Devinez quoi ? Notre « homme chauve-souris » préféré, « Batou » pour les intimes, est de retour pour le troisième et dernier volet de la trilogie « Arkham » de Rocksteady. Cette fois-ci sur « new-gen », cet épisode est-il celui qui achèvera la série avec les honneurs et les félicitations du jury ? Réponse avec ce test !

Oh my Goth’

BAK_Sshot001S’il est un jeu que j’attendais depuis des mois, c’est bien ce nouveau Batman. Tandis que les deux premiers « Arkham » (Arkham Asylum et Arkham City), sur la génération précédente, étaient de véritables bombes, l’éditeur Rocksteady annonçait que la trilogie s’achèverait sur la nouvelle génération de consoles.

Ceux parmi vous qui sont fans de la licence auront observé que je parle ici de trilogie, sans évoquer Batman Arkham Origins, sorti sur PS3 en 2013… Tout simplement parce que ce titre, qui n’a pas été développé par les Anglais de Rocksteady (mais par Warner Bros Montréal), n’est pas considéré comme faisant partie de cette série, justement… Fin de parenthèse 😉

Et puis, il y a quelques semaines, Warner Bros Interactive Entertainment lâchait sur la toile un trailer, sur fond de Muse (le titre « Mercy » de l’album Drones) que vous pouvez retrouver en pied de cet article. Une classe énorme, sur fond de spoil : « Voilà comment ça s’est passé… Voilà comment Batman est mort »… Il n’en fallait pas plus pour libérer des litres entiers de bave pour les pauvres joueurs que nous sommes !

Nouvelle génération, donc plus de moyens, plus de technique, plus de liberté, plus d’ampleur aussi ! Votre « terrain de jeu » est plus vaste que jamais, l’Unreal Engine fait des merveilles !

Une ville de Gotham néanmoins toujours aussi sombre, aussi poisseuse, aussi crade, mais sublimée par les graphismes générés par des consoles qui donnent le meilleur. Dans la nuit, sous la pluie, les néons vascillent en éclairant partiellement des tags, des poubelles éventrées. Dans l’air, l’odeur de moisissures se mêle à celle des vapeurs chimiques… Une ville puante mais aussi terriblement irrésistible… Bienvenue à Gotham.

Wayne’s world !

BAK_Sshot077Sur la frise chronologique du Dark Knight, une année s’est écoulée depuis les événements de Arkham City. C’est donc une Gotham libérée du Joker que nous découvrons ici (désolé pour le spoil, inévitable, si vous n’avez pas encore fait le volet précédent).

Gotham outragée, Gotham brisée, Gotham martyrisée, mais Gotham… pas vraiment libérée du crime ! En effet, Double Face, Poison Ivy, Edouard Nigma ou encore Le Pingouin rodent encore dans les rues. Leur but commun, vous vous en doutez : faire passer le Batman ad-patrès.

Mais ces « amateurs » ne sont pas les pires. Car on a longtemps considéré Jonathan Crane comme un être insignifiant, manquant de cran. Pourtant, c’est un plan particulièrement diabolique que prépare celui qui est plus connu comme « L’Epouvantail ».

Il a levé une armée, et projette de répandre sur la ville un gaz neurotoxique ayant pour particularité de vous faire vivre vos plus profonds cauchemars. Et comme si cela ne suffisait pas, il s’est associé à un certain « Arkham Knight ». Sur fond de chaos et dans un climat qui pèse sur le joueur, les deux vilains ont le même rêve : faire en sorte que Batman ne passe pas la nuit…

Je réalise qu’il n’est pas recommandé d’aller plus loin, ici, dans la description du pitch de BAK : en effet, les grandes lignes de la trame principale sont posées dès les deux premières heures de jeu. Et aborder ces éléments consisterait à vous révéler des faits importants de cette passionnante intrigue…

Batmobile, le second rôle du jeu

BAK_Sshot022Bien entendu, Batman est suréquipé en gadgets : nouvelle armure, grappin qui lui permet de se déplacer de toits en toits, bombes, batarangs… On se demande où l’homme chauve-souris range tout ça, puisqu’il les a en permanence sur lui…

Mais le gadget qui a, dans cet épisode, le plus d’importance (c’est peu de le dire), c’est la Batmobile, véritable second-rôle du jeu tant vous allez la voir à l’écran… Il ne lui manque plus que la parole pour qu’elle évince ce pauvre Robin, qui déjà à la base, n’est pas bien présent dans cet opus !

