TEST. – Après avoir participé à ses phases d’Alpha et de Beta, voici enfin venu le moment de tester Steep. Le dernier jeu d’Ubisoft vous emmène aux sports d’hiver. Au menu : snowboard, ski, parapente et wingsuit… Allez, on bloque sa respiration, et on se lance pour le test !

La montagne, ça vous gagne !

Je me revois encore, en juin dernier, suivant la bave aux lèvres la conférence d’Ubisoft. L’éditeur dévoilait un gros catalogue, et achevait son show par une grosse surprise. Un jeu dénommé Steep.

Trailer, séquence bluffante de gameplay… On s’attendait à des surprises de la part d’Ubi, mais certainement pas à cela. Le Français prenait tout le monde de court en annonçant s’embarquer sur un genre, il faut le dire, totalement laissé à l’abandon ces dernières années : les sports de glisse !

En effet, étant un bon client pour ce type de jeux, je regrettais justement de ne pas avoir pu dévaler des pentes enneigées depuis le dernier SSX, sur ma PS3.

C’est donc avec un large sourire que j’accueillais cette annonce ! Allais-je retrouver les sensations d’antan, comme sur 1080° Snowboarding, SSX Tricky ou Shawn White ?

Pour trouver la réponse à cette question, et ne pouvant pas attendre ce mois de décembre, je m’inscrivais illico à l’alpha fermée du jeu. Et c’est avec grand plaisir que je prolongeais l’expérience sur la beta. Malgré quelques bugs, Steep avait déjà tout d’un grand jeu…

Des passionnés aux commandes

Le secret pour bien développer un jeu, c’est tout simplement de confier le bébé à des gens qui se sentent vraiment concernés par ce qu’ils font, qui vont y mettre leurs tripes et toute leur passion. Aussi, Ubisoft ne pouvait pas faire mieux que de confier Steep à son studio d’Annecy.

Car Steep se déroule de ce fait « à la maison ». Pour trouver leur inspiration, les développeurs ont juste ouvert la fenêtre, puisque le jeu se déroule en Savoie, dans les Alpes, autour du Mont Blanc (avec plusieurs destinations au final), situé à 30km à peine du studio.

Les connaisseurs retrouveront donc des sites tels que le col des Aravis, l’Ortles, le dôme du Goûter, l’Aiguille du Midi, la Coulée, en passant par le Cervin ou le Tyrol… Steep vous emmène à la frontière entre quatre pays : la France, la Suisse, l’Autriche et l’Italie.

Il est alors assez drôle de constater que le jeu sonne comme une formidable campagne de promotion pour le département de la Haute-Savoie. Non seulement les développeurs nous communiquent leur passion pour le jeu vidéo et les sports d’hiver, mais nous feraient presque penser que la Savoie est le plus bel endroit du Monde ! En tout cas, dans Steep, le héros principal est bel et bien la montagne ! Et l’on s’y attache vite…

Un peu de script avant de vous lâcher dans le monde ouvert

C’est tout d’abord autour des Aravis que vous allez prendre le jeu en main. Grâce à un tuto plutôt bien foutu, Ubisoft plante le décor (et le baton) en vous proposant quelques défis, sous forme narrative. Pas une surprise pour ceux ayant fait la bêta, qui connaissent déjà ces pentes par coeur.

Dans Steep, vous incarnez un sportif de l’extrême, et votre objectif est de devenir une superstar en vous faisant repérer par les sponsors, les internautes… Par la terre entière, quoi ! Et pour cela, il n’y a pas 36 solutions : il va falloir mouiller la combinaison !

Le meilleur moyen de vous faire remarquer est de péter les scores sur les pentes enneigées. Pour cela, vous disposez de tout un équipement, afin de briller dans les quatre disciplines du jeu : le ski, le snowboard, le parapente et la wingsuit.

Les premières missions s’enchaînent, dans les quatre disciplines sus-citées. Et une fois que vous avez relevé la première salve de défis, et domestiqué le gameplay par la même occasion, vous êtes fin prêt. !

En bouclant le tutoriel, nous en avons terminé avec la linéarité ! Vous allez désormais vivre votre vie comme bon vous semble ! Bienvenue dans ce gigantesque terrain de jeu qu’est le monde ouvert de Steep. A partir de maintenant, c’est vous qui décidez de ce que vous allez faire, et dans quel ordre !

Garde tes jumelles sur toi !

Une fois débarrassé des défis tutoriels, vous allez donc devoir découvrir tous les autres défis en parcourant la carte du jeu. A votre guise ! A vous la liberté !

Pour découvrir une nouvelle « drop-zone », la méthode est simple : il suffit de s’approcher à moins de 1000m de la zone, et de l’observer avec les jumelles. Elle se débloque, et ses défis sont alors accessibles.

