Frédérick Raynal ! Ce nom vous dit quelque chose ? Si vous êtes un passionné de la première heure, la réponse est forcément « oui », puisque Frédérick Raynal fait figure de « talent à la française », est le créateur de plusieurs jeux qui ont marqué l’histoire des jeux vidéo.

Parmi eux, je serais tenté de vous citer Little Big Adventure (Adeline Software International) ou encore Alone in the Dark (Infogrames, qui a repris aujourd’hui le nom Atari), deux noms qui, encore aujourd’hui, déclenchent des « waow » d’admiration…

Aujourd’hui, Frédérick Raynal revient au devant de la scène, en tant que game-designer et lead-programmeur de 2Dark, sa dernière création, en cours de développement. Il renoue ainsi à un genre qui lui est cher, le « survival horror », avec un titre qui est bien plus que cela. Qui est-il ? D’où vient-il ? Pourquoi (et comment) tout gamer qui se respecte doit-il soutenir son projet ? Il s’explique…

Frédérick Raynal bonjour. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Bonjour, je suis créateur de jeux vidéo depuis bientôt 30 ans. Mes réalisations les plus connues sont Alone in the Dark 1 et Little Big Adventure (Relentless/Twinsen’s Odyssey) dans les années 1990.

Je crois savoir que la programmation et l’informatique, c’est pour vous une passion qui ne date pas d’hier. Pouvez-vous nous raconter votre premier contact avec cet univers ?

Depuis que je sais lire et écrire, je n’ai cessé de créer des jeux ou jouets pour mes amis. L’apprentissage de l’électronique dans les années 70, puis la découverte de l’informatique au tout début des années 80 ont créé chez moi une passion dévorante pour rendre ludique tout ce qui peut toucher de près ou de loin à ces technologies. Les jeux vidéo sont naturellement devenus ma vie.

Vous auriez pu n’être qu’un « consommateur », un « utilisateur », pourtant, très jeune, vous avez commencé à programmer. Qu’est-ce qui vous a donné cette envie ? Qu’est ce qui a été le « déclic » ?

La création ! Mes premiers jeux ou jouets n’étaient fait que de morceaux de papier, bois ou plastique. Les ordinateurs des années 80 ne faisaient rien du tout quand on les allumait. Ils ne présentaient souvent qu’un curseur clignotant attendant votre intervention comme un défi. Le seul moyen de leur donner vie était de programmer. Dès mes premiers octets de langage machine, j’ai compris que je venais de trouver un outil pour faire des jeux. Une machine à créer qui allait pouvoir en même temps afficher les éléments d’un jeu et en gérer les règles.

Scolarité, formation, puis monde de l’entreprise, quel a été votre parcours ?

Essentiellement autodidacte, en commençant à programmer à 14 ans, pas d’internet et peu de livres traitant d’informatique sauf très technique, j’ai plus travaillé chez moi qu’à l’école. Mon Bac D en poche, j’ai commencé à travailler au magasin de mon père (informatique et location VHS video) pour réparer les ordinateurs des clients et réaliser des émulateurs et serveur Minitel pour les micro-ordinateurs de l’époque, de l’Amstrad 464 jusqu’au PC1512. Puis on a fait « PopCorn » avec mon ami Christophe Lacaze, ce qui nous a emmené à Infogrames en 1989.

Quelles ont été vos plus belles rencontres, ou les plus déterminantes dans ce parcours ?

L’univers des films d’horreur et des joueurs du monde entier.

L’un des jeux qui m’a le plus marqué (sur PlayStation en ce qui me concerne), c’est évidemment Little Big Adventure. Aussi, comme beaucoup de fans de Twinsen, j’ai entendu nombre de rumeurs, parlant d’un éventuel LBA3. Qu’en est-il réellement ? A t-on des raisons d’espérer ?

Il y a déjà le remake de LBA1 sur iOS en Android, on pense à faire la même chose avec LBA2. L’envie de faire LBA3 ne nous a jamais quitté, on en reparle de plus en plus… Il faudrait le bon alignement de nombreuses planètes, on verra après 2Dark maintenant.

A l’évocation de votre nom, on pense également à une autre série emblématique : Alone in the Dark. Aujourd’hui, quand on parle de « survival horror », Alone in the Dark revient comme la référence ayant ouvert les portes de ce genre, un peu comme un « père du Survival Horror ». Partagez-vous cette vision ?

Oui.

Revenons à votre actualité. Vous travaillez actuellement sur un titre nommé 2Dark. Que signifie ce titre ?

🙂 C’est un jeu de mot digne des annèes 1980 qui a plusieurs sens, lisez le comme « to dark » ou « too dark ». Et puis, ça fait « 2D ».

