Après avoir passé la main au studio Deck Nine, le temps d’un spin-off Before the Storm attachant, les français de Dontnod Entertainment reprennent la main sur Life is Strange pour un vrai second épisode. Max et Chloé ne sont plus là, place à deux frères, Daniel et Sean, pour un road-movie bouleversant à travers l’Amérique…

Le retour du français Dontnod

Cocorico ! Les studios français nous auront décidément offert de grands titres cette année ! Un printemps marqué par le fabuleux Detroit Become Human de Quantic Dream… Puis une hype lors de l’E3, en juin, lorsque Dontnod a confirmé ce que l’on voulait tous entendre : Life is Strange serait de retour cette année. Pas avec un spin-off comme le fut Before the Storm, mais avec un Life is Strange 2 dont le studio reprenait les commandes, pour le compte de l’éditeur Square-Enix. Mais il fallait patienter, avec une superbe démo Captain Spirit… Rien à voir avec LiS2, si ce n’est une ambiance… Un univers… Mais nous y sommes : le premier des cinq épisodes de Life is Strange 2 est disponible, alors… On y va !

Je vais être honnête avec vous : Life is Strange fait partie de mes licences préférées. Graphiquement, le jeu est visuellement moins beau qu’un Assassin’s Creed ou un Detroit… Mais la claque vient généralement de sa narration. Le scénario est passionnant, vous met la larme à l’œil, et ses duos sont parmi les plus attachants.

J’ai adoré Chloé et Max, puis Chloé et Rachel… Et j’avoue avoir été un poil déçu de devoir refermer le livre sur ces protagonistes. Mais je ne me fais pas de soucis. Dontnod sait soigner ses héros, et je sais déjà que je vais aimer Daniel et Sean… Au scénario, on retrouve Jean-Luc Cano, et cela n’augure que du bon !

Une leçon de vie

Oubliez Arcadia Bay ! Dontnod nous emmène aujourd’hui dans la banlieue de Seattle. Sean Diaz est un lycéen de 16 ans comme tous les autres, qui utilise Facebook, va à des fêtes avec sa meilleure amie, en pince pour une fille du lycée. Un adolescent classique, qui vit dans un petit pavillon de banlieue, avec son père Esteban et son petit frère Daniel, 9 ans.

Mais un événement inattendu et tragique va se produire (je n’en parlerai pas pour éviter de vous spoiler, mais sans doute l’avez vous vu dans les vidéos de l’éditeur)… Et changer la vie de ces deux frères en un instant ! Les deux garçons sont désormais seuls, et décident de tout quitter pour retrouver leur famille au Mexique. Ils sont désormais considérés comme des fugitifs, lancés dans un grand road-movie à travers les superbes panoramas d’Amérique du Nord.

Dontnod étant Dontnod, le studio va donc s’attarder copieusement sur ce qui sera le fil conducteur du jeu : les rapports entre les deux frangins. Rien que sur ce premier épisode, on voit les liens évoluer, le rapport gagner en profondeur. Unis dans l’adversité, les deux garçons se rapprochent plus que jamais. Comme ses prédécesseurs, Life is Strange 2 va vous mettre une véritable claque émotionnelle. Son point fort : son humanité ! Et des propos adultes, qui mettent la misère à tous les détracteurs qui vous serinent que les jeux vidéo sont idiots et violents…

Life is Strange savait aborder des problématiques graves, sans tomber dans la caricature ou la lourdeur. Il nous parlait de suicide, d’homosexualité, de harcèlement… Avec justesse, en choisissant le point de vue d’ados. Il en sera de même dans Life is Strange 2, cette fois avec des thèmes que sont évidemment les liens entre frères, mais aussi l’éducation, le racisme… Toujours avec cette finesse de nous parler des adolescents en se plaçant à hauteur de leur regard.

Comme dans Life is Strange premier du nom, il y aura aussi un soupçon de surnaturel… Mais je vous laisse le soin de le découvrir 😉

Lire aussi notre test du premier volet.

Graphiquement, on passe un cap

On est désormais loin de la première saison, qui nous apparaît aujourd’hui visuellement plus grossière. Car le studio français maîtrise désormais mieux l’aspect technique, et cela se ressent dès les premières minutes. C’est indéniable, Life is Strange 2 est plus beau, les décors sont plus fins, plus détaillés, plus vivants. Les animations des personnages principaux sont, elles aussi, beaucoup plus fines et réalistes. Ce qui n’est pas toujours le cas avec les personnages secondaires, qui souffrent parfois d’expressions trop artificielles.

Bien que très occupé avec Vampyr ou le prochain Twin Mirrors, Dontnod a commencé à plancher sur ce deuxième opus dès la fin du premier. Sur une feuille blanche, le concept même du jeu : des personnages ordinaires confrontés à des problèmes universels, avec une touche de supernaturel… Pour reprendre les propos des créateurs ! Nouvelle histoire, mais technique plus poussée. La direction artistique reste la même, mais les concepteurs ont inséré de nombreux objets dans les décors. Et on remarquera instantanément une grosse différence au niveau des expressions faciales, plus réalistes. Gonzalo Martin (Sean) et Roman George (Daniel) jouent avec efficacité les personnages principaux, à la fois pour la motion-capture et les doublages.

