L’an passé, Codemasters nous avait surpris avec un F1 2016 vraiment très réussi. Un an plus tard, nous avons deux possibilités : soit le développeur se surpasse et nous propose un F1 2017 encore mieux ; soit il ne propose qu’une repompe, mise à jour, de niveau égal (voire pire). Alors, à votre avis ?

Calendrier chargé, gros enjeu pour F1 2017

Cette année, on peut le dire, le nouvel opus consacré au championnat officiel de Formule 1 va devoir se retrousser les manches ! Car dans le petit monde des jeux de courses, si l’édition 2016 (lire aussi notre test) arrivait sur un boulevard bien dégagé, ce n’est plus le cas cette année !

Car dans les trois prochains mois, trois mastodontes du sport automobile virtuel vont arriver, et peser très lourdement dans le choix des joueurs ! Project Cars 2 le 22 septembre (par Bandai-Namco et Slightly Mad), Gran Turismo Sport (Polyphony) le 18 octobre… Et Forza 7 (Turn 10 et Microsoft Studio) le 3 novembre. On peut aussi compter un quatrième mousquetaire, à savoir WRC7 (BigBen et Kylotonn) pour mi-septembre.

Vous saisissez l’enjeu ? A la moindre sortie de route, le succès de F1 2017 ne durera que quelques semaines, avant d’être effacé par un concurrent. Certes, me direz-vous, on ne parle pas des mêmes disciplines (bien que la F1 soit présente dans plusieurs des jeux cités plus haut)… Mais on parle tout de même de moteurs, de courses… Et de joueurs passionnés qui n’auront peut être pas les moyens d’acheter tous ces jeux.

Mais je ne vais pas faire durer le suspens plus longtemps ! Comme nous allons le voir, F1 2017 mérite amplement sa place parmi les meilleurs jeux de courses. Un jeu qui va vous permettre de prendre part à une saison dans laquelle vous ne trouverez pas moins de quatre champions du Monde : Hamilton, Vettel, Alonso et Räikkönen.

Dans le grand bain

Après une intro assez classieuse, sur fond de « Born to be wild » , la page d’accueil du jeu laisse apparaître un menu assez copieux. Nous allons y retrouver les classiques « Grand Prix » , « Championnat » , « Multijoueur«  (online seulement), ou « Contre la Montre » . Notez qu’une petite nouveauté, le mode « Epreuve » vous propose de relever des défis rétros, ce qui aura pour effet de booster la durée de vie du jeu.

Mais le mode qui va nous intéresser plus particulièrement est le mode « Carrière » . Créez votre avatar (homme ou femme), choisissez un casque, et signez avec une écurie… Et c’est parti pour la grande aventure. Place à la découverte avec des sessions d’entraînement (passer des portes sur le circuit, apprenez à gérer vos pneux, vos passages au stand…). Et puis, vient le premier week-end du championnat, à Melbourne. Essais, qualifs… Et enfin course, avec l’obligation de faire vos preuves. Pour le moment, vous êtes le numéro 2 de l’équipe, mais cela peut changer si vous prenez le dessus sur votre coéquipier.

Marquez des points !

Dans ce mode, on appréciera le soin particulier apporté à la progression de votre personnage. Chaque succès vous permet de gagner de l’expérience, donc de monter votre niveau. De même, des points de ressources seront à glaner, pour améliorer différents aspects de votre voiture (bloc moteur, chassis, durabilité, aérodynamique). Sur l’arbre de développement (D&R comme Développement et Recherche), 115 points seront à améliorer.

En jeu, on appréciera les superbes graphismes qui s’affichent en 1080p, avec un soucis du détail qui frôle la perfection, à l’aileron près. Au niveau des sons, les moteurs reproduisent fidèlement ceux des modèles originaux, qu’il s’agisse des bolides actuels ou des classiques que vous pourrez distinguer à la douce mélopée de leurs cylindres. Et malgré ces décibels, les commentaires de votre ingénieur (sur la TV ou via le micro de la manette) resteront parfaitement audibles.

