Genre ultra-populaire dans les années 80-90, le shoot’em up (ou « shmeup » pour les intimes) est quelque peu tombé en désuétude, à l’heure de la domination des FPS ou des battle-royale. La licence dont il est question aujourd’hui, elle, est loin d’avoir subi le même sort. Indémodable, pour ne pas dire culte, R-Type tente son grand retour, après tant d’autres classiques avant lui… Avec dans l’idée de remettre le shoot’em up au goût du jour. R-Type Final 2 parviendra t-il ? Fin du suspense, on vous dit tout dans notre test (détail qui a son importance : on est sur Switch)…

Une franchise tombée dans l’oubli ?

Avant de commencer ce test, je me dois de repréciser certaines choses ! Car lorsque je parlais de grand classique dans mon intro… L’observation est valable pour les plus de 30 ans, qui ont grandi avec les R-Type sur GameBoy ou Super R-Type sur Super-Nintendo, pour ne citer que ceux là. Car oui, dans les années 90, R-Type (licence alors développée par Irem) était une véritable légende du shoot’em up… Aux cotés des Gradius, Thunder Force, et autres Aleste, Xevious, Darius

Pour les joueurs les plus jeunes, ma remarque sera moins évidente, puisque le dernier épisode véritablement original est R-Type Tactics II: Operation Bitter Chocolate, sorti en 2009 sur PSP. Tous les épisodes qui ont suivi ne sont que des portages ou des remakes des premiers opus, sur mobiles ou consoles plus récentes. Quoi qu’il en soit, et ça ne fera de mal à personne, un petit récapitulatif s’impose.

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R-Type est donc un shmup à défilement horizontal, développé par Irem Software Engineering (puis repris par Arc Developments), apparu pour la première fois dans les salles d’arcade, en 1987. Beaucoup considèrent que ses développeurs se sont copieusement inspiré du Gradius de Konami. La suite de l’histoire, vous la connaissez : le jeu sera un succès, au point d’arriver sur toutes ou la plupart des plateformes du moment. Il connaîtra plusieurs suites : après R-Type viendront R-Type II (1989) ; Super R-Type (1991 sur SNES, un remix de R-Type II) ; R-Type Leo (arcade en 1992) ; R-Type III The Third Lightning (1993 sur Super-Nintendo) ; Puis R-Type Delta ou R-Type Δ (1998 sur PlayStation, le premier en 3D)… Et enfin R-Type Final, dernier épisode canonique sorti sur PS2 en 2003. Les R-Type Tactics sortis sur PSP en 2007 et 2009 ajoutent une dimension stratégique aux classiques combats spatiaux. Et si d’autres épisodes sortent sur mobiles, Wii, PS3… Ils ne seront que des portages ou des remix des jeux présentés ci-dessus…

Vous l’avez compris : nous allons donc parler aujourd’hui d’un jeu qui fait suite à un épisode sorti il y a très exactement 18 ans. La vie des studios de développement évoluant au fil des rachats, des disparitions ou des créations… R-Type Final 2 est aujourd’hui développé par Granzella Game Studio INC (basé à Ishikawa au Japon), pour le compte de NIS America (que l’on connaît davantage pour ses J-RPG). Je ne l’ai pas encore précisé, mais le jeu est disponible sur Switch, PS4 et Xbox One (avec upgrade gratuit vers les versions Xbox Series X/S et PS5).

Le shmeup à papa…

Non, l’expression est loin d’être péjorative. Bien au contraire, et il suffira de quelques minutes après avoir pris le jeu en main pour s’en rendre compte. Une fois passé le menu d’accueil, et la création de son profil (et oui ! Mais j’y reviens plus bas), vous voilà lancé dans le vif du sujet ! Scénario, gameplay, level-design, scrolling horizontal de la gauche vers la droite… Nous voilà replongés dans les années 90 ! Et seuls les graphismes en 3D et les éclairages nous rappellent que nous sommes en 2021.

