L’ami Link revient ce mois-ci sur 3DS, dans un titre qui fait clairement la part-belle au jeu collectif. The Legend of Zelda : Triforce Heroes vous permet en effet de jouer en solo, mais c’est nettement meilleur à trois… Comme dans une vieille pub pour du chocolat : « le nouveau Zelda est trois fois plus crémeux… le nouveau Zelda est trois fois plus crémeux… le nouveau Zelda est trois fois plus crémeux !!! »
Le retour du Zelda en multi
Il y a quelques années, en 2002, Nintendo avait édité un curieux « Four Swords », en bonus sur la cartouche GameBoy Advance de A Link to the Past (réédité ensuite sur DSi Ware). Curieux car le titre tranchait complètement avec les opus précédents, en offrant un gameplay original, basé sur le multijoueurs.
Autrement dit, il n’était pas jouable en solo, et pour parcourir l’aventure, il vous fallait réunir des amis (et leur console). Une originalité qui aura pu se poser comme un frein pour certains, mais qui avait été reconduite quelques années plus tard sur GameCube avec « Four Swords Adventure ».
Le mode « multijoueurs en local » revient ce mois-ci, pour ce qui est déjà le quatrième jeu The Legend of Zelda sur 3DS ! (si si, je vous jure : Ocarina of Time 3D, A Link Between Words, Majora’s Mask 3D, et donc Triforce Heroes). Pour cet épisode, la direction artistique reprend l’aspect « cartoon » et tout « mimi » de The Windwaker.
« Le jeu en multi, c’est bien, mais ça coûte cher », me direz-vous… Je vous ferai alors remarquer que, le premier bon point de ce titre, est qu’il est jouable à trois avec une seule cartouche !
The Legend of Christina Cordula
Je pense que l’on peut dire que Triforce Heroes est l’épisode de Zelda qui offre le scénario le plus WTF de la série ! (si l’on fait exception du spin-off » Freshly-Picked : Tingle’s Rosy Rupeeland » sur DS). Vraisemblablement, la bonne fée Cordula s’est penchée sur le berceau des scénaristes… Et Link, ma chériiiiiie, il a plutôt une silhouette en H ou en V ?
Tout commence dans le château d’Estoffe. La capitale d’un royaume qui ne jure que par la mode. Ici, tout bon citoyen se doit d’être classe, de porter les vêtements les plus beaux, les plus seyants (rien à voir avec DragonBall Z).
Oui mais voilà : un jour, une affreuse sorcière décide de s’en prendre directement à la princesse Mousseline (purée !!) en lui jetant un maléfice ! Terminé les jolies robes ! Désormais, Mousseline portera un collant maudit, hyper-moulant et pas franchement très glamour !
Humiliée, la Princesse décide de s’enfermer dans sa chambre et de ne plus en sortir. Son père décide quant à lui de recruter un héros, afin de lever la malédiction en triomphant de la méchante sorcière…
Sitôt l’intro passée, vous allez vite décrocher de ce scénario étrange, pour vous plonger à proprement parler dans l’aventure…
Mais ne pensez pas pour autant être libéré de l’influence de Christina… Vous allez manger de la mode à gogo, ne serait-ce que par des passages obligés en boutique, afin de fabriquer de nouvelles tenues (assez sympas pour la plupart).
Ménage à trois
Une aventure que vous pourrez plier de deux manières différentes !
Premier cas de figure : une passion trop dévorante pour la chaîne parlementaire et les jeux vidéo fait que vous n’avez pas d’amis… Vous pourrez donc jouer seul. Vous serez alors accompagné, dans les niveaux, par deux pantins, amenés par magie à la vie. Et dans les passages exigeant la manipulation des trois héros, vous switcherez de l’un à l’autre à l’aide de l’écran tactile de la console.
Second cas de figure : votre passion dévorante pour The Legend of Zelda fait que, à contrario, vous avez un nombre incalculable d’amis. Après avoir organisé une véritable « battle royale » dans votre chambre pour ne garder que les deux meilleurs d’entre-eux (les survivants), vous pourrez vous lancer dans cette nouvelle aventure à trois !
Notez au passage que, dans ce cas; si trois consoles sont nécessaires pour jouer en local (en même temps, c’est logique, et plus pratique quand on y pense), il ne vous faudra en revanche qu’une seule cartouche du jeu pour vous éclater. L’aventure est également jouable en ligne (vous communiquez avec des émoticones), mais les serveurs ne m’ont hélas pas permis de faire un test de cet aspect…
Attention cependant : si vous pouvez jouer en solo ou à trois en multi-local, il est parfaitement impossible de ne jouer qu’à deux !
La couleur d’un Zelda ?
Estampillé « Zelda », le jeu en reprend tous les codes, à commencer par les énigmes, que vous devrez résoudre à coups d’épée, d’arc ou de marteau. Vous retrouverez tous les ingrédients du jeu : les rubis, la p’tite musique des coffres, la tunique de héros verte de Link, les fées qui vous redonnent de la vie…
L’environnement qui nous est proposé ici est très limité : le château d’Estoffe (deux destination : le mode aventure ou l’arène pour jouer en versus) et le village composé de plein de portes fermées, et de deux boutiques. Dans la première, vous passerez à la cabine d’essayage pour enfiler de nouvelles tenues, à acheter ou à crafter à l’aide de matériaux obtenus dans le jeu.