Je ne l’ai pas précisé, mais le jeu est évidemment sous licence officielle du championnat du monde FIA de Formule 1. Ce qui implique que vous trouverez les pilotes officiels, les voitures officielles (10 écuries), et tous les tracés du championnat. Même les sponsors répondent quasiment tous à l’appel. Et lorsque ce n’est pas le cas, vous apercevrez dans le décor une banderole ou un logo « F1 2017 ».

Rien ne sert de courir, il faut régler à point !

Cette partie de mon test risque de beaucoup ressembler à celui de F1 2016. Car s’il faut vous parler de la technicité du titre, je risque de répéter des choses déjà développées avec la précédente version.

Car dans F1 2017, comme avec son prédécesseur, la clé de la victoire tient en deux temps. Ici, une course ne se résume pas uniquement à appuyer sur l’accélérateur et négocier ses virages. Le secret de votre victoire sera en (très) grande partie due à vos capacités à régler votre voiture aux petits oignons.

Aussi, calmez vos ardeurs et ne foncez pas directement courir le grand prix ! Car pour gagner, vous ne pourrez pas passer à côté des séances d’essai (je ne parle pas des qualifs). Elles sont capitales pour que vous appreniez à « sentir » la voiture. Ou à voir ce qu’il faudra améliorer, quels pneus vous correspondent, comment régler votre bolide pour qu’il soit le plus optimisé possible.

Dans F1 2017, même en étant un bon pilote, il est difficile de remonter au dessus de la 6e place si vous n’avez pas réglé correctement votre voiture. Et il est évident que ces bidouilles changent d’un circuit à l’autre, et en fonction des conditions météo !

Un jeu punitif

Mais la course reste néanmoins un point fort du jeu. Les puristes hardcore seront aux anges, les amateurs de pilotage « arcade » risquent de décrocher très rapidement tant le jeu s’avère technique, pour ne pas dire extrêmement punitif !

Ici, le règlement est respecté au pied de la lettre. Et même un mauvais choix de réglage ou d’élément de la voiture peut vous voir écoper d’une pénalité. La moindre sortie de route se solde par une pénalité de temps, y compris si vous coupez les vibreurs d’un virage de 3 centimètres. Et je ne parle même pas du fait de frotter la rambarde, qui décroche quasi-systématiquement votre roue de son essieu (donc abandon). Les commissaires de courses scrutent la moindre de vos erreurs, et ne laissent rien passer !

Si, en course, les règles peuvent vous paraître draconiennes, la situation se complique avec trois situations bien précises, qui vont mettre vos nerfs à rude épreuve. Trouver le bon rythme, la bonne vitesse, tout en conservant votre position, mais avec la punition à la moindre erreur… C’est ce qui vous attend pendant le tour de chauffe, lors de vos passages au stand (apprenez à bien utiliser le limitateur de vitesse), ou lorsque le safety-car entre en piste.

Des aides

Bien entendu, il est possible de « faciliter » le jeu en activant de nombreuses aides au pilotage, ou en désactivant les dégâts et en jouant contre une IA à son niveau le plus bas… Mais même dans ce cas, le challenge reste épicé. Enfin, la fonction « flashback » s’avèrera trop souvent salvatrice après un crash. Elle permet de « rembobiner » l’action de quelques minutes, pour retenter votre chance et éviter un abandon certain.

Un gros mieux pour l’IA

La version 2016 pêchait par son IA surcheatée, qui suivait sa route coûte que coûte. Et vous tamponnait violemment si vous vous trouviez au mauvais endroit. Et tel un tank, elle vous défonçait littéralement. Puis poursuivait sa course comme si de rien n’était, vous laissant dans le gravier, une roue en moins.

Avec F1 2017, Codemasters a revu sa copie, et nous propose une IA beaucoup plus cohérente. A commencer par le fait qu’elle fait maintenant des erreurs. Voir deux adversaires se tamponner devant vous, ou voir un pilote partir contre une rambarde ajoute encore plus de crédibilité au jeu, renforce l’immersion.

