Cela fait des années que l’on attend un digne successeur de Most Wanted. La série Need for Speed va t-elle enfin trouver un nouvel élan avec ce NFS Heat ? Ou filer droit dans le mur ?

Du renouveau, vite !

Souvenez-vous. Nous étions en 2005 ! Electronic Arts publiait, sur PS2, Xbox et GameCube, un excellent Need for Speed : Most Wanted qui, encore aujourd’hui, fait figure de dernier bon volet de la série. Au point qu’il sera réédité sur PS3 et X360 en 2012.

Le dernier Need for Speed en date était Payback (par Ghost Games), sorti en 2017. Un jeu sympa, mais qui ne cassait pas non plus trois pattes à un canard. Et notre test lui octroyait un bon 76%. Une note correcte mais juste. En attendant que EA ne revienne à la charge avec un nouvel opus, réconciliant les fans de vitesse avec la licence.

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Et Ô surprise, le 14 août dernier ! Avec une communication bien huilée, EA et le suédois Ghost Games (pour la quatrième fois au développement) annonçaient un nouvel opus, pour la fin de l’année. Need for Speed Heat, ou NFS Heat pour les intimes ! Le messie était annoncé, apportant la bonne parole et le renouveau de la licence ! Du moins, les fans l’espéraient.

Mais l’attente n’a que trop duré, et il est désormais temps de voir quelle motorisation cache ce NFS Heat, sous son capot rutilant…

Je cours le jour, je cours la nuit…

Vous ne serez pas surpris si l’on vous dit que NFS Heat va vous mettre au volant de puissantes cylindrées ! Et qu’il va être question de courir contre d’autres pilotes, pour devenir « The King » de la rue ! Et accessoirement gagner de la thune pour customiser vos bolides.

Ici, en l’occurrence, il s’agit précisément des rues de Palm City, ville gigantesque qui est votre nouveau terrain de jeu. Comme de nombreux jeux du genre, NFS Heat vous propose un monde ouvert dans lequel différents points déclencheront des contre-la-montres, des courses, des épreuves diverses… Dans l’unique but de devenir le N°1 du bitume.

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Mais Palm-City, c’est aussi « deux salles, deux ambiances » ! Comprenez par là que, si ces épreuves toutes gentillettes pour kaïd de la rue se pratiquent de jour… Vous pourrez aussi switcher pour passer à la nuit ! Et là, ce n’est plus la même ! Oubliez les circuits diurnes pour vous lancer dans des épreuves nocturnes totalement clandestines. Un monde impitoyable où l’échec n’est même pas envisageable.

Car vos adversaires sont loin d’être les seuls à vous gâcher la vie ! C’est un Need for Speed, donc… Vous pouvez aussi faire confiance à la Police, de retour pour venir vous ramoner le pot d’échappement ! Et puisque l’on parle des Forces de l’Ordre, oubliez aussi le « good cop » ! Tout cela, ce ne sont que des conneries pour mauvais film américain ! À Palm-City, nos flics adorés sont de bons gros ripoux. Les maîtres de la rue, ce sont eux, maniant aussi bien la corruption que le flingue… Un scénario qui n’en fait pas des caisses (ah ah), prétexte à faire hurler vos cylindres.

Visuellement agréable à regarder

S’il est une chose que l’on ne peut pas enlever à ce Need for Speed Heat, c’est qu’au niveau de sa réalisation, il est plutôt joli. Et fort agréable à regarder ! Et ceci qu’il s’agisse des cinématiques très réussies, ou des phases de gameplay dans lesquelles on ressent cette immersion dans une ville de la côte Ouest des Etats-Unis. Comme dans les séries, quoi !

On pourrait pourtant trouver à redire, notamment sur le fait que ce gigantesque monde ouvert est un peu trop vide pour être crédible. Et c’est vraiment dommage : un peu plus de détails, de circulation ou pourquoi pas de passants aurait apporté encore plus de vie et de crédibilité à cette mégalopole qui, de ce fait, nous semble déserte, un jour de fin du monde. Le jeu est bourré de bonnes idées, gâchées par un manque de profondeur, pour ne pas dire d’ambition. Et je ne vous ai même pas parlé des PNJ, durant les replay, qui semblent tout droit sortis d’une usine de clonage.

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Ce manque de vie peut, à la limite, devenir plus légitime lors des runs de nuit. Bien que les lumières des néons apporte une ambiance nocturne tout simplement géniale. Malgré leur difficulté accrue, ces phases de nuits sont mes préférées, justement pour l’ambiance qu’elles dégagent. Les éclairages et les filtres de couleur, très réussis, y sont sans aucun doute pour quelque chose.

Une jouabilité frustrante

Lorsque l’on signe un chèque de 60 balles pour un jeu de courses, on s’attend un minimum à s’éclater, à brûler un cierge sur l’autel du fun ! Comme c’était autrefois le cas dans Need for Speed ou chez son concurrent BurnOut. Et bien… On ne peut pas vraiment dire que ce soit le cas ici.

La faute sans doute à une IA mal calibrée. Avec entre autres des adversaires qui vont beaucoup trop vite pour vous laisser la moindre chance. Généralement, même si vous avez une voiture optimisée, vos rivaux démarrent en trombe, ne ralentissent jamais dans les virages, et le leader est souvent hors d’atteinte. Mais lors d’un second essai, votre rival semble moins bon, plus atteignable… Curieux !

