Pour la Nintendo Switch, l’année 2017 se terminera comme elle aura commencé : avec une grosse machine ! Et après un Zelda monumental, Nintendo enfonce le clou avec un Super Mario Odyssey qui sonne depuis des mois comme le renouveau de la licence. Qu’est-ce qui est rouge, rondouillard, et que les enfants attendent au pied du sapin ? Mario vient de voler la vedette au Père-Noël lui-même…

Devinez un peu qui se retrouve encore une fois dans la galère ?

Décidément, cette année 2017 aura été très riche en matière de bons, voire d’excellents jeux. Et la toute jeune Switch, sortie en mars, aura apporté sa touche à cette déferlante de hits. Avec tout d’abord un Zelda très réussi, pour son lancement… Et l’année se termine en apothéose avec Super Mario Odyssey. Un nouveau Mario, il n’y a rien de tel pour assurer à la marque un coup de boost sur les ventes d’une console qui a déjà séduit 10 millions de joueurs !

Je ne sais pas s’il est très utile de développer ici le lore de Super Mario, l’un des jeux vidéo les plus connus de la planète ! Mario, Peach et Bowser… Nous allons donc retrouver notre célèbre « triangle amoureux » qui assure gloire et longévité à la licence, depuis plus de trente ans maintenant !

Toujours est-il que, une nouvelle fois, Peach s’est faite enlever par Bowser ! Après tant d’années sans prendre de cours d’auto-défense, il fallait s’y attendre ! Un Bowser sur son 31, puisque le Roi-Koopa envisage cette fois… D’épousailler sa blonde victime ! Dur dur pour Mario qui, en trente ans, ne se sera contenté que d’un bisou sur le pif (dans Mario 64).

C’est donc accompagné de Cappy (un fantôme en forme de couvre-chef) que Mario va se lancer à la poursuite de Bowser, afin de délivrer Peach et Tiara (la soeur de Cappy, elle aussi enlevée). Pour cela, nos deux amis vont devoir mettre la main sur l’Odyssée, un vaisseau à l’apparence d’un haut-de-forme, qui carbure aux Lunes…

Au passage, comme dans chaque épisode, le jeu introduit de nouveaux personnages, de nouveaux « peuples » ! Nous allons trouver notamment les Chapeaux et les Broodals. Les premiers sont les habitants du Royaume des Chapeaux, dont fait partie votre ami Cappy. Les seconds sont des lapins (un peu crétins ^^) qui feront ici office de sous-boss à la solde de Bowser (un peu comme les Sbires Koopa dans Super Mario Bros 3).

Cappy, le principe du couteau-suisse !

Voici LA nouveauté (géniale) du titre ! Super Mario World avait son Yoshi, Sunshine avait son J.E.T., Odyssey aura son « Cappy » ! Un item plein de ressources que nous avions sous les yeux depuis le début de la saga ! Puisqu’il va prendre l’apparence… de la casquette de Mario !

Cappy est un véritable « couteau suisse » ! Il va vous offrir plusieurs nouvelles mécaniques très intéressantes… Sa première fonction est bien évidemment de frapper les ennemis. Mais en maintenant la touche de lancer, votre casquette peut se changer en plate-forme, vous permettant de franchir des précipices, ou d’atteindre des plate-formes éloignées !

Buffet à volonté !

Mais voici LA vraie nouveauté : si vous visez un ennemi, ou un PNJ, Cappy vous permet de « posséder » votre cible (la chapimorphose). D’en prendre le contrôle ! Dès lors, le joueur s’extasie, dans chaque niveau à thème, de pouvoir jouer les habitants des lieux. Contrôler un Goomba, une Flora Piranha, un citadin de New Donk City ou un T-Rex… C’est désormais possible ! Et jouissif, en plus !

Pour le reste, le contenu du jeu reste très proche des jeux Mario de l’ère 3D. Des items à trouver dans chaque niveau (lunes, pièces, boulons…), de (très) nombreux mini-défis qui parsèment les mondes, de la plate-forme, des combats de boss… Super Mario Odyssey est un buffet à volonté, et vous êtes libre de juste contenter votre faim… Ou de vous gaver de tout ce qui vous est offert, jusqu’à la crise de foie !

