Attention, OVNI vidéoludique en approche ! Spike Chunsoft et Deep Silver ressortent des cartons un 428 Shibuya Scramble qui fête déjà ses dix ans. Son intérêt ? Il vous propose de mener l’enquête dans un genre quasiment inconnu sous nos latitudes : le graphic-novel !
Tokyo, petite ville tranquille ?
Dans un jeu qui porte le nom de l’un des quartiers les plus animés du monde… Vous avez tout de suite compris que nous mettons aujourd’hui le cap sur Tokyo, capitale du Japon. Et comme le nom du jeu l’indique très clairement, c’est dans le quartier de Shibuya que va se dérouler cette aventure.
428 Shibuya Scramble est un titre qui peut s’apparenter à une enquête policière. Il est 9h58, et les policiers du district sont tous en faction devant la gare de Shibuya. Au pied de la célèbre statue de Hachiko, une jeune femme, Hitomi, attend, un attaché-case dans les mains. Sa soeur, Maria Osawa, a été kidnappée, et elle s’apprête à payer la rançon (50 millions de yens), sous l’oeil des policiers, et du premier personnage que vous incarnerez : l’inspecteur Shinya Kano… Un jeune homme se fait appréhender, mais il y a erreur : le véritable malfrat se taille avec les billets. Mauvais choix, premier bad ending, nouveau scénario débloqué… On ne joue que depuis dix minutes ! Et la suite va devenir encore plus sombre, mais c’est à vous de la découvrir…
En soi, le jeu n’est pas vraiment nouveau, puisqu’il est sorti au Japon sur Wii, en 2008. C’est dire si les éditeurs européens rechignent à localiser ce type de jeux en Europe ! Le titre est signé Spike Chunsoft, et nous arrive enfin sur PS4 suite à un récent partenariat entre le développeur et l’éditeur Deep Silver (lire ici).
Qu’est-ce que c’est comme type de jeu ?
Je sens que certaines boutiques vont galérer pour ranger le jeu dans leurs étagères. Tout simplement parce qu’il est… Inclassable ! « Enquête » à la rigueur, mais ce n’est pas tout à fait cela ! Comme l’a précisé l’éditeur, on parlera ici de graphic-novel… Mais c’est un peu plus que ça…
Pour faire simple, 428 Shibuya Scramble reprend les mécanismes de deux types de jeux. Le premier est donc tout simplement le graphic-novel. Un genre parfaitement inconnu chez nous, mais ultra-populaire au Japon (je crois qu’il figure même parmi les types les plus vendus sur l’archipel, devant les RPG). Un graphic-novel, pour caricaturer, est un jeu composé à 98% de textes sur des images, et à 2% de choix multiples qui influent sur le reste de l’histoire. En Europe dernièrement, le jeu qui s’en rapprochait le plus est Utawarerumono, dont vous pouvez trouver le test ici.
Des « Full-motion video » à l’ancienne
Le second genre dont s’inspire ce titre (s’il s’agit bien d’un « genre » de jeux), c’est le FMV (ou full-motion vidéo). Il s’agit cette fois d’un genre totalement oublié, puisqu’il a connu ses heures de gloire à l’époque des premiers jeux vidéo sur CD (sur Mega CD, Philips CDI, etc). Un jeu en FMV est un jeu qui utilise des vidéos, avec de vrais acteurs. Parmi les plus connus, j’ai envie de vous citer Mad Dog McCree, ou Night Trap. Et ici, on va donc retrouver ces vidéos, avec je le reconnais, une grosse majorité de plans fixes (des photos, quoi).
C’est bien, et c’est pas bien ! Le FMV est plutôt une bonne chose, puisque ce choix nous offre un réalisme et une immersion incroyables ! Pour la partie « graphic-novel » je serai plus mitigé, car nous allons toucher ici au très gros point noir du jeu : il n’est pas localisé en Français ! Aussi, malgré un scénario passionnant, ces milliers de pages de texte uniquement en Anglais risquent d’être une barrière pour certains d’entre vous. Les textes ne sont pas incompréhensibles si vous maîtrisez un minimum la langue de Shakespeare. Mais si vous êtes anglophobe, ce jeu n’est pas pour vous !
Gameplay… Et hop, sans les mains !
Oui, j’avoue, sans les mains… C’est un peu exagéré ! Il n’empêche que le gameplay est on-ne-peut plus simple. Pour ne pas dire que 428 Shibuya Scramble peut se jouer en totale détente, avec une seule main, vautré dans le canapé, la manette posée avec nonchalance sur le genou. C’est parti pour suivre cinq personnages, sur une timeline qui s’étend sur 10 heures (découpée en segments d’une heure… Mais sans parler de la rejouabilité).
Et pour cause : dans 95% du jeu, votre rôle consistera simplement à appuyer sur X pour faire défiler le texte ! Mais vous pourrez aussi parfois ouvrir des fenêtres d’explications pour les mots clés (en bleu) à l’aide de la touche ▢. Des explications ou des définitions qui vous apportent des éclairages sur l’organisation de la Police, de la vie tokiote, etc. Plus tard, des mots apparaîtront aussi en rouge. Cette fois, ils vous permettent de switcher instantanément sur une autre timeline.
