Par ses artworks, ses teintes pastel, et par les nombreuses vidéos lâchées par l’éditeur avant la sortie du jeu, Blue Reflection ne nous prend pas en traîtres ! Ce J-RPG signé Gust (la série Atelier) s’oriente clairement vers le sexe féminin, ou les nostalgiques des Magical Girls.

Pampelilu… Pouvoirs magiques !

Ah, les dessins animés de mon enfance ! Sans vouloir faire dans la nostalgie « que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître » , nous avions à l’époque deux options ! Les garçons scotchaient devant les shônen comme Saint-Seiya ou Dragon Ball Z… Et les filles attendaient fébrilement le nouvel épisode de Juliette Je t’Aime

Doit-on comprendre que les filles n’avaient pas le droit aux dessins animés d’action ? Et bien… Non ! Et le Club Dorothée, comme la chaîne La Cinq, ont permis de découvrir un nouveau genre. Toujours pour les filles, mais avec des combats, des méchants, et des super-pouvoirs… C’était l’ère des Magical Girls, emmenées par Gigi, Creamy ou par l’indémodable Sailor Moon.

Dans ces séries, une fille totalement banale pouvait, à l’aide d’un artefact (une baguette magique, un micro, un pendentif…) se transformer. Après une séquence plus ou moins… sexy (oui, à l’époque, cet aspect marquait aussi les garçons), la jeune héroïne se retrouvait transformée, et affublée de pouvoirs !

Pourquoi cette séquence nostalgie, me demanderez-vous ? Et bien tout simplement parce que c’est l’ambiance que nous allons retrouver dans Blue Reflection, le dernier J-RPG de Gust. L’éditeur à qui l’on doit déjà la girly série Atelier.

La cloche a sonné

Dans Blue Reflection, vous allez faire la connaissance de Hinako Shirai, une lycéenne qui rêvait autrefois de devenir une grande danseuse classique. Jusqu’à ce qu’un accident ne brise ses rêves (en même temps que sa jambe). Aujourd’hui, Hinako s’est renfermée sur elle-même, devant vivre avec son handicap, en errant comme une âme en peine.

Mais un jour, dans les couloirs du lycée de filles d’Hoshinomiya, Hinako croise une vieille connaissance, Sanae, qui semble possédée par une étrange aura. Hinako se retrouve mystérieusement téléportée dans un monde parallèle, faisant face à une étrange créature qui ne lui veut pas que du bien… Pour s’en défaire, une voix lui recommande de réaliser ses rêves en utilisant la bague qui est étrangement apparue à son doigt.

Hinako se transforme alors. Nouvelle tenue, mais aussi nouveau look (elle devient blonde, avec des yeux vairons). Mais surtout, sous cette forme, son handicap a disparu. Affublée de nouveaux pouvoirs, Hinako ne met pas très longtemps à se débarrasser de son ennemi.

Délivrer les âmes perdues

Revenue dans le monde réel, la jeune lycéenne découvre vite qu’elle n’est pas la seule à posséder ce pouvoir. Deux de ses camarades de classe (Yuzu et Lime), possédant aussi la même bague, lui révèlent qu’elle est désormais devenue une Reflector. Sa mission sera donc, avec ses amies, de délivrer les âmes possédées de ses camarades en pénétrant dans le monde parallèle qu’elle a pu découvrir auparavant. Celui-ci est appelé le Common, et est en réalité la représentation de la conscience collective. Mais le Common semble corrompu par des entités appelées Genshus.

Le jeu va se partager en deux parties bien distinctes. D’une part, nous aurons donc le monde réel, avec un gameplay qui s’apparente à du graphic-novel (avec beaucoup de texte, et en anglais : très abordable, mais les anglophobes pourraient être rebutés). D’autre part, dans le Common, le jeu retrouve un fonctionnement très RPG.

Un effet « waow » dès les premiers instants

Si je ne puis m’empêcher de comparer Blue Reflection et la série Atelier (l’autre grosse licence de Gust), il y a une raison ! Car par sa direction artistique, le jeu est signé ! Il suffit de voir les toutes premières images pour comprendre que nous avons affaire au même studio. Mêmes teintes pastelles, même design, même ambiance naïve… Pas de doute, c’est bien un jeu Gust. Et un très bon, en plus !

