Absente des radars depuis 2003 (avec Dakar 2 sur PS2, Xbox et GameCube), la célèbre franchise de rallye-raid est de retour. Développé par le studio portugais Bigmoon Entertainment (pour Deep Silver), ce Dakar 18 entend bien réinventer la franchise… Et pourquoi pas le genre ?

Dakar… Capitale de… L’Argentine ?

Oui je sais ! Je ne saurais toujours pas vous expliquer pourquoi cette épreuve s’appelle Dakar ! À l’origine, les pilotes s’élançaient de Paris, pour terminer dans la capitale du Sénégal… D’où l’ancien nom Paris-Dakar. Mais depuis 2009, ce rallye-raid a mis les voiles vers l’Amérique du Sud. Désormais appelé Dakar, il traverse aujourd’hui le Pérou, la Bolivie, l’Argentine, et leurs étendues désertiques… En janvier 2019, l’épreuve sera d’ailleurs 100% péruvienne.

Après quinze ans d’absence sur consoles, le studio portugais Bigmoon reprend donc les rênes du jeu vidéo Dakar. Un jeu placé sous licence officielle de l’épreuve organisée par ASO (Amaury Sport Organisation). Autrement dit, le joueur aura le choix entre les cinq catégories de véhicules représentées lors de la course : les voitures, motos, camions, buggies et quads.

« Officiel » signifie aussi que vous allez retrouver ici les vrais pilotes qui composent le plateau. Ainsi que les constructeurs officiels, et leurs modèles de bolides survitaminés. 44 équipes prêtes à en découdre sur 14 niveaux. On trouvera donc du KTM, Honda, Husqvarna, Peugeot, Mini, Toyota, Renault, Mitsubishi, Kamaz, Maz, Tatra, Mammoet, Veka Man… Et si vous cherchez un peu plus de sensations fortes, vous pourrez opter pour les pilotes de quad Ignacio Casale, Sergei Karyakin, Alexis Hernandez ou Rafal Sonik sur son Yamaha Raptor… Le jeu vous offre aussi les commandes des équipes officielles de buggies XTremePlus Polaris… Oui je sais : le choix va être dur !

Démerde-toi !

Dakar 18 arrive avec l’ambition de révolutionner le genre, et d’une certaine manière, il y parvient. Car la quasi-totalité des jeux de rallye vous proposent des jeux à couloirs. Un départ et une arrivée, et entre les deux, un chemin prédéfini. Aussi beaux que puissent être les décors, il suffit de sortir de la piste pour être stoppé net par un buisson, une bande de plastique, voire un mur invisible. La liberté n’est qu’une impression dans les DiRT-WRC !

Dans Dakar 18, l’approche est très différente, puisque l’on ne parle plus de rallye, mais de rallye-raid ! Et le studio Bigmoon a opté pour un véritable monde ouvert : ici, il sera en fait question de course d’orientation, mais avec des moteurs. Un peu comme si Mad Max (le jeu) rencontrait WRC. Autrement dit, entre le départ et l’arrivée, vous êtes libre d’emprunter le chemin que vous voulez, tant que vous arrivez entier, faites un chrono… Et surtout que vous ne loupez pas les « waypoints » (les check-points, quoi !). Vous êtes ainsi livré à vous même…

Roadbook et GPS, vos deux meilleurs amis !

Et c’est donc ici que l’on prend toute la mesure d’un point que l’éditeur nous serine depuis des mois : Dakar 18 se veut réaliste en termes d’orientation, et utilise d’ailleurs les roadbooks officiels. Et bien oui, car dans ce véritable foutoir, votre seul moyen de gagner sera de garder un œil trèèèès attentif sur vos deux meilleurs amis : ces fameux roadbooks, et votre GPS !

Le choix des véhicules correspond, d’une certaine manière, au choix de la difficulté. Car au volant d’une voiture ou d’un camion, vous aurez un co-pilote rivé au roadbook, et qui vous donne de précieux conseils. À moto ou en quad, vous êtes seul, et c’est plus compliqué !

