monter, pourquoi pas, pour vous offrir une jolie balade sous le couchant. Deux nouveautés aussi, au niveau des cultures. Ce nouvel opus ajoute le coton et l’avoine à la liste de vos plantations… Mais on en restera là pour les nouveautés.

À quoi va vous servir votre connexion internet ?

Oui, votre connexion Internet sera un plus ! Car elle vous permettra notamment de rejoindre des serveurs dédiés. Et découvrir de ce fait les joies d’exploiter une ferme en communauté. En multijoueur, le jeu vous permet de coopérer pour développer votre ferme. Le multi est ouvert jusqu’à 16 joueurs sur PC et Mac, 6 sur consoles. Vous pourrez aussi créer des fermes concurrentes sur la même carte, chacune disposant de ses propres terrains et de son propre équipement.

Et puis, comme on peut s’en douter, un petit tour sur vos stores respectifs vous permettra évidemment de mettre la main sur des DLC (payants). Des engins, notamment… Mais aussi une troisième map qui devrait être proposée prochainement, et qui vous emmènera en Amérique du Sud. Les joueurs sur PC et Mac pourront aussi en profiter pour mettre la main sur des mods, qui contribuent à leur manière au succès de la licence…

Des limites techniques

Pour trouver des défauts à Farming Simulator 19, c’est vers la technique que l’on va se tourner. Et le plus flagrant sera le clipping très prononcé dans le jeu ! Autrement dit, de nombreux éléments du décor qui apparaissent et disparaissent devant vos yeux, comme par magie. Très souvent dans les jeux vidéo, ce phénomène se produit au loin, à la limite de votre champ de vision. Ici, il arrive fréquemment que ce « bug » se produise juste sous vos yeux. Vous marchez et voyez apparaître de la végétation à deux mètres de vous…

Autre soucis lié à la technique : la physique qui manque de réalisme. D’une part, vos engins (même les tracteurs les plus massifs) semblent ne peser que 28 kilos et glisser tels des overboards. Mais d’autre part, cette sensation de glisser sur le sol se retrouve aussi avec votre personnage, lorsqu’il devient piéton. Escalader une montagne comme s’il courrait sur du plat, ça fait bizarre (au moins, ça vous donne l’impression d’être un super-héros).

Enfin, je terminerai avec l’aspect visuel du jeu. Si les engins sont superbement modélisés (chapeau bas pour le soucis du détail), on ne peut pas en dire autant des décors. Certes les deux maps du jeu sont vraiment jolies vues de loin, et donnent envie de s’y poser pour flâner… Mais à y regarder de plus près, les textures sont parfois grossières, et on n’y retrouve pas le soucis du détail tant loué pour les véhicules. Si on a ici de vraies villes, les bâtiments tiennent plus de blocs Lego que de vrais édifices.

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Et que dire des PNJ ? Farming Simulator 19 a une vraie légitimité à se revendiquer « monde ouvert » quand de nombreux titres s’autoproclament « openworld » juste pour se vendre… Mais pourquoi un monde si mort ? En ville, où sont les commerçants, les gens qui vaquent à leurs activités ? Ici, vous n’aurez que des bots qui se contentent de marcher, revenant parfois sur leurs pas, juste pour dire qu’ils font quelque chose…  C’est vraiment dommage car on ne peut que constater des efforts dans ce sens. Comme par exemple les oiseaux qui se posent sur vos champs pour bouffer vos semences et s’envolent dès que vous les approchez… C’est peut-être un détail, mais qui fait son petit effet à l’écran !

Allez ! Encore deux petits reproches pour la route !

Et oui ! J’ai encore deux petites remarques sous le pied ! La première me fait revenir sur la technicité du jeu, évoquée plus haut. Si le jeu vous donne quelques indications en début de partie, l’aide in-game n’est pas si claire que ça. Bien sûr, quelques indications s’affichent, mais elles ne sont pas si évidentes à comprendre, et on cherche parfois ce que le jeu attend exactement de nous. Il existe bien un tuto, mais qui m’aura juste permis de retrouver mes réflexes, à moi qui connaît déjà la licence. Un débutant qui découvre ici Farming Simulator risque vite d’avoir l’impression d’être livré à lui-même.

J’avoue que cela me fait bizarre d’écrire cela, moi qui suis le premier à reprocher aux jeux vidéo actuels de justement trop nous prendre par la main. Mais Farming Simulator 19 ne le fait peut-être pas assez. Connaissant la franchise, j’ai vite retrouvé mes repères… Mais je ne peux m’empêcher de penser à Jean-Brendon qui fait ici ses premiers pas sur ce simulateur, aussi réussi qu’il soit, mais qui va sortir les rames (et peut-être se décourager).

Ma seconde remarque rejoint la première, d’une certaine manière. Farming Simulator 19 a tout ce qu’il faut pour nous offrir un vrai scénario. Mais il ne le fait pas, et c’est vraiment ce qu’il lui manque. Vous êtes agriculteur, il faut cultiver pour gagner de l’argent… Et c’est tout ! À quand un vrai mode story, qui pourrait par exemple faire office de tuto, puis poser de vrais enjeux ? Un Farming Simulator scénarisé serait une pure merveille, mais c’est un avis personnel…

Au final

Plus que jamais, Farming Simulator 19 est frustrant. Pas parce qu’il est mauvais, loin de là… Mais tout simplement parce que, comme pour chaque épisode, il lui manque ce petit truc qui pourrait en faire un hit absolu. Comme à chaque fois, on n’en est pas loin, maiiiis… Giants Software n’en est plus à son coup d’essai, le studio maîtrise son sujet depuis longtemps maintenant, alors… On a comme une envie d’exiger davantage !

Il n’empêche que, s’agissant de l’aspect gestion et simulation de ferme (ce pour quoi on a dépensé le prix du CD), Farming Simulator 19 fait le job plus que correctement ! Le jeu va vous en donner pour votre argent, promettant une durée de vie plus que conséquente, et il est très difficile de décrocher. Réaliser ce test m’a fait mettre entre parenthèses Red Dead Redemption 2, c’est vous dire !

En conclusion, Farming Simulator 19 garde sa place dans le club très privé des bonnes simulations. Mais le temps passant, on est en droit d’en demander plus. Les prochaines versions devront donc se diversifier encore plus. Il n’y a pas tromperie sur la marchandise, bien au contraire. Mais FS a désormais les moyens de voir plus grand, et nous avons l’envie de voir ça… Alors…


Farming Simulator 19

 

On aime :

  • Les nouveautés sont sympas
  • La parfaite simulation agricole, bien pointue
  • Des véhicules chouettement modélisés
  • Un monstrueux parc d’engins et de marques
  • Une foultitude d’activités
  • Malgré ses défauts, globalement agréable à regarder
  • Votre ferme est évolutive
  • Un jeu qui apaise
  • Une fois dedans, on a du mal à décrocher
  • Un mode multijoueur

On n’aime pas :

  • La physique toujours étrange des engins ou de votre personnage
  • Beaucoup de clipping
  • Ça pique parfois les yeux au niveau des textures
  • Le manque d’indications pour les débutants
  • Le monde manque de vie
  • Un scénario serait un gros plus
  • Finalement, pas tant de nouveautés que ça !
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