Rodea : the Sky Soldier aurait presque pu être une « arlésienne » du jeu vidéo. Après un développement en dents de scie qui a débuté en 2010 (avec des reports et des annulations), le titre développé par Kadokawa Games et édité par Nis America arrive enfin sur Wii-U et sur 3DS. Un jeu « action-aventure » qui tourne sur Wii-U, on ne va franchement pas se priver de le tester, pas plus tard que maintenant !

 Made in Sega

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La première chose qui frappe lorsque l’on démarre ce Rodea, c’est l’ambiance « Sega » qui se dégage du titre. Rien d’étonnant me direz-vous, puisque le jeu est né, à la base, d’une idée de Yuji Naka, le créateur de Sonic. En 2010, il lançait lors d’une interview, comme ça « histoire de », qu’il rêvait de développer un jeu d’aventure qui se passerait dans le ciel… Le concept de Rodea était né !

Ne restait plus qu’à lancer la machine, avec une sortie qui était à l’époque prévue pour la Wii. Pas si facile et le jeu aura connu pas mal de reports ou d’annulations, puis de reprises… Et finalement, cinq ans plus tard, Rodea The Sky Soldier est là, entre vos mains. Et comme Nis America est sympa, il vous livre, avec les premiers exemplaires « boite » du jeu, la version originale sur Wii en bonus (mais attention, l’offre est limitée, il n’y en aura pas pour tout le monde).

Si le jeu est développé par Kadokawa Games, la patte de Sega est omniprésente : characters design, objets à collecter, musiques, ambiance générale et héros qui vole à la façon de ceux de Nights (autre création de Yuji Naka)… L’impression de retrouver les hits Dreamcast d’antan ne nous quitte plus. Cela ne nous rajeunit pas, mais en même temps, bizarrement, cela nous replonge quelques années en arrière. Nostalgie, quand tu nous tient !

Garuda n’attend que toi

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Sur fond de technologie avancée, le jeu démarre en vous présentant Rodea, un jeune homme robot dont la mission première est de protéger la princesse Cécilia. Le prologue du jeu vous permet de prendre la main et d’apprendre à maîtriser la faculté de Rodea, qui est celle de pouvoir voler.

Une fois cette première mission (tutoriel) accomplie, une cinématique se déclenche, et vous rend la main 1000 ans plus tard : vous êtes devenu totalement amnésique, mais vous savez d’ores et déjà que votre mission consistera à sauver Garuda, votre monde, désormais sous le joug d’un mystérieux empereur.

Rodea the Sky Soldier est donc un « Action-aventure » qui se découpe en plusieurs niveaux (25 de mémoire) que vous allez devoir faire et refaire si vous visez le 100%.

Des influences vidéoludiques

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Ce qui me marque dans ce Rodea, ce sont les nombreuses références que comporte le jeu, qu’elles soient volontaires ou pas.

Je pense par exemple, et j’en ai parlé un peu plus haut, à Nights, le fabuleux jeu de Sega qui, il y a quelques années maintenant, nous faisait rêver par sa féérie et ses héros volants. Nous étions à l’époque sur Saturn. L’avez-vous connu ?

La seconde référence qui me vient en tête est Shadow of the Colossus, extraordinaire jeu de la Team Ico chez Sony. Comme dans ce titre, Rodea va devoir affronter de véritables colosses qui font ici figure de boss.

Pour son chara-design, Rodea me fait davantage penser à Tail Concerto (PS1) ou Solatorobo (DS)… Vous l’aurez compris : si le jeu a une identité propre, il ne vous laissera pas non plus l’impression de naviguer en terre inconnue, à plus forte raison si vous êtes un habitué du genre.

Quand la caméra s’affole…

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Autant le dire tout de suite, on a déjà vu, dans ce type de jeux, des gameplay plus simples à prendre en main. Si les plus jeunes peuvent être séduits par ces graphismes tout mignons, Rodea va clairement vous demander une période d’adaptation.

Une fois que vous aurez appréhendé le gameplay du jeu, vous devrez composer avec une caméra qui part souvent en live, s’affole et ne vous offre pas vraiment les angles de vue les plus adéquats. En plein combat, il y a parfois de quoi s’énerver, à voir votre héros louper sa cible car l’écran vient de virevolter sans rien vous demander.

