Cette année, Konami dégaine le premier dans le traditionnel duel annuel des jeux de football, mais avec un sérieux handicap ! PES 2019 a perdu la licence UEFA, au profit de son concurrent direct. Konami a donc deux options : baisser les bras, ou redoubler d’efforts pour rester à niveau. Et visiblement, le géant japonais préfère la seconde possibilité…
Cette année, PES part avec un handicap de taille
L’an passé, notre test de PES 2018 soulignait à quel point Konami avait redoublé d’efforts pour se hisser au top, au niveau du leader incontesté Fifa. J’écrivais alors (et je le pense toujours) qu’il ne manquait plus grand chose pour que Pro Evolution Soccer regagne ses lettres de noblesse, et inquiète un géant qui a une fâcheuse tendance à se reposer sur ses acquis depuis quelques épisodes…
Oui mais voilà ! Le petit monde du jeu vidéo bouge, et ce qui monte peut rapidement redescendre. Et Konami en fait les frais cette année ! Car si vous nous lisez régulièrement, il ne vous aura pas échappé que PES perd cette année les droits de l’UEFA, et de tout ce qui s’y rapporte. La Champions League, autrefois le plus gros argument de vente de Konami, passe donc en face ! Et les joueurs qui jouaient à PES pour l’UEFA risquent de faire de même !
Mais quelque part, cette dure réalité est un mal pour un bien, comme nous le verrons plus bas. Car elle pousse Konami dans ses retranchements ! Et si chaque année, on reproche à PES son manque de licences officielles, force est de reconnaître que cette année, Pro Evolution Soccer propose paradoxalement plus d’équipes réelles que jamais. Certes, des ligues mineures ou des clubs d’Amérique du Sud… Mais des joueurs, des stades et des maillots officiels.
Boosté par deux technologies
On ne va pas se mentir : déjà très beau l’an passé, PES pousse la jauge encore plus loin cette année. La modélisation des joueurs est toujours magnifique, malgré quelques bouches qui font encore trop artificielles. Sur le terrain, la modélisation parfaite du gazon, au brin d’herbe près, contribue à une immersion réussie.
Konami a délibérément choisi de ne sortir son PES 2019 QUE sur la génération actuelle de machines (PS4, Xbox One et PC). Un choix qui peut sembler réducteur aux possesseurs de machines plus anciennes ou d’une Switch… Mais qui permet aux développeurs de se concentrer sur des standards plus poussés, 4K ou HDR. Et le résultat est là : cette année, Konami pousse son Fox Engine dans ses retranchements, pour nous offrir un titre absolument superbe. Avec un rendu que l’on imagine assez mal tourner sur d’autres supports, il faut le reconnaître. Et forcément, le jeu est encore plus beau sur PS4-Pro et Xbox One X !
Le jeu est porté par deux logiciels qui, cette année, viennent booster son apparence et son rendu à l’écran. D’une part, nous avons le logiciel « Enlighten » ! Celui-ci offre des visuels très réalistes. Enfin, la technologie « Global Illumination » vient booster les éclairages. Encore plus que l’an passé, la pelouse, les supporters, le stade ou les effets météo sont extrêmement crédibles.
Les animations des joueurs sur le terrain sont remarquables et très détaillées. Vous le remarquerez sans doute, par exemple, lorsqu’un joueur est en train de tomber, mais qu’il tente tout de même de garder le contrôle du ballon. Les comportements sont très réalistes, et les différentes actions sont limpides, le jeu est très lisible : impossible de confondre un retourné acrobatique avec une bête reprise de volée.
Paradoxalement, plus de licences que d’habitude
Il m’aura fallu environ quelques minutes, manettes en main, pour réaliser que la disparition de l’UEFA est certes gênante (surtout pour les fans), mais pas rédhibitoire non plus ! Ce que je qualifiais plus haut de « handicap » n’est pas non plus totalement pénalisant… Et pour peu que l’on accepte cette disparition stratégiquement embêtante, le plaisir sera toujours là. Et si, comme moi, vous êtes juste là pour vous éclater sur un bon jeu de foot, on en finirait presque par oublier cette absence (ou par s’en foutre littéralement).