Le jeu sera développé par le studio Gloomywood. Pouvez-vous nous parler de ce studio indépendant ?

Un petit studio « familial » et indé, créé avec Thierry Platon qui fait des jeux vidéo depuis 30 ans également. A suivre sur www.gloomywood.org !

Attendu pour fin 2015, le jeu devrait sortir sur PC et Mac. Et les joueurs « console » dans tout ça ? Peut-on envisager que 2Dark sorte aussi un jour sur consoles, portables ou de salon ? (par exemple sur le Nintendo eShop, le PSN ou le Xbox Live)

Oui. Mais on ne peut pas en dire plus pour l’instant…

On imagine aisément que vous consacrez tout votre temps à 2Dark. Mais pensez vous déjà à l’après-2Dark ? Autrement dit, avez vous d’autres projets ?

Oui. Et même réponse…

Vous passez beaucoup de temps à développer, mais vous reste t-il un peu de temps pour jouer ? Si oui, quel « gamer » êtes vous ? Votre support de prédilection ?

Je ne joue pas beaucoup, créer un jeu demande un temps infini qu’il faut faire rentrer dans quelques mois. Et de toutes manières, la programmation est le meilleur jeu qu’il soit: tous les jours de nouvelles énigmes et puzzles à résoudre et leurs récompenses sont souvent à la hauteur de l’effort !

Un jeu qui vous a marqué ces (un peu plus de) trente dernières années ? Si vous ne deviez retenir qu’un titre ?

Marble Madness !

Les capacités des consoles ou PC actuels représentent-elles de formidables perspectives, ou ne correspondent-elles pas à vos envies du moment ?

Les premiers supports visés sont PC/Mac/Linux. 2Dark a volontairement un look « old school » en 2D mais il a besoin de technologie hardware 3D pour fonctionner. Les capacités de calcul des dernières cartes 3D pourront être mises à contribution…

Pour vous, quel est l’avenir du jeu vidéo ? Si vous pouviez inventer le « petit quelque chose » qui révolutionnerait le jeu vidéo, qu’est ce que ce serait ? Quelle est, selon vous, la prochaine étape dans son évolution ?

C’est déjà en train d’arriver et il y a deux grandes directions : sortir le jeu de l’écran ou y faire entrer le joueur. Et j’ai quelques idées pour la première…


 Pour aller plus loin : 2Dark

2darke

2Dark est le projet sur lequel travaillent actuellement Frédérick Raynal et l’équipe de GloomyWood. Avec ce titre, prévu pour septembre ou octobre 2015, Frédérick revient au Survival Horror. 2Dark mélange plusieurs gameplays : infiltration, action, aventure et gestion d’équipe. Vous y incarnerez Mr Smith, un profiler dont l’objectif va être de sauver le plus d’enfants possible des griffes de divers Serial Killers.

Evidemment, vous devrez affronter chacun de ces psychopathes, l’un après l’autre, dans leur repaire respectif, trouver la sortie, sauver et gérer les enfants apeurés et pas toujours disciplinés, affronter des êtres assoiffés de sang, éviter des pièges… Et, à travers ces différents niveaux, vous découvrirez ce qui terrifie autant la ville de Gloomywood !

Crowfunding : participez !

Pour financer ce projet, et aussi pour garder son indépendance, le studio GloomyWood a lancé une campagne participative (crowfunding) sur Ulule. Autrement dit, vous pouvez participer au financement du développement de 2Dark en apportant une contribution financière, à partir de 10€. L’objectif est de réunir 30.000€. Alors que nous écrivons cet article, il reste 25 jours avant la fin de la campagne, et le studio a déjà réuni 12.937€ (43%). En bonne voie me direz-vous, mais ce n’est pas une raison pour vous relacher !

Comme pour chaque campagne participative, le fait d’apporter votre contribution vous donne accès à des contreparties : ainsi par exemple, pour 10€, vous recevrez une version dématérialisée du jeu et une carte postale dédicacée ; pour 20€, même contenu auquel s’ajoutent les versions alpha et beta du jeu, un accès au forum de design, et votre nom dans la section « remerciements » du jeu… A chaque palier, les cadeaux du palier précédent et un petit plus… Plus votre offre est élevée, plus la contrepartie l’est, et les plus généreux se verront remettre des versions physiques collector du jeu, auront des persos à leur effigie dans leur exemplaire du jeu, voire incarneront le héros dans leur version offerte…

Il vous est possible de suivre l’évolution du jeu sur le blog des développeurs. Toute la démarche et les contreparties sont expliquées sur cette page, alors… Vous savez ce qu’il vous reste à faire 😉

Un grand merci à Frédérick Raynal, GloomyWood, et à Anne-Julie d’Ico Partners 😉