Tout comme Assassin’s Creed, la série Need for Speed s’est offert une année sabbatique. Arrivant derrière les très sérieux Gran Turismo Sport, Project Cars 2 et Forza 7, Need for Speed Payback promet avant tout du fun, en allant lorgner du coté de The Crew, Burnout ou Forza Horizon. Et forcément, nous avions envie de savoir ce que cela donne, manette en main !

25 ans qu’on écrase l’accélérateur !

Comme il est désormais de tradition, c’est ici que je débute mon test en vous présentant rapidement la série dont il va être question aujourd’hui. Une série qui parlera haut et fort aux fans de courses de voitures, puisque Need for Speed existe depuis… 1994 !

Et oui ! On a du mal à le croire comme ça ! Mais le tout premier épisode de la licence est sorti sur 3DO, une console que peu de personnes ont connu sous nos latitudes (construite par Panasonic). Aussi, la série prendra véritablement son envol avec les épisodes PlayStation et Saturn !

Et si vous aimez conduire comme un malade en pleine circulation, de jour comme de nuit, en ville ou en plein désert, vous avez sûrement joué à l’un des épisodes de la licence. Puisque fort d’un succès incontestable, le jeu s’est très vite imposé un rythme d’un nouveau titre tous les ans. J’en ai sans doute oublié, mais j’ai compté 24 jeux à ce jour (en comptant les spin-off et le dernier Payback)…

En 1998, Need for Speed III : Hot Pursuit va introduire un élément qui va devenir récurrent dans la série ! Je parle évidemment des poursuites contre (ou en incarnant) la Police. Et en 2003, NFS Underground introduit à son tour un autre incontournable : le tunning !

Après deux ans d’absence (le dernier épisode est sorti en 2015 sur PS4 et Xone), Need for Speed est de retour. Et comme dans les deux précédents épisodes, nous allons retrouver le studio suédois Ghost Games aux commandes, pou r le compte d’Electronic Arts sa société mère.

Un trio contre un Clan

Les amoureux de la série Fast and Furious seront aux anges, puisque le scénario du jeu reprend tous les codes des films d’action basés sur les grosses bagnoles et les excès de vitesse. Nous allons retrouver ici un joyeux trio de « trompe-la-mort » composé de Tyler (le personnage principal) et ses potes Jess et Mac. Chacun ayant sa « spécialité » !

Nos trois pilotes s’éclatent en clouant la pédale d’accélérateur au plancher, sur les routes ensablées de Fortune Valley (un clone de Las Vegas). Mais la ville est gangrenée par Le Clan, un cartel aux méthodes mafieuses, qui chapeaute toutes les activités clandestines de la cité : casinos, courses de rue… Dès que l’on parle d’une activité pas très honnête, Le Clan est forcément derrière !

Et lorsque Tyler et ses amis se voient doublés par Le Clan, leur motivation à démanteler l’organisation criminelle n’en devient que plus forte ! Et c’est donc sur le bitume que vous allez devoir faire vos preuves… Pour infiltrer l’organisation, et la pourrir de l’intérieur, vous allez devoir vous imposer sur les différentes épreuves. Tout en vous constituant une solide équipe, et une écurie de folie ! Classique !

Des courses, du drift… et du tunning

Bon alors… Parlons peu, mais parlons bien ! Que va vous proposer NFS Payback ? Si vous avez bien suivi (la série existe tout de même depuis près de 25 ans), nous allons évidemment parler de courses urbaines de voitures (dans les rues, en pleine circulation). Mais encore ?

Les différentes épreuves que vous allez devoir remporter, contre les membres du Clan, se divisent en cinq catégories. Course, drift, drag, tout-terrain et mission. Cinq types d’épreuves, et par conséquent cinq types de voitures à ranger dans ces cinq catégories. Voilà qui va rappeler bien des choses aux fans de la série The Crew.

La particularité de cet épisode est qu’il va vous lâcher dans un véritable (et gigantesque) monde ouvert, à l’instar d’un GTA (les phases à pied en moins). Fortune Valley est immense ! Alors je vous laisse imaginer ce qu’il en est, en sachant que vous pouvez aussi sortir de la ville pour explorer le désert et les canyons alentour… Et sur la map, de (très) nombreux points matérialisent les épreuves à remporter. Et croyez moi, il y a de très nombreux défis à relever ! Mais paradoxalement, aussi riche en missions qu’elle soit, cette carte semble un poil trop sage. À l’exception de quelques tremplins ici et là, elle manque clairement de folie, de fantaisie.

