Life is Strange est un jeu épisodique développé par Dontnod Entertainment, un studio français que l’on connait aussi pour Remember Me qui avait eu un succès mitigé, et édité par Square Enix. Autrefois, les épisodes étaient vendus séparément en dématérialisé. Mais depuis quelques semaines, ils sont réunis dans une « édition limitée », sur PC, PS4 et Xbox One.

Un background qui vous happe

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À vrai dire, je n’aurais jamais pensé y jouer un jour : j’en entendais parler, mais je ne m’y étais jamais intéressé, surtout à cause de son genre, le point & click ne m’attirant pas plus que ça. Mais grâce à une offre de Square Enix, un bundle de Noël, j’ai pu jouer à Life is Strange épisode 1.

Et je suis tombé sous le charme de sa direction artistique et de ses musiques. Après rapide réflexion, et pour un prix assez attrayant, l’édition limitée de Life is Strange s’est retrouvée sur mon bureau. C’est donc avec ce jeu que je découvre le mystérieux monde du point and click (Runaway quand j’avais 8 ans avec les pages de solution à côté, ça ne compte pas vraiment…).

Vous incarnez Max Caulfield, une étudiante en photographie, qui découvre, en sauvant la vie de sa meilleure amie, Chloe Price, qu’elle peut remonter dans le temps.

Vous allez découvrir que tout ne tourne pas rond, que ce soit la disparition d’une étudiante ou la météo qui se détraque, et vous allez essayer de résoudre ces nombreux mystères tout en apprenant à dompter votre étrange pouvoir.

« Twin Peaks » du jeu vidéo ?

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Life is Strange, c’est un scénario assez classique au début qui, petit à petit, tournera au thriller, avec des personnages stéréotypes et une touche de paranormal. Rien de bien attirant, me direz-vous.

Et pourtant, l’écriture est d’assez bonne qualité, pleine de références à la pop / geek culture, qui tombent certes parfois comme un cheveu sur la soupe, mais qui sont la plupart du temps appréciables.

Une anecdote assez drôle : à un moment, Max Caufield, l’héroïne donc, parle de Final Fantasy les créatures de l’esprit en disant que c’est « son film de science-fiction préféré ».

Pour information, Final Fantasy les créatures de l’esprit est le premier film d’animation sorti par Square Enix en 2001. La qualité de la 3D est bluffante pour l’époque, un film d’animation qui leur a coûté extrêmement cher, mais qui a reçu un très mauvais accueil de la part des fans de Final Fantasy.

Alors certes, il ne ressemble pas à du Final Fantasy, mais il vaut le coup d’œil. Pour revenir à nos moutons, je me demande si Square enix, l’éditeur de Life is Strange donc, n’en a pas profité pour régler ses différends avec ses fans…

Paradoxes temporels

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Personnellement, je ne me pas ennuyé : le rythme est bon, le scénario captivant et plein de retournements de situation, bref je n’ai pas vu le temps passer.

Justement parlant de temporalité, tout l’intérêt de Life is Strange se joue avec le temps : il va vous menez à des choix différents, à un déroulement du scénario différent et à deux fins différentes. J’ai longtemps eu peur de la fin et de comment la situation allait tourner, les paradoxes temporels, et les voyages temporels sont des sujets délicats.

Il n’y a pas de science exacte et c’est un sujet qui, aujourd’hui, appartient exclusivement à la science-fiction et au paranormal. Il n’est pas rare de voir des scénarios totalement détruits par une utilisation incohérente et abusive de ces derniers. Life is Strange ne s’en sort pas si mal malgré un passage qui frise l’absurde, mais qui est finalement court et assez bien géré.

Parlons de la fin : je n’en peux pas faire une critique du jeu sans parler des fins multiples, donc ceux qui ne veulent pas être spoilés sont priés de passer leur chemin.

ATENTION SPOILER
Il y a deux fins : une première où Max va revenir en arrière et laisser Chloé se faire tuer pour casser tous les paradoxes qu’elle a créés, et une seconde fin où Max et Chloé partent en laissant Arcadia Bay ravagée par la tempête. D’abord la deuxième fin, qui est pour moi la pire, n’a aucun sens moral, Max et Chloé ont des amis, de la famille et des milliers de personnes vont mourir à cause de leur égocentrisme. Et aucune tentative marquante de la part des scénaristes de nous faire culpabiliser…

La première fin, elle, est plus délicate. Elle est même dure et fera verser une larme aux plus sentimentaux d’entre vous. Je vais passer les détails, mais Chloé meurt assassinée, tout se remet en place dans le meilleur des mondes… Après le traumatisme de cette fin, une réflexion m’est tout de suite venue à l’esprit : « si je comprends bien, vu qu’on revient au début des événements et qu’on supprime l’élément déclencheur de la trame du jeu, j’ai fait 14 heures de jeu pour rien ? » C’est sur cette note un peu sceptique que j’ai fini le jeu.