Véritable couteau-suisse polymorphe du justicier masqué, la Batmobile sert à tout… Elle se déplace très vite en pulvérisant tout ce qu’elle touche, elle permet de transporter des passagers (prisonniers, otages…) en toute sécurité, d’une simple pression de la touche L1 elle devient un véhicule blindé aux armes dévastatrices, peut débloquer des passages grâce à son treuil…

Plus anecdotiquement, la Batmobile sait aussi jouer les « filles de l’air », recharger des dispositifs électriques ou encore pister des véhicules grâce à leurs traces de pneus…

En fait, c’est simple ! Dès que vous êtes bloqué, tentez l’option Batmobile, en grimpant dedans ou en prenant son contrôle à distance grâce à sa télécommande… Dans 90% des cas, elle est LA solution !

Sur la route, elle speede, résiste à tout (sauf aux armes lourdes comme les missiles), détruit tout ce qu’elle touche. Bien sur, elle a ses limites : vous ne pouvez pas l’appeler si la route est trop encombrée ou si vous êtes trop loin de la route (en altitude par exemple, c’est logique), et une fois bien lancée, sa jouabilité est parfois plus capricieuse (en poursuites, on se prend assez régulièrement les murs), malgré le fait que l’éditeur ait conçu Gotham et ses rues pour pouvoir servir de terrain de jeu à ce monstrueux bolide…

Bat-puissance !

BAK_Sshot056_announceDans Arkham Knight, le Chevalier noir en impose, dégage une puissance qui devient vite grisante ! Ses gadgets, sa gestuelle, sa présence à l’écran lui donnent une prestance qu’il est jouissif d’incarner !

Lorsqu’il plonge d’un immeuble, par exemple, le fait d’accélérer votre chute avec l’une des touches est dix fois plus grisant que le fameux « saut de la foi » d’Assassin’s Creed.

Dans ce cas de figure, vous n’aurez d’ailleurs pas à gérer la réception : lorsqu’il arrive au sol après une descente de plusieurs dizaines de mètres, le héros se réceptionne automatiquement. Pas possible de vous tuer en tombant, donc.

Lors des combats, Batou enchaîne tellement vite les coups et les adversaires que vous aurez, là aussi, un grand sentiment d’invulnérabilité, bien qu’elle ne soit qu’apparente.

De manière générale, avec tout son arsenal de gadgets, Batman vous donnera l’impression de pouvoir se sortir de n’importe quelle situation avec classe et efficacité.

Mais encore une fois, ce n’est qu’une apparence : s’il est normal que Batman inspire la crainte à ses ennemis, et qu’il soit doté d’équipement qui le rend quasi invincible, n’oubliez pas que vous avez une barre de vie. Vous encaissez des coups, et la mort guette. Autrement dit, pour espérer finir le jeu, ne vous laissez pas griser par ce pouvoir et gardez la tête sur les épaules…

Bat-custom et nouveautés

BAK_Sshot160Autre point intéressant dans ce jeu : la customisation ! Autrement dit, au fil de sa progression, Batou acquiert des points d’expérience. Et comme vous pouvez vous en douter, ces points seront à dispatcher dans un menu permettant d’améliorer vos performances au combat, la solidité de votre armure, vos gadgets, la Batmobile…

Voilà qui va être bien pratique pour mieux appréhender les quelques nouveautés de ce nouvel épisode. Je pense par exemple à la « multi-élimination par intimidation »… Autrement dit, après une phase d’infiltration, vous pouvez vous débarrasser de trois soldats quasi-simultanément grâce à une attaque éclair qui a pour effet de prendre l’adversaire par surprise. Customiser ce point peut vous permettre d’attaquer jusqu’à 5 adversaires…

Mais vous serez fréquemment amené à plonger au coeur d’une simple bataille contre plusieurs adversaires. Effet plutôt sympa, les gardes sont moins passifs qu’avant, et si vous utilisez toujours la même technique pour les mettre à terre, les survivants s’adaptent, et utilisent des répliques qui vous forceront à revoir votre stratégie.

Si vous les faites souvent plier sous un déluge de coups bien sentis, parfois à l’aide de votre arsenal, vous pourrez aussi être parfois amené à utiliser des éléments du décor pour terrasser vos ennemis. Assez anecdotique, mais le rendu est plutôt agréable visuellement.

Autre nouveauté qui attire mon attention : le « dual play ». En effet, lors de combats, vous serez parfois aidé par un coéquipier (Robin, Catwoman ou Nightwing), et en switchant de Batman à « l’autre », vous pourrez enchaîner des coups en duo, assez dévastateurs et visuellement jouissifs. Hélas, si cette nouveauté est très chouette, elle est à mon goût trop sous-exploitée dans le jeu.

Mais les fans-développeurs de Rocksteady n’en oublient pas la vocation première de l’homme chauve-souris qui, avant d’être un super-héros, était un détective masqué, ses gadgets l’aidant avant tout à résoudre des enquêtes… Imaginé par Bob Kane comme un « Sherlock Holmes » des temps modernes.

