Si elle est moins connue que les Final Fantasy et autres Dragon Quest, la série Ys fait figure de dinosaure du jeu vidéo, puisque c’est dans les années 80 qu’elle est apparue pour la première fois. Après de précédents volets exilés sur consoles portables, cette grande saga est de retour sur consoles de salon. Dernier jeu en date, Ys VIII : Lacrimosa of Dana arrive sur PS4, PS-Vita et… Plus tard sur PC.

La version PC repoussée

À l’écriture de ce test, nous apprenons que la version PC du jeu, prévue initialement pour le 12 septembre, a été repoussée à une date ultérieure. Ce afin d’optimiser cette mouture. Sans plus de précision. Nous reviendrons vers vous lorsque l’éditeur nous communiquera la nouvelle date de sortie de cette version.

Le retour d’Adol

Adol Christin est un peu à la série Ys ce que Link est à The Legend of Zelda. Un héros aventurier, que les fans connaissent désormais bien. Puisque le rouquin revient dans la plupart des épisodes de la saga. C’est donc sans surprise que nous allons le retrouver ici, dans de nouvelles péripéties.

Cette fois, Adol commence son voyage sur un luxueux bateau de croisière, le Lombardie. Il y a été recruté comme agent de sécurité, afin de veiller sur les prestigieux passagers issus de la noblesse locale. Tout aurait pu se passer dans les meilleures conditions si le Lombardie ne s’était pas approché un peu trop près de l’île maudite de Seiren. On raconte que tous les bateaux qui l’approchent coulent, et que leurs passagers disparaissent.

Et devinez quoi ? Plouf, le Lombardie !! Ce poissard d’Adol se réveille sur une mystérieuse plage, seul… Le cadre est plutôt sympa, l’eau turquoise fait autant envie que la verte végétation exotique qui pousse un peu plus loin… L’île serait paradisiaque si elle n’était pas habitée par des monstres.

Adol entreprend donc deux choses : vérifier si d’autres naufragés ont échoué non loin de lui… Et trouver un bon moyen de se casser de l’île… Jusqu’à ce qu’entre en scène une certaine Dana, gardienne du gigantesque arbre qui domine l’île. Cette jolie jeune femme du passé semble être en lien avec Adol, et son histoire vient s’ajouter à l’équation.

Denis Brogniart planqué derrière un palmier

Ce Ys VIII risque de fortement vous surprendre si vous pensiez y retrouver tous les classiques du J-RPG : un méchant qui veut détruire le monde ; un héros qui est en fait l’élu d’une légende ancienne ; des guerres ; ou des complots ; des trahisons… Rien de tout cela, mes amis !

Car Lacrimosa of Dana est en quelque sorte une version J-RPG de Koh-Lanta. OK, j’exagère ! Il n’empêche qu’ici, votre aventure va consister à survivre sur une île déserte ; construire des cabanes ; secourir d’autres naufragés qui vont venir agrandir votre famille de survivants ; trouver à bouffer ; trouver des matériaux ; défourailler des monstres ; explorer l’île ; défendre le village…

Malgré tout, le jeu garde sa forte identité RPG/Exploration. Et si mes précédentes lignes ont pu vous faire penser qu’une dimension « gestion » venait s’ajouter à l’équation, il n’en est rien ! En effet, si je parlais de développer votre village de naufragés, voilà un aspect que vous n’aurez pas à gérer. Puisqu’il suffit de trouver un survivant pour qu’il rejoigne le village, y apportant son expertise. A peine le temps de dire « ouf » que sa petit échoppe sera construite.

Au bout du compte, chacun reste à sa place ! Et en bon petit soldat qu’il est, Adol n’aura finalement pour rôle que de partir en reconnaissance avec son épée. Ou parfois défendre le village d’attaques de monstres, en mode « tower defense » en 3D.

Des combats dynamiques…

Au niveau du gameplay, Ys VIII est un action-RPG qui vous proposera des combats en temps réel (comme dans Zelda ou Secret of Mana). Ici, pas de tour par tour, ni de jauge d’attente ! Le joueur (et ses deux équipiers dirigés par la console) bourrine les ennemis jusqu’à ce que mort s’en suive ! Si, au départ, vous aurez tendance à spammer les coups simples, vous allez vite apprendre à user des Spéciaux dès lors que vous les aurez débloqués.