Ambiance, direction artistique et musique au top

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Développé sous Unreal Engine 3, le jeu n’a techniquement rien à se reprocher, contrairement à certains Telltales (je pense notamment à Tales from the Borderlands qui, malgré sa direction artistique très chouette, est techniquement totalement à la ramasse, ce qui est assez déplorable pour ce genre de jeu,  justement techniquement pas très exigeants.). Un jeu « tout terrain » donc, qui ne demandera pas un PC dernier cri pour pouvoir en profiter à son maximum.

La direction artistique est le point fort du jeu. Des textures peintes à l’aquarelle, des paysages aussi photogéniques les uns que les autres et une musique qui sublime le tout.

Une bande-son faite de 14 morceaux licenciés, de Syd Matters, à José Gonzales en passant par Alt J. Un régal auditif ! C’est d’ailleurs un des bons points de la version boite du jeu : la présence de la soundtrack, une super playlist pour accompagner vos journées.

Un gameplay intelligent

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Quand je vous disais que je n’avais jamais joué à un jeu narratif / point and click, je vous ai presque menti : après avoir joué à l’épisode 1 de Life is Strange, je me suis attelé à l’épisode 1 de Tales from the Borderlands.

Et là où celui-ci se contente d’une succession de QTE et de choix multiples à temps limité (dont j’ai loupé une partie, car je n’étais pas attentif, non pas parce que le scénario est inintéressant, mais le jeu se consomme tellement comme un film que je ne m’attends jamais à ce qu’il me demande quelque chose), Life is Strange, lui, a un gameplay intelligent et qui apporte réellement quelque chose de plus que de simplement dire « faudrait p’tête que je te fasse jouer ».

La base du gameplay est de pouvoir remonter le temps sur une période plus ou moins limitée, pour pouvoir en modifier le cours en sachant ce qui va se passer ensuite.

Je ne me suis pas penché de très près sur le sujet, mais quelques personnes de mon entourage, n’ayant pas joué au jeu, mais ayant vu la Chronique de Mr Plouf sur Life is Strange (à regarder si vous voulez un avis -presque- totalement divergent du mien, je conseille aussi ses autres vidéos au passage), ont hurlé aux incohérences du voyage temporel.

Je n’ai eu vent de cette polémique qu’après avoir fini Life is Strange, et une chose est sûre : cela ne m’a pas choqué, et même s’il y a sûrement des incohérences, car je l’ai dit et je le répète, le voyage temporel n’est pas une science exacte, preuve qu’elle est exclusivement réservée à la science-fiction et au paranormal.

Je ne vais pas argumenter pendant encore 10 lignes sur ce qui fait que je ne le trouve pas incohérent dans la majorité des cas , mais le système de retour dans le temps fonctionne très bien, et permettra de vous faire tergiverser pendant quelque temps sur une énigme avant de comprendre que vous avez ce magnifique pouvoir en votre possession.

Au final

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Life is Strange est un jeu qui ne plaira pas à tout le monde et rien de mieux qu’internet pour s’en rendre compte.

Mais le meilleur moyen reste de se faire son propre avis : vous pouvez trouvez l’épisode 1 pendant des soldes Steam pour pas très cher, et vous vous rendrez vite compte si ce jeu est fait, ou pas, pour vous.

Personnellement, c’est un coup de cœur, malgré quelques lenteurs et des dialogues parfois un peu lourds : je me suis laissé bercer par son univers, sa direction artistique et sa musique.

Mon point de vue sur les expériences narratives, jeu ou film ?

Je tiens quand même à ajouter ma pierre à l’édifice de cette polémique stérile. J’ai plus consommé Life is Strange comme un film que comme un jeu, mais soyons clair, ce n’est pas un défaut.

Je m’explique : lorsque j’ai joué à Life is Strange, j’étais en mode « détente » dans mon fauteuil, les pieds sur mon bureau et la manette tenue entre deux doigts. Le jeu ne demande pas de réflexes ou des compétences vidéoludiques hors-normes, on ne se trouve pas dans un Super Meat Boy ou un Dark Souls qui vous fatiguera physiquement.

Et c’est en ça que Life is Strange se consomme comme un film ou une série. Je parle bien de « consommation » et non de rapprochement ou de ressemblances, car en aucun cas Life is Strange ou un jeu Telltale Games est un film : ce sont bien des jeux vidéo, vous n’avez qu’a lire la définition de « jeu vidéo » sur un dictionnaire ou internet pour vous en assurer.


Verdict

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Life is Strange est une bonne surprise, il a des défauts certes, mais on se laisse facilement emporter dans son univers et ses personnages sont attachants. Que demander de plus ?

16/20

Les + :

  • Un scénario et une écriture tout à fait corrects…
  • La direction artistique et les musiques
  • Des personnages et un univers attachant
  • Un gameplay assez poussé pour un jeu narratif
  • Un collector à moindres frais, qui satisfera ceux qui ont apprécié le jeu et ses musiques…

Les – :

  • Des fins décevantes
  • Parfois quelques lourdeurs scénaristiques
  • Des personnages stéréotypés
  • Un collector qui risque de faire doublon si vous avez déjà les 5 épisodes.

Life is Strange, par DontNod Entertainment pour Square-Enix, sur PS4, PC et Xbox One. Pegi : 16.

Jeu testé sur une version commerciale.

Site officiel