C’est « l’autre » grosse actu sportive du moment ! D’ici quelques jours, quand vous ne serez pas en train de regarder 22 gars se disputer un ballon sur du gazon, en Russie… Vous suivrez les échappées et les peines de Richie Porte, Rick Zabel, Mikel Landa… Et tous les autres engagés sur le Tour de France 2018. Et comme tous les ans, Cyanide Studio et Focus Home reprennent du service…

La Petite Reine est un classique du jeu vidéo

Vous ne serez pas vraiment surpris si je vous dit que Le Tour de France (sur PS4 et Xbox One ; les joueurs PC ont Pro Cycling Manager) est un marronnier du jeu-vidéo ! À l’instar des Fifa et autres NHL ou NFL, chaque année voit l’arrivée d’une nouvelle mouture, qui actualise les effectifs et le tracé de la Grande Boucle. Cette année 2018 ne déroge pas à la règle. Et comme tous les ans, le français Cyanide est aux manettes, pour le compte de Focus Home.

Et si vous ne connaissez pas le Tour de France, je ne vais pas pouvoir grand chose pour vous ^^. Cette épreuve cycliste, considérée comme l’une des plus prestigieuses au Monde (comme la Vuelta en Espagne, ou le Giro en Italie) a lieu pendant un mois, à partir du premier week-end de juillet. Cette année, le Tour s’élancera de Noirmoutier en l’île (en Vendée) le 7 juillet, pour finir sur les Champs Elysées le 29 juillet. L’épreuve est très populaire, retransmise dans plus de 200 pays. Ses organisateurs considèrent qu’elle attire près de la moitié de la population française sur le bord de la route…

Une épreuve française… Se devait d’être adaptée par un studio local. Aussi, comme les années précédentes, c’est le studio de Nanterre Cyanide qui s’y colle et embarque épreuves et équipes officielles. Et ce depuis 2001 si ma mémoire est bonne…

Le jeu vidéo TdF c’est quoi ?

Et bien… À votre avis ? Nous avons donc ici un jeu que l’on hésitera à classer dans l’étagère « jeux de sport » ou « jeux de gestion » (je vais y revenir plus bas). Dans Tour de France, le joueur va devoir débuter en choisissant son équipe : Bahrain-Merida, BMC Racing Team, FDJ, Movistar Team, Team Sky, AG2R La Mondiale, Astana Pro-Team… Si vous débutez, sachez rester modeste…

Une fois votre joueur en main, il est temps de vous lancer. Les commandes de base sont assez simples à prendre en main (un tuto est disponible). Comme dans un jeu de courses classique, la gâchette R2 vous permet de pédaler, L2 de freiner. X vous sert à attaquer, et « triangle » à taper dans vos gourdes pour reprendre un peu de peps. La touche « rond » vous permet de donner des consignes à vos équipiers grâce à l’oreillette. Enfin, la touche « carré » permet de suivre un coureur à proximité, pour reprendre un peu de forces sans se fatiguer.

Car dans TdF, vous allez devoir gérer la fatigue de votre coureur. Votre énergie est matérialisée par un cercle bleu, tandis que l’attaque est symbolisée par un cercle rouge. Chaque effort tape dans ces barres, que vous allez devoir veiller à garder en bon état. Elles se rechargent automatiquement dès que vous levez le pied, mais la recharge est plus lente en fin de course qu’au départ, forcément ! Sur le parcours, le ravitaillement vous permet de récupérer deux gourdes (une bleue et une rouge, correspondant aux barres suscitées). Mais ce ne sera pas suffisant si vous boostez comme un bourrin… Soyez économe de vos forces !

Le gameplay vous demandera sans doute un temps d’adaptation, mais une fois assimilé, il est très agréable. On pourra peut-être reprocher une physique un peu étrange, notamment au niveau des collisions. Et rassurez-vous : si le jeu semble très technique, le tuto ainsi que les indications régulières de votre directeur de course le rendent vraiment accessible à tous. Puristes comme néophytes.

Un aspect « gestion » évident

Habituellement, on a coutume de dire que Tour de France (sur consoles) est plus « arcade » que son homologue PC, Pro Cycling Manager, plus orienté gestion. C’est vrai, mais cela ne signifie pas que vous n’allez pas devoir réfléchir dans TdF !

Car il y a bien un aspect gestion dans TdF : vous n’incarnez pas un manager, mais un cycliste, mais… Pour finir les courses, vous allez devoir cogiter, et surtout faire les bons choix ! Choisir les bonnes trajectoires, gérer votre endurance en prenant en compte les ravitaillements, établir une stratégie d’équipe… Vous n’imaginez pas encore tous les petits détails à prendre en compte, et qui font que… Soit vous récupérerez le maillot jaune, soit vous vous ferez ramasser par la voiture-balai.