Des arcs narratifs qui s’entrecroisent
Et puis, évidemment, au beau milieu de ces centaines de pages de texte, vous devrez parfois faire des choix. Ils seront capitaux puisqu’ils influeront sur le reste de l’histoire, et sur les timelines des autres personnages… Si par exemple un individu meurt dans une situation bien précise, sans doute devez vous explorer une autre ligne pour faire une action précise qui évitera ce décès prématuré. Un mécanisme génial qui vous oblige à revenir sur toutes les timelines afin d’avancer dans le bon sens. En fonction de vos choix, vous aboutirez à une bonne ou à une mauvaise fin. Au total, le jeu ne vous proposera pas moins d’une cinquantaine de fins différentes, bonnes ou mauvaises.
Une véritable toile d’araignée de situations qui s’entremêlent, sur les timelines des cinq personnages jouables. Chacun vous apporte des précisions qui vous permettront de démêler cette intrigue complexe, qui repose exclusivement sur vos bons et mauvais choix. Il est parfois nécessaire d’obtenir une mauvaise fin pour comprendre plus tard, et revenir sur un épisode en particulier pour le conclure positivement… Et compléter cette arborescence complexe.
Des qualités et des défauts !
Au chapitre des qualités du jeu, on retiendra tout d’abord son ambiance unique. Et tout débute lors de son intro, avec une bande-son géniale qui vous rappellera la douce époque des séries des années 80-90 ! Une ambiance qui est aussi portée par la direction artistique du titre, et ses illustrations (photos et vidéos) qui le rendent terriblement crédible. Et je ne vous parle même pas de son scénario, qui va vite vous happer ! On veut continuer, on veut savoir… Si vous adhérez au concept, ça va être difficile de décrocher !
Pourtant, le jeu a aussi quelques défauts. Et le premier a déjà été évoqué : sa localisation en Anglais exclusivement, qui risque de fermer la porte à bon nombre de joueurs. Et c’est vraiment dommage !
Son second principal défaut est lié à son gameplay, si l’on peut dire. Puisque, lorsque vous aurez débloqué une grosse partie de la timeline, vous pourrez revenir sur les épisodes déjà achevé, afin d’en obtenir la bonne fin. Mais de ce fait, vous devrez aussi vous refarcir les nombreuses pages de texte. Parfois, on peut les zapper. Mais parfois, c’est impossible, et ces lignes ne sont pas toujours capitales dans l’aventure. On aura donc assez souvent l’impression de perdre de précieuses minutes sur des textes pas toujours intéressants… Et surtout déjà lus !
Des passages alambiqués
Si l’histoire est prenante, elle manque aussi parfois de cohérence. La faute sans doute à quelques tentatives d’humour, pour désamorcer l’ambiance pesante de l’intrigue. Parfois, ça marche et on aime… Mais parfois, on tombe dans la caricature, voire dans l’incohérence scénaristique. Sans vous spoiler, disons que les policiers du jeu ont parfois des méthodes capilotractées, pour des situations qui auraient été résolues en 2 minutes dans la vraie vie ^^.
Enfin, si j’écrivais plus haut que la musique d’intro est excellente (elle colle à l’ambiance), la bande-son est, mon sens, globalement trop austère. Des musiques assez génériques, et des acteurs qui ne sont pas doublés… Encore une fois, c’est dommage ! Et puis, j’ai comme une envie de vous parler du prix du jeu, soit 50€… C’est correct, mais reste à savoir si le titre est à la hauteur de ce qui commence toute de même à représenter une petite somme !
Au final
428 Shibuya Scramble bénéficie d’entrée d’un avantage imparable ! Cet OVNI vidéoludique est le seul représentant de son genre actuellement sur consoles ! Et fatalement, il est donc… Le meilleur jeu du genre sur vos machines européennes ^^ !
Mais le constat ne s’arrête pas là, et le jeu de Spike Chunsoft se paie le luxe, de surcroît, d’être un bon jeu. Si vous passez outre le fait qu’il ne soit pas traduit en Français (encore une fois, c’est son plus gros handicap), l’histoire est passionnante ! Des choix par centaines, qui poussent donc le curseur encore plus loin que sur Detroit Become Human, par exemple… Et une cinquantaine de fins possibles… Vous voyez le délire ?
Comme le titre de ce test le dit si bien, 428 Shibuya Scramble est un jeu dont on n’attendait pas grand chose (si ce n’est le fait de passer un bon moment)… Mais qui, de ce fait, se révèle être une très bonne surprise. Il nous donne plus que ce pourquoi on était venus, et on ne l’a pas vu venir !
428 Shibuya Scramble
- Par Spike Chunsoft, distribué en Europe par Deep Silver.
- Sur PlayStation 4.
- Genre : Graphic novel
- Classification : PEGI 16.
- Prix : 49,99€.
Good end :
- Seul représentant de son genre en Europe
- Une patte qui a du charme
- Des personnages intéressants
- Une intrigue prenante, bonne écriture des arcs narratifs
- Les multiples scénarii
- Bonne rejouabilité
- Aussi de l’humour… à la japonaise
- Plus de 50 fins à voir
Bad end :
- Pas de VF
- Une réalisation un peu datée
- Musiques un peu austères
- Parfois on manque un peu d’indices
- Des passages un peu alambiqués
- Un poil trop cher