Le manque de grosses licences a toujours été un point faible pour PES, et je vais être honnête, le sera toujours cette année. Ainsi, on retrouvera comme d’habitude les grosses divisions anglaises, françaises (L2 et L1), espagnoles ou italiennes… Mais comme d’habitude au sein de celles-ci, de grosses équipes manquent à l’appel. Du moins sous leur vrai nom ! Pas de Real Madrid mais un certain MD White ! Il va falloir apprendre le langage PES : ici, Manchester se dit Man Red, alors que Man Blue est la traduction konamienne de Manchester City… Et comme les années précédentes, les clubs allemands sont réduits à peau de chagrin.
Pourtant, paradoxalement, PES 2019 est l’épisode le plus complet, ou plutôt celui qui propose le plus de licences officielles. La raison est sans doute que Konami a multiplié les efforts pour aller chercher des équipes aux quatre coins du monde. Vous allez ainsi retrouver l’intégralité de la Süper Lig turque ; La SuperLiga Quilmes Clásica argentine ; le Campeonato Scotiabank chilien ; La Superliga danoise ; La Liga NOS portugaise ; La Pro League belge ; La Super League suisse ; La Ladbrokes Premiership écossaise ; Ou encore la Première Ligue russe, ici en exclusivité. C’est moins médiatique, mais ça fait du nombre !
Un contenu trop proche de PES 2018
Mais vous remarquerez que, si vous utilisez une clé USB, le jeu vous propose cependant de moder vos équipes (il semblerait que l’option ne soit pas disponible sur Xbox). Une fenêtre ouverte vers du jeu 100% officiel, si vous êtes patient. De plus, si la Champions League n’est pas là, elle l’est quand même ! Car la Ligue des Masters assure l’intérim, avec un hymne qui ressemble curieusement à celui de la CL. Ce sont des petits malins, chez Konami 😉
Ce qui m’amène à vous parler des différents modes proposés par le jeu, pas vraiment dépaysants tant ils se calquent sur l’édition précédente. Le jeu est tout d’abord jouable instantanément, en partie rapide, en solo contre l’IA ou contre un ami. Un mode 3vs3, comme son nom l’indique, va vous permettre de vous éclater à six. Vous pourrez aussi vous frotter à l’IA lors des championnats, permanents ou plus ponctuels selon le calendrier…
La Ligue des Masters affine sa gestion des transferts, et bénéficie cette année de nouvelles cinématiques. Dénué de mode histoire, PES 2019 mise, comme l’an passé, sur un mode Vers une Légende qui vous permet de faire évoluer, progresser un joueur créé de toutes pièces. Enfin, le jeu propose aussi des rencontres en ligne, avec une porte grande ouverte sur l’eSport, et vers la PES League. Enfin, je reviendrai plus bas sur le mode MyClub, gros morceau du titre de Konami…
Et sur le terrain, ça donne quoi ?
Assez tergiversé ! Il est temps de chausser les crampons, de faire la queue dans le tunnel, de chanter son hymne et d’aller taper la balle sur le gazon ! Au moment de choisir les équipes, on réalise que PES 2019 n’a pas à rougir de son roster ! On va donc retrouver les sélections nationales (la France arbore bien ses deux étoiles), mais aussi les différents clubs évoqués plus haut.
Le coup d’envoi est donné, et les premières passes s’enchaînent. Un sourire aux lèvres, je retrouve ce PES que je préfère pour sa meilleure fluidité, pour ses constructions quasi-instinctives, et surtout pour cette impression de s’échanger un vrai ballon (et pas un truc en mousse, ou en plomb). Comme le ferait un néophyte, je démarre la partie en usant et en abusant de l’accélération de mes joueurs… Avant de me raviser ! Je dois prendre en compte la jauge de fatigue : plus un joueur se donne à fond, plus elle diminue. Et plus il deviendra inefficace. Heureusement, la commande des remplacements rapides fait son entrée, et c’est un vrai plus !
Une bonne maniabilité, c’est bien ! Mais si c’est pour traverser un boulevard jusqu’à une passoire, non merci !… Heureusement, le gardien fait son job, et l’IA offre des comportements cohérents, tant en défense qu’en attaque. Elle est capable de fulgurances, comme elle est capable de se louper lamentablement. Quoi qu’il en soit, l’IA semble encore plus humaine. J’en veut pour preuve ma première partie contre l’ordi, à me demander si je ne m’étais pas planté en ayant choisi par mégarde un match en ligne. On regrettera simplement que la défense repousse les balles aussi loin, lors des tacles. Ce qui pousse bien souvent le cuir dans les pattes de l’adversaire… Les gardiens, eux, sont plus difficiles à berner que par le passé, et les portiers ne font plus leurs habituelles sorties idiotes. Il va falloir vous y habituer.
