Un bon jeu de courses sur PS4 ? Après le décevant DriveClub, et l’annonce de Kazunori Yamauchi d’un Gran Turismo 7 dans trois ou quatre ans, la console de Sony est hélas dépourvue dans ce domaine ! Mais voilà que se place, sur la ligne de départ, le Project Cars de Bandai-Namco. En prime, le titre développé par Slightly Mad Studios se paye le luxe de redéfinir les règles du jeu… Il est grand temps de tester ce jeu très prometteur !

David contre Goliath

16919820222_c0a6d4d636_hVoilà un intertitre qui résume à lui seul le contexte dans lequel Project Cars a vu le jour.

D’un coté, vous avez le géant Goliath : Gran Turismo et Forza Motorsport, deux titres qui jouissent d’une solide expérience, d’un carnet d’adresses chez les constructeurs long comme le bras, et de budgets pharaoniques pour payer les licences et développer leurs jeux. A eux deux, ils se taillent la part du lion sur le marché des simulations de conduite sur consoles.

En face, si Slightly Mad (Need for Speed Shift) a lui aussi de l’expérience, le studio SMS a choisi de lancer un programme participatif en 2011 pour financer le développement de Project Cars, avec pour objectif de réaliser un jeu par les fans, pour les fans de courses. Plus de 90.000 personnes ont adhéré au projet.

Au commencement… Pas d’argent, pas de licence officielle, pas de banque de données (notamment les modélisations ou les sons moteurs)… Et pourtant, « David » l’a fait : ce mois de mai 2015, après moult reports, le jeu est enfin là ! Project Cars vient de tout en bas, mais se paye une place de choix au sommet de la pyramide !

Coup de pied dans la fourmilière

Project cars (1)Le premier point qui interpelle dans Project Cars, c’est cette volonté délibérée et assumée par les développeurs de bouleverser tous les standards imposés par la concurrence depuis des lustres.

Prenons l’exemple de l’argent ! Chez les concurrents, vous devez engranger des courses et des championnats pour gagner quelques crédits nécessaires à l’achat de nouveaux véhicules. Cela fonctionne ainsi depuis longtemps, donc c’est devenu pour beaucoup de joueurs et de développeurs une normalité.

Et bien, pas dans Project Cars ! Ici, les passionnés ne parlent pas d’argent, c’est vulgaire ! Vous aurez beau chercher sur l’écran de profil, vous ne trouverez aucune indication de « crédits », « euros », « dollars », « simflouzes »… Rien ne s’achète, et même si vous gagnez des courses dans le mode carrière, votre seule récompense sera un gentil mail de félicitations de votre directeur de courses… Ca ne nourrit pas son homme, mais ça fait toujours plaisir !

Autre « normalité » qui passe à la trappe : les voitures qui ne prennent pas une rayure, même après un choc à 200km/h ! « Les constructeurs ne veulent pas donner une mauvaise image de leurs modèles » nous avait-on dit ! Project Cars fait fi de cet aspect, et si vous cumulez trop de sorties de route, vous risquez de franchir la ligne d’arrivée au volant d’une épave !

Project Cars veut être un jeu jouable d’entrée. Il vous épargne donc également les fastidieux examens de permis… Envie de vous poser derrière le volant sitôt la console allumée ? Pour cela, il n’est plus besoin de tenter 227 fois de freiner sur 5,25m en 37 secondes pour décrocher le permis vous autorisant à piloter sur circuit !

Top-model !

Project carsPremière partie… Mon Dieu que c’est beau ! La modélisation des véhicules est un régal pour les yeux, un véritable hommage aux constructeurs.

Sublimes aussi sont les décors (une quarantaine de circuits et leurs variantes), que vous pourrez paramétrer (heure, météo…). La conduite sous le déluge est bluffante, avec des gouttes qui viennent s’écraser sur l’écran. On regrettera néanmoins quelques ralentissements avec des conditions extrêmes et beaucoup de concurrents à l’écran (vous pouvez monter jusqu’à 41 voitures en course).

Différentes vues s’offrent à vos yeux ébahis : si la « vue casque » n’est pas un top de visibilité, on appréciera la vue cockpit, très réaliste avec un tableau de bord ultra-détaillé.

L’ambiance sonore est soft, mais il n’en fallait pas plus pour nous immerger dans le monde des courses : de superbes musiques uniquement dans les menus, en course vous vous contenterez des sons de moteurs très réalistes, et des consignes de votre team passées par radio via le micro de votre manette.

Physique de rêve !

16734033369_2e94068f8f_hAutre atout pour ce Project Cars : les sensations qu’il procure ! Vous n’aimez pas la conduite en mode « bourrin » et préférez la simulation pointue ? Alors Project Cars est fait pour vous !

Si sa jouabilité est réduite au plus simple (R2 pour accélérer, L2 pour freiner et le stick gauche pour se diriger… Et oui, le jeu a été testé à la manette), la maniabilité est un régal, avec une physique des véhicules très fidèle : non seulement vos bolides sont beaux, mais en plus de cela, ils réagissent comme de vraies voitures, encaissent les chocs, on ressent parfaitement le transfert des masses…

Et que dire de l’interaction avec l’environnement ? Là encore, le comportement des voitures est fidèle. Vous allez ressentir la moindre bosse, la moindre irrégularité sur le bitume, sentir votre voiture « partir » lorsque vous roulez sous la pluie ou mordez sur le bas coté. Et je ne vous parle même pas de la sensation de vitesse !

Ajoutez à cela le fait de pouvoir quasiment tout paramétrer sur votre véhicule, et vous obtenez un titre qui se classe parmi les meilleurs simulateurs auto du moment.

