Vous pensiez que la rivalité entre Mario et Sonic était de l’histoire ancienne ? Comme nous allons le voir aujourd’hui, le hérisson bleu de Sega ne rechigne pas, lorsqu’il en a l’occasion, à venir marcher sur les plates-bandes du plombier. Faites chauffer les moteurs ! Aujourd’hui, c’est au volant de véhicules survoltés que Team Sonic Racing va tenter de faire de l’ombre à un certain Mario Kart. C’est possible, ça ?

Sonic est aussi un as du pilotage

On a souvent tendance à l’oublier, mais ce n’est pas la première fois que Sonic et ses amis font chauffer les moteurs, pour en découdre en toute convivialité. C’est même plus précisément la troisième fois concernant la série que nous appellerons Sonic Racing. Dans une certaine mesure, certains remonteront même jusqu’à Sonic R (en 1997 sur Saturn et PC), premier spin-off orienté courses de la saga. Mais que l’on a du mal à classer ici. D’une part parce que nos héros étaient alors piétons… D’autre part parce que le jeu n’a pas vraiment marqué les mémoires…

Lire aussiTEST : Nelke and the Legendary Alchemists : un virage qui se joue (un peu trop) à la cool

Ce troisième jeu mettant Sonic et ses amis au volant de bolides est signé par Sumo Digital… Studio à qui l’on doit déjà les deux opus précédents : Sonic & Sega All-Stars Racing (en 2010 sur Wii, PS3 et X360), et Sonic & All Stars Racing Transformed en 2012 (PS3, X360, PS-Vita et Wii-U). Le développement a été supervisé par Takashi Iizuka, le producteur en chef de la fameuse Sonic Team.

Sept ans après le dernier opus, la série est donc de retour. Teasé en mars 2018 avec un mystérieux trailer, le jeu avait été annoncé pour l’hiver dernier… Puis reporté à ce printemps. Il arrive à point nommé, face à une rude concurrence : Crash Bandicoot qui revient fin juin dans le remake de CTR, puis Mario Kart Tour, cet été, sur mobile… Le calendrier fait-il bien les choses ?

Du contenu, le jeu n’en manque pas

Ne vous fiez surtout pas à l’apparente sobriété du menu d’accueil. Le jeu va vous offrir un nombre plus que correct d’épreuves ! On passera ici assez rapidement sur le menu Capsules de modification (une loterie pour gagner du loot, j’en reparle plus loin)… Associé au Garage, qui vous permet de customiser votre bolide grâce aux objets gagnés (j’y reviendrai aussi !).

Ce qui va nous intéresser ici, ce sont les parties en online, ou Multijoueur en ligne (vous comprendrez son importance en poursuivant notre test)… Ainsi que les Parties locales, idéales pour découvrir le jeu en solo. Elles proposent les habituels time trial, des courses d’entrainement contre des fantômes, ou des courses simples en partie rapide contre la machine (en solo ou par équipes). À moins que vous ne préfériez défier des amis en multi-local.

Lire aussiTEST : Ride 3 : Un très bel emballage, mais hélas mal exploité

Ce qui me fait réaliser que je ne vous ai pas encore parlé du mode Aventures en équipe, autrement dit le mode Histoire dont on oubliera vite le scénario : un Tanooki coiffé d’une couronne vous demande de gagner des courses… Je n’en dirai pas plus pour éviter de vous spoiler 😉 Ici, si le scénario n’est pas très intéressant, le jeu l’est, tant il varie les types d’épreuves : courses simples ou championnats, obligation de finir à trois sur le podium ou victoire en solo, course classique ou élimination du dernier joueur à chaque tour… Ce mode varie le plaisir, les défis, et les enjeux… Le manque d’originalité du scénario est compensé par la diversité des épreuves (que l’on retrouvera en partie rapide).

Le parfait clone de Mario Kart ?

Ce qui m’a le plus surpris avec cet opus, c’est cette impression permanente de jouer à Mario Kart 8, avec des personnages de Sonic ! Tout y est ! Les pistes qui partent dans tous les sens, les pirouettes après chaque saut (qui vous donnent aussi un boost), les items… Certes ils sont remplacés par des produits « maison » (la carapace rouge devient un missile, le faux-bonus devient un bloc bleu, etc).