Pour vous en sortir, vous devrez donc apprendre à regarder en permanence la fenêtre située en bas à droite de l’écran. En temps réel, les feuilles du roadbook défilent et vous donnent des indications : tourner à gauche après l’arbre, ralentir entre les deux rochers… En haut de l’écran, un indicateur vous aidera aussi à maintenir le bon cap. Une pastille jaune vous situe le prochain waypoint, et la distance qui vous en sépare. C’est donc à vous d’aligner votre cap sur cet indicateur, sous peine de louper le waypoint. Un ou deux de loupés, ça peut passer… Mais trop de ratés peuvent être disqualificatifs !

Le Dakar 2018 vous tend les bras !

Assez parlé ! Passons maintenant au jeu ! Ici, pas de mode carrière, mais tout simplement l’épreuve 2018 qui vous attend. Avec tous ses tracés officiels ! Et c’est là l’un des points forts du jeu : sa durée de vie ! Car si les tutos vont vous occuper une bonne dizaine de minutes chacun… C’est un autre délire dès lors que vous vous lancez sur le Dakar ! Les épreuves sont longues, très longues (une étape peut aller de 20 minutes à quasiment une heure de jeu) ! Ne comptez pas lancer une partie juste pour occuper 5 minutes, et prévoyez des RTT !

Du sable, de la terre, du plat, des dénivelés ou des dunes gigantesques… Les décors ont le mérite de vous offrir des terrains de jeu très variés. Comme je l’ai écrit plus haut, on est ici dans un openworld, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les développeurs ne se foutent pas de vous. Le monde ouvert de Dakar 18 ne représente pas moins de 20 000 km2 de terrain de jeu ! Tout simplement énorme !

Une chasse aux trésors ?

Le jeu est censé vous faire ressentir les sensations du Dakar, ce en quoi il fait très bien son job. Je puis vous assurer que la première fois que vous êtes largué dans le désert, sans avoir encore trop compris comment marche l’orientation… Vous allez vivre un grand moment de solitude… En pestant d’avoir discuté du dernier épisode de Dragon Ball avec votre pote du collège, pendant que le prof de sport vous expliquait comment fonctionne une boussole.

Au chapitre des à-cotés, le jeu vous propose aussi une incompréhensible chasse aux trésors. Vous pouvez descendre de votre véhicule, et explorer le décor pour y trouver des reliques incas, par exemple. Juste sympa deux minutes, mais… comme vous le rappelle constamment votre co-pilote, « on n’est pas là pour admirer le paysage, mais pour gagner une course » ! Allez Lara Croft, repose tes fesses dans le baquet !

Un accident est vite arrivé !

Si Dakar 18 se veut réaliste, il est un aspect que j’ai particulièrement apprécié : la gestion des accidents ou des sorties de route ! Car dans le désert, les pièges naturels sont légion. Et vous risquez de vous retrouver souvent ensablé.

Le jeu vous permet alors de descendre du véhicule, et de placer des plaques sous les roues pour vous désensabler. Et si cela ne suffit pas, vous pouvez aussi faire appel à un concurrent de passage, pour lui demander de vous remorquer ! Une excellente idée !

De même, l’IA peut aussi se retrouver dans la panade. Et vous serez alors libre de poursuivre votre route, ou de vous arrêter pour aider l’infortuné concurrent. Une bienveillance qui vous fait perdre du temps, mais qui peut vous faire gagner quelques points de bonus ! Notez cependant que cette assistance ne fonctionne que si vous êtes sur le tracé de la course. Si vous vous êtes égaré dans le désert, il y a peu de chance que quelqu’un ne passe près de vous ! Vous devrez alors rebooter depuis le dernier waypoint.

Enfin, la casse pendant la course est aussi possible. Vous pouvez alors vous arrêter pour réparer. Mais attention : cette manipulation demande de posséder suffisamment de crédits. Et vous pénalisera aussi en temps, variable selon la nature des réparations.

La jouabilité n’était pas la priorité !

C’est le constat que l’on fait une fois en jeu ! Oui, c’est beau, et oui ces immenses panoramas sont un dépaysement total ! Mais vous allez vite déchanter une fois la manette en main ! Car si le studio de Vila Nova de Gaia a soigné son open-world et le coté « licence officielle » du jeu… On ne peut pas en dire autant de la jouabilité !