À chaque star ses particularités !
Comme dans les précédents épisodes, le jeu offre un panel très satisfaisant d’actions diverses et variées. Avec quelques nouveautés qui raviront les puristes. Contrôles orientés avec le genou, capture du ballon avec l’extérieur du pied, ailes de pigeon… Les « stars » bénéficient cette année de 11 nouveaux Magic Moments. Au final, chacun a ses spécificités, et vous pourrez par exemple vous régaler avec les facultés de finition de Luis Suárez, la protection de balle de Pogba, les aptitudes de dribble de Countinho… Ou encore la précision des passes du légendaire Beckham.
Sachez enfin que le rythme du jeu a été ralenti. Et si, comme moi, vous aviez bien rincé PES 2018, ça va vous sauter aux yeux ! Cela peut surprendre au début, voire demander un temps d’adaptation… Mais finalement, ce choix rend le jeu encore plus réaliste sans pour autant pénaliser les phases de construction. Vous apprécierez ou pas, mais toujours est-il que c’en est fini des tiki-taka parfois bien délirants de PES 2018.
MyClub, le mode conçu pour vampiriser votre temps
Le jeu campe sur ses acquis en proposant un mode MyClub un poil plus complet que l’an passé. Il y a bien de la nouveauté, mais aussi de la redite par rapport à l’édition précédente. Ce mode reste cependant moins exigeant, plus accessible aux débutants que son concurrent direct.
On ne va pas se mentir, en l’absence d’un mode Histoire, MyClub est LE gros morceau de PES 2019, celui qui va vous scotcher à l’écran sur la durée. Et il connait cette année sa plus importante mise-à-jour depuis sa création. Cette amélioration consiste notamment en un nouveau système de cartes, qui change votre façon de construire vos équipes.
Ce nouveau myClub introduit également les Joueurs à Haute Performance, les Légendes mais aussi, histoire de vous faire revenir régulièrement sur le jeu, les Joueurs de la Semaine. Leur particularité ? Leurs statistiques sont temporairement boostées, selon leurs performances dans la vie réelle.
Enfin, on ne peut pas parler de MyClub sans évoquer la question du recrutement des joueurs. Et afin de vous procurer un plaisir immédiat, Konami propose d’entrée trois pointures, facilement et rapidement accessible, afin de bien débuter. Et si vous piochez trois ou quatre fois le même profil, l’échange est possible contre un joueur de même valeur. Si chaque joueur coûtait autrefois 10.000GP, vous devrez cette année débourser 25.000GP pour trois joueurs au hasard ! Enfin, le mode inclut désormais des micro-transactions, mais rien qui ne puisse s’obtenir sans sortir la carte bleue. La différence consistant en un léger boost de quelques points de stats pour un joueur acheté avec des euros…
Carton jaune
Je dois vous l’avouer, PES est ma licence de football préférée (c’est une question de feeling)… Notamment pour ses graphismes, pour ses comportements et ses physiques plus réalistes, pour sa jouabilité et ses phases de construction plus jouissives… Pourtant, je ne puis m’empêcher de sortir les biscottes ! C’est l’heure de la distribution de cartons jaune !
Le premier défaut du jeu, selon moi, est cette sensation désagréable de jouer à un PES 2018 mis à jour. Exceptée la disparition de l’UEFA et l’ajout des équipes sud-américaines, j’ai l’impression de voir le même jeu. Oui, je le reconnais volontiers, c’est plus beau que l’an passé, et le MyClub a été amélioré ! Mais l’interface, elle, commence sérieusement à avoir des allures rétro, avec ses fenêtres qui mériteraient un bon coup de jeune… Et si la mise à jour dynamique des infos concernant les nouveautés autour du jeu est une excellente idée, ça ne suffit pas.
Cette impression de déjà vu se poursuit sur le terrain, lorsque l’on envoie le mode entraînement, histoire de se remettre en tête les contrôles du jeu. C’est strictement le même tuto que l’an dernier… Et que l’année d’avant ! Hormis sa fonction didactique, l’intérêt de ce mode est de récupérer quelques points… Que j’avais déjà obtenus l’an passé en réalisant les mêmes actions ! Je ne suis pas sûr de vouloir me re-farcir tous les tutos du jeu… Du coup !