Pour aller plus loin, nous allons même retrouver les bases du gameplay de Mario Kart. Ainsi, vos personnages se répartissent entre des pilotes légers et rapides, d’autres plus lents mais massifs, et enfin d’autres plus équilibrés. Sur la piste, les fameux dérapages vous seront très utiles, et bien réalisés, et débouchent sur le même boost. Quitte à se laisser porter par la ressemblance, on regrettera néanmoins de ne pouvoir les exploiter jusqu’au bout, en réalisant les fameux «snaking» (conduite tout en dérapage dans Mario Kart).

Présentée comme l’un des points forts du jeu, la customisation des véhicules semble elle aussi venue du rival de Nintendo. On peut en effet changer les roues, le cockpit ou les ailerons, parmi une liste d’items à débloquer. Si ce n’est qu’ici, ces nouvelles pièces influent vraiment sur votre jouabilité, vitesse, résistance, etc…

Sur ce point, je pense que l’on peut donc conclure que oui, Team Sonic Racing est un clone de Mario Kart 8 ! Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : lorsque certains clones nous font hurler «ô scandale» en étant des copies low-cost de Mario Kart, ce TSR fait le boulot plus qu’honorablement. Un clone oui, mais une excellente copie, qui ne vous donnera pas l’impression de vous être fait arnaquer ! Reste donc la question de la pertinence de la version Switch, qui vient donc faire doublon avec un jeu canonique de la machine, bien que les univers soient différents, et que l’on ne pourra que vous recommander d’essayer les deux.

Une réalisation soignée ?

Au premier abord, Team Sonic Racing est un jeu plutôt agréable à regarder. Les niveaux sont jolis, c’est coloré… Et on aime particulièrement ces niveaux qui vous retournent la tête, à la manière d’un Mario Kart 8 avec ses boucles gravitationnelles ! On aime aussi les animations, dans certains niveaux, qui apportent de la vie à vos courses. Un orque (le fameux de Sonic Adventure ?) qui fait des cabrioles, du public qui s’excite dans les gradins… Ce qui fait la beauté de ce titre, c’est bien tous ces petits détails qui l’agrémentent !

Mais très vite, la réalisation va montrer ses limites. Certains niveaux souffrent de chutes de framerate. Et si l’ensemble est, encore une fois, agréable à regarder, on déchante vite dès que l’on se lance en multijoueurs. Des ralentissements, des éléments du décor qui disparaissent, un écran tassé… Et dire que je n’ai testé le multi qu’en mode deux joueurs ! Je n’ose imaginer le délire à quatre ! De même, je n’ose imaginer le résultat sur Switch, où le jeu s’affiche en 30fps, contre 60fps sur PS4/Xbox One.

Les plus jeunes seront ravis de trouver ici un titre où les personnages s’expriment dans la langue de Molière. Alors, certes, le langage n’est pas forcément le plus élaboré… Mais on considérera que le jeu s’adresse principalement aux plus jeunes… En revanche, il est dommage que, dans le mode Histoire, les protagonistes ne soient représentés que par des images fixes, des portraits figés. Quelques animations (des lèvres par exemple) auraient été les bienvenues.

Dans l’ensemble, les musiques demeurent assez génériques, bien qu’elles collent à l’ambiance du titre. Pas vraiment désagréables à l’oreille, mais pas non plus dignes de vous enjailler pendant des heures à écouter l’OST. Bien que certains morceaux sortent du lot (le theme-song du jeu est vraiment sympa, tout comme le Bingo Party, de Jun Senoue et Toriena), d’autres font des clins d’œil très agréables aux fans (j’ai par exemple apprécié trouver un remix de Sonic Boom, theme-song de Sonic CD sur Mega-CD).

Le jeu en équipe : le gros point fort !

Comme son nom l’indique, la singularité et tout l’intérêt de Team Sonic Racing résident dans le fait que vous n’allez pas jouer ici individuellement, mais en équipes de trois (oui, les développeurs se sont inspirés de Sonic Heroes ^^). Si, en solo, vous faites équipe avec deux IA, c’est en jeu online que cette mécanique prend tout son sens : Team Sonic Racing devient alors un jeu de kart coopératif très plaisant !