Mais avec la pratique, dès lors que vous aurez maîtrisé la jouabilité du jeu, la sensation de vol est vraiment jouissive. Et contre toute attente, si le jeu reste assez scripté, elle vous donne une grosse impression de liberté… Je sens que je vais encore comparer Rodea à Nights.

Rodea the Sky Soldier est de ces jeux qui démarrent en mettant sur le tapis leurs défauts, vous laissant le plaisir de découvrir de nombreuses qualités par la pratique. Autrement dit, au bout de quelques heures de jeu, une fois que vous serez habitués aux problèmes de jouabilité et de caméra, le jeu se dévoile vraiment, avec de très nombreuses qualités. Patience et persévérance sont les clés pour apprécier Rodea à sa juste valeur.

Très clairement, au niveau de la réalisation, les difficultés de développement sont perceptibles, et l’on devine même des restrictions budgétaires qui ont contraint l’équipe de développeurs à revoir ses ambitions à la baisse. Mais le jeu parvient à séduire par un coté rétro qui nous rappelle les douces heures passées sur les machines Sega : au final, ça passe ! Plutôt que de dénigrer Rodea, on a envie d’y voir un hommage (volontaire ou pas) à ces chères années 2000.

Métaphore de l’iceberg

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Après quelques heures, donc, le jeu commence. L’aventure va vous tenir pendant une vingtaine d’heures en ligne droite. Mais l’intérêt du jeu est de tenter de débloquer tous les objets cachés, de finir les niveaux avec le rang S (il vous faudra donc parfois refaire ces niveaux).

Pour cet aspect, on saluera le travail des développeurs, qui ont « caché » suffisamment d’items pour vous donner envie de vous lancer dans une véritable course à la progression de votre avatar.

Une progression qui se fait d’ailleurs également de manière naturelle, avec des capacités à débloquer au fil de votre progression (comme la mitraillette que vous récupérez plus tard), et qui vont vous permettre de rejouer les niveaux différemment.

Vous l’aurez compris, quand je parlais tout à l’heure des défauts et des qualités de Rodea, j’aurais tendance à le comparer à cette célèbre métaphore de l’iceberg : ses défauts sont les 10% émergés, ses qualités sont les 90% immergés qu’il faut chercher un peu plus. Ne vous fiez donc pas aux apparences 😉

Au final

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Rodea the Sky Soldier est un jeu frustrant ! D’une part parce qu’il arrive trop tard : après cinq ans de développement, sa direction artistique est datée. D’autre part, si son ambiance laisse penser qu’il amusera aussi les plus jeunes, son gameplay capricieux le réserve à des joueurs qui devront consacrer de leur temps pour le prendre en main.

Il n’empêche que Rodea The Sky Soldier reste un très bon jeu : son aventure est longue, il est coloré, la sensation de vol est grisante, et son coté « ancien » lui donne un charme certain. Il vous en donnera pour votre argent, avec une longue aventure et un tas de choses à débloquer…

Contrairement à ces jeux qui vous séduisent sur les premiers niveaux pour tomber ensuite dans la routine, Rodéa vous balance ses défauts dès le départ, puis au fur et à mesure que vous y jouez, égrène des arguments qui font que l’on s’attache : persister, c’est accrocher. Il serait vraiment dommage de passer à coté.


Verdict

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Rodéa est un bon jeu. Malgré sa réalisation datée et quelques défauts, il est de ces jeux qui séduisent plus on y joue… A essayer, vous pourriez l’adopter !

13/20

Les + :

  • Bonne durée de vie
  • Concept original
  • Environnement enchanteur
  • La version Wii offerte dans les premières versions « boite »
  • Le vol
  • Des éléments cachés à débloquer

Les – :

  • Quelques soucis liés à un gameplay parfois retors
  • La caméra parfois déconnante
  • Pas de doublage en Français
  • Les cinématiques, très courtes, un peu trop expédiées
  • Décors un peu vides, polygones en masse… une réalisation qui date un peu

Rodea The Sky Soldier, par Kadokawa Games pour Nis America, sur Wii-U (existe aussi sur 3DS). Pegi : 7.