Lorsque l’on parle de jeux de courses, il y a deux écoles. Les jeux typés « arcade », et les simulations pures et dures, dont Codemasters a fait sa signature. L’éditeur est de retour avec DiRT 4, nouvel opus de son jeu de rallye au réalisme assez poussé. Et c’est l’heure de notre test.
Une franchise qui ne date pas d’hier
Dans le petit monde des jeux de rallye, on trouve de tout : du bon, et du moins bon. Et au sommet du panier, deux franchises se tirent la bourre : WRC (Big Ben Interactive), et DiRT (Codemasters). Et c’est le second qui nous intéresse aujourd’hui.
Tout a commencé en 1998, sur la PlayStation. Les fans s’en souviennent encore, puisque apparaissait alors l’un des meilleurs jeux de rallye de tous les temps ! Une licence légendaire répondant au doux nom de Colin McRae Rallye. Une série en partenariat avec le célèbre pilote écossais et sa fameuse Subaru Impreza, composée de 7 épisodes, jusqu’en 2009.
Mais en 2007, c’est le drame ! Le 15 septembre, Colin McRae se tue accidentellement près du lac de Lamark (Ecosse), dans un accident d’hélicoptère. Il avait 39 ans.
C’est cette même année que la franchise a évolué en Colin McRae : DiRT, sur PC, X360 et PS3. Et en 2009, la licence de Codemasters se transforme en DiRT avec un troisième volet plus orienté arcade, paru sur PC, puis sur PS3 et X360. Et après un excellent DiRT Rallye en 2015, Codemasters est de retour ce mois-ci avec DiRT 4.
Une pure simulation de rallye ?
Après un crochet, il y a quelques années, par la case « arcade », l’éditeur poursuit donc sa reconquête de la simu de rallye. Si la franchise ne bénéficie pas de la licence officielle du championnat du Monde WRC (attribuée au soft de Big Ben Interactive), elle va jouer sur le même terrain. A savoir une simulation poussée de la discipline.
Nous allons parler ici d’un jeu qui applique (presque) à la lettre les règles du rallye, à la pénalité près. Un titre aussi exigeant que précis, qui comblera les puristes. Mais paradoxalement, les développeurs ont aussi trouvé l’alchimie qui fait que le gameplay reste très accessible aux personnes qui découvriraient la licence. Un parfait équilibre, peaufiné au fil des éditions, qui ouvre la licence DiRT à un très large public. Ainsi, le choix vous est offert en début de partie, entre un pilotage « gamer » (pour les débutants) ou « simulation » (pour les pros de la discipline). Avec la possibilité de changer en cours de route, en fonction de votre progression.
Tout commence au garage, avec la possibilité de modifier tout ce que vous souhaitez (pneumatiques, suspensions, freins…), ou de réparer votre bolide. Sur la piste, suivez les règles, sous peine d’écoper de pénalités qui handicaperont votre place au classement final.
Le panier garni façon Codemasters
Bien évidemment, le menu d’accueil va vous proposer tout ce qui fait l’ADN de la discipline, à savoir un championnat du Monde qui se découpe en différents rallyes autour du monde. Eux-même sous-divisés en « spéciales ». Vous allez voir du pays… Mais pas tant que ça ! Et c’est le premier reproche que l’on fera à ce DiRT 4. Cinq destinations seulement pour le mode principal (Australie, Suède, Espagne, Etats-Unis et Pays de Galles). Mais, à défaut d’être officielles, avec des spéciales générées de manière procédurale. Et la possibilité d’éditer très simplement vos propres épreuves.
Avec cependant quelques drapeaux en plus pour les autres modes (les amis Bretons retrouveront par exemple le circuit de Lohéac en mode Rally-cross).
Ce qui n’empêche pas le soft de Codemasters de varier les plaisirs. Ce en nous proposant, outre le rallye classique, de passer par Land-Rush, Rally-Cross et Historic Rally. Et pour le coup, DiRT 4 bénéficie de la licence officielle du championnat du Monde FIA de rally-cross.