Le fan de conduite s’interroge quant à lui sur l’IA. Il a en effet l’habitude de ces adversaires un peu bêtas qui roulent en ligne, à la queue leu-leu, sans jamais sortir de leur rail. Ici, ce n’est plus le cas : vos adversaires ont un comportement réaliste, choisissent différentes trajectoires, font des erreurs et des sorties de route, s’accrochent, cèdent à la pression… Un plaisir !

Mais si l’aspect « pointu » de Project Cars pourrait freiner les novices, ne vous y trompez pas : Bandai-Namco parvient ici à nous proposer un jeu qui soit à la fois accessible aux puristes et aux débutants, qui pourront eux aussi s’éclater dès le début en choisissant l’aide au pilotage et le freinage assisté. Un plaisir pour tous, quel que soit le niveau de conduite !

Trop facile, Emile !

11139432_10206765918165308_2375394075257337017_nJe l’avoue, ce jeu m’enthousiasme particulièrement, et vous l’aurez compris en lisant ces lignes. Pourtant, et dans un soucis d’objectivité, il va bien falloir que je lui trouve des défauts. Pas besoin de chercher longtemps… Je commence par lequel ?

Première déception : le nombre de véhicules ! Si la modélisation des voitures est plus réussie que jamais, il ne faudra compter que sur un peu plus d’une soixantaine de bolides (très axés « course », du kart à la F1, auxquels s’ajouteront quelques DLC). On est loin des 1200 caisses d’un concurrent sur PS3 !

Et toutes ces cylindrées sont disponibles d’entrée ! Ca, c’est ma seconde déception. Galérer à faire 7859 fois la même course avec une Opel Corsa pour gagner les crédits nécessaires à l’obtention d’un GT, c’est très lourd ! Mais c’est ce qui fait toute la saveur de ce type de jeux ! Ici, pas besoin de ramer pendant un demi-siècle : vous pourrez même piloter un proto du Mans dès votre première course si vous le souhaitez !

Certes, Bandai-Namco aime éditer des jeux accessibles à tous. Mais là, n’est-ce pas « tuer » le mode carrière ? Un état de fait qui enterre un peu plus ce mode « carrière » qui est bon, sans être non plus exceptionnel. Vous y incarnez un jeune pilote qui doit faire ses preuves dans les petites catégories pour atteindre les suivantes. Plus tard, vous devrez montrer, trois saisons de suite, qui est le boss en conservant votre titre… Classique !

Deux points noirs assez frustrants pour les fans du genre, mais ne perdons pas de vue que le jeu a été développé avec beaucoup moins de moyens que ses concurrents. ceci explique sans doute cela… Du coup, pour un premier essai, on lui pardonne, en attendant la suite.

Au final

16921101165_fde00101ed_hEn résumé, et pour faire court, Project Cars y va franco là où Gran Turismo (par exemple) avance à petits pas timides. Le titre de Bandai-Namco enfonce les portes et propose enfin ce que les fans de Polyphony réclament depuis des années : de la grosse cylindrée accessible à tous, des caisses qui se détruisent si vous encaissez des chocs, une IA avec un comportement à peu près normal…

Avec des sensations de conduite aux petits oignons et des graphismes fabuleux, Project Cars place la barre très haut !

Pourtant, et paradoxalement, il est un point sur lequel le jeu pêche : les amateurs de Gran Turismo et Forza sont des collectionneurs, et aiment ce challenge et ces parties incessantes pour pouvoir s’offrir des bolides de folie. Hélas ici, le nombre de véhicules se limite à un peu plus d’une soixantaine, tous accessibles d’entrée.

Ce n’est donc pas cet aspect qui va renforcer la durée de vie du titre ! Heureusement, celle-ci devient colossale grâce à un mode « online » digne de ce nom, et quasiment sans bavure !

En voulant faire plaisir à tout le monde, l’éditeur élude le coté « challenge » qui est pourtant le nerf de la guerre dans les jeux de simulation auto. Mais Project Cars aligne tellement de qualités que Gran Turismo et Forza Motorsport vont désormais devoir compter sur un challenger de poids : avec le temps et l’expérience, cette nouvelle licence pourrait leur faire du mal… et pas mal d’ombre !

Project Cars constitue une excellente alternative au prochain Forza sur Xbox One, et comble une (trèèèèès) longue attente sur PS4, en attendant un futur GT7 dans quelques années, et est le meilleur jeu de courses sur la console de Sony. Quant à la Wii-U, les fans du genre attendent fébrilement ce seul et unique jeu du genre sur cette console : si le titre a été reporté, Bandai-Namco nous a confirmé qu’il est toujours d’actu !

Verdict !

Un jeu à la hauteur de nos attentes : magnifique, très ergonomique… La PS4 trouve SON jeu de caisse, la X1 un sérieux concurrent pour le prochain Forza…

Les + :

  • Modélisations de folie
  • Environnements sublimes
  • Comportement réaliste des voitures
  • Une IA qui fait autre chose que suivre des rails invisibles
  • Les dégats en temps réel
  • Des circuits bien connus des fans de sport automobile
  • Une foule de réglages possibles
  • Bande son et effets sonores
  • Météo évolutive et très paramétrable
  • Acessible à tous
  • Un « online » très addictif

Les – :

  • Contenu très faible au regard de la concurrence
  • Tout est débloqué d’entrée
  • Mode « carrière » pas très original
  • La sortie Wii-U décalée

Project Cars, par Slightly Mad Studios pour Bandai-Namco. Sur Xbox One, PC, PlayStation 4, et plus tard sur Wii-U. Pegi : 3.

(Quelques unes des photos d’illustration proviennent de www.flickr.com/photos/projectcarsgame)