A peine quelques mois après Dragon Quest VII (lire aussi notre test), Square-Enix remet le couvert avec un hit très attendu sur 3DS. Dragon Quest VIII : L’Odyssée du Roi maudit vous propose de revivre, sur 3DS, une grande aventure qui nous avait déjà émerveillé en 2006. C’était sur PS2 !
Le premier Dragon Quest en France !
Dragon Quest VIII est un jeu qui m’émeut. Vraiment ! Et quel n’est pas mon bonheur, aujourd’hui, de pouvoir rejouer à ce hit sur ma bonne vieille 3DS !
Car comme beaucoup de joueurs, c’est avec cet épisode que j’ai découvert, de façon officielle, la saga. Si au Japon, « DraQue » est un sérieux concurrent pour Final Fantasy (il est même encore plus populaire), les p’tits Français auront dû attendre Dragon Quest VIII : l’Odyssée du Roi Maudit pour découvrir la série, en avril 2006.
Bien sûr, certains gamers connaissaient déjà la saga, à l’époque. A condition d’importer, ou de jouer à des jeux non-officiels. Pour les autres, il fallait se contenter de la série animée Fly (ne me demandez pas, je ne sais pas d’où sort ce nom ridicule).
Et puis, un jour, Square-Enix a décidé de faire voyager en Europe ce huitième épisode, sorti au Japon en 2004. Nous étions alors sur PlayStation 2, console qui montrait ici tout son potentiel, avec un titre en cel-shading tout simplement superbe, porté par une bande-son extraordinaire, et introduisant des mécaniques modernes dans la série. Et l’un des rares que j’ai conservé sur PS2 !
Onze ans plus tard, le jeu s’offre une nouvelle jeunesse, cette fois sur 3DS. Dans un premier temps, on se méfie, la nostalgie nous jouant parfois de sales tours. Mais une fois le jeu lancé, on réalise vite qu’il n’a rien perdu de sa superbe.
C’est l’histoire… d’une malédiction !
Dans Dragon Quest VIII, nous allons beaucoup parler de malédiction, et de transformations ! L’auteur de ces maux est un bouffon diabolique, appelé Dhoulmagus. Dans le royaume lointain de Trodain, il s’est emparé d’un trésor royal, un sceptre magique.
Il s’est servi de cette magie pour jeter une malédiction sur tous les habitants du royaume. Le bon roi Trode s’est alors transformé en une petite créature verte, et sa fille, la princesse Médéa, en une jument blanche. Le seul qui n’ait pas été touché par cette malédiction est l’un des gardes du roi, vous !
Le trio décide donc de partir à la poursuite de Dhoulmagus, pour reprendre le sceptre, vaincre le mage et ainsi lever la malédiction. En chemin, ils croiseront un bandit, Yangus, qui décidera finalement de vous accompagner dans votre quête. Et c’est ici que notre histoire commence.
Une histoire qui, on l’apprécie énormément, se révélera pleine de rebondissements. C’est un autre point-fort du jeu : son scénario écrit et supervisé par Akihiro Hino et Yuji Horii, offre une écriture qui sort du classicisme des Dragon Quest. On y passe des situations dramatiques à d’autres plus drôles, plus cocasses. Mais toujours en s’accrochant à une histoire dont on trépigne de connaître la finalité.
La patte « Dragonball Quest »
Je me souviens que, ce qui m’avait frappé à l’époque, c’était le choix du cel-shading. Une direction artistique qui ne faisait que sublimer le riche univers créé, comme d’habitude, par le talentueux Akira Toriyama (Dragon Ball).
J’ai même parfois l’impression que Dragon Quest est l’épisode de la série dont le chara-design est le plus empreint de la « Dragonball’s touch ». Si Toriyama ne peut renier sa paternité sur un jeu, c’est bien sur celui-là !
Ainsi, le héros est clairement un clone de Son Gohan adulte, allant même jusqu’à ressembler à un Super-Saïyen lorsqu’il déclenche son état de « tension » (lire aussi ici). Et que dire d’Angelo ? A quelques couleurs près, on dirait le sosie de Trunks !
Pour le reste, c’est avec un immense plaisir que le fan de Dragon Quest retrouvera ici tout le bestiaire de la série, avec ses gluants, golems et autres créatures qui finissent par nous être familières. Mais ici beaucoup plus belles que dans les épisodes « old school ».
Au niveau du level-design, on appréciera d’être ici lâché dans un immense monde ouvert, avec une grande liberté de mouvements. Votre périple vous fera traverser de vastes plaines, mais aussi des châteaux, et des villages composés de tous les éléments clés de la série : églises pour sauvegarder, boutiques, armureries… Avec l’iconographie que nous connaissons par coeur.
