Si vous êtes du genre à regretter la douce époque des jeux de baston sur consoles 16 bits (Final Fight, Streets of Rage et compagnie), alors un certain Just Beat’em Up : World of Fury aura sans doute attiré votre attention. Ce jeu est développé par le studio indépendant français Zudenan Digital, sur PC. Son ambition ? Nous faire retrouver le plaisir de la baston à l’ancienne, avec ses gros pixels et ses scrollings horizontaux !

Première expérience, premier essai

Avant de débuter le test, à proprement parler, de Just Beat’em Up : World of Fury… Il est bon de replacer les choses dans leur contexte ! Le jeu est développé par Zudenan Digital, un tout jeune studio Français (il n’a pas encore tout à fait un an), porté par un seul homme : David Étienne ! Et Just Beat’em Up est donc la toute première réalisation de ce développeur autodidacte.

► Lire aussi notre portrait : David Étienne : Retour vers le rétro avec Just Beat’em Up

Aussi, au moment où nous testions ce jeu, son créateur était toujours en train d’y apporter des correctifs. Les dernières mises à jour ont corrigé des bugs qui traînaient encore, ici ou là. Et ce n’est pas fini, car nous savons que l’intéressé s’atèle à perfectionner son jeu, afin de vous offrir la meilleure version possible à sa sortie…

C’est pourquoi, d’une certaine manière, nous serons ici beaucoup plus indulgents que pour un test d’un jeu développé avec plus de moyens financiers, par vingt personne, et passé gold depuis deux mois ! Nous prendrons en compte cet aspect plus « artisanal » et les contraintes qui en découlent (tout en restant objectif), Just Beat’em Up ne jouant pas dans la même cour que les AAA ! Cette précision étant faite, passons à notre test !

Le retour de la baston en gros pixels !

Si vous êtes parmi les joueurs qui ont connu « Maître Sega » et ses pubs « C’est plus fort que toi » doublées par Patrick Borg (la voix de Son Goku)… Peut-être vous souvenez-vous de cette douce époque durant laquelle vous distribuiez généreusement les mandales sur MegaDrive ou Super-Nintendo ? Envahies par des méchants punks, les rues attendaient que vous ne veniez les nettoyer, seul ou avec un ami, dans Streets of Rage ou Final Fight (pour citer les Beat’em all les plus connus de l’époque).

Et David Étienne est justement, comme vous l’avez peut-être lu dans son portrait, un fan du genre, et un rétro-gamer averti. Aussi a t-il décidé de franchir le pas, et de développer son propre beat’em up. Un jeu qui s’inspire et rend hommage aux références de l’époque. C’est donc sans surprise que nous allons retrouver ici de nombreux clins d’œil aux jeux de baston d’antan.

Un scénario inspiré par la Cannon ?

Just Beat’em Up se déroule dans un monde post-apocalyptique, et l’histoire débute dans un cadre carcéral : la Prison du Désert. Et comme vous pouvez déjà le deviner, votre obsession sera de vous la jouer La Grande Évasion, pour vous lancer à la poursuite du général Bombix. Votre but ? Déjouer les plans d’Iron Muscle, dont le nom sonne comme celui d’un grand méchant de l’histoire… Je dis ça… j’dis rien !

Le scénario tient sur un post-it, comme à la grande époque ! Si si, je vous assure : relisez les pitchs de Final Fight ou Streets of Rage si vous avez le moindre doute ! Cependant, on pourra s’amuser de voir quelques scènes qui vous feront penser aux meilleurs films de la Cannon… La douce époque durant laquelle Chuck Norris choisissait où il mettait les pieds, « et le plus souvent, c’est dans la gueule ! » (si si, c’est une vraie réplique du grand Chuck). Encore un hommage aux années 80-90 !  

Du beat’em up à l’ancienne

Derrière le créateur, on sent le fan des « Streets of Fight » ! Et ici, rien n’a été oublié : les armes dont vous pouvez déposséder vos adversaires et que vous pourrez ramasser ; les potions de soin à collecter ; les barils destructibles ; un mode « fury » pour latter plus vite et plus fort… Sans oublier le défilement de l’écran de gauche à droite, avec son « GO » fléché qui vous invite à continuer votre chemin dès que la zone a été « nettoyée » ! Les connaisseurs souriront même au début de chaque niveau, en entendant un « Fight » qui leur rappellera un certain versus fighting connu pour ses fatalités 😉  Just Beat’em Up transpire l’hommage aux canons du genre. Le level-design est épuré, mais on vous conseille de garder un œil sur certains petits détails plutôt bien trouvés.

