Signé par le studio indépendant suédois Tarsier, sous l’égide de Bandai-Namco, Little Nightmares vous plonge dans un plateformer à l’ambiance sombre, et à l’identité graphique forte. Un jeu qui puise son ambiance dans vos cauchemars d’enfant, et qui va mettre vos neurones à l’épreuve.
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Son nom est Six !
Et on commence fort avec cette première partie du test, que nous consacrons généralement à la présentation du scénario, et des personnages principaux. Petit soucis : dans Little Nightmares, on ne sait justement rien, ou très peu, de ces deux aspects !
A peine saura t-on que notre héroïne s’appelle « Six ». Elle a la carrure (et la force) d’un enfant, et est vêtue d’un ciré jaune. Pour équipement, elle ne possède qu’un briquet, qui va néanmoins beaucoup vous aider au fil de l’aventure.
Le scénario est très mystérieux. Sans plus d’explications, on sait juste que Six est enfermée dans ce qui pourrait s’apparenter à un sous-marin, dont elle doit s’échapper. D’autant que cette « antre » étriquée et poisseuse est habitée par des créatures très étranges, difformes, et pas vraiment avenantes. Little Nightmares ne dit rien, mais suggère énormément…
Quelles sont les raisons pour lesquelles Six est enfermée ici ? Pourquoi doit-elle partir (si ce n’est pour survivre) ? Qui sont les habitants de ce complexe hôtelier de l’horreur ? Autant de questions dont les développeurs se gardent bien de répondre, afin de cultiver un mystère qui n’est autre que le moteur de cette aventure sombre et parfois dérangeante. Et un choix scénaristique qui a réussi à d’autres titres du genre, comme Limbo ou Inside.
Une direction artistique entre Henry Selick et Tim Burton
D’entrée, ce qui frappe dans le jeu, c’est sa direction artistique. Esthétiquement, Little Nightmares est beau dans sa laideur ! Les décors sont crasseux, sombres et effrayants, l’ambiance pesante. Mais ils suscitent en même temps une certaine admiration. On s’aventure dans le noir sans hésiter, dans ces couloirs étroits, faits de métal usé, ou de vieux bois qui craque.
Devant son écran, le joueur ne peut s’empêcher d’être partagé entre répulsion et fascination. Le level-design va vous mettre mal à l’aise, mais va également vous en mettre plein la vue. Une mention spéciale pour les éclairages, d’une efficacité redoutable ! Vous progresserez à la lumière vacillante des bougies ou de spots trop faibles pour éclairer la totalité de l’écran. Lumière et ombre s’opposent dans chaque tableau.
On pourra aussi saluer le travail des chara-designers. Visiblement, ce sont de grands fans de Tim Burton (L’Etrange Noël de Mr Jack, Les Noces Funèbres), ou d’Henry Selick (James et la Pêche géante, Coraline). Les différents habitants de l’antre sont difformes et gigantesques (en comparaison avec la minuscule Six), mais esthétiquement réussis. Comme dans les oeuvres précitées, ils ne vous laisseront pas indifférents.
Enfin, l’ambiance du titre perdrait de sa superbe sans une bande-originale à la hauteur. Signée Tobias Lilja, elle est minimaliste, mais d’une efficacité déconcertante ! Tantôt zen et lancinante, tantôt crispante… Avec simplement quelques notes, le compositeur suédois parvient à nous mettre la pression, à nous plonger dans une angoisse qui ne nous quitte plus.
Plate-formes et réflexion
Voici les deux mots qui pourraient résumer les principales mécaniques de Little Nightmares. Comme dans un plate-former, vous débutez dans un niveau, que vous allez devoir traverser de gauche à droite, en franchissant différents obstacles. Ces niveaux sont modélisés en 3D, et vous devrez souvent penser à chercher au premier plan, ou à reculer en arrière plan.
Mais pour cela, vous devrez résoudre de nombreuses énigmes. Trouver des objets, déclencher des mécanismes pour ouvrir des portes ou couper l’électricité… Si ces énigmes sont relativement simples à résoudre en début de partie, elles se corsent au fil de votre progression.
On appréciera justement la variété dans ces épreuves. Elles ne se ressemblent pas, et les développeurs sont très loin de nous avoir concocté un jeu dans lequel vous reproduirez les mêmes actions du début à la fin. Les épreuves se diversifient, et chaque niveau apporte ses nouveautés. De ce fait, adieu à la répétitivité ! Bonjour l’impression de découvrir le soft à chaque instant !
Un soupçon d’infiltration, et des parties de cache-cache
Une fois que l’on a compris la façon de penser des développeurs, les énigmes ne sont pas impossibles à résoudre. Il suffit simplement d’observer, de fouiller dans les recoins (certains interrupteurs sont parfois dans des angles morts). Mais pour corser l’aventure, Tarsier amène… l’infiltration !
Comme dans la plupart des jeux du genre, Six dispose d’un panel de commandes limité. Elle peut marcher, s’accroupir, sauter, s’accrocher, et allumer son briquet dans les endroits sombres. Elle peut aussi actionner des mécanismes, ou saisir des objets. Mais le plus souvent, elle devra courir ou se cacher, pour échapper à de lugubres poursuivants… Un conseil : observez, mais servez-vous aussi de vos oreilles !
Car après la plate-forme et la réflexion, voici le troisième axe important du jeu. Tel un Solid Snake en ciré jaune, Six va devoir se la jouer « invisible » pour espérer survivre. Car si elle se fait voir par un habitant de l’antre, la punition tombe : « one kill » !! Si un habitant vous voit, il vous attrape et vous mourrez, ce n’est pas plus compliqué que cela ! (vous redémarrez alors du dernier point de sauvegarde). Mais encore une fois, un peu d’observation vous permettra de saisir les patterns de vos ennemis.