Et l’épreuve de réflexion commence avant même la course, tandis que vous devrez analyser le terrain. Examinez bien l’étape du jour : avec des zones de vent, vous vous ferez avoir par des effets de bordures ; une descente vous aidera à distancer vos adversaires ; un chemin étroit à coincer les leaders adverses. Analysez chaque étape, et repérez les zones clé avant de vous lancer dans la course. Avant le début de la saison, vous devrez aussi définir les moments durant lesquels vos coureurs auront des pics de forme.

Entre 30 et 40 minutes pour boucler une étape

D’autant que l’IA a été revue à la hausse : vos adversaires sont désormais capables d’analyser vos statistiques. Si vous êtes par exemple dernier du classement, et que vous ne représentez pas un danger pour eux, ils vont vous laisser vous échapper. En revanche, si vous figurez dans le top 10, ils vont vous pourrir la vie, et vous coller : impossible de s’en dépêtrer !

Les habitués de la licence vont aussi devoir revoir leurs habitudes. Dans TdF2018, on ne switche plus d’un coureur de l’équipe à l’autre. Désormais, vous incarnez le leader de l’équipe, et c’est vous qui donnez des consignes à vos équipiers, par radio. Vous pouvez leur demander de rester dans le peloton, d’attaquer, de vous protéger, de surveiller les attaques éventuelles. Un vrai bon point car, enfin, TdF vous fait ressentir le côté « sport collectif » de la discipline. Votre coureur devra être endurant, mais vous aussi : nous ne sommes pas dans un jeu dont un circuit se boucle en 10 minutes. Ici, comptez au minimum entre 30 et 40 minutes pour boucler une étape !

Il n’y a pas que le Tour dans la vie d’un cycliste !

Le jeu rallonge considérablement sa durée de vie en vous proposant bien plus que le fameux Tour de France (et ses satellites comme Paris-Nice, Critérium du Dauphiné, Euro Tour…). Et les fans de cyclisme ne seront pas sans lâcher un gros big-up à Cyanide pour cet effort sur le contenu du jeu. Il s’avère, au final, plus copieux qu’on ne l’aurait espéré.

Ainsi, les fans de la discipline ne pourront qu’être contents de pouvoir ici participer au Championnats du Monde, ou de se frotter à la mythique épreuve du Paris-Roubaix. Les développeurs creusent cette année la dimension « gestion » du jeu, en proposant un mode « Pro Leader » ! Avec celui-ci, vous allez devoir créer votre jeune espoir, et lui faire atteindre les sommets du cyclisme en partant du bas de l’échelle !

Le mode Pro-Team promet cette année deux fois plus d’épreuves. La plupart (les plus prestigieuses) seront à débloquer ! Et plus vous serez fort, plus des coureurs prestigieux pourront rejoindre votre équipe. Mais si vous êtes mauvais, attention : d’une part, vous n’intéresserez pas les Top, d’autre part vos meilleurs cyclistes auront peut-être envie de quitter l’équipe !

Hélas, le nouveau mode Pro-Leader et ce mode Pro-Team s’avèrent au final trop similaires. Ce qui a pour effet de « tuer » l’aspect nouveauté d’un Pro-Leader qui devra trouver ses marques, à l’avenir, en s’affinant et en se diversifiant.

Du multi-local

Pour le reste, le menu se compose aussi d’un mode entraînement, de défis à boucler… Après avoir bouclé le Tour de France, un mode « MyTour » vous proposera de créer votre propre TdF (il est accessible sans finir le jeu, mais… C’est mieux de se rôder sur le vrai Tour). Contrairement aux apparences, l’Éditeur ne vous permet pas de créer des circuits, mais d’éditer les stats de vos coureur, votre équipe… Pour des parties personnalisées.

Et c’est là que je réalise que j’ai oublié de vous dire que le jeu est aussi jouable en multijoueur local ! Les modes Tour, MyTour et Défis sont jouables avec un ami en 1vs1. Mais vous pouvez aussi choisir de jouer en co-op. Cerise sur le gâteau : un ami peut vous rejoindre en pleine partie que vous aviez débuté en solo. Cela peut sembler anecdotique, mais vu le nombre de jeux qui, aujourd’hui, pensent à cette option… C’est un bon point à ajouter au crédit de Cyanide !

Crispé par les spectateurs

Voilà un point dont il faut impérativement que je vous parle ! Ce jeu me donne une furieuse envie de descendre du vélo… Pour aller coller une patate au prochain spectateur qui me dira « Allez les gars ! » Visiblement, c’est l’une des deux répliques enregistrées pour les spectateurs, au bord de la route. Et croyez moi, à force de l’entendre tourner en boucle toutes les cinq secondes, elle va littéralement vous saouler ! Et je n’exagère même pas !

Fort heureusement, une fois que votre barre d’endurance est complètement vidée, tandis que vous ne parvenez plus à avancer… Viendra la seconde réplique du jeu : « On dirait qu’il a une fringale » Ça change ! Enfin ! N’empêche qu’en termes de variété des dialogues… Le gars qui a déposé un brevet sur  la formule « allez les gars » vit aujourd’hui sur un yacht aux îles Caïman, uniquement grâce à Tour de France 2018 !