Tout d’abord, j’avoue que je m’attendais à un pilotage fun. Ce ne sera pas le cas, à cause d’un gameplay que je qualifierai globalement de « passable ». La voiture est clairement l’engin le mieux équilibré. Sa conduite est correcte, même si elle nous offre quelques frayeurs en partant en glisse pour des raisons obscures dès lors que vous prenez trop de vitesse. Elle va vous demander un minimum de concentration. Si on ressent bien le poids des camions, leur physique est étonnante, avec parfois l’impression de flotter au dessus du sable et contrôler des aéroglisseurs. La moto est plus capricieuse… Et je ne vous parle pas des quads, les moins ergonomiques du lot, que j’ai personnellement détesté conduire.

Gestion des dégâts à revoir

La gestion des dégâts m’a aussi semblé totalement incohérente. Je trouve anormal de faire un bon lunaire depuis une dune, sans aucun dégâts (juste le copilote qui vous lâche que « ça a piqué » !)… Tandis qu’un saut plus classique (comme on en fait dans un WRC sur une bosse) va littéralement niquer instantanément vos suspensions…

Très clairement, la jouabilité du titre ne semble pas avoir été la priorité des développeurs ! Il en résulte un jeu qui perd en fun, et qui vous pousse à modérer votre vitesse constamment, puisque conduire vite n’amène ici que des embrouilles. Et si le chrono compte, on a une fâcheuse tendance à relâcher régulièrement l’accélérateur… Au mieux pour limiter les risques, au pire pour se rattraper après être parti en cou…

Pour le reste, l’ambiance est juste correcte. Copilote qui vous parle en permanence, ambiance sobre sur le bivouac, musique métal assez classiques dans les menus (dès qu’il y a des voitures de rallye dans un jeu, on a forcément du métal)… J’ai complètement oublié de vous dire que le jeu propose aussi du online. Un mode oubliable : les épreuves sont tellement longues qu’il m’a été impossible de jouer sans problèmes de stabilité, ou sans concurrents qui se tirent en pleine spéciale.

Dakar-nage

Et comme nous avons commencé à parler des défauts du jeu, on va continuer sur la lancée. D’autant que je n’en ai pas terminé avec les aspects négatifs de ce Dakar 18. Du genre qui peuvent agacer ! Comme les commandes improbables lorsque vous sortez du véhicule (la même touche pour sortir/entrer et pour poser les plaques de désensablement… Bonjour le bordel !).

Et le premier, c’est évidemment le co-pilote qui pète parfois un cable ! Le dialogue se déclenche au mauvais endroit, sans raison, et vous paume dans le désert. Je me souviens par exemple avoir cherché pendant une bonne heure les deux rochers après lesquels mon assistant me demandait de tourner… Ceux-ci étaient en fait à quelques kilomètres derrière moi. Le dialogue aurait dû se déclencher si j’avais pris auparavant un virage à 90° et continué sur deux kilomètres. Là, le dialogue se lançait bien en amont, sur une ligne droite, en m’envoyant à l’opposé de la bonne trajectoire. Je pense qu’avec ce bug, les indications se lancent parfois quand vous passez, à la louche, dans une zone… Il serait mieux qu’ils se déclenchent lorsque vous arrivez sur le point de repère… Ces précieuses indications manquent donc parfois de précision. Et il y a d’ailleurs aussi des incohérences entre les sous-titres, et ce que dit le copilote ou ce qui s’affiche sur le roadbook.

Pas de respawn auto

Au même titre, j’ai perdu de précieuses minutes bloqué sur une barrière, le temps de comprendre que le jeu ne respawne pas votre voiture en cas d’accident. Je cherchais bêtement (j’ai découvert que l’on peut descendre du véhicule, oter son casque, se balader…)… Jusqu’à ce que je comprenne qu’en cas d’embûche, il faut appuyer sur « options » et relancer depuis le dernier waypoint franchi. Avec bien entendu des pénalités (-25 minutes à chaque fois) qui vont avec… Une touche pour respawn aurait été bienvenue !