Repris de Batman : Arkham Origins, cet aspect est bel et bien présent ici. Batman ne fait pas que distribuer des bourre-pifs, il cogite aussi. Et cela se traduit par plusieurs phases de jeu où vous devrez trouver des indices grâce aux vidéos de surveillance, débusquer des indications en espionnant les conversations, résoudre des meurtres… Oracle ne suffira pas, il va vous falloir réfléchir !

Fan-service

BAK_Sshot153Voici un aspect qui est le moteur même de ce jeu : Batman : Arkham Knight est un titre qui a été développé par de vrais amoureux de Batman, pour les fans, dans le plus profond respect de la chauve-souris et de plusieurs générations de comics !

Le titre est soigné, bourré de références, et est un véritable hommage à la licence de DC Comics. Si le doublage français est vraiment très bon (Adrien Antoine, voix officielle de Batman, double Bruce Wayne/Batman), on vous conseillera dans la mesure du possible de jouer en VO, ne serait-ce que pour profiter du prestigieux casting :

Kevin Conroy (voix officielle US de Batman) est Batman, Tara Strong est Harley Quinn, Troy Baker est Double-Face et Noman Earth (Nathan Drake dans Uncharted ou Desmond Miles dans Assassin’s Creed) est le Pingouin. Mais il y a aussi quelques petits nouveaux : Jonathan Banks (Breaking Bad) est James Gordon, Ashley Greene (Twilight) est Barbara Gordon, Scott Porter (Friday Night Lights) est Nightwing, et l’excellentissime John Noble (Fringe, Le Seigneur des Anneaux) est L’Epouvantail !

Différents skins pour Batman et Robin, ou pour Nightwing seront à débloquer. Des skins qui, eux aussi, rendent hommage à la licence et raviront les fans.

Et si le jeu, dont la durée de vie est déjà énorme à la base, ne vous suffit pas, des DLC vous permettront de prolonger l’expérience, en découvrant d’autres aspects très intéressants. Une mention par exemple pour le DLC consacré à Batgirl. ceci dit, le vrai fan n’en manquera rien puisqu’il aura investi dans le season-pass 😉

Au final

BAK_Sshot035Vous l’aurez compris, Batman : Arkham Knight est mon gros coup de coeur du moment. Tout simplement parce que j’attendais beaucoup de ce jeu, et qu’il m’en donne encore plus !

Pour vous aider à comprendre un peu mieux, j’ai franchement aimé la trilogie The Dark Knight, de Christopher Nolan, au cinéma. Pourtant, après avoir joué au jeu vidéo Arkham Knight, elle me semble désormais fade et j’en arriverais presque à penser que ses personnages manquent de consistance (hormis l’excellent Joker du second volet).

Batman représente un univers qui s’est construit sur des décennies de Comics (depuis la fin des années 30), et les développeurs ont réussi la prouesse d’être fidèles à l’oeuvre créée par Bob Kane et Bill Finger. Certaines références ne pourront d’ailleurs être perçues que par les vrais fans, et si vos connaissances ne se limitent qu’aux films, vous risquez de perdre le fil (je pense par exemple à la véritable identité du Arkham Knight).

Servi par une direction artistique à tomber, par un gameplay particulièrement agréable et par un scénario captivant, je persiste et signe : Batman Arkham Knight est une fort belle conclusion pour cette série, le meilleur jeu de super-héros et sans doute le meilleur jeu de l’année !


Verdict

 

BAK_PS4_2D_FRA

Un sérieux prétendant au titre de « meilleur jeu de l’année », tous supports confondus !

18/20

Les + :

  • Des graphismes hallucinants
  • Ambiance sombre, voire chaotique, qui colle à celle de l’univers du « Dark Knight »
  • Fait par de vrais fans, pour les fans de Batman
  • Des ennemis hyper-charismatiques, un casting au top
  • Un scénario passionnant
  • Jeu très accessible
  • Gameplay nerveux
  • Une vrai présence de la Batmobile
  • Du challenge et une bonne durée de vie
  • Rocksteady n’en oublie pas pour autant l’aspect « detective » de Batman.

Les – :

  • Au bout de 2h de jeu, le scénario s’est tellement dévoilé que la suite en devient presque prévisible, à plus forte raison si vous connaissez le Comics par coeur
  • Et les « combats contre les boss », ils sont où ?
  • Le « dual play » sous exploité
  • C’est la fin de la trilogie 🙁

Batman Arkham Knight, par Rocksteady pour Warner Bros Interactive Entertainment, sur Xbox One et PS4. Pegi : 18.