Alors que le film réalisé par George Miller s’apprête à sortir en vidéo, Warner Bros vous replonge dans l’ambiance post-apocalyptique de Mad Max, avec un jeu totalement original (qui ne reprend pas l’histoire du film). Et dans ce vaste open-world « post-apo », vous allez devoir jouer des poings et de l’accélérateur pour rester au sommet de la chaîne alimentaire.
Max en jeu : inquiétude !
En insérant le jeu dans la console, j’avoue avoir été sujet à la remontée de bien mauvais souvenirs… Mad Max : une série culte au cinéma, mais allègrement massacrée dès lors qu’elle passait sur consoles de jeux vidéo… Incompréhensible, d’autant que cette licence qui puise dans une mythologie cyber-western-punk se prête idéalement, en théorie, au jeu d’action.
Bon, j’exagère un peu… Mais souvenez-vous des jeux inspirés de Mad Max : tout d’abord il y eut une horreur signée Mindscape en 1990 sur NES (moche et injouable)… Et comme si cela ne suffisait pas, après avoir assassiné Max, le même éditeur revient deux ans plus tard pour profaner sa tombe, cette fois-ci sur Super-Nintendo et Megadrive, avec un nouveau nom : Outlander.
Mad Max serait-il l’objet d’une malédiction, qui condamnerait toutes ses adaptations vidéoludiques à n’être que de monumentales daubes ? Très vite, je me ressaisis : tout d’abord, le développeur a changé. Cette fois, le jeu est signé Warner Bros et Avalanche Studios, deux noms qui jouissent d’une bonne réputation. Deuxièmement, le titre s’inspire du dernier film de George Miller (pour son ambiance, mais pas pour son scénario), qui est tout simplement à tomber. Bien que j’aborde le test avec un regard critique, je n’en demeure pas moins rassuré !
Il est libre, Max
Après une intro qui, d’entrée, donne le ton (vous savez déjà que Max va en baver, et que Scrotus n’est pas un Bisounours), le jeu vous plonge dans une ambiance qui va vous coller jusqu’au générique de fin. Si le monde de Mad Max est superbe par ses environnements et ses vastes étendues de sable fin, il est aussi poisseux, avec ses relents de mort, de fioul et de rouille : vous êtes plongé dans un univers post-apocalyptique, et l’humain n’est plus que l’ombre de lui-même, replongé au plus profond de son ADN primitif. « L’homme est un loup pour l’homme », et ici, cela se vérifie !
Au beau milieu de ces guerres de territoire entre clans, un homme, seul, ancien flic reconverti en fracasseur de mâchoires, se bat pour sa survie. Cet homme, Mad Max, c’est vous ! Et le désert est votre terrain de jeu.
Pour vous plonger dans cette ambiance avec réalisme, l’éditeur a opté pour un vaste « open-world ». Un sujet qu’il maîtrise plutôt bien puisqu’il nous avait déjà servi un terrain de jeu et des missions annexes similaires dans La Terre du Milieu : L’Ombre du Mordor. A un détail près : ici, ce ne sont pas des orques et des elfes que vous allez croiser, mais d’authentiques humains, quoique bien atteints par ce monde sauvage et sans pitié.
Graphiquement, c’est chouette ! Vous allez vraiment ressentir la longue traversée du désert de Max (dans tous les sens du terme), et on apprécie particulièrement les tempêtes de sable, un point fort du film que l’on retrouve ici avec autant de pression. Le Wasteland est tout simplement magnifique avec ses environnements très variés, avec ses carcasses de pétroliers éventrés sur les rochers…
Max et les ferrailleurs
Forcément, l’histoire commence mal pour Max qui, d’entrée, se fait piquer sa belle voiture. Le voilà donc devenu piéton, jusqu’à ce qu’il rencontre Quasimodo Chumbucket, un étrange bossu qui lui propose de devenir ferrailleur… Bon ok, ce n’est pas tout à fait ça, mais c’est grosso-modo l’idée. Il vous offre sa création : une carcasse qui tient plus du « kart du pauvre » que du bolide. Son nom est « Magnus Opus ». Il y a consacré sa vie et rêve d’en faire la meilleure voiture de tous les temps.
Mais pour l’heure, la Magnus Opus est une simple carcasse, une épave qu’il va vous falloir habiller. Pour cela, il vous faudra réaliser des missions afin d’obtenir de précieuses pièces. Et votre premier voyage vous emmène dans un cimetière d’épaves, chez les « Vautours », afin de trouver une carrosserie (au final, vous aurez le choix entre plusieurs modèles).
Au fil du jeu, il va vous falloir customiser votre véhicule, avec des pièces moteur, des armes, etc… L’idée est excellente et s’intègre parfaitement dans l’ambiance du titre. Les développeurs vous laissant le choix sur de nombreux points, vous allez vous sentir assez libres de créer un véhicule à la hauteur de vos attentes, et de votre soif de vengeance. Un excellent point pour le jeu !
Max la menace
Nous ne sommes pas ici dans les Sim’s… Je vous parle de violence et de personnages barrés depuis un moment, alors vous vous en doutez, lorsque Max croise d’autres humains, ils ne s’assoient pas autour d’une tasse de thé pour s’échanger des images Panini ! Qu’il s’agisse des WarBoys, des Vautours ou des Immortans pour ne parler que de ceux-là, lorsque vous les croisez, s’en suivent des phases de bagarre à l’issue desquelles vous devez leur démontrer, arguments frappants à l’appui, qui est le patron ! Et pour cela, vous avez deux possibilités !