Un jeu sans défauts ?
Je n’irai pas jusque là ! Et le premier qui me vient à l’esprit est bien évidemment la durée de vie assez courte du titre de Tarsier. Aussi fantastique que soit le voyage, il ne vous faudra que quatre bonnes heures pour en faire le tour (plus ou moins, selon votre réactivité aux énigmes). Correct, mais néanmoins très frustrant car…
… On aimerait en savoir plus ! J’ai par exemple du mal à comprendre pourquoi les scénaristes n’ont pas creusé et développé la piste de la « bouffe », thématique très présente dans un jeu dont le premier nom était justement « Hunger » (« Faim »). Six s’écroule à la fin de chaque niveau, saisie par une fringale, et repart après avoir trouvé de la nourriture, généralement juste à coté. Cette mécanique est, à mon sens, trop anecdotique, pas assez développée !
Sur le plan technique, les énigmes vous offrent parfois des solutions assez tordues, avec des interrupteurs planqués dans des angles morts. Ou dans des endroits auxquels vous n’auriez pas pensé, car situés hors-champ si vous ne bougez pas la caméra.
Trop d’approximations dans la jouabilité
La jouabilité elle-même va parfois vous poser problème. Vous pouvez par exemple rater un saut, ou vous louper dans une course, simplement parce que vous avez décalé le stick un tout petit poil de trop vers la gauche ou la droite. La caméra elle-même ne vous aide pas en ce sens. Son positionnement vous fera parfois louper vos manipulations, à un cheveux près. Dans ce cas, la sanction est immédiate, et la mauvaise manip’ se solde par la mort !
Comment vos ennemis vous détectent-ils ? Là aussi, c’est un mystère. Vous faire repérer ou non tient le plus souvent de l’aléatoire, plus que de la logique. De même, vous pourrez parfois échapper à l’emprise de certains adversaire contre toute attente. Mais il arrive aussi qu’ils vous chopent alors que vous pensiez pouvoir leur échapper. Au final, le joueur n’est plus sûr de rien, et passera certains adversaires au petit bonheur la chance, en croisant les doigts, en espérant que « ça le fasse ».
Enfin, si dans l’ensemble, le level-design est réussi, certains niveaux le sont moins que d’autres. Je pense par exemple à ces conduits, sombres et étriqués, qui fleurent bon la rouille et la crasse, pas aussi soignés que les chambres, ou la cuisine. Par exemple.
Préférez la version collector !
L’un des gros points forts du jeu, c’est très clairement son prix. Un bon jeu pour moins de 20€ ? Il n’y a pas à réfléchir ! Encore que… Cette fois-ci, je vous encourage, si possible, à zapper la version simple, pour lui préférer l’édition collector du jeu.
Car Little Nightmares peut se targuer de défier les lois des collectors exorbitants, vendus généralement (plein pot) au dessus des 100€. Le titre de Tarsier vous offre (il n’y a pas d’autre mot) cette édition truffée de goodies pour un prix modique, qui n’est même pas celui d’un jeu complet : 29,99€.
Cette « Six Edition » embarque le jeu, vendu dans une boite collector en forme de cage. Dans ce pack, vous trouverez aussi un poster A3, une planche d’autocollants. Mais vous y trouverez surtout la bande-originale du jeu, ainsi qu’une figurine de Six, de 10cm.
Soyez toutefois vigilant, car différents prix sont pratiqués. Globalement, le collector de Little Nightmares est vendu à 29,99€ sur la plupart des sites marchands (sans frais de port si vous vous débrouillez bien). Mais la note est variable, et nombreux sont ceux qui gonflent la facture…
Au final
Little Nightmares est de ces jeux vidéo qui nous prouvent que les studios indépendants ont énormément de choses à nous dire ! Avec peu de moyens, mais avec de bonnes idées, il est possible de réaliser un bon jeu, qui vous marquera à coup sûr. Les petits studios nordiques l’ont bien compris, et Little Nightmares s’inscrit, comme Limbo, Inside ou Unravel, dans une catégorie que l’on aime aimer !
Par son ambiance sombre, crasseuse, et son propos qui réveille vos vieux démons d’enfant, Little Nightmares va vous mettre mal à l’aise. Mais par sa direction artistique et son ambiance sonore, il dévoile une forme de poésie et suscite une certaine admiration.
Malgré une durée de vie courte, même s’il nous laisse sur notre faim (c’est peut-être là le vrai sens du premier nom du jeu ?), Little Nightmares est une expérience à tenter coûte que coûte. Et son prix minuscule terminera de convaincre les plus dubitatifs…
Little Nightmares
Les + :
- Une partie de cache-cache sombre et passionnante
- Difficulté progressive des énigmes
- Variété dans les épreuves
- Une véritable ambiance
- Le level-design et le chara-design
- Une bande-son excellente
- Un prix minuscule (19,99€ pour l’édition simple, 29,99€ pour le collector)
Les – :
- Un jeu trop court
- Scénario qui laisse des questions en suspens
- Une jouabilité très pointilleuse, qui fait parfois ce qu’elle veut
- La caméra qui vous désavantage parfois
Hello,
Franchement vu le prix, j’ai clairement envie de me laisser tenter.
Comme je le disais, mon fils m’en as parlé récemment et c’est vrai que ça me plait.
Maintenant avant même de lire l’article j’ai évidemment pensé à Burton, et oui, c’est clair que l’on y vois une certaine touche.
De plus le prix plutôt peu élevé reste un élément important.
Au niveau de la jouabilité c’est vrai que c’est dommage, récemment sur un jeu que j’ai joué j’ai eu le même problème.
Bref, clairement il me parle et vous avez réussi à me convaincre.
Bonne soirée.