Huitième épisode canonique de la célèbre saga horrifique de Capcom, Resident Evil Village est le jeu des retrouvailles ! Celles avec le protagoniste de RE7 tout d’abord, Ethan Winters… Et puis, celles avec l’ambiance de Resident Evil 4 et son semi-openworld perdu quelque part en Europe. Si ce n’est que, quand Léon découvrait une bourgade espagnole… Ethan, lui, se retrouve au beau milieu de vampires et de loups-garous, dans ce qui est probablement un village paumé au beau milieu de la Roumanie.

Il était une fois… Bien loin de Raccoon City…

Après nous avoir servi deux remakes, au demeurant très intéressants (RE2 et RE3, cliquez pour lire nos tests), la série Resident Evil avait vraiment besoin de sang neuf, si j’ose dire ! Le dernier épisode original en date étant le septième, sorti en 2017, et dont ce « Village » est la suite directe ! J’entends par là que Capcom a choisi de conserver sa vue à la première personne… Et que le joueur va retrouver ce bon vieux Ethan Winters. Ainsi que Mia, sa dulcinée qu’il devait arracher à la folie de la famille Baker trois ans auparavant, en Louisiane, dans Resident Evil 7.

En trois ans, il peut s’en passer des choses ! Un bébé peut arriver, par exemple ! Effectivement, le jeu s’ouvre sur une séquence animée qui nous présente un conte, à la manière de la légende des trois frères et des Reliques de la Mort dans le film Harry Potter éponyme. D’ailleurs, un petit conseil, dans le récit narré par l’intro du jeu de Capcom, retenez bien les intervenants : ils ont leur importance dans l’histoire, et la séquence finale qui boucle cette histoire vous montrera ô combien. Bref… Le jeu démarre sur un conte lu à Rosemary, bébé de six mois, d’Ethan et Mia. Jusqu’à ce que… Je m’arrête là : la suite ne vaut que si vous la découvrez par vous même !

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J’ai cru comprendre que des fans de la licence ont eu un peu de mal avec le cadre de ce nouvel opus. Pas de zombies, et pas de Raccoon City, ce n’est donc pas un Resident Evil… Mais d’une part, RE7 démontre que la contamination peut revêtir différentes formes (on a même vu nombre de monstres très différents dans la saga). D’autre part, et durant mes parties, je n’ai eu de cesse d’avoir cette idée à l’esprit… Ce Resident Evil Village est très proche, dans sa construction, ses mécaniques ou son ambiance, de Resident Evil 4… Qui est pourtant l’un des préférés des fans. Et puis, vous pouvez compter sur quelques révélations glissées ici et là pour fermer définitivement ce débat.

Qui veut la peau de Ethan Winters ?

C’est la question que vous allez vous poser tout au long de l’aventure… Tant, du début à la fin du récit, absolument tout le monde semble vouloir buter notre Ethan de la pire manière qu’il soit ! Avec le danger aux trousses quasiment à chaque instant, je peux vous dire que votre cher avatar va prendre cher, se faire défoncer de partout ! Et c’est bien là un élément qui va venir renforcer votre sentiment de peur : le stress permanent ! Car tout va très vite, nous sommes dans un jeu d’action à la première personne… Et Ethan (le joueur) n’aura bien souvent d’autre choix que de prendre des décisions rapides (ou ses jambes à son cou), sous peine de finir en tapis de salle de bains, pour la gigantesque Alcina Dimetrescu.

Une fois l’aventure lancée, une fois que vous prenez votre avatar en main, le jeu débute aussi (et vous impose) son rythme frénétique. Celui-ci va consister à avancer, tirer, essayer de survivre, fuir, se soigner, tirer, etc. Du coté du level-design, on appréciera les nombreuses interactions avec l’environnement en semi-openworld, qui vous sauveront la vie plus d’une fois. Entre les barils explosifs, les meubles à déplacer pour barricader les portes, ou les sacs de farine pour aveugler l’ennemi… On ne crachera pas sur ces mécanismes qui aideront votre fuite.

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Et le mot « fuite » est important ! Car nous ne sommes pas dans un jeu de tir, avec des munitions à l’infini ! Bien que cet épisode soit sans doute celui dans lequel vous ferez le plus parler la poudre. Au point de nous laisser croire, lors de quelques passages mémorables, que nous sommes dans un FPS à la Doom, ou du Call of en mode Zombies. Mais histoire de vous faire stresser davantage, Capcom vous rappelle quand même que vous êtes dans un Resident Evil ! Un jeu qui vous oblige à compter vos balles.

Car en revanche, vous ne compterez pas le nombre de fois où vous vous ferez mettre à l’amende… Parce qu’il vous reste trois balles, face à un lycan qui demande à en ingurgiter une dizaine pour passer de vie à trépas. Alors, et c’est bien là le coté vicelard des développeurs… Vous voilà contraint de partir explorer une zone hostile, où vous n’auriez pas souhaité mettre les pieds. Juste pour ramasser un stock de munitions salvateur. En espérant que les ennemis présents sur la route ne viennent pas ruiner l’intérêt de la démarche !