Des mécaniques bien huilées
Au niveau du système de jeu, Dragon Quest VIII se joue comme tous les Dragon Quest, avec des combats au tour par tour, à l’ancienne. Pendant ces rixes, vous pourrez envoyer des coups, de la magie, vous soigner, etc. Les commandes sont classiques, mais terriblement efficaces.
Le système de leveling est très complet, avec de l’upgrade pour vos personnages, mais aussi pour vos armes, délivrant chacune des compétences non négligeables à apprendre.
Plus tard dans le jeu, vous pourrez dompter une créature (un tigre à dents de sabre), que vous pourrez chevaucher. Pratique pour se déplacer plus vite !
Autre accessoire à ne pas négliger : l’alchimarmite ! Une fois obtenue, elle va vous permettre de synthétiser des objets pour en obtenir de nouveaux, aux effets plus puissants. S’il est tentant de zapper cette option, qui peut sembler facultative, vous réaliserez vite qu’elle est finalement très utile !
Comme bon nombre de RPG, la quête principale s’accompagne d’une multitude de quêtes annexes. Parfois à faire dans un timing précis. C’est par exemple le cas de celles vous permettant de débloquer les persos bonus.
Le choc des générations
Si Dragon Quest VIII est un hit indémodable, il faut cependant admettre que ce portage sur 3DS, aussi réussi qu’il soit, nous confirme que le jeu accuse déjà plus de dix ans.
Ma première surprise concerne la bande-son du jeu. Un petit bijou que l’on doit au génial Kōichi Sugiyama, qui nous porte avec des mélodies devenues cultes. Mais si la version PS2 du jeu nous offrait une sublime version symphonique (par l’Orchestre symphonique métropolitain de Tokyo), ce n’est pas le cas de cet opus 3DS. Un néophyte restera pantoi devant la qualité de la bande-son… Mais pour le puriste de la première époque, les sonorités synthétiques piquent un peu !
Ce remake est pavé de bonnes intentions, et cela se ressent du début à la fin du jeu. Mais cela ne fait pas tout, et hélas le support 3DS pose aux programmeurs des limites techniques. Ainsi, les décors semblent plus vides, plus épurés de détails, voire plus pixélisés. Paradoxalement, cette version 3DS semblera moins belle à ceux qui ont connu son aînée sur PS2. Et hélas, quelques bugs font leur apparition, comme un clipping qui n’était pourtant pas invité à la fête.
Enfin, j’ai été surpris de constater que la molette vous permettant d’afficher le jeu en 3D ne sert ici strictement à rien ! Dragon Quest VIII n’utilise pas cette fonction de la 3DS. On ne va pas se mentir, 95% des joueurs ne jouent jamais en 3D. Mais pour ceux qui le font, ce point méritait d’être signalé.
Durée de vie exceptionnelle
Etre un jeu qui date n’a pas que des défauts ! Et dans le cas de Dragon Quest VIII, il est un point que je réalise ne pas avoir encore abordé : sa durée de vie ! A une époque où des jeux vidéo à 60 balles se plient en 3 heures et dix minutes, c’est un pur bonheur de constater que DQ8 jouit de la même durée de vie que sa première version.
La durée de vie est boostée par l’ajout de nouveaux chapitres, consacrés au héros ou à Dhoulmagus. Ils apportent une plus-value indéniable au titre. Voilà une bonne raison, pour ceux qui ont déjà terminé le jeu il y a 11 ans, de repartir à l’aventure.
Autrement dit, si vous « torchez » le jeu, vous en viendrez à bout en une petite soixantaine d’heures. Si vous décidez de le finir à 100%, comptez environ une centaine d’heures. Square-Enix et Nintendo vous en donnent pour votre argent. Une telle durée de vie est hélas devenue exceptionnelle. Raison de plus, donc, pour vous le signaler !
Quid des nouveautés
Avec le temps, on connaît Nintendo et sa politique des remakes 😉 Et vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que Big N nous propose aujourd’hui de nombreuses nouveautés. Une nouvelle version, mais avec de petits « plus ».
A commencer par deux nouveaux personnages inédits qui vont intégrer votre groupe (sous conditions scénaristiques à remplir). L’idée est excellente. Il est juste dommage qu’ils vous rejoignent si tardivement dans l’aventure…
Vous retrouverez donc Rubis, une pirate aussi classe que sexy, ainsi que Morry, un personnage que ceux qui ont déjà fait l’aventure connaissent déjà : initialement, vous vous contentiez de croiser ce moustachu habillé en bouffon, taulier de l’Arène des monstres. En fait, ces deux personnages étaient déjà jouables dans la version d’origine sur PS2, mais au Japon seulement. La 3DS nous ouvre donc enfin l’accès à ce bonus.