Car oui, le jeu est magnifique et vous flatte la rétine dès les premiers instants. C’est joli et très coloré, les effets de lumière sont réussis, la modélisation met les corps en valeur… Et ce que vous soyez dans le monde réel ou dans l’onirique Common. C’est simple : ma chère et tendre me faisait remarquer qu’elle avait tout simplement l’impression de regarder un anime… Avant de se raviser et de m’avouer qu’elle aimerait que la licence soit déclinée en série animée…

Mel Kishida aux manettes

Le chara-design est signé par Mel Kishida. Cet illustrateur a déjà opéré sur les animes Sound of the Sky, Hanasaku Iroha, Heaven’s Memo Pad… avec un style graphique qui ravivera bien des souvenirs aux fans de Clamp. Mel Kishida a aussi chara-designé Atelier Rorona, Atelier Totori et Atelier Meruru. Ceci explique cela !

Mais le chara-design ne fait heureusement pas tout le boulot. Et au delà de l’apparence physique de vos héroïnes, le jeu parvient à nous offrir des personnages vraiment attachants. Le joueur se prend très vite d’empathie pour ces jeunes femmes, touchantes, mais qui suscitent un affect indéniable. Et puis cette ambiance ! Etrangement, si le Common est superbe et féerique, c’est bien le monde réel (celui où vous serez le plus passif) qui saisit le plus. Mon désir de visiter le Japon n’en est désormais que plus grand…

Un gameplay aux petits oignons

Comme je viens de l’expliquer, lorsque Hinako, Yuzu et Lime pénètrent dans le Common, elles deviennent des Reflector. Suite à une transformation, les trois étudiantes banales deviennent en quelque sorte des super-girls, possédant de grands pouvoirs. Et c’est là ce qui va nourrir les mécaniques du jeu.

Car comme vous pouvez vous en douter, aussi féerique qu’il soit, le Common est aussi peuplé par de nombreux ennemis. Des ennemis apparents sur la map, et que vous pouvez donc éviter, tout comme dans la série Atelier (on sent que Gust a recyclé ce mécanisme).

Au contact de l’ennemi, le combat s’engage. Chaque Reflector utilise sa propre arme : une épée pour Hinako, un bâton ou une peluche pour Yuzu et Lime. Et comme dans Atelier, les combats vont se dérouler au tour par tour, avec une jauge d’action, mais aussi une timeline de « wait » . Vos personnages disposent de plusieurs commandes de base. L’attaque propose de porter un simple coup, ou d’utiliser un spécial qui va venir pomper un nombre de points défini dans vos ressources de magie.

Des boss plus retors

Vous aurez trois stats à surveiller : vos HP (vie), vos MP (magie) et l’Ether. Cette petite spécificité a pour fonction de déclencher des Overdrives. Elles permettent au Reflector qui la déclenche de lancer plusieurs attaques dans le même tour. Pratique !

D’autant que, si les ennemis de base ne vont pas vous offrir une grosse résistance (comme le jeu, d’ailleurs), c’est une autre paire de manches contre les boss. En effet, ceux-ci sont composés de plusieurs parties, qui ont une fâcheuse tendance à se régénérer. Il n’y a pas de secret : la solution réside dans les « active-commands » (j’y reviens plus bas) !

Parlons-en, justement des boss, qui apparaissent régulièrement lors de séquences judicieusement mises en scène. Ceux-ci s’avancent vers l’école, et menacent de la détruire. Le joueur dispose donc d’un temps limité, car si l’ennemi franchit la ligne fatidique, c’est terminé ! Au fur et à mesure que le boss approche de l’objectif, la musique change, les attitudes des Reflector aussi… Le joueur n’en ressent que davantage la tension, jusqu’à la délivrance du coup final, lui aussi superbement mis en scène !

Des mécaniques de J-RPG…

Evidemment, RPG oblige, vous aurez aussi de nombreuses option d’upgrade à disposition. Et c’est justement en affichant les menus que vous pourrez augmenter votre niveau, grâce à l’XP acquise. En effet, cet upgrade n’est pas automatique.

De même, il faudra régulièrement aller voir ce qu’il se passe du coté des capacités. Celles-ci pourront être optimisées grâce aux fragments que vous récupérerez lors des nombreuses missions annexes (mais hélas redondantes à la longue). Ces fragments vous permettent ainsi de développer des effets très appréciables (plus d’XP, absorber l’HP de l’ennemi, etc).

La grosse innovation réside dans les Active-Command. Autrement dit, pendant le combat, lorsque vient votre tour de jouer, vous pouvez presser la croix de direction sur un laps de deux ou trois secondes. Ce qui a pour effet de déclencher des effets supplémentaires : augmenter votre attaque, votre défense, soigner les blessés… Mais attention : ce mécanisme pompe allègrement dans votre jauge d’ether ! Il en résulte un système de combats très dynamique, et plus stratégique qu’il n’y paraît.