Heureusement, pour vous aider et à l’instar de Resident Evil 4, vous croiserez régulièrement un marchand. Ici, ce gros bonhomme qui se déplace dans une roulotte, et apparaît dans des lieux improbables, se fait appeler The Duke (ou Le Duc). Achetez lui des munitions, des armes, des soins, ou de nombreuses améliorations d’armes, mais attention ! Car comme dans RE4, votre inventaire est limité (et ici, pas de malle magique). Il consiste en un nombre de blocs, sur lesquels vous placerez vos items. Et quand la grille est pleine, il faut faire des choix. Et virer un objet parfois utile, pour y loger un autre artefact. Heureusement, les objets nécessaires à votre progression ou fabriqués grâce à l’artisanat (poudres) ne sont pas comptés sur cette grille.

La star du jeu : son scénario

Aujourd’hui, avec le recul, si on me demande quel est l’aspect qui m’a le plus marqué dans ce Resident Evil Village… Je vous répondrai sans hésiter qu’il s’agit de son scénario. Il y a tant à vous dire à ce sujet !! La difficulté étant qu’il est difficile d’étayer mon argumentaire sans tomber dans le spoiler… Mais rassurez vous, je n’ai pas l’intention de « divulgacher » l’histoire du jeu, dont vous connaissez déjà les grandes lignes. Sachez simplement que le jeu m’a semblé moins effrayant que Resident Evil 7. Sans doute parce que son scénario vous pousse à outrepasser vos craintes pour éclaircir les mystères qui planent sur le village.

L’écriture de cet épisode est une vraie réussite ! Et ceux qui vous diront le contraire n’ont sans doute pas terminé le jeu ! Resident Evil Village est un accomplissement. Il ferme un arc narratif, en ouvre un autre (on le suppose), répond à vos interrogations, apporte des éléments au lore de la saga Resident Evil… Tout en faisant référence aux opus précédents. Bien évidemment, le jeu est jouable sans avoir fait les autres volets. Et un résumé du 7e épisode vous est servi en entrée… Mais si vous êtes un inconditionnel de la saga, vous apprécierez tous ces petits détails qui se raccrochent tantôt à Resident Evil 7, tantôt aux autres épisodes…

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Cerise sur le gâteau, ce scénario pousse son soucis du détail jusqu’à vous dévoiler les explications de certains éléments qui pourraient vous sembler incohérents de prime abord. Pourquoi Ethan soigne t-il de si grosses blessures, simplement en se versant une potion sur la main ? Je n’en dirai pas plus, mais sachez que cet épisode répondra, entre autres, à cette question. Et c’est là toute sa force : rendre le tout cohérent ! Bétonner un lore dont la petite graine a été plantée voilà déjà 25 ans, en 1996. Un univers qui a beaucoup évolué, mais où tout se tient…

Et que dire du bestiaire installé ici ? Exit les zombies traditionnels de la saga. Dans Village, vos nouveaux compagnons de jeu sont des Lycans (des loups-garous), plus rapides, plus féroces et plus intelligents (plus nombreux et plus résistants aussi) ! Les habitants du château vont aussi vous laisser un souvenir impérissable. De la colossale Lady Dimitrescu (du haut de ses 2,90m) à ses trois filles (dont une doublée par Dorothée Pousséo, la voix de Tracer dans Overwatch). Pour son ambiance, pour sa direction artistique, on pourrait penser que la petite fée, quand elle s’est penchée sur le berceau de ce Resident Evil Village, avait un certain Resident Evil 4 en tête. Et ce n’est pas faux : si Village est loin d’être un remake de RE4, il en est le fils spirituel pour son ambiance…

Réalisation : la transition vers la nouvelle génération

Inutile de s’attarder sur ce point ! Le jeu tourne sur RE Engine, qui nous offre un spectacle visuellement de toute beauté ! C’est aussi l’une des forces de Resident Evil Village : ses environnements sont tellement réalistes qu’ils en deviennent plus organiques, presque palpables. On sent le froid lorsque l’on progresse dans la neige, on ressent du dégoût lorsque l’on se perd dans des souterrains crasseux. Et je n’ai même pas parlé du château, qui nous offre un magnifique cadre gothique, sublimé par ses détails et ses jeux de lumière.

Les graphismes d’un jeu, ce sont aussi ses personnages. Et une fois encore, on peut saluer le jeu des acteurs. Qu’il s’agisse des protagonistes principaux (Chris, Ethan, Mia…), ou des PNJ qui font passer tant d’émotion dans leurs attitudes ou leurs yeux. Lorsque les cloches du château résonnent et que les lycans déboulent sur le village, la peur vous parvient d’abord par les regards terrifiés de vos malheureux hôtes. Juste avant d’entendre des bruissements de feuilles, ou des grognements à l’extérieur des maisons.