Margotton et Tulett reprennent du service
Depuis que Fifa a démocratisé son mode Story (The Journey) depuis deux ans (trois cette année), quasiment tous les jeux de sport ont intégré un mode « Histoire » ! Sauf… PES ! Tel un village gaulois, il résiste à « l’envahisseur narratif » mais, est-ce une bonne idée ? Cela ne signifie pas qu’il faille faire un mode Story parce que tout le monde le fait (si la popularité des genres définit les contenus des jeux, on va vite avoir du Battle Royale dans les jeux de foot ^^)… Mais si toutes les franchises sautent le pas, c’est aussi peut-être parce qu’il y a une attente, et une demande forte de la part des joueurs ? PES loupe, cette année encore, une bonne occasion de se diversifier…
Si j’écrivais plus haut que PES reprend les ingrédients des éditions précédentes, vous ne serez donc pas surpris de retrouver Grégoire Margotton et Darren Tulett aux commentaires… S’il y a un léger mieux, ce cher Darren est toujours aussi agaçant à surjouer comme s’il jouait dans une Sitcom d’AB Productions ( « Paul Pogbaaaaaaaaa » … Calme toi, il vient juste de faire une passe !). C’est d’autant plus dommage que les sorties de Grégoire Margotton sont mieux senties, et beaucoup plus cohérentes.
Enfin, histoire de pinailler sur l’aspect visuel du jeu, on soulignera tout de même que tous les joueurs ne sont pas logés à la même enseigne. Pour les stars du foot, c’est remarquable, encore plus que l’an passé. Les Ronaldo, Mbappé ou Messi sont bluffant de réalisme ! En revanche, les faciès des joueurs de ligues mineures sont plus bovins, font plus artificiels. Pour terminer, si l’IA des joueurs est efficace, on ne peut pas en dire autant de l’arbitrage parfois aux fraises. Le maître du jeu a parfois tendance à pénaliser de petits chocs, et à fermer les yeux sur des charges plus musclées. Un aspect à revoir…
Au final
Alors au final, devez vous craquer pour PES 2019 ? Le choix est délicat car le titre de Konami, comme chaque année, va se retrouver face à un concurrent très solide, plus complet (encore plus cette année avec l’UEFA qu’il lui a chipé)… Et pour beaucoup d’entre vous, il n’y aura pas de place (ou de budget) pour deux jeux de foot ! Pourtant, cette nouvelle mouture de Pro Evolution Soccer reste un excellent jeu, qui mérite que l’on s’y intéresse, que vous lui donniez sa chance !
Oui, l’interface est minimale, et oui il manque encore pas mal de licences. Pourtant, comme l’an dernier, on ne peut qu’applaudir Konami pour les efforts qui ont été menés sur ce nouvel opus. Encore plus jouable, encore plus beau, encore plus réaliste… PES 2019 accentue sa jouabilité, et son plaisir de jeu, que l’on soit un fan de technique, ou un parfait débutant. Et encore une fois, c’est réussi !
Finalement, comme l’an passé, c’est une bête question de licences officielles qui va faire la différence. Pourtant, PES 2019 a des choses à dire ! Une fois en jeu, les sensations qu’il procure n’ont jamais été aussi bonnes et jouissives. Le jeu de Konami perdra inévitablement le duel sur le contenu, mais l’emporte pour son gameplay, ou si vous recherchez un jeu techniquement très léché.
PES (Pro Evolution Soccer) 2019
- Par Konami Digital Entertainment B.V.
- Sur PS4, Xbox One et PC.
- Genre : Simulation de foot.
- Classification : PEGI 3.
- Prix : 59,99€ pour l’édition standard (49,99€ sur Steam).
Buuuuut :
- Graphiquement, toujours aussi chouette
- Le gameplay bien équilibré, juste parfait
- Les remplacements rapides !
- Les phases de construction toujours aussi plaisantes
- Une défense qui fait son job
- Un rythme de jeu ralenti, plus réaliste
- Le mode MyClub très abordable
- Le mode 3vs3, ou le bonheur entre potes
- La playlist
- Une IA cohérente, des gardiens plus retors
- Les « Magic Moments »
- Actions très lisibles à l’écran
- La possibilité de moder via une clé USB
Carton ! :
- L’interface des menus a besoin d’être modernisée
- Contenu trop similaire à celui des éditions précédentes
- L’arbitrage n’est pas encore au top
- Les commentaires surjoués de Darren Tulett
- Plus d’UEFA
- Les « petits » joueurs moins détaillés que les grosses stars