Et comme à la grande époque, le jeu vous propose d’entrée de choisir entre trois personnages : l’équilibré (Muzook, une sorte de ninja électrique habillé en Jawa) ; Le balaise (Staekar-94, une fusion entre Tortue Géniale et Starlord) ; Et la combattante (Kurakiba). Bien évidemment, chacun a un style de combat qui lui est propre, et des aptitudes spécifiques basées sur la rapidité, les spéciaux ou la force. Et comme dans les références du genre, le jeu est jouable en solo, mais aussi en co-op si vous avez un ami sous la main.

Une trentaine de tableaux à nettoyer

Pour le reste, chaque personnage dispose de trois coups de base : coup de poing (U par défaut), coup de pied (touche I) normal ou chargé (maintenir la touche), et enfin spécial (touche J par défaut), à condition que votre barre de Fury soit suffisamment remplie. Enfin, la touche O vous sert, par défaut, à ramasser les objets. Notez enfin que le jeu est jouable, au choix, au clavier (deux joueurs sur le même clavier) ou avec une manette. Et je vous recommande cette seconde option : de manière générale, j’avoue avoir un mauvais karma avec le jeu au clavier… Et ce quel que soit le titre !

Au niveau de la durée de vie, nous sommes là aussi dans une forme assez standard, avec 9 chapitres et environ une trentaine de stages à boucler. Plutôt correct à vrai dire, d’autant que le soft propose trois modes principaux : Un mode « relax » pour se détendre et débloquer les niveaux les uns après les autres… Un classique mode « Arcade » où le game-over est définitif… Et un mode « Champions » plus hardcore, pour ceux qui n’ont pas froid aux yeux, et aiment avoir mal.

Standards actuels obligent, Just Beat’em Up propose aussi un classement des meilleurs joueurs. Les fans de scoring seront aux anges, puisque le but est ici d’aligner le plus de points, afin de figurer le plus haut possible dans le tableau… Une fois le game-over (ou la fin du jeu) venu(e).

Enfin, deux mots sur la bande-originale, signée Raven (Henri Foucher), qui colle plutôt pas mal à l’action et à l’ambiance générale. La musique est inspirée, et cohérente avec les différents tableaux. Je pense par exemple au thème de la forêt, qui s’éloigne des sonorités électro pour venir toucher à des couleurs plus « new-âge » (un autre vestige des années 90).

Des mécaniques qui se renouvellent

Comme à la grande époque d’Axel ou de Cody, il y a du clonage à outrance dans les niveaux mal famés de Just Beat’em Up. Certes avec des couleurs de fringues qui changent mais… Comme dans les années 90, le jeu est un festival intersidéral du sosie. Le chara-design de Just Beat’em Up est correct, et n’a pas à rougir face à ses pairs. On a déjà vu pire (y compris dans des jeux plus récents, d’ailleurs).

En revanche, plus le joueur progressera dans le jeu, et plus il appréciera de voir que les ennemis (et aussi les boss) offrent ou sollicitent des mécaniques variées… Et qui évoluent au fil de votre progression. Ainsi, par exemple, les taulards et les gardiens du premier niveau ne font que frapper. Et il faudra atteindre le second chapitre pour voir arriver des « amazones » capables de sauter et de lancer des dagues (de vraies plaies !). Et plus loin encore arriveront des rastas qui vont vous pourrir avec leurs glissades en traître !..

► Site officiel du jeu.

Mais quand le jeu aurait pu se contenter d’enchaîner les coups de latte et les bourre-pifs… Il se renouvelle continuellement en offrant des boss ou des passages qui vont littéralement venir casser la routine ! Se farcir un hélico en guise de boss, c’est une très bonne idée ! Faire une moitié de niveau sur un radeau (en évitant de tomber à l’eau, évidemment), c’est pas mal non plus ! Lutter contre une tempête de sable, ou secouer les arbres, dans la forêt, pour faire tomber les ennemis qui s’y cachent, il fallait y penser ! On sent que le jeu veut nous surprendre, et pas que dans le premier niveau.

Les principaux défauts du jeu

Je passerai ici, comme je l’ai écrit plus haut, sur les bugs présents dans le jeu. D’ailleurs certains d’entre eux, que j’avais relevé au début de mon test, n’existent plus aujourd’hui. Et si certains demeurent encore, on devine qu’ils seront très vite corrigés… Le point positif est que quand bug il y a, cela concerne principalement les menus. Et je n’ai pour ma part relevé aucun bug de gameplay… Le jeu tourne sans embûche, porté par le moteur Unity.