…Et un peu de graphic-novel, aussi…

Pour clore ce chapitre, je passe très rapidement sur le monde réel qui, comme je le disais, s’apparente davantage à du graphic-novel. Ici, votre rôle consistera essentiellement à presser la touche X pour faire défiler les textes. Et parfois à passer d’un tableau à l’autre.

Toutefois, vous pourrez aussi interagir avec de nombreux personnages secondaires, pour aller vous balader en ville avec eux, ou simplement discuter. En fonction de vos réponses, vous tisserez des liens plus ou moins forts d’amitié avec ces PNJ.

Les dialogues ne sont pas forcément très intéressants, et apportent finalement peu à la trame principale. Mais de ce fait, ce pseudo mode de « dating » permet de varier les plaisirs. Et d’apporter un coté récréatif au monde réel, qui serait sans doute trop linéaire sans cette fonction. Seul regret : on aurait aimé plus de doublages (les voix sont en japonais). Ceux-ci sont en effet peu présents au final, et le jeu reste globalement muet. Dommage !

Sous les jupes des filles

Et c’est ici que j’aborde un point du jeu que l’on avait pu entrevoir lors de la campagne de promotion du jeu, et vous allez vite comprendre… Car si l’aspect graphique du soft séduira sans conteste la gent féminine et les amoureux du Japon… Dans une moindre mesure, il risque aussi de plaire aux… plus pervers d’entre vous :-p

J’avoue, j’exagère un peu. Pourtant, c’est un fait : dans Blue Reflection, vous allez aussi découvrir un festival de filles en tenues légères, de pauses parfois suggestives (si vous les regardez avec un oeil pervers, justement), de chemises mouillées… Comme dans les dessins animés Magical Girls, les transformations passent par des scènes où vous devinerez vos héroïnes en tenue d’Eve… Des héroïnes qui, je le rappelle, son censées être mineures…

Ce qui peut devenir vite malaisant si vous jouez avec votre petite amie à vos cotés, celle-ci vous demandant régulièrement de détourner les yeux (avant d’être séduite par le jeu en lui-même)… Et je sais de quoi je parle :-p

Si l’on range sa testostérone de coté, il faut reconnaître que cet aspect est artistiquement très chouette, et contribue à vous plonger dans l’ambiance Magical-Girlesque du jeu. Et cela nous renvoie aussi à la direction artistique très réussie du titre. Oui, les filles sont parfois légèrement vêtues, mais c’est de l’art mon cher Jean-Louis ! Tu ne peux pas comprendre !

Au final

La première erreur à éviter, en insérant Blue Reflection dans sa console, est de penser que le soft ne s’adresse qu’à la gent féminine. Certes, son côté extrêmement girly fait que le sexe féminin est le client idéal ! Mais en tant que représentant des chromosomes XY, je dois avouer que le jeu est particulièrement plaisant, même pour les hommes !

Car nous avons ici (mais cela reste mon avis) le plus beau jeu du studio Gust ! Si j’aime énormément la série Atelier, Blue Reflection m’a au final beaucoup plus passionné. Le design général du soft pousse l’effet waow encore plus loin, le tout servi par un scénario qui vous accroche du début à la fin… Blue Reflection, c’est un peu comme si Atelier avait eu un enfant avec Persona 5

Un titre contemplatif à essayer sans hésiter si vous aimez le genre.


Blue Reflection

Développé par Gust, pour Koei-Tecmo, sur PS4 et PC (Steam). Pegi : 16. Environ 50€ (60€ sur le PSN avec des bonus).

 

Blue Reflection ! :

  • Visuellement, un jeu vraiment très chouette
  • Le système de combats dynamique et plus stratégique qu’on ne le pense
  • Des personnages très attachants
  • Un scénario passionnant
  • Certains boss classieux
  • L’alternance entre les genres
  • Les affinités à développer avec les persos secondaires
  • Durée de vie correcte (une trentaine d’heures en ligne droite)
  • Le chara-design de Mel Kishida
  • La bande-son

True Deception ! :

  • Un coté fétichiste parfois un poil malaisant :-p
  • Trop peu de doublages
  • Des missions qui finissent par devenir trop répétitives
  • En anglais, et avec beaucoup de textes
  • Difficulté peu élevée
 .