Les collectionneurs ne seront pas oubliés, puisque de très nombreux costumes seront à débloquer. Certains sont raccords avec le thème du niveau traversé, d’autres sont des bonus qui sonnent comme des clins d’oeil à la série (le costume d’ouvrier de Super Mario Maker par exemple). D’ailleurs, des clins d’oeil à la saga Mario, vous n’en manquerez pas : cela va des niveaux en 2D dans le style de Super Mario Bros (sur NES) jusqu’aux références cachées subtilement dans les niveaux…

Tablette ou TV ?

C’est une donnée constante dans la série : la jouabilité de Super Mario Odyssey est réellement maîtrisée ! Et ce quelle que soit la configuration que vous choisissiez : en mode nomade, les Joy-Cons en mains ou fixés à la tablette… Ou en mode TV, Joy-Cons en main ou clipsés au support manette !

À titre perso, j’ai toujours préféré jouer à la manette, et je ne suis vraiment pas fan du « movement motion » (ce qui m’a quelque peu éloigné, pour ne pas dire qu’il m’a fait décrocher, du concept de la Wii). Mais force est de reconnaître que le jeu nous offre ici une jouabilité aux petits oignons. Avec toutefois une meilleure ergonomie avec un Joy-Con dans chaque main (configuration qui met à votre portée plus de techniques… Ou plutôt, elles sont ainsi plus instinctives).

La fin du « game over »

Quitte à donner un bon gros coup de pied dans les standards du genre (et de la série), Nintendo supprime au passage la notion même du « game-over » ! Une notion qui, loin des salles d’arcade qui aspiraient autrefois vos pièces à la vitesse de la lumière, n’a plus légitimité ! Ici, comme dans un jeu Lego, point de nombre de vies, encore moins de game-over : en cas d’échec, les pièces accumulées vous permettent de repartir du bon pied, du dernier check-point. Autant de fois que nécessaire (et contre dix pièces) pour poursuivre l’aventure !

Pour le reste, le jeu se nourrit des commandes qui assurent son succès depuis tant d’années. Une touche pour sauter, une pour frapper, une commande pour parler aux PNJ… Les commandes de bases sont simples. Ce qui n’empêche pas le jeu de vous offrir, par la suite, pas mal de petites subtilités et actions plus élaborées à partir de ces quelques touches : saut mural, en longueur, triple saut… Un riche panel de commandes, mais rien de compliqué. On ne peut toutefois que vous conseiller de passer par le tutoriel du jeu pour toutes les assimiler ! Comme dans tout jeu Mario, il va vous falloir environ 2,30 minutes pour comprendre, et prendre votre pied !

Pourquoi Super Mario Odyssey est-il un jeu exceptionnel ?

Vous l’aurez compris : Super Mario Odyssey est vraiment un jeu d’exception ! Un incontournable, qui s’impose déjà comme un jeu culte ! Oui, le titre est beau ! Oui, son gameplay est génial ! Et oui il est fun ! Trois qualités qui, cependant, ne vous surprendront pas venant de Nintendo ! Et ce ne sont pas non plus les trois points qui me donnent le plus envie de crier « ô génie » !

Car ce qui fait passer Super Mario Odyssey du statut de « bon jeu » à celui de « chef-d’oeuvre » , c’est avant tout la manière dont Nintendo réinvente sa licence ! Des remises en question à chaque instant, des idées nouvelles glissées ici et là… Super Mario Odyssey est avant tout exceptionnel parce qu’il apporte énormément de nouvelles choses à la licence. En deux mots : richesse et diversité ! Quand beaucoup font du neuf avec du vieux… Nintendo fait ici du neuf avec… du neuf !

Mario l’explorateur

Le soft est une compilation de bonnes trouvailles, et chaque niveau vous surprendra ! Pour le joueur, la surprise dure jusqu’à la fin. Même dans les derniers niveaux, les développeurs parviennent encore à nous étonner avec des nouveautés. Super Mario Odyssey est un peu comme un calendrier de l’avent : chaque nouveau monde est une case que vous ouvrez sans savoir ce que vous allez y trouver !