Si la plupart des spots sont accessibles dès le début du jeu, ils sont plus ou moins faciles à atteindre. Parfois situés trop loin, certains vous demanderont de partir à l’aventure pour vous en approcher, quitte à braver des crevasses, des rochers ou des falaises abruptes.

Pour chaque discipline, vous trouverez des défis de différentes natures : courses en solo ou multi, épreuves de vitesse ou concours de tricks, multijoueur (versus ou co-op) contre des inconnus ou trois de vos amis… Il y en a pour tous les goûts, et le jeu vous pousse à maîtriser tous ses aspects.

« une formidable envie d’explorer »

La mécanique est simple, mais nourrit une formidable envie d’explorer, de parcourir les montagnes, d’en découvrir tous les mystères. L’aspect exploration, que l’on n’attendait pas vraiment dans ce type de jeu, est réussi et donne une furieuse envie de s’attarder sur le titre d’Ubisoft, afin d’en débusquer tous les secrets. Même si au bout de plusieurs heures de jeu, on constate une certaine redondance dans les épreuves proposées.

Enfin, le meilleur moyen de progresser reste encore de s’entraîner. Et lorsque je parlais plus tôt de totale liberté, sachez qu’il vous est possible, à n’importe quel moment, de dévaler les pentes en mode « free ride ». N’importe quelle pente ! Et par n’importe quel moyen…

Vous pourrez aussi passer d’un spot à l’autre, tout simplement en basculant en vue « montagne ». Cette représentation 3D vous permet de voir tous les points débloqués. Très pratique ! Mais son ergonomie est parfois un peu poussive. Et vous risquez de passer votre temps à zoomer-dézoomer pour vous y retrouver sur une carte qui nous perd facilement, pour peu que vous ne reteniez pas des points de repère.

Un univers plus ou moins cohérent

Au fur et à mesure que vous allez découvrir la montagne (au total, sept régions à explorer), elle va vous sembler vivante, vous offrant à la fois des panoramas sublimes et une ambiance sonore très réaliste. Je me répète, mais dans Steep, la montagne est la véritable héroïne du jeu !

L’ambiance sonore est particulièrement réussie. On entend au loin des animaux, le son des tronçonneuses des bûcherons, les personnages se lancent des répliques plus ou moins amusantes… Et tout un tas de petits détails sonores qui contribuent à vous immerger davantage dans cet univers par ailleurs très cohérent. Le cadre est un véritable choc, tant sur l’aspect visuel que sonore.

Avec toutefois une petite réserve sur certains commentaires, qui tournent en boucle au bout d’un moment. Et une autre réserve pour les parties scénarisées du jeu, et leur enrobage parfois incohérent : je pense par exemple à cette voix off, dans votre casque, qui fait ici office de coach et qui vous guide dans votre aventure. Ce personnage semble sorti de nulle part, et tombe comme un cheveu sur la soupe pour vous parler d’autres personnages que vous ne connaissez ni d’Eve ni d’Adam.

Montagne qui parle ?

De même, lorsque vous débloquez une nouvelle montagne, elle vous est présentée lors d’une sublime cinématique. Ces magnifiques plans sont accompagnés d’une voix off, celle de ladite montagne qui vous parle ici à la première personne. Un choix un peu kitsch, en opposition avec les visuels grandioses qui s’offrent à vous.

Dans cette débauche de somptuosité, dans ce cadre qui en impose, Ubisoft s’autorise cependant quelques petits délires, en glissant ici et là de nombreux easter-eggs. De nombreuses références aux autres jeux de l’éditeur, que je vous laisse le soin de découvrir, juste pour le fun 😉

Enfin, puisque nous avons beaucoup parlé ici d’ambiance sonore, je terminerai sur les pistes musicales. Elles se partagent en musiques d’ambiance qui collent parfaitement au cadre, bien que trop discrètes, et de musiques plus rock/punk lorsque vous dévalez les pistes à toute vitesse… Bien qu’assez classique, la playlist est assez bien choisie.

Un gameplay facile d’accès

Au regard des bêtas, l’aspect que j’appréhendais le plus concernait le gameplay. Ces phases de test nous avaient révélé une jouabilité très agréable pour certaines épreuves, un peu moins pour d’autres. Et je sais par expérience qu’avec ce type de jeux, un mauvais gameplay est vite arrivé.

Force est de constater que l’équipe d’Ubisoft Annecy a réalisé un gros boulot depuis la dernière bêta, donc en moins d’un mois. Et les améliorations ne sont pas qu’esthétiques. S’il était déjà bon auparavant, le gameplay me semble encore avoir été amélioré.