Soit vous vous faites agresser alors que vous êtes à pied, auquel cas il va falloir jouer du poing ! Dans ce cas de figure, les commandes sont assez simples et classiques, puisqu’il vous suffit de presser les touches qui s’affichent au bon moment pour placer des combos bien nerveux, ou parer les attaques de vos agresseurs. Un mode de combat assez conventionnel mais efficace, qui devient néanmoins assez routinier sur la longueur, tant vous allez péter de la mâchoire !
Le second mode de combat est celui que vous utiliserez lorsque vous êtes au volant, attaqué par des véhicules armés jusqu’aux dents. Plus original, mais aussi plus technique, ce mode vous permet de faire le ménage sur la piste au moyen de techniques diverses : percutez vos ennemis pour les pousser dans le décor, ou visez-les (le jeu passe dans un pseudo « bullet-time » et vous voyez la silhouette de votre agresseur) pour loger une balle dans le réservoir adverse, provoquant une réaction pyrotechnique digne des meilleurs films de Michael Bay. Un mode intuitif, lui aussi très nerveux, voire assez violent, qui promet de belles explosions et de la tôle froissée !
Relax Max !
Outre la quête principale (vous rendre à Pétroville pour botter le fessier de Scrotus), de nombreuses missions annexes s’offrent à vous. Elles consistent essentiellement à prendre des places fortes ou attaquer des convois, ou encore à aider les habitants du Wasteland, afin d’améliorer leur quotidien pour récupérer, en échange, quelques items ou compétences.
Car dans ce monde sauvage, tout ce qui peut être collecté a de la valeur : le carburant évidemment (le réservoir à sec signifie la mort dans ce désert infesté des pires criminels), l’eau que vous stockez dans votre gourde (qui correspond à votre jauge de vie), mais aussi armes et munitions, voire pièces vous permettant d’améliorer votre bolide.
Mais attention car cette collecte peut avoir un revers : à trop céder à la curiosité, lorsque vous croisez une épave sans doute gavée de denrées en plein désert, vous vous exposez à des embuscades, à des attaques surprises. Pensez à assurer vos arrières !
D’autant que, quand la nature s’en mêle, elle peut être elle aussi sans pitié : rien de plus rageant que de se voir pris en pleine tempête de sable, ou en plein orage noir, tandis que vous étiez tranquillement en train d’attaquer un convoi… Spectaculaire à l’écran, mais pas franchement dans votre intérêt.
Max peine
Si par son ambiance, son habillage, le jeu colle à l’univers du film, il a toutefois ses limites. Aussi infimes qu’elles soient, elles sont là… A commencer par un scénario qui est un peu en retrait. Il ne marque pas, et très vite, le joueur sera tenté de s’en détourner pour se consacrer à sa Magnus Opus (bien qu’il doive suivre la trame principale pour avancer). On reprochera aussi un personnage de Max assez primaire, pas franchement porté sur le dialogue, voire parfois totalement dans sa bulle. En même temps, c’est cohérent ! C’est un avis personnel mais, déjà dans le film, je trouvais Max relégué au second plan, à la fois terne et effacé par Imperia Furiosa.
Si la direction artistique est une pure folie, la technique en souffre parfois, à l’instar des angles de caméra qui ont tendance à délirer pendant les combats à mains nues. On déplorera également quelques problèmes de framerate. Pas de quoi fouetter un Keupon, mais ils sont là.
L’Opus Magnus va également vous demander un léger temps d’adaptation, sa maniabilité rappelant parfois celle de Driver. Mais rien d’insurmontable, et une fois les bonnes habitudes prises, tout roule, si j’ose dire !
Au final
Avec ce Mad Max, le studio Avalanche tente de retranscrire sur consoles la spectaculaire fougue du film de George Miller, avec un scénario qui se situe chronologiquement juste avant Fury Road (une préquelle du film, donc). Et le résultat est là ! La recette est une sorte de gros défouloir sauvage, qui vous plonge dans la violence post-apocalyptique de la saga de fort belle manière. Le jeu est nerveux, brutal, le tout servi par un openworld et des environnements de toute beauté.
Mais avec le temps, certaines phases deviennent routinières. Avec un scénario qui bascule vite au second plan, le joueur se concentre alors principalement sur l’évolution de sa Magnus Opus, la grosse bonne idée de ce jeu.
Malgré le fait que vous deviez très souvent descendre de votre voiture lors de missions (et donc enchaîner les bourre-pifs), le jeu honore son contrat en termes de sensations de vitesse, à toutes blindes dans le désert. Si vous passez outre l’aspect répétitif de certaines missions, Mad Max vous promet une aventure longue, complète (de l’action mais aussi un coté gestion, de vos vivres ou de votre voiture customisable) et nerveuse.
Que l’on aime ou pas l’univers « western post-apo » de Mad Max, le jeu est à essayer. Les fans du film, eux, ne se poseront pas la question, tant le titre d’Avalanche colle à l’ambiance dictée par George Miller.
Verdict
Un bon gros défouloir sauvage, un western moderne servi par des images de toute beauté !
16/20
Les + :
- Des environnements vraiment chouettes visuellement
- Les combats motorisés bien nerveux et brutaux
- Sensation de liberté avec cet openworld vaste
- L’aspect « customisation » de la Magnus Opus
- La nécessité de gérer ses ressources
- Les tempêtes de sable
- Bonne ambiance sonore
- Assez bonne durée de vie
Les – :
- On tombe vite dans la routine
- Un jeu peut-être un peu trop « sérieux », manque de fun
- Un scénario au second plan
- Quelques défauts de caméra et un peu de baisse de framerate par moments.
Mad Max, par Avalanche Studios et Warner Bros Interactive Entertainment, sur PS4, Xbox One et PC. Pegi : 18+.