Ce qui ne signifie pas qu’il n’y aura pas de contact. Puisque vos adversaires sont tout de même là pour défendre leur position, et le feront quoi qu’il en soit. Avec, il m’a semblé, des réactions qui peuvent différer d’un pilote à l’autre, ou en fonction de la configuration de la piste. Certains vous fermeront la porte dans les virages, d’autres préféreront jouer la carte de l’évitement.

Il y a donc un gros « mieux » concernant les pilotes contrôlés par l’IA, c’est certain. Il n’empêche que les commissaires m’ont semblé être toujours aussi partiaux, punissant plus sévèrement vos erreurs que celles des autres. Mais ce n’est peut-être qu’une impression.

De vraies nouveautés ou simple mise à jour ?

Lorsque l’on joue dans la catégorie « jeux de sport », et que l’on sort une nouvelle édition chaque année, on ne peut éviter le syndrome des éditions qui se suivent et se ressemblent (coucou Fifa et consors). Et qui font que la nouvelle édition chasse la précédente d’un revers, reléguant des centaines de CD chez les vendeurs d’occase… Qui n’ont d’autre solution que de les brader à moins de 5 euros pour s’en débarrasser.

On voudra donc savoir ici si ce F1 2017 n’est qu’une simple mise à jour du 2016 (avec un plateau réactualisé) ? Ou s’il propose suffisamment de nouveautés pour justifier que le fan doive sortir 60€ s’il possède déjà l’édition précédente ? Et je vous rassure : la réponse est « oui » !

A commencer par le point sur lequel Codemasters n’a eu de cesse de communiquer ces derniers mois, dévoilant fréquemment de nouvelles vidéos sur le sujet : les voitures « classiques » ! Enfin ! Codemasters fait plaisir aux fans de F1 en leur proposant douze bolides du temps passé (entre 1988 et 2010), jouables dans tous les modes du jeu. Alors, certes le nombre n’est pas énorme, mais le choix de l’éditeur s’est porté sur une sélection qui a vraiment marqué l’histoire de la F1 ! Williams FW14B de 1992, Ferrari F2002, McLaren MP4-23, Red Bull RB6, Renault R26 de 2006… Mythique !

Beaucoup plus de libertés

Seconde nouveauté très intéressante : si la licence se cantonnait autrefois aux circuits officiels du championnat, elle s’offre cette année quelques libertés. En nous proposant des alternatives aux 20 circuits officiels. Quatre versions courtes de circuits emblématiques (Silverstone, USA, Bahreïn et Japon)… Et même un très classieux Monaco de nuit, du plus bel effet.

On aime aussi la possibilité de créer ses propres épreuves (ou championnats). En définissant de A à Z les différentes conditions de course. Zéro dégâts lors d’une course à Silverstone au soleil couchant, ou course sous la pluie à Monaco en pleine nuit… Tout est possible !

On constate aussi du changement lors des essais, avec deux programmes de plus que l’an passé. Dans F1 2016, vous pouviez suivre trois programmes d’essais : reconnaissance, sprinter et gestion des pneus. Ils sont toujours là, mais complétés cette année par « économie de carburant » et « gestion de course » . Ce dernier point est essentiel, car le logiciel va alors calculer (en faisant une moyenne sur cinq tours), en fonction de votre consommation de carbu et usure des pneus, la meilleure stratégie à adopter.

Le point qui peut surprendre, mais qui est très plaisant, est le fait qu’en mode « carrière », vous pourrez choisir d’incarner une femme ! Surprenant tant la F1 reste un milieu ultra-machiste. Certains y verront une obligation marketing pour l’éditeur, afin de séduire un plus large public… Ou que Codemasters est un éditeur en avance sur son temps.

Je tique un peu

Finalement, ils sont rares. Pourtant, plusieurs points m’ont fait tiquer sur F1 2017, m’empêchant de lui donner la note ultime. Et c’est ce que nous allons voir maintenant.