Le personnage que vous choisirez d’incarner s’inscrira donc dans un trio, dans lequel chacun aura un rôle, en fonction de ses aptitudes, de ses spécialités. Le spécialiste de la « vitesse » vise la première place, mais est plus vulnérable. Le pilote « technique » est plus maniable, et ne ralentit pas s’il sort de la piste. Enfin, l’estampillé « puissance » est peu sensible aux attaques ennemies et aux pièges du décor : il est donc le défenseur de l’équipe. De manière très intelligente, le jeu crée des interactions pendant la partie, entre vous et vos équipiers.

Ainsi, vous pouvez par exemple bénéficier d’un boost si vous suivez assez longtemps le sillage doré de l’équipier le mieux placé, devant vous (ici appelé Slingshot, qui correspond au phénomène d’aspiration, dans les vraies courses de voitures). De même, il existe une jauge qui, une fois remplie par vos trois teamates, peut déclencher un super-turbo pendant quelques secondes, et vous permettre de remonter ! Grâce au Skimboost, vous pouvez aussi octroyer un boost à vos alliés en passant auprès d’eux.

Divers moyen de s’entraider

Cette organisation en trio implique que vous allez non seulement jouer contre les autres (comme dans tous les jeux du genre), mais que vous allez devoir également prendre en compte la collaboration avec vos deux coéquipiers. Sur la piste, cela se traduit par des aides qui peuvent renverser la hiérarchie de la course. Entre autres grâce à la touche « rond » (sur PS4), affectée au transfert d’items (item box transfert). Un équipier peut vous offrir un power-up (ici appelé «whisps». Acceptez-le ou pas), mais vous pouvez aussi, avec cette même touche, soit offrir un objet… Soit en demander si cela vous semble nécessaire. Avec 14 power-up différents, il y a de quoi faire !

► Lire aussi : TEST : Days Gone : une exclu générique, mais qui fait le boulot !

Certaines courses vous poseront pour condition de victoire de ne pas franchir la ligne d’arrivée seul, mais que vos compagnons soient aussi dans le trio de tête. De même, à la fin de chaque course, chaque pilote remporte des points en fonction de sa position à l’arrivée (comme dans un GP de Formule 1 par exemple)… Et lors d’un championnat, autant éviter que vos équipiers arrivent en fin de course, si vous voulez remporter le trophée ! Alors, très vite, plutôt que de penser à finir premier, on devient stratège, en se demandant comment pourrir les autres, comment torpiller les éléments les plus faibles chez les adversaires. Et de nombreux éléments, comme la mini-map, vont vous aider à échafauder des stratégies.

Pimp your « bolide » !

Bien évidemment, on ne pourra pas passer à coté de la customisation du véhicule. Lorsque vous gagnez des courses, vous remportez des jetons, que vous pourrez dépenser dans une machine, une sorte de gashapon. Et dans les petites boules, vous trouverez de nombreux items, comme les fameux power-up que vous pourrez ensuite faire apparaître plus fréquemment sur la piste… Mais ces boules contiennent surtout des peintures et pièces de customisation pour votre bolide.

Celles-ci se partagent en trois groupes : avant (moteur), arrière (ailerons, aérodynamique) et roues. C’est ensuite dans le garage que vous pourrez affecter les pièces de votre choix. Mais attention : avoir un véhicule stylé, c’est bien, mais encore faut-il garder un œil sur ses performances. En effet, les différents éléments ont des caractéristiques qui leur sont propres, et vont venir affecter votre accélération, turbo, défense, maniabilité ou vitesse max. C’est donc à vous de trouver le bon équilibre.

Lire aussiTEST : Mortal Kombat 11 : un retour brillant pour une saga Kulte

Outre les pièces mécaniques, vous pourrez aussi changer la couleur, le son du klaxon ou les stickers de votre engin. Au niveau des véhicules, les fans de la série regretteront la disparition des avions ou des bateaux de All-Stars Racing Transformed, le jeu se focalisant ici essentiellement sur les karts. Il n’empêche que la collectionnite et la customisation vont vous en donner pour votre argent tant il y a de pièces à débloquer…

On n’aurait pas refusé un casting plus gonflé

Le principal défaut de Team Sonic Racing est son manque manifeste d’ambition. Du début à la fin du jeu, on a cette constante impression que les développeurs ont tous les outils qu’il faut, mais n’osent pas sortir de leur zone de confort. Le jeu est bon, mais ne prend jamais véritablement de risques !