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OK, je le reconnais, un peu de difficulté n’a jamais fait de mal à personne ! Mais si vous voulez du challenge, allez donc voir ce qu’il en est avec nos amis de la Police ! Contre les gyrophares, vous n’avez aucune chance ! Aucune solution pour vous défendre, face à ces brutes totalement pétées qui vous font plus de dégâts que vous ne leur en faites : il ne faut pas confondre « difficulté » et « obstacle insurmontable » ! S’ils vous prennent en chasse, il y a peu de chances que vous ne vous en sortiez (non mais, regardez moi cette tête de vicieux, sur le screenshot ci-dessus) !

Afin de vous simplifier la tâche, la majorité des éléments du décor sont destructibles. Et le titre de Ghost Games nous martèle sa jouabilité arcade, avec des drifts qui ont gagné en importance… Un peu trop. Ici, on part en glisse au moindre virage, et le jeu vous encourage à lisser votre gomme sur le bitume. Oui mais voilà : quand les drifts étaient limite amusants dans Payback, ils finissent ici par lasser. Avec en prime un réalisme qui n’est pas le plus optimal que nous ayons vu : quid du point de rupture que l’on ne ressent pas ici ? Et pourquoi parfois, en pleine course, votre bolide décide t-il soudainement de ne plus drifter, vous conduisant droit dans le mur ?

Qui c’est qui va avoir le droit à un rééquilibrage, d’ici quelques semaines/mois, rien que pour me faire mentir ?

Une technique à la rue ?

Inutile d’épiloguer, cet intertitre vous a résumé le fond de ma pensée ! NFS Heat est un jeu qui souffre de nombreux soucis techniques. Certes, il est plutôt joli au premier coup d’œil ! Mais ça, c’était avant que ne pointent le bout du nez nos amis… Les bugs !

Pire encore, et plus difficile à pardonner : le jeu est instable. Comprenez par là que, durant mes parties pour réaliser ce test, il m’est arrivé à plusieurs reprises de voir le jeu tout simplement planter ! Dans le meilleur des cas, le jeu freeze. Dans le pire (mais ça m’est heureusement arrivé moins souvent), c’est carrément la console qui crashe ! La plupart du temps durant les écrans de chargement, d’ailleurs. Toujours est-il qu’au bout d’un moment, dans le feu de l’action, on ne peut s’empêcher de s’inquiéter de perdre son évolution. Et j’espère sincèrement que les développeurs ont prévu un patch correctif, qui sera d’ailleurs peut-être déployé au moment où vous lirez ces lignes.

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J’ai évoqué plus haut les problèmes liés à un mauvais calibrage de l’IA. Mais j’aurais aussi pu évoquer les hit-boxes qui sont parfois totalement hasardeuses, et peuvent devenir pénalisantes. Je pourrais aussi revenir sur ce drift (encore lui) qui associé à une physique des véhicules pas toujours réussie, déclenche des dérapages à la moindre courbe, au moindre changement de direction dès lors que votre « monstre » va trop vite. Vous imposant des sorties de route ou des pertes de contrôle vite énervantes. Bien que la maniabilité de certaines voitures soit améliorable après un passage au garage…

Enfin, je ne vous ai pas encore parlé de la bande-son. Elle est assez sympa à écouter, pour ne pas dire excellente si vous êtes fan de hip-hop ou d’électro US. En revanche, si le jeu est entièrement doublé en VF, on regrettera un doublage loupé, avec un jeu d’acteurs qui fait relativement cheap.

Au final

Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas ! La recette d’un bon Need for Speed est visiblement aussi secrète que celle d’un célèbre soda à base de cola. Et cette recette tant attendue par les fans de la licence, Ghost Games et EA la cherchent encore. Et hélas, ce n’est pas encore cette année qu’ils la trouveront. NFS Heat nous donne cette impression qu’EA a tenu à maintenir le rythme d’un Need for Speed tous les deux ans, histoire d’occuper le terrain jusqu’au prochain opus.

Le plus moche dans l’histoire, c’est que le jeu ne manque pas de bonnes idées, et de bonnes intentions. Mais elles sont souvent entachées soit par des soucis techniques, soit par un manque manifeste d’inspiration. Et au final, ce sont les joueurs et la licence qui en pâtissent.

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Faut-il craquer pour ce nouveau Need for Speed ? Vous le pouvez, si vous êtes un fan de la licence et qu’elle vous manque. Mais attention, car pour un vrai connaisseur de NFS, l’ennui risque de pointer le bout du nez au bout de quelques heures. Pour les autres, NFS Heat est un bon jeu de voitures, mais un Need for Speed trop générique, trop basique pour devenir mémorable.


NFS Heat

Testé sur une version PS4 fournie par l’éditeur.

On a aimé :

  • Une map d’un fort beau gabarit !
  • Le switch jour/nuit, idée excellente
  • Les flics sont (vraiment) de retour
  • L’ambiance, surtout la nuit
  • Les fans de customisation vont adorer
  • 130 caisses à dispo, et customisables

On aime moins :

  • De nombreux bugs d’affichage
  • Des freezes et des crashes du jeu
  • Un openworld trop vide
  • Le calibrage de l’IA aux fraises
  • Le comportement des voitures parfois random
  • Contre la Police, on ne peut rien faire
  • Le drift, pas intuitif mais trop mis en avant
  • Un doublage VF un peu cheap