A commencer par les graphismes. S’ils sont superbes, avec un affichage en 1080p qui claque énormément et vous flatte la rétine, certains passages ne peuvent pas en dire autant. Ainsi, le jeu galère beaucoup plus lorsqu’il s’agit d’afficher une course nocturne, ou sous la pluie (aliasing et popping). Certaines textures vous sembleront plus crades. Les persos font parfois toujours aussi artificiels.

Si l’ajout des voitures classiques est un plus vraiment jouissif, il suscite aussi une énorme frustration, à mon sens. Ainsi, je regrette énormément de devoir piloter ces engins avec le pilote créé pour le mode carrière. J’avoue être frustré de ne pouvoir jouer avec Nigel Mansell, Mika Hakkinen, Michael Schumacher, Jean Alesi ou Fernando Alonso dans sa jolie tenue bleu et jaune. Si les pilotes officiels de la saison 2017 sont là, les « anciens » manquent… Mais la question des droits a sans doute pesé dans la balance.

Enfin, et cela semble être un choix délibéré de Codemasters depuis quelques jeux maintenant, il est regrettable de ne pas trouver de multijoueur en local. Certes, le mode online est bien servi (matchmaking public, championnat en ligne ou partie personnalisée)… Mais il vous sera impossible d’affronter un ami, installé à coté de vous, sur le même écran. Ce qui prive F1 2017 d’une convivialité qui n’aurait pas été de refus.

Au final

Ne faisons pas durer le suspense plus longtemps ! A mon sens, F1 2017 est tout simplement le meilleur jeu de formule 1 ! Peut-être le jeu se positionne t-il comme l’un des meilleurs jeux de courses du moment ? On en reparlera lorsque les autres titres seront sortis.

Mais attention à bien faire le distingo entre deux profils de joueurs, dont les avis pourront diverger. Le joueur « arcade » qui cherche un jeu de course fun, et facile à prendre en main décrochera très vite, pour passer à autre chose. Il trouvera en effet F1 2017 trop difficile, trop technique et certainement horriblement punitif.

Cependant, pour le féru de simulation et de réalisme extrême, F1 2017 est un pur régal. Les sensations de vitesse sont incroyables, les graphismes sublimes… Et le jeu de Codemasters offre un double challenge ! A la fois sur la piste, et dans les paddocks, le nez dans le moteur à chercher les réglages idéaux. La perfection étant le seul moyen de finir sur le podium, tant pour les réglages que sur les circuits.

Mieux que F1 2016 ?

Reste à répondre à la question « faut-il acheter F1 2017 si l’on possède F1 2016 ? » Très bonne question Jean-Louis ! Et si, en temps normal, je vous aurais répondu « non » , le paragraphe consacré aux nouveautés justifie à lui-seul l’achat de ce soft. Qui est décidément beaucoup plus qu’une simple mise à jour du plateau.

Rien que pour le plaisir de conduire les « classiques » ou de pouvoir se frotter à une IA beaucoup plus cohérente… F1 2017 est une franche réussite, qui justifie de revendre son prédécesseur pour acquérir cette nouvelle mouture. A voir maintenant si vous êtes prêts à lâcher dès maintenant 60€ (ou 70€ selon les revendeurs) pour piloter la McLaren MP4-23 !


F1 2017

Par Codemasters, sur PS4, Xbox One et PC. Distribué par Koch Media. PEGI : 3. Disponible depuis le 25 août.

 

Les + :

  • Graphismes superbes
  • Les sons « moteurs » sont très réussis
  • Toute la saison, mais bien plus encore
  • Une technicité encore plus poussée et complète
  • Sensations de vitesse grisantes
  • L’IA au top ?
  • Tout en français, textes et dialogues
  • Pouvoir incarner une femme pilote
  • Les douze voitures « classiques »
  • Durée de vie énorme

Les – :

  • Parfois quelques bugs d’affichage
  • Pourquoi pas les pilotes qui vont avec les classiques ?
  • Difficulté punitive qui en rebutera certains : la moindre erreur se paie cash
  • Absence de multi en local
  • Votre PS4 qui passe en mode soufflerie dès que vous lancez une course
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