En revanche, on ne pourra passer à coté de défauts majeurs, qui sont pour la plupart inhérents au genre. Je parlais par exemple plus haut des ennemis clonés à outrance… Mais je relativise, et vous invite à rejouer à n’importe quel beat’em all pour constater que tous ne proposaient au final que cinq ou six ennemis de base, eux aussi déclinés dans toutes les couleurs de l’arc en ciel… Ce point est sans doute lié à des contraintes techniques… Mais connaissant l’objectif du jeu, ça passe aussi en prétextant un hommage aux jeux de baston d’antan.

Je suis cependant beaucoup plus gêné par la redondance qui s’installe très vite, au fil de l’aventure. Malgré toute la bonne volonté du studio pour diversifier son gameplay, au bout de quatre ou cinq niveaux, vous ne pourrez vous empêcher d’avoir l’impression de faire et refaire la même chose… Encore et toujours, tel un Sisyphe du pétage de gueules. Un défaut indéniable, mais encore une fois, ce serait de la mauvaise foi que de dire que ce problème n’est pas récurrent dans tous les beat’em all.

Commandes : un goût de trop peu

On pourrait également chipoter sur l’animation des personnages, parfois un peu trop rigide. Si l’animation fait le job (je ne dis pas le contraire), j’ai souvent l’impression qu’il manque quelques frames pour que les animations des personnages soient plus fluides. Enfin, on constate aussi une certaine latence qui peut se faire sentir. L’ennemi prend souvent le dessus, avec cette frustration de vous dire que vous aviez pourtant frappé le premier. Certains types d’adversaires (notamment les très grands) ont aussi une meilleure allonge que la vôtre, et c’est une autre frustration : vous frappez dans le vide, mais eux vous touchent… Le point positif, c’est que les hit-boxes sont cohérentes avec les longueurs de bras 😉

Enfin, quelques combos n’auraient pas été de refus. Enchaîner les coups de poing ou de pied, ça fait le boulot ! Mais il aurait été intéressant de pouvoir jouer avec des combinaisons de touches permettant de déclencher de nouvelles techniques. Il est par exemple (me semble t-il) impossible de réaliser des projections, pourtant un classique !

Au final

Après quelques heures de jeu, je dois bien avouer que mon impression est positive. Ce n’était pourtant pas gagné ! D’une part parce que, pour jouer à un beat’em all rétro, j’avoue préférer rebrancher ma vieille SNES avec Final Fight 2… D’autre part car j’avoue être plutôt réfractaire au jeu au clavier (mais Just Beat’em Up est aussi jouable à la manette, comme nous l’avons vu plus haut). Pourtant, le résultat est là : une fois lancé, je me suis surpris à vouloir aller plus loin dans les niveaux… À vouloir aller cogner du boss… Comme à la grande époque !

Ce qui, pour un gros studio, serait un jeu très classique, devient ici un tour de force ! Just Beat’em Up est perfectible, et son créateur aura sans doute encore quelques améliorations à y apporter, après sa sortie. Mais le résultat est là : Il faut reconnaître que, pour un coup d’essai, le produit est prometteur, et mérite que l’on s’y intéresse.

Faut-il jouer à Just Beat’em Up ? La réponse est bien évidemment OUI ! D’une part, parce que c’est en soutenant des projets de ce type que vous donnerez aux studios indés les moyens de développer d’autres jeux, encore meilleurs… D’autre part parce que le titre de Zudenan répond à sa proposition de départ : nous plonger dans un titre qui rend hommage aux jeux de baston des années 80-90, avec des références à la pelle. Cerise sur le gâteau : le titre est vendu 5,99€ (avec une ristourne de 10% la première semaine de lancement). Soit le prix d’un DLC chez beaucoup d’éditeurs. Ici, on parle bien d’un jeu complet.


Just beat’em Up : World of Fury

  • Par Zudenan Digital.
  • Sur PC (page Steam), sortie le jeudi 30 août.
  • Genre : beat’em up rétro.
  • Classification : -.
  • Prix : 5,99€ (avec -10% la première semaine).

World of Fury

 

On a aimé :

  • Du beat’em up à l’ancienne, en scrolling horizontal
  • La variété des ennemis et des mécaniques de jeu
  • La bande-son
  • Bonne durée de vie
  • Pouvoir jouer en co-op
  • Textes en VF
  • Le jeu à la manette
  • Le design des boss
  • Un classement des meilleurs joueurs
  • Un prix mini (5,99€).

C’est un peu moins réussi :

  • Quelques petits bugs encore à corriger
  • Les animations un poil trop rigides
  • Malgré tout, on ne peut échapper à une certaine répétitivité
  • Quelques combos et chopes auraient été les bienvenus
  • Le jeu au clavier (oui j’avoue, ça vient de moi)
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