C’est d’autant plus dommage que le jeu multiplie les efforts pour assurer une ambiance sonore plutôt réussie : le joueur qui s’essouffle, qui halète… Les véhicules qui vous accompagnent, les consignes de votre directeur sportif dans le casque… L’ambiance serait plutôt réaliste et agréable si… Si il n’y avait pas ces spectateurs montés en boucle !

Des décors pas vraiment fidèles !

Alors, oui, je sais ! On n’est pas ici pour faire du tourisme ! On est là pour simuler les conditions éprouvantes que peuvent ressentir les coureurs ! Le décor n’est qu’un… Décor, justement, juste là pour habiller le jeu. Mais…

Le Tour de France démarrant de Vendée cette année, j’ai pu m’offrir le luxe de comparer le jeu avec les vrais sites. Et comme l’illustre la photo ci-dessous… On est vraiment très loin de la réalité ! À gauche, la ville de Saint-Gilles-Croix-de-Vie dans le jeu ! À droite, la vraie (photo prise au même endroit) ! On joue au jeu des sept différences ? Même le clocher n’est pas du bon coté, et n’est clairement pas le même. Pourtant, à défaut de se rendre sur place, ce ne sont pas les photos de cette ville qui manquent sur Google !

Villages miniatures

Et le constat est le même pour toutes les villes. Elles se ressemblent toutes, mais ont aussi été réduites en termes de proportions. En effet, le manque de réalisme dans l’architecture des bâtiments n’est pas le pire : je suis davantage surpris de voir de grosses villes comme Saint-Hilaire-de-Riez avec seulement une vingtaine de maisons, traversée en dix secondes ! Sérieux ? On parle bien ici de la ville de 12.000 habitants (et près de 200.000 l’été) répartis sur 48 km2 ?

Alors certes, l’intérêt du jeu n’est pas dans la modélisation de ses villes ! Mais je dois avouer que le fait de les réduire ici au plus simple m’aura davantage laissé l’impression de traverser à vélo ces villages miniatures qui amusent tant les petits estivants. Mais pour ce qui est de l’immersion, j’avoue avoir beaucoup plus de mal, du coup ! Surtout sur des 2×2 voies qui deviennent de vulgaires sentiers de campagne…

Pour le reste, la technique fait le job ! C’est fluide, le jeu s’affiche sans soucis en 60fps quasi-constantes. À l’exception des visages parfois étranges (qui a dit « creepy » ?), les cyclistes sont relativement bien modélisés. Peut-être pourra t-on reprocher un léger aliasing sur une PS4 classique, dans des décors qui font parfois trop vides… Les plus impatients risquent aussi de pester sur des temps de chargement un poil longuets.

Au final

Pour être honnête avec vous, je dois vous avouer que Tour de France 2018 m’a tout d’abord donné une mauvaise impression, de par son aspect graphique digne des simulateurs d’il y a cinq ans. Et puis, j’ai découvert  son aspect gestion, tactique… Et rien que cet aspect m’a fait revoir mon jugement ! Oui, TdF est un peu moche… Mais dès lors que vous allez vous intéresser à la gestion de votre équipe, le jeu de Cyanide va révéler tout son potentiel !

Car en termes d’immersion dans le petit monde du cyclisme, Tour de France reste une référence très crédible. Vous allez souffrir avec votre coureur ! Très vite, vous allez apprendre à gérer non seulement votre champion, mais toute l’équipe qui va avec. Le coté « simu » du jeu est vraiment très bon, et mérite le détour. Et pas uniquement si vous êtes fan : les néophytes auront aussi de quoi s’amuser.

En résumé, Tout de France 2018 est un très bon simulateur de cyclisme, qui aurait gagné à avoir encore plus d’habillage, et des environnements plus réels (l’immense pont de Noirmoutier réduit ici à une passerelle, je ne m’y fais toujours pas). Ne serait-ce qu’une vidéo pour introduire les différentes étapes.


Le Tour de France 2018

 

Échappée belle :

  • Un jeu plutôt généreux en termes de contenu
  • Une IA calibrée « bien comme il faut »
  • C’est fluide (60fps)
  • L’aspect « gestion » qui rend passionnant un jeu qui aurait pu être plat
  • Accessible même aux débutants
  • L’IA a été optimisée
  • Toutes les nouvelles épreuves
  • Possible de jouer en multi-local
  • L’immersion : on souffre avec son coureur
  • Un prix cohérent (49,99€).

Chute dans un virage :

  • La modélisation des villes à des années lumière de la réalité
  • Visuellement pas foufou
  • Les temps de chargement
  • Le « Allez les gars » saoulant au possible
  • Quelques collisions étranges
  • Le mode Pro-Leader rendu anecdotique par sa redondance avec le Pro-Team
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