Enfin, il est impossible de ne pas parler de l’aspect sonore du jeu, avec ses doublages (en anglais, mais sous-titres en VF) de très bonne facture… Et surtout son OST aux couleurs pop-folk qui, comme pour Life is Strange 1, fait partie des plus belles entendues dans un jeu vidéo. C’est la raison qui me fait attendre l’édition limitée physique du jeu… En espérant que, comme pour les deux premiers jeux, elle embarque le CD de la bande-originale du soft.

Jouabilité : en mode « pépère »

La jouabilité est peu ou prou la même que dans les volets précédents. Vous allez ainsi incarner Sean en vue à la troisième personne. Le joueur se déplace dans différents tableaux, jusqu’à ce que des indications apparaissent à l’écran, sur des objets en particulier. On peut très souvent les regarder, mais parfois aussi les prendre, ou les utiliser. Life is Strange 2 est un titre qui se pratique en totale détente, la manette posée sur un genou… En poussant le stick ou en pressant les touches lorsque nécessaire.

Les rencontres avec d’autres personnages lancent des fenêtres de dialogues. Et qui dit dialogue dit aussi réponses de votre part, celles-ci étant matérialisées à l’écran par des choix. Deux ou trois possibilités, affectées aux touches de la manette. Il y a les choix que je qualifierais de « classiques » assez nombreux… Et les « choix importants » matérialisés par un fondu en noir-et-blanc, artifice qui vous fait comprendre que vous ne devez pas vous louper sur votre réponse.

Lire aussi notre test de LiS : Before the Storm

Enfin, Sean dispose aussi d’un inventaire (son sac à dos) que vous pouvez ouvrir à chaque instant à l’aide du pavé tactile. Argent (soyez économe), journal intime, téléphone portable…  Ou liste des collectibles du jeu (divers documents et affiches à regarder et collectionner). Dernière mécanique proposée : le dessin, l’équivalent des photos de Life is Strange 1. Parfois Sean se pose au bord de la route pour dessiner. Le joueur doit alors observer, puis reporter ce qu’il a vu sur son calepin. Il suffit pour cela d’agiter le stick gauche dans tous les sens pour voir les traits apparaître… Dommage, on aurait aimé un gameplay plus poussé, sur ce point.

C’est mon choix !

On sait que les choix ont toujours été une mécanique importante, dans Life is Strange. Une mécanique qui gagne aujourd’hui en profondeur. Et les développeurs ne se sont pas privés de creuser le sujet en multipliant les « choix moraux » ! Est-ce bien ou pas bien ? Devez-vous piquer l’argent dans le bocal ou non ? Devez-vous voler dans un magasin ? À vous de voir, le jeu vous laisse seul face à votre conscience !

Fait assez drôle, le jeu démarre sur un premier choix moral, qui vous ramène quelques années en arrière. Il vous demande si vous avez déjà joué à Life is Strange, et si oui, quelle a été la fin que vous aviez choisie. Une réponse qui aura une importance un peu plus tard 😉

Ces choix moraux ont cependant une importance capitale sur les rapports entre les deux frères. Puisqu’en tant qu’aîné, vous devez montrer l’exemple. Désormais, devenu figure paternelle, c’est vous qui éduquez Daniel ! Vous pourrez lui apprendre à faire des trucs (des ricochets, lire le balisage en forêt, etc)… Mais votre comportement avec les autres humains aura aussi un impact sur son éducation. Allez-vous en faire un jeune voyou, ou lui montrer le droit chemin ? Vos décisions et vos actes vont déterminer comment Daniel évoluera…

Si vous avez déjà joué à Life is Strange, vous savez que la fin d’un chapitre vous permet de consulter les statistiques mondiales du jeu. Une fenêtre vous liste les différents choix qui se sont présentés à vous, et le pourcentage de réponses pour chaque option. Histoire de voir si vous êtes dans la moyenne ou pas…

Les principaux défauts

Tout d’abord, le jeu pêche parfois par sa réalisation, et l’on sent que les moyens techniques de Dontnod ne sont pas ceux d’Ubisoft ou de Sony. Je ne parle bien évidemment pas ici de la direction artistique (qui est un choix des développeurs), mais de quelques petits bugs qui s’invitent à la fête ! Daniel dont le corps traverse un tronc, en toute détente… Ça fait sourire ! Le moteur est plus performant que celui de LiS1, mais certains bugs sont toujours de la partie.

Et puis, il y a tous ces murs invisibles au bord de la route. C’est bête à dire, mais les panoramas sont tellement splendides que l’on a envie de se balader, d’explorer. Alors certes, ce n’est pas le propos de LiS2… Mais cela crée tout de même une frustration pour le joueur, désormais habitué à explorer des mondes ouverts à tout-va. Il en ressort une aventure qui crie le Born to be wild à tue-tête, mais s’avère au final assez scriptée.