Cette version 3DS ajoute également un mode photo, et une mission qui va avec. Ce mode vous permet de prendre des clichés de vos personnages, dans différents lieux de la map, pour les échanger en streetpass. Voilà pour la dimension sociale de la 3DS 😉
Lors des combats, on peut aussi en augmenter la vitesse. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour d’autres cela veut dire beaucoup !
Sur la map, les ennemis apparaissent désormais et vous pouvez donc voir à qui vous avez affaire. Et ainsi éviter les combats si besoin (si plus assez de vie, par exemple). Ou choisir les adversaires les plus forts si vous devez farmer…
Avec ce remake de DraQue VIII, c’est la fin des combats aléatoires, qui vous tombent dessus sans prévenir. Bien que certains ennemis soient difficiles à éviter lorsqu’ils se ruent sur vous…
Loin de nous offrir un simple portage, les développeurs reprennent méticuleusement la copie pour y ajouter de nombreux compléments. Suffisamment en tout cas pour oublier que le jeu a déjà vécu, et pour nous donner envie de s’y replonger.
Plus facile ? Pas sûr
Nintendo a souvent tendance à donner des petits coups de pouce à ses joueurs. Cela se vérifie encore aujourd’hui. Lorsqu’il fallait autrefois trouver un point de sauvegarde pour enregistrer sa progression, une option « rapide » vous permet maintenant de le faire n’importe quand.
L’alchimarmite, dont je parlais plus haut, a aussi eu le droit à une révision. Désormais, les ingrédients nécessaires à la recette souhaitée apparaissent en surbrillance. Une petite part de réflexion s’envole, du coup…
Mais ne pensez pas que le jeu soit plus simple pour autant. Vous devrez toujours chercher pour avancer, le titre se montrant parfois avare en indices, préférant vous laisser vous débrouiller comme des grands. De même, plus vous avancerez dans le jeu, et plus il vous sera nécessaire de vous accorder des sessions de farming, afin de faire face aux ennemis qui vous attendent…
Au final
Généralement, j’avoue que j’ai du mal à refaire des RPG que j’ai déjà terminés. Même avec plusieurs années entre les versions. Pourtant, c’est sans hésiter que je vais re-finir DraQue VIII. Mon jeu préféré de la PS2 sera aussi l’un de mes favoris sur 3DS.
Et pourtant, ce n’est pas faute de lui avoir cherché des défauts ! Techniquement, le jeu a quand même vieilli, et nous n’aurons pas ici la version orchestrale de la musique. On pourrait aussi citer l’austérité des menus et du gameplay qui pourrait clairement rebuter les plus jeunes. Mais il faut s’accrocher pour découvrir cette pépite !
Mais qu’importe ! Le portage est réussi, et le jeu compense avec intelligence ses lacunes par des ajouts bien sentis. Ainsi, la magie Dragon Quest vous saute à la tronche dès les premiers instants. Et ne vous lâche plus. Et ce pour un nombre incalculable d’heures, croyez-moi !
Pour un fan de RPG, malgré son air de « déjà vu » pour certains, Dragon Quest VIII est un incontournable de la 3DS ! Moins académique que les précédents épisodes, sur le même support, il est à la hauteur de nos attentes, ou fidèle à nos souvenirs.
Verdict
Le Dragon Quest qui a fait entrer la série dans l’ère moderne est de retour. Et il est toujours aussi génial !
17/20
Les + :
- Un vrai open-world
- Un RPG cultissime
- Les graphismes en cel-shading
- Le scénario très bien ficelé, avec des rebondissements
- Un système de combat excellent
- Les doublages (en anglais)
- Possibilité d’accélérer les combats
- Le quatuor de héros, légendaire…
- … Plus deux nouvelles recrues
- Les combats aléatoires ne sont plus
- Une durée de vie excellente (comptez près d’une centaine d’heures pour finir le jeu à 100%)
Les – :
- Mais où sont les musiques orchestrales ?
- La molette 3D de la console n’est là que pour décorer
- L’austérité de certains écrans pourrait rebuter les nouveaux venus
- Le farming, passage obligé pour progresser
- Des environnements plus vides que dans la version originale
- Du clipping
- Des bonus anecdotiques
Dragon Quest VIII : L’Odyssée du Roi Maudit. Par Square-Enix, pour Nintendo 3DS.
Jeu testé sur une version fournie par l’éditeur.
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