Pour faire les choses comme il le faut, nous vous conseillons évidemment de débuter par le mode carrière. Il va vous proposer de débuter par l’académie, afin de cerner toutes les subtilités du pilotage. Puis, il vous lâche dans le grand bain !
Un beau jeu, mais…
Je dois bien avouer que la direction artistique du titre me laisse assez mitigé. DiRT 4 est assez beau, et tourne plutôt bien en 1080p, avec un rafraîchissement en 60fps. Les spéciales regorgent de petits détails très agréables, qui leur donnent vie. Et je ne parle même pas de la modélisation des véhicules, proche de la perfection. Avec leurs bouts qui se détachent de la carcasse au moindre choc, les pneus qui éclatent, et des dégâts et salissures qui s’affichent en temps réel.
Pourtant, dans l’ensemble, je reste assez dubitatif. Notamment à cause des décors qui laissent un arrière goût d’inachevé. Certaines textures ne sont pas toujours convaincantes, et lors des spéciales en plein jour, on sent que le soft peine au niveau de l’affichage. DiRT 4 est un beau jeu, mais moins que DiRT Rallye, avec des environnements qui semblent dater d’il y a deux ou trois ans.
Les environnements sont vivants (notamment avec du public au bord de la piste), mais on aurait aimé plus de réalisme. La technologie actuelle permet par exemple d’avoir autre chose qu’un photographe qui reste impassible lorsque vous éclatez votre radiateur contre un arbre à 20 cm de lui. Ceci dit, peu de personnes remarqueront cet aspect, le joueur se concentrant habituellement sur sa course. Et c’est bien là le principal.
Enfin, je me dois de rééquilibrer le débat en vous parlant des sons. Si les thèmes musicaux qui accompagnent les menus sont plutôt sympas, mention spéciale pour l’ambiance sonore in-game. DiRT 4 propose des captures de moteurs particulièrement réussies, très réalistes. Un point qui contribue à vous immerger davantage dans l’ambiance des épreuves. Avec toutefois une réserve sur les commentaires de votre co-pilote. S’ils sont indispensables pour espérer boucler une spéciale, il vous faudra environ dix minutes pour réaliser que votre passager a une fâcheuse tendance à répéter les mêmes phrases en boucle.
Un mode carrière archi-complet
Sans surprise, voilà LE gros morceau du jeu. Le mode carrière est celui qui va vous proposer de faire évoluer votre avatar, de l’académie DiRT jusqu’aux podiums du championnat WRC.
Ce n’est pas vraiment une surprise : après avoir été recruté, vous devrez passer par la case « académie de pilotage ». Un incontournable qui va vous permettre de mieux cerner toutes les subtilités du soft, et du virage en épingle serrée. Il est temps maintenant de prendre les commandes de votre petite écurie, qui veut percer dans le milieu…
Puis viendront les premières courses, qui alternent les différentes disciplines du jeu, et la chasse aux sponsors. Car pour réussir dans cet univers, il faut de l’argent, et le soutien de grosses marques qui poseront leur flocage sur votre bolide. De l’argent, vous en gagnerez aussi à l’issue des courses. Tout comme l’expérience qui définira votre niveau de compétence d’ailleurs.
Et une fois les « sous-sous dans la popoche » ? Cap sur votre garage ! C’est ici que vous allez stocker vos petites dépenses. Les véhicules (environ 70 à acheter, dans différentes catégories) tout d’abord. Mais c’est aussi ici que vous allez héberger vos techniciens… Oui, l’argent sert aussi à recruter une équipe, car on l’oublie souvent : la course auto n’est pas un sport individuel, mais bel et bien un sport collectif. Et DiRT 4 en profite pour nous offrir ici une légère intrusion dans le monde du jeu de gestion, avec le recrutement des ingénieurs dont vous pourrez définir la durée du contrat, ou le salaire.
Un plus avec les autres modes
J’évoquais plus haut les autres modes de jeu. Il est temps de revenir plus en détails sur ces variantes, qui vont prolonger à la fois l’expérience et le plaisir. Et croyez-moi, rien de tel pour se détendre entre deux spéciales un peu tendues !