Ensuite, je me dois quand même de vous parler de ces « choix » qui sont censés influer sur l’aventure principale. Ce n’est pas toujours le cas ! Et souvent, les options proposées conduisent à une même conclusion. Quoi que vous fassiez, le résultat sera le même ! Mais attention : cette remarque se base évidemment sur ce premier épisode ! Car on connait Dontnod, et pour le moment, je suis incapable de vous dire si ces choix n’auront pas d’importance sur une situation dans un épisode ultérieur.

Enfin, et c’est une appréciation purement personnelle, j’ai toujours du mal avec ce découpage épisodique. Le scénario de Life is Strange est tellement passionnant, que je me sens hyper-frustré de devoir attendre pour connaître la suite de l’aventure. Je n’en ai pas envie ! C’est la raison pour laquelle j’ai attendu une intégrale pour tester Before the Storm : une fois dedans, je ne veux pas en sortir. Certains ne seront pas gênés par cet aspect… Pour ma part, je compte désormais les jours jusqu’à la sortie du second épisode.

Des easter-eggs à gogo !

Comme ce fut le cas pour le premier épisode, Life is Strange 2 est un jeu qui bâtit son lore en puisant dans la culture populaire. Et les développeurs français se sont amusés à glisser quelques easter-eggs dans l’aventure. Et lorsque le joueur les découvre, il ne peut qu’esquisser un p’tit sourire de satisfaction. Ils sont amenés finement, et démontrent que Dontnod aime glisser des surprises, dans ses jeux, encore plus profonds que l’on ne le pense. Pour le fun, on va donc s’amuser, lors de notre partie, à toutes les chercher. Et il y en a quelques unes, croyez-moi !

Évidemment, il y aura des clins d’œil aux épisodes précédents de Life is Strange (je ne vous dis pas où, je vous laisse chercher un peu)… Mais comme je l’écris plus haut, ces passionnés de développeurs puisent aussi dans la culture pop. J’avoue par exemple avoir rit lorsque les deux frangins font référence aux Claqueurs de The Last of Us… Ou lorsque, sur un mur, on peut lire l’annonce en photo ci-dessus. Une référence à un grand film d’horreur populaire, dont le nom du réalisateur est aussi évoqué dans l’annonce… Avez-vous trouvé de quel film il s’agit ?

Faut-il l'acheter maintenant ou pas ?
J’avoue être assez partagé sur cette question !! Si vous avez aimé Life is Strange et Life is Strange : Before the Storm, vous pouvez foncer sur cette version dématérialisée… Mon hésitation vient tout simplement du fait que, si rien n’a encore été officialisé en ce sens, il serait surprenant que l’intégrale ne soit pas annoncée en version « boite » ! Et un Life is Strange est un jeu que tout fan se doit de posséder en version physique. Ne serait-ce que pour l’édition limitée, généralement proposée à un prix très attractif, et qui propose aussi l’OST du jeu… Personnellement, si une telle version est annoncée pour 2019, je sortirai la carte bleue sans hésiter…

Au final

Inutile de tourner autour du pot : Life is Strange 2, c’est notre coup de coeur du moment ! Graphiquement loin derrière les Triple A qui vous éclatent la rétine à coups d’effets, le bébé de Dontnod devient le meilleur lorsque l’on parle d’écriture, de scénario. Pour vous dire à quel point le jeu m’a touché, je viens de le relancer pour une seconde partie (aussi pour boucler cet épisode à 100%).

Life is Strange, c’est cette série qui tue dans l’œuf tout l’argumentaire des anti-jeux vidéo, basé sur la violence gratuite, l’absence de messages et l’abrutissement des joueurs. Il est impossible de tenir de tels propos après avoir joué à Life is Strange 2 qui, comme ses prédécesseurs, démontre qu’un jeu peut aborder des problématiques matures, nous mettre face à notre conscience… Le tout avec pertinence et intelligence.

Life is Strange 2 est loin d’être le plus beau jeu sur les consoles actuelles. Mais par son propos, par son écriture, par la profondeur de ses personnages… Il est un titre qui va vous bouleverser. Une décharge émotionnelle qui arrachera peut-être même une petite larme aux plus sensibles d’entre vous. Le jeu vidéo est un divertissement ; avec un tel titre, il devient une œuvre d’art !


Life is Strange 2 : Roads (épisode 1)

 

On aime :

  • Graphiquement plus beau et mieux animé
  • Le duo Sean/Daniel hyper attachant
  • Un scénario passionnant
  • Une OST de qualité
  • De l’émotion plus que jamais
  • Des personnages forts
  • Des thèmes graves abordés avec finesse
  • Vos choix qui influent sur l’aventure…

On aime moins :

  • Quelques bugs
  • Des murs invisibles
  • Le découpage épisodique (vivement la suite)
  • … Mais qui n’influent pas toujours tant que ça
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