On pourrait aussi reprocher un casting qui manque sérieusement de folie. Quinze personnages, c’est un peu chiche ! Et l’on se surprend très vite à jouer et rejouer avec les mêmes pilotes, sans s’intéresser aux autres (Sonic et Shadow en ce qui me concerne). C’est d’autant plus regrettable que les opus précédents nous avaient servi des cross-over mémorables. Ainsi par exemple, dans Sonic et Sega All Stars Racing, on pouvait trouver les héros de Billy Hatcher, Alex Kidd, Samba de Amigo, Beat de Jet Set Radio, Ulala de Space Channel 5… Idem dans sa suite en 2012, avec Ralph (Les Mondes de Ralph), Joe Musashi (Shinobi), Gillius (Golden Axe), le héros de Nights… Chacun des épisodes précédents proposait entre 25 et 30 personnages jouables.

Lire aussiTEST : Sonic Mania Plus : 24 ans après, Sonic est (vraiment) de retour !

Globalement, on retiendra de cet opus l’impression de « déjà vu » qui semble ne pas vous lâcher. Notamment en ce qui concerne les circuits, la plupart provenant des deux opus précédents. Un défaut qui est vite effacé par le plaisir de découvrir les pistes, qui regorgent de raccourcis, d’embranchements… Dans une même course, il est possible de boucler chaque tour sans ne jamais avoir pris le même chemin. Le level-design est donc plus que satisfaisant, avec ses pistes suffisamment larges pour utiliser vos boosts et items.

Au final

Team Sonic Racing est, à mon sens, un très bon Mario Kart-Like, qui va vous offrir de chouettes moments avec vos amis. Cependant, il pêche par un mode solo trop générique, et par un manque manifeste d’ambition. C’est d’autant plus dommage que les développeurs avaient trouvé la bonne recette… Ils ont juste eu la main un peu trop légère sur les assaisonnements.

En revanche, pour cet aspect « teamplay » que Sega nous vend depuis des mois, le jeu est une franche réussite. Cet aspect jeu en équipe est particulièrement soigné, et vous pousse, plus que dans les autres jeux du genre, à peaufiner le stratège qui sommeille en vous ! Une mécanique agréable en solo, franchement géniale en multijoueur, et qui relève le niveau !

Mais la principale difficulté pour Team Sonic Racing va être de faire face à une concurrence qui ne lui fera pas de cadeaux ! En effet, sur Switch, le terrain est déjà solidement occupé par Mario Kart 8, et les PS4/Xbox One vont accueillir dans quelques semaines un Crash Team Racing : Nitro Fueled qui risque de faire mal !

C’est pourquoi on recommandera ce TSR avant tout aux fans du hérisson bleu ou de jeux Sega. Ou encore aux ceusses qui souhaitent essayer tous les jeux de courses… Mais pour les autres, ce sera plus compliqué, il faudra faire un choix. Encore une fois, Team Sonic Racing n’est pas un mauvais jeu, loin de là ! Mais les faits sont là : il n’occupera pas la première marche du podium ! Il sera dessus, mais reste à savoir si ce sera sur la seconde ou la troisième marche…


Team Sonic Racing

  • Par Sumo Digital, pour Sega.
  • Sur PS4, Xbox One et Switch, le 21 mai.
  • Genre : courses.
  • Classification : PEGI 7.
  • Prix : 39,99€.

 

Points positifs :

  • Visuellement très agréable à regarder
  • La customisation de vos bolides
  • L’aspect stratégique, plus que dans les autres jeux du genre
  • Le jeu en équipes de 3 (encore plus en online) : le teamplay est excellent
  • Les personnages de chaque équipe complémentaires
  • Jouabilité plutôt agréable
  • Du challenge en difficile ou expert
  • Beaucoup d’items à débloquer
  • Le doublage VF
  • Un prix raisonnable

Points négatifs :

  • Globalement, des musiques assez génériques
  • Un casting un peu décevant
  • En multi, ça pique un peu les yeux
  • Pas mal de « déjà vu »
  • Un mode Histoire pas franchement inspiré
  • Plus de bateaux ni d’avions (cf Transformed), ni de transformations
 .