Rien à dire pour le ski ou le snowboard, mais j’avais par exemple gardé de sales souvenirs de l’épreuve de parapente, que j’avais alors jugé (cela n’engage que moi) complètement indigeste. Dans cette version définitive du soft, je constate que l’épreuve est beaucoup plus jouable. Je suis même allé jusqu’à y décrocher de l’or, tandis qu’auparavant, je me mangeais une falaise au bout de dix secondes de vol.

« Où sont les grinds ? »

Attention, dans les épreuves de glisse, à une répartition des touches qui n’a en partie rien à voir avec ce que vous connaissez. Ici, les tricks se réalisent à l’aide du stick gauche. Oubliez vos vieux réflexes, et ne pensez même pas à presser les touches « triangle » ou « rond ». Cela aurait pour effet de vous ramener au départ, ou au mode « montagne », vous obligeant à recommencer l’épreuve depuis le début.

D’autres fonctions sont plus conventionnelles, comme la touche R2 qui vous servira à préparer votre saut (et sauter en relâchant le bouton). La jouabilité de Steep est très facile à prendre en main, mais pourra peut-être vous demander un temps d’adaptation plus ou moins long, si vous sortez à peine d’une partie de Tony Hawk’s ou de SSX !.

Le jeu offre un solide panel de tricks à réaliser. Même si les puristes (dont je suis) regretteront sans doute la disparition des « slides » ou « grinds » (le fait de glisser sur des rampes). Ils ne sont tout simplement pas de la partie. Et devant la beauté des paysages qui s’offrent à vous, on se consolera en se disant qu’au moins, ils ne sont pas dénaturés par d’immondes barres de métal disposées ici ou là dans la poudreuse.

Du contenu à débloquer

Une fois lancé sur les pistes, vous serez vite grisé par l’incroyable sensation de vitesse que procure le jeu. A plus forte raison lorsque vous endosserez la wingsuit pour slalomer entre les glaciers, ou que vous dévalerez à ski une pente quasi verticale. Vous comprendrez pourquoi je parle plus bas de la frustration de ne pouvoir jouer en VR 😉

Vos performances, les tricks en free-ride et la découverte de nouvelles zones vous octroient des points d’expérience. Et plus vous augmentez votre niveau, plus vous débloquez de nouvelles tenues et accessoires, ou encore de nouveaux défis et de nouvelles régions.

Globalement, le gameplay de Steep semble avoir du mal à se positionner entre arcade et simulation. Certains y trouveront sans doute un certain déséquilibre. Pour ma part, plus les heures passent sur le jeu, et plus je trouve ce compromis « à la normande » intéressant. Il en résulte un jeu qui est à la fois très accessible pour les débutants, et qui offre un gros os à ronger aux amateurs du genre.

Une petite pause ?

Si vous souhaitez marquer une pause dans votre chasse aux défis, le menu qui s’affiche à l’aide du bouton de pause va vous offrir quelques petits extras fort sympathiques.

Vous pourrez par exemple relooker votre avatar, à l’aide des accessoires débloqués, ou achetés. Nouveaux skis ou snowboard, nouveau parachute, nouvelle tenue… Le jeu vous offre de nombreuses possibilités de personnalisation. Y compris de nombreux costumes loufoques.

Autre option très intéressante : celle qui vous permet de gérer vos replays. Ici, les ralentis peuvent être retravaillés, partagés sur les réseaux sociaux… Ils vous permettent également, pourquoi pas, de revenir en arrière suite à un échec, pour retenter votre chance en remontant votre « trace ». La fonction « replay » peut sembler anecdotique de prime abord, mais elle est beaucoup plus importante qu’il n’y paraît.

Enfin, la dernière option qui me semble très intéressante est la possibilité de créer vos propres défis. Et bien évidemment, de les partager. Avec vos amis, ou avec la communauté de joueurs. Voilà qui vient rallonger la durée de vie du titre !

Quelques maladresses ?

Jusqu’à présent, Steep nous a révélé pas mal de bon. Mais au bout de quelques heures de jeu, de petits détails commencent à gratter.

A commencer par des bugs d’affichage que nous avions déjà relevé dans les betas, et qui n’ont pas encore été corrigés. A bien observer, on remarque de l’aliasing en fond, et il est très fréquent de voir des bugs de collision. Personnage qui s’encastre dans le décor, d’autres joueurs (online) qui apparaissent comme en lévitation à 5m au dessus du sol (parfois dans des positions improbables)… De ce point de vue, le jeu est encore perfectible. Bien que, comme je l’avais dit dans notre vidéo, cela ne vienne aucunement nuire à la jouabilité. Je présume que, comme pour d’autres jeux récents, ces problèmes s’effacent si l’on joue sur une PS4-Pro ?