Vendu ainsi, je me rends bien compte que le jeu pourrait passer comme un gros défouloir pour bourrins. Cependant, il propose quelques petites subtilités intéressantes. Ainsi, chaque ennemi est plus sensible à un élément. Si vous le frappez avec le mauvais, vos coups ne sont pas très efficaces.

A contrario, si vous attaquez avec le bon élément, vous allez faire des ravages, provoquant un état d’étourdissement qui laissera le monstre à votre merci. Une bonne raison de switcher d’un personnage à l’autre (touche carré), chaque membre de votre équipe étant spécialisé dans un élément.

Plutôt malin ! Si ce n’est que… Les différentes mécaniques de combat vont vite vous ramener à la case « bourrin » évoquée plus haut. Car si vous frappez en utilisant le bon élément (celui auquel est sensible le monstre), votre jauge de spécial va se remplir à vitesse grand V. Vous allez donc pouvoir utiliser plus souvent ces techniques dévastatrices.

Et vous allez vite apprendre à préférer le grand nettoyage aux techniques plus subtiles. Au final, hormis quelques boss, les ennemis n’offriront pas une résistance de folie ! Pour vous donner une idée, il m’aura fallu environ une quinzaine d’heures de jeu pour que mon personnage se sente en péril au cours d’un combat, et pour sortir ma première potion régénératrice.

Troc en stock !

Si votre groupe de héros dispose de nombreuses armes customisables, et de nombreux coups… Vous remarquerez que, dans Ys, la compétence « magie' » n’existe pas. Autrement dit, lorsque votre barre de vie se vide, pas question de lancer un sort de soin ! Ici, ça n’existe pas !

Pour se régénérer, il existe donc deux solutions. La première consiste à se planquer, à l’abri, en attendant que votre barre remonte. La seconde vous demandera tout simplement d’utiliser des potions de soins. Mais celles-ci ne poussent pas sur les arbres. Alors, il va falloir les fabriquer.

Et pour distiller une potion… Vous n’aurez rien à faire, en fait, si ce n’est trouver les ressources nécessaires. Que vous confierez ensuite au médecin du village, qui se chargera de votre petit mélange. Mais attention : comme dans Zelda, une potion ne sert à rien si vous ne disposez pas du flacon qui vous servira à la stocker.

En fait, l’une de vos taches principales va consister à ramasser toutes les ressources que vous pourrez. Car celles-ci vous seront très utiles pour construire de nouveaux bâtiments, améliorer vos armes, ou pour fabriquer des objets, concocter des consommables… Vous ne fabriquez rien (ou presque), mais allez devoir troquer à peu près tout ce qui peut être ramassé sur l’île.

Exploration, quand tu nous tiens

Dans Ys, il n’y a pas que les combats. Et en bon naufragé que vous êtes, les phases d’exploration seront pour beaucoup dans le fait que vous vous accrochiez pour aller voir la fin du jeu. Bien que trop discrète à mon goût, l’histoire de Dana contribue elle aussi à vous pousser à terminer le jeu à 100%.

Concrètement, la carotte s’appelle ici « la cartographie » . Autrement dit, l’un des naufragés (je ne vous dirai pas lequel, à vous de le découvrir) va vous demander de cartographier l’île. Voilà de quoi vous motiver pour partir à l’aventure, et découvrir des contrées inexplorées, plus exotiques les unes que les autres !

D’autant que cette carte est plutôt bien fichue ! Elle vous permet en un coup d’oeil de visualiser l’ensemble de la zone, avec ses points d’intérêts et ses nombreux coffres. C’est aussi votre carte qui vous permettra de vous téléporter instantanément d’un point à l’autre de l’île. Pratique pour revenir défendre votre village, lorsque vous êtes à l’autre bout de l’île, dans les phases de « tower defense » que j’évoquais plus haut.

On appréciera aussi la progression logique dans votre exploration. Certaines zones sont inaccessibles car bloquées par des rochers, ou des troncs. Pour les débloquer, vous pouvez solliciter de l’aide de vos villageois. Mais pour dégager tel obstacle, il faut un nombre précis de petites mains. Si vous n’avez pas encore assez d’habitants, il faudra donc revenir plus tard !