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La réalisation au service du scénario, ou le scénario au service de la réalisation ? Resident Evil Village semble avoir trouvé le parfait équilibre. Un équilibre qui permet à la série, plus que jamais auparavant, d’installer une ambiance à la fois crédible, et effrayante. Le réalisme de ce conte horrifique vaut pour l’ancienne génération (PS4 et Xbox One)… Mais est, je n’en doute pas, sublimé sur PS5 et Xbox Series. En d’autre termes, Resident Evil Village est le jeu parfait pour permettre à l’ancienne génération de tirer sa révérence… Mais est aussi idéal pour nous en mettre plein les mirettes et plein les doigts avec le ray-tracing, les retours haptiques de la PS5… Et autres subtilités qui font la force de la new-gen.

Donc, une fois le jeu fini ?

Et oui, on est en droit de se poser la question. Car comme vous pouvez vous en douter, une fois le premier run terminé (comptez environ 10h pour voir le générique de fin en mode normal), vous connaissez déjà 90% de l’intrigue et des belles surprises que le jeu a réservé à ses fans. Alors, quid de la rejouabilité dans un titre qui, comme je le disais plus haut, vaut pour son histoire, et pour ses quelques twists ? Et bien… Rassurez-vous, Resident Evil Village a encore pas mal de choses à nous vendre. Et encore une fois, je dois essayer de vous garder la surprise. Mais il a tous les arguments pour vous occuper encore pendant des heures entières, voire des journées si vous visez le 100%..

Bien évidemment, les fans de la série et les amateurs de carnage en règle vont pouvoir s’amuser à refaire le jeu pour en trouver 100% des items et caisses planquées ici et là. Mine de rien, ça occupe. D’autant que, une fois le jeu fini, vous pourrez toujours refaire l’aventure en new game plus. Avec des armes plus pétées. Et quand il s’agit de se faire du lycan au lance-grenades ou au Magnum, ça fout forcément beaucoup moins la trouille qu’avec un couteau de chasse. Ajoutez à cela le fait que le New Game Plus ajoute aussi des améliorations d’armes, via la boutique du Duc, ou la possibilité de munitions illimitées… Et je vous laisse imaginer le carnage ! Vos runs suivant vont, pour le coup, devenir de vraies parties de « FPS défouloir » !

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Et puis, c’est un grand classique dans la série : une fois le jeu terminé, vous débloquerez également le mode Mercenaries. Ce mode arcade, indépendant de l’histoire principale, se débloque en passant par le menu de bonus, puis la boutique spéciale. Contre 10PC, vous pourrez l’obtenir et ainsi vous lancer dans des missions qui consistent à dégommer le plus d’ennemis dans une limite de temps.

Au final

Waow ! Alors là, franchement… Quand un jeu, une fois terminé, vous laisse sur le cul pendant plusieurs minutes (ou heures), à ressasser ce que vous venez de vivre… C’est plutôt bon signe ! C’est mon cas, avec ce RE Village qui, à mon sens, mérite le détour pour son scénario et son ambiance, plus que pour le sentiment de peur qu’il procure (ou pas). Et c’est là toute sa richesse : son principal atout n’est plus l’horreur, mais son scénario et son rythme.

Ce qui est à la fois une qualité, et une difficulté. Pas besoin, je pense, de vous expliquer pourquoi c’est une qualité. En revanche, à mon sens, c’est aussi une difficulté car par son histoire et son rythme, Resident Evil Village se déroule comme s’il avait été conçu pour être joué en un seul run. Et il est très frustrant de sauvegarder, pour y revenir le lendemain : la moindre pause, la moindre coupure, nous sort de ce rythme frénétique. Pour ce qui est du scénar’, c’est une autre histoire tant on reste plongé dedans une fois la manette posée.

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Resident Evil Village est et restera l’une des plus belles claques de cette année 2021. Bien sûr, il risque de frustrer ceux qui s’attendaient à avoir la trouille de leur vie, car s’il reste un jeu horrifique, la peur n’est pas sa meilleure arme. Mais pour sa construction, pour son scénario, pour son ambiance ou pour les sensations ressenties par le joueur au fil de l’aventure… REVillage est un titre à ne pas louper, que l’on soit fan ou non de la saga Resident Evil.


Resident Evil Village

Testé sur PS4, sur une version fournie par l’éditeur
Les points positifs :
  • Un vrai scénario
  • Une ambiance incroyable
  • Le jeu se diversifie du début à la fin (et vous réserve quelques belles surprises)
  • Visuellement, c’est superbe
  • Une VF de très bonne facture
  • Des combats très intéressants
  • C’est fluide
  • Durée de vie correcte, bonne rejouabilité
Les points négatifs :
  • Une aventure qui se termine (trop) vite
  • Deux ou trois twists prévisibles
  • Beaucoup de couloirs
  • Mais on veut de la VR, bon sang !
  • Sans doute l’épisode de RE où l’on fait le plus parler la poudre