Autre bémol : si le jeu propose différents angles de vue, certains vont vous faire galérer plus qu’autre chose. La caméra à la première personne (mode « Go Pro »), par exemple, était une bonne idée sur le papier, mais est au final injouable. A titre personnel, je reste sur la caméra par défaut, à la troisième personne, la plus réussie à mon sens.

Autre remarque que j’avais formulé lors de la beta : les environnements manquent parfois de vie. Oui, je sais, c’est une remarque assez paradoxale puisque les développeurs se sont attachés à insuffler cette vie dans le jeu, sur le plan sonore. On entend, mais on ne voit rien !

Et justement, quitte à pousser le perfectionnisme à l’extrême, j’aimerais croiser des écureuils, des bouquetins ou des marmottes. Ou me manger un chasse-neige mal garé de temps en temps… Blague à part, les villages et les chalets sont hélas désespérément vides. Et la seule population que vous allez croiser dans le soft n’est constituée que des avatars des autres joueurs. Sans pour autant nous imposer une foule de PNJ comme dans Assassin’s Creed, il aurait été intéressant de croiser quelques habitants ! Histoire de ne pas avoir l’impression de traverser des villages fantômes.

« la boisson qui donne des ailes » ?

Plus le temps passe, et plus je regrette également le manque de subtilité avec lequel le jeu nous fait du placement de produit. En lançant des défis, vous allez voir en boucle cette scène d’intro dans laquelle votre avatar descend de son hélico « Red Bull » en sifflant sa canette de la même marque (photo ci-dessus)… Presque aussi gros que dans un film James Bond !

Pour terminer, une remarque qui n’est pas vraiment un défaut, juste un constat ! Tandis que tout le monde s’enflamme pour la réalité virtuelle, avec des productions parfois moyennes (on a de tout, y compris des jeux ennuyeux ou qui donnent mal à la tête), Ubisoft ne surfe pas sur le phénomène ? S’il est un jeu que j’aimerais vraiment essayer en VR, c’est bien Steep : il s’y prêterait à merveille. Pourtant, vous n’allez jouer ici qu’en mode classique. Dommage !

Au final

Si le jeu reste encore perfectible sur divers aspects, Steep démontre le savoir-faire indéniable d’Ubisoft Annecy. A qui la maison-mère devrait confier des triple A plus souvent ! Dans l’ensemble, l’essai est concluant !

Quelques bugs graphiques viennent vous gâcher le plaisir, mais rien qui ne se corrige à l’aide de patches. Des petites « maladresses » pointent le bout du nez ici ou là, mais le travail réalisé par le studio savoyard en impose tellement qu’on les oublie vite. Elles sont annihilées par un cadre somptueux, une véritable ambiance, et surtout un plaisir énorme. Le plaisir de jouer (ça tombe bien, c’est ce que nous attendions d’un tel jeu). Mais aussi celui un peu moins attendu d’une découverte quasi-perpétuelle.

Etant seul à se positionner sur ce créneau, sur la génération actuelle, Ubisoft aurait pu se contenter de nous sortir un jeu moyen. Mais pour un premier essai, Steep est un incontournable, bourré de bonnes intentions ! Une déclaration d’amour à la montagne, une petite merveille qui nous permet enfin de renouer avec la poudreuse. Il était temps !


Verdict

Oui, Steep aurait pu être meilleur ! Mais pour un premier essai, Ubisoft Annecy nous a convaincus, avec un produit bourré de bonnes surprises. Qui plus est le seul jeu de glisse sur ces supports !

15/20

Les + :

  • Le rendu des montagnes
  • Un cadre dépaysant
  • La dimension exploration quasi perpétuelle
  • Excellente durée de vie
  • Jouabilité instinctive
  • Monde ouvert et incroyable sensation de liberté
  • Un nombre incalculable de défis à relever (sans parler de ceux que vous pouvez créer)
  • Les sensations de glisse et de vitesse
  • La carotte des « unlockables » marche toujours autant
  • Du fun ! Un jeu « aspirateur de temps libre »
  • La playlist
  • Le seul jeu de glisse sur cette génération

Les – :

  • Quelques problèmes de collision
  • Quelques textures plates
  • Le placement de produit pas toujours subtile
  • Où sont les grinds ?
  • La connexion obligatoire
  • Angles de vue (caméras) inégaux
  • Utilisation de la carte (« montagne ») fastidieuse
  • Les missions deviennent répétitives au bout d’un moment
  • S’il y a un jeu que j’ai envie de jouer en VR, c’est celui-ci ! Je veux un mode VR !

Steep, par Ubisoft Annecy, sur PS4, PC et Xbox One. PEGI : 12.

Test réalisé sur une version fournie par l’éditeur.

Site officiel

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