Des passages en 2D « à l’ancienne » (reprenant les graphismes et les sonorités 8 bits)… Ou des courses et des défis… Des éléments du décor avec lesquels vous interagissez de manière inattendue… Au fil de votre avancée, la dimension « plate-forme 3D » s’efface, pour être vampirisée (dans le bon sens du terme) par l’exploration ! Les niveaux de SMO ne sont pas des tableaux avec un début et une fin… Ce sont des mondes dans lesquels on s’arrête, pour fouiller, pour explorer, pour découvrir…

Contrairement à ce que j’ai pu lire ici et là, Super Mario Odyssey n’est pas UN monde ouvert ! Il est PLUSIEURS openworlds à la fois ! Plusieurs mondes « bac à sable » bien distincts, avec leur univers, leurs secrets… Mais qui forment un tout, sans aucune incohérence. Globalement, Super Mario Odyssey me confirme l’impression déjà laissée par The Legend of Zelda : Breath of the Wild : avec le passage à la Switch, Nintendo me semble avoir changé son approche du jeu vidéo.

Ses titres sont toujours familiaux, funs, bon-enfants… Mais le géant japonais me semble avoir gagné une nouvelle maturité. Ce qui peut sembler paradoxal lorsque l’on se dit que Nintendo est actuellement le constructeur qui a le plus de longévité sur le marché.

Un jeu sans défaut ?

Dès lors, avec tant de qualificatifs, on pourrait penser que Nintendo nous propose le jeu parfait ! Mais vous savez déjà ce que j’en pense : dans le jeu vidéo comme ailleurs, la perfection n’existe pas. Alors, voyons ensemble les défauts de ce SMO.

Le premier point noir est le scénario du jeu ! Bien que son écriture vous réserve (là encore) quelques surprises fort agréables, il reste dans la continuité des précédents Mario, s’appuie sur les clichés qui font recette depuis tant d’années ! Si l’on épure l’histoire de ses pirouettes scénaristiques, nous allons une nouvelle fois devoir délivrer Peach, enlevée par Bowser !

Pour continuer sur le mode « Histoire » , celui-ci risque de vous sembler vraiment court si vous maîtrisez les mécanismes de Mario. En ligne droite, le jeu vous résistera à peine entre six et dix heures. Ceci-dit, la durée de vie du soft est allongée si vous visez le 100% dans chaque tableau. Mais encore une fois, le coefficient multiplicateur de « temps passé » dépendra de votre niveau de joueur.

Quelques soucis techniques

Au niveau de la technique, nous allons retrouver ici quelques petits soucis inhérents à la série. Et notamment un problème de positionnement de la caméra. Si celui-ci a été considérablement amélioré, quelques mauvais placements demeurent, et vous obligeront souvent à replacer la vue dans le bon axe grâce au stick dédié. De même, j’ai pu constater à de rares occasions que l’affichage à 60fps peut parfois chuter brièvement, lors de passages qui mettent en scène de nombreux éléments.

Enfin, l’aspect qui me « dérange » le plus est ce que je qualifierais de perte de l’aspect gratifiant du jeu ! Sans forcément demander à Mario de nous servir du Dark Souls, on aime aussi la franchise pour nos échecs, qui nous poussent à retenter, retenter encore jusqu’à l’accomplissement mérité de notre mission. Depuis plusieurs volets déjà, Nintendo nous facilite un peu trop la tâche à mon goût. J’évoquais plus haut la fin du game-over…

Je pourrais aussi parler de l’aide activable, qui prend les commandes si vous jugez le passage trop compliqué. Ou ce « fléchage » qui vous indique le chemin à suivre si vous êtes perdu. Certes, ces options sont facultatives. Mais si l’on cède à la facilité, elles viennent tuer ce qui fait justement toute la richesse de Mario : l’exploration, et le fait de repousser nos propres limites.

Super Mario Odyssey est-il le « digne héritier » de Super Mario 64 ?

C’est une question que j’ai dû lire une bonne centaine de fois sur la toile, lorsqu’il ne s’agissait pas de la réponse, quasi unanime. Pourtant, aussi surprenant que cela puisse vous paraître, ce « faux-débat » ne m’intéresse pas !

Car tout d’abord, chaque jeu Mario a son identité, sa patte, ses particularités… Ses qualités et ses défauts ! Et vouloir comparer Odyssey à Mario 64 est, pour moi, une erreur. Je conçois cependant que la tentation soit grande de comparer le nouvel opus à celui qui fait toujours figure de référence dans le coeur de nombreux joueurs.

