Il n’est jamais trop tard pour vous parler des bons jeux ! Et celui dont il sera question aujourd’hui est une bonne surprise. Sorti en novembre dernier, Spirit of the North est le fruit de la collaboration entre Infuse Studio et Merge. Un petit jeu indépendant, qui a (presque) tout d’un grand…

Un jeu indé ambitieux

Trois ! C’est le nombre de personnes qui composent Infuse Studio, le géniteur de ce Spirit of the North. Et donc les trois personnes qui ont développé, seules, le jeu. On peut même les citer : Tayler Christensen et Jacob Sutton, qui sont à la fois co-fondateurs et développeurs… Et Joseph Gifford, qui s’est chargé de l’OST (et a investi quelques billes en tant que producteur).

Vous l’aurez compris : nous n’allons pas parler ici d’un jeu développé par un gros studio, avec un budget de fou et une grosse équipe… Mais d’un titre beaucoup plus modeste, réalisé avec quelques économies personnelles et beaucoup de passion.

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Une aventure dans un monde à la fois sauvage et onirique, pas un ennemi à la ronde, des énigmes à résoudre pour progresser… Si vous aimez le genre, le cahier des charges vous rappellera sans doute un certain Journey (Thatgamecompany)… Jeu dont les développeurs de Spirit of the North sont visiblement fans, de leur propre aveu.

Seul, au milieu de ruines

Spirit of the North est un jeu d’aventure en solo à la troisième personne. Il nous plonge dans des paysages nordiques magnifiques, inspirés par l’Islande. Et forcément, l’histoire prend racine dans le folklore nordique.

Au premier abord, le jeu peut être perturbant dans le sens où il ne vous proposera aucun texte, aucune ligne de dialogue. Vous allez devoir observer autour de vous, votre environnement, pour comprendre comment résoudre les diverses énigmes.

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Le joueur incarne un renard roux ordinaire, dans un monde sauvage et glacé, mais qui va évoluer par la suite, alors que la terre se réchauffe. Un monde en ruines dominé par la nature. Mais une nature qui semble aujourd’hui contaminée par un mal étrange, matérialisé par un ciel rouge, et d’inquiétantes racines pourpres.

Notre renard va donc très vite abandonner sa vie de mammifère pour se lier à des entités divines, et notamment au gardien des aurores boréales, un esprit renard féminin. Et ses nouveaux pouvoirs divins (dignes d’Okami) ne seront pas de trop pour comprendre les énigmes laissées par une ancienne civilisation perdue.

Cours, Forest, cours…

Vous l’aurez compris : le jeu va principalement miser sur une progression linéaire, parsemée d’énigmes. Ici, pas d’ennemis à combattre, juste un long couloir qui vous mène vers le niveau suivant. Votre renard pourra courir, sauter, glapir (notamment près des fleurs bleues pour récupérer de l’énergie spirituelle)… Jusqu’à ce qu’il ne soit bloqué par des stèles.

Pour débloquer le passage, vous devrez alors utiliser votre énergie spirituelle, et la transférer dans la stèle. Très accessibles au début, elles vont vous demander, au fur et à mesure de votre progression, de réfléchir pour trouver le moyen de les atteindre. Au fil de l’aventure, vous débloquerez d’autres facultés. Comme le pouvoir de charger votre énergie et la laisser exploser, ou de vous désincarner pour laisser momentanément l’Esprit qui vous habite explorer des lieux inaccessibles.

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Pour les collectionneurs, une trentaine de collectibles sont aussi à trouver. Des cadavres d’humains (prêtres ou pèlerins, on ne sait pas trop) auxquels vous devrez rapporter un bâton de pèlerin (ou une canne magique) trouvé(e) non loin de là… Afin de libérer leur esprit défunt.

La prise en main est quasi-immédiate. Et faute de textes explicatifs, il suffit bien souvent d’observer autour de vous quelques secondes, pour comprendre ce que le jeu attend de vous.

D’un point de vue technique, le jeu est vraiment très joli à voir, et le petit studio indépendant démontre qu’il sait vraiment créer de chouettes environnements, et créer des ambiances… Et tout ça avec seulement 8GO d’encombrement sur votre disque (moins sur Switch il me semble) ! Testé sur une PS4 « classique » , je note cependant la présence d’un léger aliasing, et un lag lors d’un passage bien précis du jeu.

Trois points qui ne vont pas

Si la magie opère très vite, si le joueur tombe très vite sous le charme de ce voyage onirique… Trois points en particulier m’ont dérangé dans le jeu.

Le premier défaut de ce Spirit of the North, selon moi, c’est sa faible rejouabilité. Cinq chapitres à boucler seulement… Certes, leur longueur augmente progressivement, et les énigmes sans être trop compliquées vont vous résister sur la fin… Mais comptez entre 6 et 10 heures en traînant un peu pour en voir le bout (ce qui est plus que correct pour un jeu indé). Mais une fois terminé, seule la quête des « pèlerins décédés » (on va l’appeler comme ça) vous poussera à revenir explorer les niveaux. À moins que vous ne soyez fan des paysages islandais, et que vous souhaitiez simplement vous accorder une balade…

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Second point négatif, cette fois pour la jouabilité. Elle manque cruellement de précision. Et si ça passe dans les vastes étendues, certaines phases de plate-formes, dans des passages plus exigus, vont vous faire rager tant vous allez vous planter sur un simple saut. On fait le tour, on remonte et on recommence ! Et on re-loupe de peu, alors, on recommence. Dès lors qu’ils doivent être précis, les sauts deviennent vite galère.

Enfin, dernier point noir, en partie, pour la musique. L’OST du jeu nous offre quelques thèmes vraiment très beaux, planants ! Ils sont parfaitement dans le ton, et vont nous faire voyager à leur manière. Oui mais voilà : je n’ai compté, à la louche, que cinq ou six morceaux qui se répètent en boucle au fil du jeu. Un ou deux thème par chapitre, cela aurait été top… Hélas, à partir du 3e niveau, vous finirez par les chantonner tant vous les connaîtrez par cœur !

Au final

Sans être un grand jeu, Spirit of the North est un titre à faire absolument, ne serait-ce que pour le voyage dépaysant qu’il nous offre. La quête est sympa, l’histoire (pour ce que l’on en a compris) est un joli conte, l’ambiance vous éloignera des turpitudes de la ville… Bref, si vous avez aimé Journey, vous ne pouvez qu’adhérer.

On est d’autant plus séduits que le jeu est signé par un petit studio indépendant de seulement trois personnes. Et de ce point de vue, on ne peut que reconnaître le travail titanesque qui a été abattu pour boucler ce titre certes perfectible… Mais qui au final laisse davantage de bonnes impressions que de remarques négatives. On a passé un excellent moment et, de ce fait, Infuse Studio peut se targuer d’avoir rempli sa mission !


Spirit of the North

  • Par : Infuse Studio, pour Merge.
  • Sur : PS4, Switch, PC.
  • Genre : exploration, énigmes.
  • Classification : PEGI 7.
  • Prix : 20,99€.
Testé sur une version commerciale, sur PS4
Points positifs :
  • L’animation de notre « maître goupil »
  • Contrôler un renard trop choupi
  • Les paysages superbes et variés
  • Les musiques : de chouettes morceaux
  • Une vraie sensation de voyage
  • Un prix très attractif
Points négatifs :
  • Malgré quelques quêtes annexes, rejouabilité assez faible
  • Les musiques : une poignées de thèmes seulement, qui tournent en boucle
  • Jouabilité : manque de précision, notamment pour les sauts