Et les voitures dans tout ça ? Elles n’apparaissent pas prêtes à l’emploi, comme par magie. Et bien souvent, c’est à partir de véritables épaves que vous allez devoir jouer de la reconstruction (une vraie bonne idée). Et comme dans Cendrillon, la « fée du tunning » peut transformer votre vieille citrouille en magnifique et puissante Supercar ! À condition bien entendu d’avoir engrangé l’expérience et les crédits nécessaires. Et pour cela… Il faut remporter un max d’épreuves !

Farmer Hero !

Et voilà qui me permet d’aborder l’un des points les plus frustrants de cet épisode ! Pour upgrader vos bolides, vous allez donc devoir collecter un max de « Speed Cards » , qui vous sont octroyées à la fin des courses. Et qui sont à échanger contre des pièces dans les ateliers.

Mais si la progression est correcte en début de jeu, elle va vite devenir plus lente et laborieuse par la suite. Au point que vous allez devoir farmer, farmer, et farmer encore. Plus vous progressez, et plus le niveau demandé sera élevé, plus les pièces vous coûteront des points. Et donc plus le farm sera nécessaire ! Les plus impatients auront cependant la possibilité de sortir la carte bleue pour obtenir un peu d’aide grâce aux micro-transactions.

Dans un jeu de courses comme Need for Speed, tout doit aller très vite. Et si ce farming est amusant au début (il permet d’enchaîner des courses : mine de rien, ça aide à progresser), il va vite devenir frustrant. Tout simplement parce que vous allez vite réaliser qu’il casse le rythme du jeu, qui va devenir redondant à la longue. Tout simplement…

Et la technique dans tout ça ?

En voilà une excellente question ! Et bien, il faut reconnaître que l’ensemble est vraiment joli, bien réalisé… Bien que sur une PS4 classique, il se limite à un affichage en 30fps, le jeu reste fluide. Qu’il s’agisse de la ville aux mille lumières, ou le désert rougeoyant, les décors font leur petit effet. Avec de chouettes effets de lumières ou de particules (fumée, poussière). On regrettera simplement quelques bugs d’affichage, du clipping et un peu d’aliasing si l’on regarde bien. Mais le plus fâcheux dans cette histoire est qu‘il vous faudra acquérir les bolides les plus puissants pour ressentir d’authentiques sensations de vitesse.

Le constat est aussi moins élogieux lorsque l’on aborde la question de la jouabilité. À mon sens (avec pas mal de jeux de courses au compteur), le transfert de masses me semble assez mal rendu. Et il faut parfois batailler lorsqu’il s’agit de prendre un virage à pleine vitesse (un peu plus de sous-virage aurait été bienvenu). Une conduite tantôt lourde et… Paradoxalement tantôt très arcade ! En témoignent les freinages excessifs.

Des courses balisées

Il peut aussi être frustrant de voir un si grand monde ouvert offrir des courses qui finissent par devenir trop linéaires. Ainsi, lors de ces épreuves, vous devrez passer par des portes. Et malheur à vous si vous déviez de la bonne trajectoire : le jeu vous renvoie alors au dernier point de sauvegarde, avec un fondu au noir !

Dans l’ensemble, et en dépit des apparences, les différentes épreuves ne vous laissent que trop peu d’initiative… Il en est de même en mode freerun, où vous vous heurterez souvent à des murs invisibles ou à des barrières ! Ce monde ouvert comporte pas mal de zones interdites (comme dirait M6).

Des dialogues parfois trop clichés

Un très bon point pour la bande-son du jeu ! Comme c’est souvent le cas dans la série Need for Speed, la playlist est tout simplement excellente. Et les joueurs francophones apprécieront de trouver ici un jeu entièrement localisé. Avec un génial Donald Reignoux (Lucio dans Overwatch) qui prête sa voix à Tyler. Un choix des doublages-voix beaucoup plus convainquant que les répliques elles-mêmes. L’écriture des dialogues étant hélas un point noir du jeu, tant ils tombent souvent dans le cliché.