Pourtant, sur quelle base s’appuyer, autre que notre propre appréciation ? Super Mario 64 a marqué des générations de joueurs car il venait tâter un terrain jusqu’alors inexploré par la série : une usine à gaz nommée 3D ! Et que je sache, Super Mario Odyssey ne s’est pas construit autour d’une nouvelle technologie, véritable tournant pour l’industrie du jeu vidéo (on en reparle dès que Nintendo passe à la VR).

C’est une réaction typiquement humaine : nous avons tendance à embellir nos souvenirs. Et soyons objectifs : Super Mario 64 n’offrait pas autant d’idées innovantes que ce Odyssey. En revanche, souvenez vous aussi de ses nombreux bugs, ou encore de sa jouabilité souvent très approximative… Et si l’on veut parler d’idées de gameplay novatrices, j’aurais personnellement plus tendance à comparer Odyssey à Sunshine ou à Galaxy (mais ce n’est que mon avis.

Passage de témoin

Aussi, loin de moi l’idée d’intellectualiser le débat en forçant la comparaison entre Super Mario 64 et Super Mario Odyssey. Les deux sont des références, mais pour des raisons différentes. Non, Odyssey n’est pas le digne héritier de SM64 ! Car nous ne parlons pas vraiment ici d’héritage, mais plutôt d’esprit ! L’esprit Nintendo, qui perdure au fil des éditions, se transmet d’une machine à l’autre, parfois avec des interprétations différentes. Odyssey n’est donc pas un digne héritier, mais un excellent représentant de la série. C’est lui qui a désormais le témoin entre les mains, et c’est une très bonne chose !

Bande-son : encore une idée nouvelle !
Si Koji Kondo compose quelques plages de l’OST de ce Super Mario Odyssey, la direction musicale a été confiée à Naoto Kubo. Et la grosse nouveauté ici est que, pour la première fois dans la série, la bande-originale du jeu s’appuie sur un thème chanté (Jump Up, Super Star !, doublé par Kate Davis). Dans le jeu, la chanson est interprétée par… Une figure féminine issue de la série (mais je vous laisse la surprise). Enfin, pour l’anecdote, si vous souhaitez chanter, sachez que les paroles sont inscrites à l’intérieur de la boite du jeu ^^

Au final

Franchement, quelle surprise !! J’attendais ce nouveau Mario, comme l’un des deux jeux justifiant mon achat de la Switch ! J’attendais un jeu à la fois beau et fun, comme d’habitude avec Nintendo ! En revanche, je n’ai pas vu venir cette déferlante de remises en question, de réinvention des canons du genre… Pourtant inventés en partie par Nintendo ! Le géant japonais nous offre ici une débauche de savoir-faire, histoire de rappeler « qui est le patron » !

Au bout du compte, il faut rendre à César ce qui lui appartient : dans le monde du jeu vidéo, et plus particulièrement des plate-formers, il y a des jeux… Et puis il y a Mario ! Véritable leçon en matière de gameplay, de développement et d’ingéniosité, Super Mario Odyssey est le plus bel argument de vente dont puisse bénéficier la Switch ! Un produit qu’il vous faut absolument, sous peine de louper l’une des plus grosses pépites de la décennie !


Super Mario Odyssey

 

Brillantissimo ! :

  • Des graphismes magnifiques
  • Un jeu rythmé et très fun
  • Un gameplay souple et plein de diversité
  • Des bonnes trouvailles par centaines, tout au long du jeu
  • Aventure, plate-forme, exploration… Un vrai jeu complet
  • Cappy et les transformations
  • La bande-originale
  • New Donk City, un niveau extraordinaire !
  • Costumes, lunes… De la collectionnite !
  • Durée de vie énorme (si l’on cherche le 100%)
  • Les bonus et clins d’oeil

Mama miaaaa !! :

  • Le scénario, avec quelques clichés
  • Une durée de vie courte (en ligne droite)
  • Quelques petits soucis de caméra, parfois
  • De légères chutes de framerate
  • Récompenses, aides… Le coté « gratifiant » en prend un coup
  • Certains niveaux moins réussis que d’autres
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