Il en résulte une durée de vie honorable. Pour ma part, j’ai mis un peu plus d’une trentaine d’heures pour arriver à la fin du jeu en ligne droite. Mais avec cette furieuse envie de m’y replonger pour le plier à 100%. Et à en croire l’éditeur, il faut compter plus de 60 heures pour cela.

Une technique qui date ?

Ys VIII : Lacrimosa of Dana a d’abord été pensé pour la PS-Vita. Et cela se ressent en jeu ! Bien qu’étant très agréables à regarder, les graphismes ne cassent pas non plus trois pattes à un canard (n’oubliez pas qu’il est sorti il y a un an au Japon). Et vous allez vite sentir les limites de la console portable, elles aussi portées sur PS4.

Je pense par exemple à ces murs invisibles, qui vont vite vous faire renoncer à toute velléité de partir explorer les recoins de ce monde en apparence si vaste. Aussi étendu que soit votre champ de vision, les différents tableaux ne sont que des couloirs. Quoique fourmillant de nombreux passages secrets…

Bien que le jeu soit très coloré, il souffre de textures qui, elles aussi, datent d’une génération. Très variés, les décors manquent parfois de finesse, et tiennent plus de l’affichage Vita que PS4. Et lors de certaines cut-scenes, quelques gros plans vont vous faire oublier que vous êtes sur une PS4.

Enfin, l’affichage est lui aussi loin d’être optimal, avec ici et là des bugs, parfois incompréhensibles. Scintillement, chutes de framerate… Et pas forcément lors de phases qui font souffrir votre console…

Pour sa défense, Ys VIII : Lacrimosa of Dana est fluide, et les transitions entre les différentes zones sont correctes. Nous avons bien des temps de chargement, mais trop rapides pour que vous puissiez lire l’intégralité des textes d’aide qui s’y affichent.

Les joueurs non anglophones apprécieront aussi de constater que, si le jeu propose ses voix en Japonais, les textes sont localisés en VF (un bon point). Mais les férus d’orthographe risquent de bondir sur leur siège, les fenêtres de dialogue ne ratant pas les bonnes occasions de nous glisser une faute d’accord, ou de conjugaison.

Au final

Ys VIII : Lacrimosa of Dana est de ces jeux qui remettent sérieusement en question notre perception de l’oeuvre vidéoludique contemporaine. Un jeu doit-il être absolument parfait techniquement pour être un chef d’oeuvre ?

Car ici, ce n’est pas si évident ! Oui, le jeu date un peu techniquement parlant, et il souffre de problèmes évidents de finition (ou se repose trop sur la version Vita), mais… On s’en fiche ! Car avec ses combats nerveux (mais techniques), son contenu très riche, et cette envie de trouver 100% des secrets de l’île de Seiren… Ys VIII procure un réel plaisir. Celui de la découverte… Ou celui de la progression confortable… À vous de voir.

Toujours est-il qu’Ys VIII : Lacrimosa of Dana constitue une bonne opportunité de se (re)plonger dans un A-RPG à une période qui en est habituellement dépourvue. Un opus qui sonnera comme une expérience très agréable pour les fans de la série (dernièrement cantonnés aux versions portables) ; ou comme une belle opportunité de découvrir la série, pour les néophytes.


Ys VIII : Lacrimosa of Dana

Par Nihon Falcom, pour Nis America. Sur PS4 et PS-Vita. Ultérieurement sur PC. PEGI : 12.

 

Les + :

  • Les combats clairs, nerveux… et aussi stratégiques
  • Des tonnes de secrets à trouver
  • Le village de naufragés
  • Une flopée de quêtes annexes
  • La cartographie bien pensée
  • La bande-originale
  • La localisation VF
  • Les voix en japonais
  • les cinématiques en dessin animé
  • Le jeu tourne en 60fps
  • Le jeu vous pousse à aller chercher le 100%

Les – :

  • Une technique parfois datée
  • Les murs invisibles
  • Dana trop en retrait
  • Scénario qui retombe vite dans le classique
  • Des fautes d’orthographe
 .