Pour revenir sur ce boulet de copilote, celui-ci va aussi vous agacer énormément lorsque vous êtes ensablé. Mais pensez-vous que votre compagnon de route va vous aider ? Et bien non : il préfère vous regarder, en se foutant au passage de votre tronche !

Une physique qui manque de réalisme

Au niveau de la technique, le jeu cumule pas mal de bugs graphiques. De l’aliasing et du cliping… Et hélas une physique des véhicules qui n’est pas toujours très réaliste. Notamment pour les camions qui semblent parfois flotter au dessus du sable. De même, les accidents manquent souvent de réalisme, devenant parfois complètement improbables ! De plus, une fois en course, l’IA est loin d’être la plus brillante que l’on ait vu dans un jeu de courses.

Globalement, Dakar 18 est un jeu punitif. Derrière son impression de papa-cool qui vous permet d’aller où bon vous semble, le jeu ne laisse absolument rien passer. La moindre erreur se paie cash. Au mieux, vous chopez des pénalités et dégringolez au classement général. Au pire, vous êtes disqualifié en pleine course, sans avoir le temps de dire ouf ! De ce fait, Dakar 18 devient un jeu de niche à réserver en priorité aux puristes de l’épreuve, ou de jeux de rallye très pointus. Mais sa (trop) grande technicité ferme la porte aux débutants, qui préféreront sans doute se tourner vers un DiRT beaucoup plus accessible.

► Lire aussi : Le légendaire Ari Vatanen sera présent dans Dakar 18

Le jeu va être patché
L’éditeur ne s’est pas caché d’avoir sorti le jeu avec des défauts, pour respecter le calendrier. Mais il a aussi annoncé que des patches vont venir améliorer les défauts sus-cités. Ainsi, un copieux premier patch a récemment été annoncé. Il devrait corriger les caméras, les animations des personnages, la gestion des dégâts, les chronos de l’IA… Sans oublier les temps de réparation, la consommation d’essence, et rééquilibrer le gameplay des différents véhicules. Le studio continue à bosser sur son bébé… Ne reste plus qu’à essayer ces corrections !

Au final

Avec ce Dakar 18, on ne peut que saluer la prise de risques énorme du studio Bigmoon ! Nous offrir un jeu de rallye-raid dans un gigantesque open-world, et en nous demandant de nous débrouiller pour retrouver notre chemin… Ce n’est pas courant, et c’est plutôt culotté ! Pourtant, cette audace a un prix. Et au final, le jeu s’avère tellement technique qu’il réduit considérablement sa cible !

Sur le papier, le jeu réinvente complètement le genre, notamment grâce à son gigantesque monde ouvert. Et des mécaniques peu courantes dans les jeux vidéo, qui ajoutent en réalisme (notamment le désensablement ou l’aide entre pilotes). Mais hélas, le tableau est terni par quelques problèmes d’ordre technique, qui ne demandent qu’à être corrigés. Ce qui est prévu !

Dakar 18 n’est pas le jeu parfait, loin de là ! Mais il devrait contenter les fans de l’épreuve, ou de pilotage pointu. Et à l’avenir, les développeurs devront encore bosser sur quelques améliorations nécessaires. Mais le plus important est là : après un vide de quinze ans, Bigmoon plante les bases de ce qui pourrait devenir une nouvelle licence annuelle…


Dakar 18

 

Podium :

  • Véhicules, pilotes, spéciales… officiels
  • Des décors réalistes
  • Jolie modélisation des véhicules
  • On ressent bien les différentes natures de terrains
  • La possibilité d’aider, ou de se faire aider
  • Cycle jour-nuit
  • On doit gérer son véhicule de A à Z
  • Un open-world gigantesque
  • Un vrai challenge
  • Des spéciales très longues

Disqualifié :

  • Un jeu très punitif
  • Quelques bugs
  • Physique pas toujours réaliste
  • La conduite de certains véhicules
  • On se paume quand même très souvent
  • Les indications manquent parfois de précision
  • Le mode « chasse aux trésors » sympa mais… Que fait-il là ?
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