Comme je l’écrivais, à défaut d’être officiellement licencié « championnat WRC », DiRT 4 l’est pour le championnat FIA de rally-cross. La discipline découverte dans DiRT Rally fait ici son grand retour, avec ses épreuves très populaires en circuit fermé, sur terre et asphalte. Vous retrouverez ici des terrains de jeu officiels, à boucler en trois ou six tours selon les règles de la discipline.
Autre retour : celui du Land-Rush (vu dans DiRT 3), qui va vous permettre de piloter des buggies, pro trucks et crosskarts sur des circuits assez courts. Cette discipline venue d’outre-Atlantique se veut plus spectaculaire, avec ses pistes de terre, ses nuages de poussière et ses virages plus serrés. Tous les goûts sont dans la nature, mais ce mode est celui qui m’a semblé de très loin le plus fun.
Enfin, le Rallye Historique va vous permettre de dompter des véhicules des années 60, 70 ou 80. Des véhicules d’une autre époque, qui peuvent s’avérer de ce fait assez imprévisibles.
Et si vous en voulez encore, vous pourrez faire un passage par la case « Virée« . Une sorte de mode libre vous proposant une douzaine d’ateliers pour vous détendre. La plupart du temps, ces épreuves consistent à défoncer des piles de caisses, ou à passer des check-points sur des petits circuits ouverts (la cour d’une entreprise avec ses hangars…).
Quid du mode online ?
Bien évidemment, DiRT 4 ne pouvait passer à coté des compétitions en ligne. Et là encore, le jeu de Codemasters a écouté les remarques, pour proposer un online répondant aux attentes des joueurs.
Vous pourrez par exemple participer à des épreuves journalières quotidiennes, hebdomadaires et mensuelles. Mais attention : ce mode online est à réserver aux as du volant. En effet, voici le mode dans lequel vous allez pouvoir prendre toute la mesure de la difficulté vue par Codemasters.
J’en veux pour exemple cette épreuve d’une douzaine de spéciales, durant lesquelles votre voiture conserve son état d’une course à l’autre. « Qui veux voyager loin ménage sa monture ! » Je l’ai appris à mes dépens, au volant d’une véritable épave au bout de la quatrième spéciale. Et oui : pour pouvoir réparer sa voiture, autant être blindé de thunes ! Apprenez donc, plus qu’ailleurs, à bien gérer vos dégâts.
Au final
Très clairement, DiRT 4 souffre de quelques petites lacunes. Mais une fois en jeu, Codemasters affirme une fois de plus sa maîtrise du sujet lorsqu’il s’agit d’aller lorgner du coté de la simulation de sports mécaniques.
La licence revient ici aux fondamentaux de la simulation de rallye. Et lorsque certains se seraient contenté d’une suite paresseuse, Codemasters enrichit sa franchise en nous proposant encore plus qu’un simple jeu de rallye. Véritable jeu à tiroirs, DiRT 4 retient la leçon d’un DiRT Rallye à qui l’on reprochait son manque de contenu, justement.
Pour les amateurs du genre, DiRT 4 est donc un must-have. A la fois abordable pour les novices, et suffisamment technique pour les puristes, il complète l’équation avec un solide contenu. Au final, nous avons là un jeu très complet, qui pousse la jauge encore plus loin. Et sans doute l’épisode de la franchise le plus intéressant. Peut-être même le jeu de rallye le plus passionnant du moment…
DiRT 4
Par Codemasters, sur PC, PS4 et Xbox One. Pegi : 3.
Les + :
- Un jeu très complet
- Un pilotage technique (pour les puristes)…
- … Mais aussi très accessible (pour les débutants)
- La bande-son
- Très bonnes sensations en course
- Pas mal de disciplines
- Pouvoir éditer ses propres spéciales
- La modélisation des véhicules
- L’aspect « gestion » de votre écurie
- Voix en VF
Les – :
- Visuellement beau, mais un cran derrière DiRT Rallye
- Pas de multi local en écran splitté
- Menus pas toujours ergonomiques
- Un co-pilote qui radote
- En Rallye, seulement cinq destinations