La seconde échoppe vous permet de trouver un nouvel objet par jour, ou d’acheter des matériaux utiles pour créer de nouvelles tenues. Un peu plus tard dans le jeu, une troisième option vous permettra de partager vos photos via le Miiverse…
Vous l’aurez compris : pas d’aventure ni d’exploration dans ce Zelda… Vous naviguerez entre le village, le château, et les niveaux à terminer (huit contrées)…
Gagnez de la hauteur
Déstabilisant également, le fait que vous ne disposiez pas d’un inventaire comme dans tout autre Zelda : ici, vous choisissez un objet secondaire avant de partir à l’aventure, et devrez le garder jusqu’à la fin du niveau : bombes, arc, gant de feu ou baguette de pluie… Les classiques côtoient de nouveaux items, vous conférant des pouvoirs adaptés aux donjons à thème.
Les énigmes s’avèrent assez retors, et vous devrez mettre vos cellules grises à contribution. Si vous connaissez maintenant le fonctionnement des interrupteurs propres à la série, le jeu gagne ici en verticalité : vous devrez circuler sur des plate-formes à différentes hauteurs, et la clé sera souvent de former un « totem » avec vos deux complices pour atteindre des zones inaccessibles de prime abord (pour tirer sur des cibles en hauteur, ou pour lancer vos amis sur des plateaux inaccessibles seul).
Si le relief est parfois difficile à percevoir en 2D, la touche 3D de votre console vous sera souvent d’une grande aide. Vous risquez donc de galérer si vous jouez sur une 2DS (déjà que la console vous prive de mode online… ne comptez pas non plus sur le relief !)
Autant le dire : si le jeu en multi local, bien qu’il demande une bonne coordination, est agréable, le jeu en solo s’avère fastidieux sur la durée (même si vous deux pantins inactifs sont invincibles tant que vous ne les jouez pas). La nécessité de switcher d’un perso à l’autre devient vite rébarbative.
Au chapitre des petits défauts du jeu, on pourrait aussi parler des fées (vous disposez de trois de ces créatures en début de partie), qui viennent cheater le jeu ! Elles peuvent en effet servir, en échange de récompenses qui vous seront retirées à la fin du niveau, à passer un stage sur lequel vous butez. Une aide que nous vous conseillons d’utiliser avec parcimonie, car elle peut vous gâcher le plaisir…
Si l’aventure se termine assez rapidement, elle est considérablement rallongée par les défis spéciaux : une fois un donjon terminé, vous pouvez le refaire en vous infligeant des handicaps (dans le noir, temps limité, etc)… Plus hardu, mais avec de belles récompenses à la clé.
Au final
Ce nouvel opus est clairement ce que je qualifierais de « Zelda Cour de récré »… Comprenez par là que, par son coté décalé, voire franchement délirant, nous sommes loin des aventures épiques traversées dans un Twilight Princess, Ocarina of Time, voire dans un « Windwaker » qui, malgré sa direction artistique « toonesque », nous faisait voyager dans un monde plein de féerie.
Hyper coloré, une direction artistique très enfantine (QUI a prononcé le mot « girly » ? Ne faites pas les innocents, je vous ai entendu !), et un scénario franchement WTF… Ne vous fiez pas aux apparences… L’aventure offre une durée de vie plus que correcte, avec des énigmes bien retors, et se révèle passionnante, en solo ou à trois.
Très clairement, si l’éditeur s’éloigne de la dimension épique de la licence, c’est pour mieux se concentrer sur l’aspect « énigmes » de The Legend of Zelda. Idéal pour débuter la série, le titre pourrait cependant plaire aussi aux fans… A essayer, en tout cas, surtout si vous avez deux amis envieux de se lancer avec vous dans un « mini MMO local sur 3DS » (oui je sais : c’est antinomique 😉
Verdict
Un « Zelda » hors-normes, mais néanmoins très intéressant, à plus forte raison si vous aimez les parties en multi…
15/20
Les + :
- Jouable à trois avec une seule cartouche
- Le style « cartoon » tout mimi
- Des donjons bien retors
- Les costumes à débloquer et à crafter
- Les donjons offrent des environnements sympas et variés
- Présence d’un versus (arène)
- Grosse durée de vie (difficulté honnête et nombreuses missions)
- Le « totem » offre de la verticalité aux niveaux
- Traduction bonne dans l’ensemble
- Les défis annexes
Les – :
- Je ne veux pas savoir dans quelles substances les scénaristes ont puisé leur inspiration !
- C’est un ou trois joueurs… Mais à deux c’est impossible !
- Un seul fichier de sauvegarde
- Pour le jeu en ligne, les serveurs étaient très instables, le jeu décrochait une fois sur deux
- Les fées gâchent un peu le plaisir
The Legend of Zelda : Triforce Heroes, par Nintendo, sur 3DS (et 2DS et New 3DS). Pegi : 7.