Une mise à jour pour optimiser la progression
Ce 22 novembre, Electronic Arts a annoncé une mise à jour pour améliorer le système de progression ainsi que d’autres aspects du jeu. Comme la réduction du temps de rafraîchissement des pièces dans l’atelier tuning, ou encore le fonctionnement des évènements Caisses-Appats et pilote nomade. Les joueurs des Speedlist classées remarqueront également un plus grand nombre de pièces disponible. Gagner la Speedlist vous garantit une nouvelle pièce, tandis qu’une simple participation vous donne 50% de chance de repartir avec une récompense. Les joueurs pourront aussi prochainement profiter d’un nouveau patch côté client. Il inclut des performances de jeu améliorées, de nombreuses corrections pour améliorer la stabilité, et une plus grande quantité de pièces dans l’atelier tuning.

Mais que fait la police ?

C’est une excellente question ! Et j’avoue me l’être posée pendant ce test ! Car comme vous pourrez le remarquer, la Police est ici insignifiante. Dans ce Payback, si les policiers vont vous harceler lors des missions, ils sont tout simplement absents lors de vos virées en mode libre.

En freerun, vous pourrez donc rouler à toutes bombes et déclencher le radar sans être inquiété… Pas très crédible… Et un comble pour une série qui a bâti sa renommée entre autres pour ses courses poursuites avec les forces de l’ordre !

Mais pendant les missions, les policiers ne vous lâchent plus. Hélicoptères, escouades de vingt voitures aux trousses, véhicules banalisés… Si on ne l’a pas vue jusque là, la Police se rappelle à votre bon souvenir. De manière parfois musclée…

Pour vous débarrasser de vos poursuivants, vous pouvez tamponner les véhicules pour les envoyer dans le décor. Une mécanique qui semble empruntée aux « takedowns » de la série Burnout. Avec le même reproche : le ralenti du crash de votre adversaire vient casser l’action effrénée qui se joue sous vos yeux.

Un multijoueur oubliable

Avec tout ça, je réalise que j’ai oublié de vous parler du mode multijoueur. C’est dire s’il m’a marqué ! Le mode multijoueur est ici séparé du mode principal. Etrange, en 2017 ! Quoi qu’il en soit, vous n’aurez pas immédiatement accès aux parties classées en ligne ! Puisqu’il faut pour cela avoir des voitures que vous ne pourrez pas posséder avant d’avoir plié une bonne moitié du solo.

Il vous reste donc l’option des parties privées, qui vont vous permettre de jouer contre vos amis. Elles sont plaisantes, mais… Sur des pistes aussi larges que des autoroutes, la pression ne se fait pas vraiment sentir. Elles ont au moins le mérite d’exister.

Au final

En résumé, Need for Speed Payback est loin d’être un mauvais jeu, mais n’est pas le hit espéré. Paradoxalement, il est ambitieux, mais ne va pas au bout de ses ambitions. Il prône un renouveau dans la série, mais en campant sur des mécaniques classiques, voire empruntées à d’autres licences du genre.

Sans aller jusqu’à parler de « plaisir coupable » , le titre de Ghost Games doit-être considéré pour ce qu’il est : un bon gros défouloir qui va vous offrir de bonnes heures d’éclate au volant des bolides les plus puissants. Reste à voir si vous irez jusqu’à la fin du jeu (au prix d’heures entière à farmer), ou si vous vous contenterez de courses ici et là dans le vaste open-world qui vous est offert.

Ceux qui hésitent encore se laisseront convaincre par le fait que Need for Speed Payback est une alternative plus fun aux nombreuses simus pointues que nous avons pu avoir ces derniers mois. Et pour le voir inquiété par un solide concurrent, il faudra attendre la sortie de The Crew 2 (Ubisoft). Et d’ici là, le jeu d’Electronic Arts aura eu le temps de vivre sa vie…


Need for Speed Payback

Par Ghost Games pour Electronic Arts. Sur PS4, Xbox One, PC. Pegi : 12.

 

À fond sur l’autoroute :

  • Une map gigantesque, avec plein de choses à faire dessus
  • Décors assez jolis à regarder
  • Une bande-son réussie
  • Des véhicules joliment modélisés
  • Le tunning offre plein de possibilités
  • Une conduite décomplexée
  • Les défis de drift

Flashé par le radar :

  • Des tracés qui manquent de fantaisie, et trop scriptés
  • Mode multi pas méga-intéressant
  • Trop de farming tue le plaisir
  • Les quêtes deviennent répétitives à la longue
  • La Police qui fait de la figuration
  • Les sensations de vitesse ont parfois du mal à convaincre
  • Quelques bugs
  • Des dialogues qui peinent à convaincre, un scénario classique
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