Comme à la grande époque des VHS, le scénario tient sur un demi post-it, et dans une courte intro ! Invasion mené par Bydo, l’emblématique antagoniste de la saga… Le joueur, seul espoir de l’espèce humaine… Il doit tout péter jusqu’au boss final, afin de sauver le monde. Et franchement, nous n’avons pas besoin de plus de pirouettes scénaristiques pour appuyer sur un bouton de tir, afin de faire des ravages dans les lignes ennemies. Ici, on dégomme, on dézingue, et comme on est dans un jeu R-Type, on n’oublie pas d’envoyer son pod (ici appelé Force) en avant ou en arrière, histoire de varier les plaisirs.

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Ce qui m’amène à vous parler de l’armement, LE point du jeu qui détruit l’argumentaire de tous ceux qui pensent que les shmeups sont des jeux de bourrin, dans lesquels le cerveau est en option. Car comme dans tout bon shoot’em up qui se respecte, R-Type Final 2 propose plusieurs types de tir. Du laser qui rebondit sur les parois, aux salves de feu et autres missiles à tête chercheuse, sans oublier le « beam » (tir plus puissant, chargé en maintenant le bouton)… Vous n’aurez que l’embarras du choix, et devrez alterner d’une arme à l’autre selon la situation, la configuration du niveau, le type d’ennemis…

N’oubliez pas non plus qu’une jauge appelée « Dose » (en bas à gauche) se charge au fur et à mesure que vous détruisez des ennemis. Une fois pleine, vous pouvez déclencher un tir qui ravage tout à l’écran. Paradoxalement, pour faire le bon choix, il faut connaître le jeu (et ses niveaux) par cœur. Et vos premiers runs se solderont sans doute par des échecs…

Le pod (pardon, La Force), ce module historique dans la franchise, que vous pouvez soit dissocier de votre vaisseau, soit le coller à l’avant ou à l’arrière… A pour effet de modifier la puissance ou l’intensité de votre arme… Mais n’oubliez pas que ce module (les développeurs l’ont imaginé en observant un bousier pousser sa boule) absorbe les tirs ennemis… Et peut donc aussi vous servir de bouclier, qu’il soit placé à l’avant ou à l’arrière de votre vaisseau. Là encore, cette mécanique supplémentaire va vous faire réfléchir, afin d’adopter la meilleure stratégie face aux ennemis. Les pratiquants de R-Type vous diront même que la maîtrise du pod est LA clé du succès.

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Et puis, qui dit « jeu vidéo à papa » dit aussi « difficulté à papa » ! Et de ce point de vue, ça se vérifie encore une fois ! R-Type Final 2, bien qu’il présente quatre modes de difficulté, a son petit caractère ! Et bien qu’il soit là pour vous aider à prendre le jeu en main, le mode entraînement ne vous fera pas de cadeau une fois passés les premiers niveaux. La raison de cette difficulté ? Pas vraiment les ennemis à vrai dire… Mais plutôt un point lui aussi hérité des jeux des années 80 : quand tu perds une vie, tu recommences le niveau au début, et tu ne respawn pas à l’endroit de ton crash (ce serait trop facile).

Le musée du R-Type

Afin de nous proposer autre chose qu’un jeu de tir, Granzella a tenté de rallonger le titre en nous offrant une salve de bonus à débloquer. Par ailleurs, chose assez inattendue dans un shoot’ des années 90, R-Type Final 2 propose quelques outils de personnalisation. Les deux sont liés.

En effet, en début de partie, vous allez pouvoir créer votre avatar. Votre vaisseau tout d’abord. Parmi trois modèles au départ, puis beaucoup plus lorsque vous débloquerez les vaisseaux emblématiques de la série dans votre musée… Vous pouvez choisir l’astronef que vous piloterez dans le jeu. Et pourrez par la même occasion modifier sa couleur, ses stickers… De manière plus anecdotique, vous pourrez aussi customiser votre pilote (on ne le voit pas beaucoup, en fait) : tenue, casque… Là encore, il faudra débloquer pas mal de choses in-game pour avoir plus de choix.

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La scène d’introduction (on vous voit décoller de votre base) m’a laissé caresser l’espoir de voir apparaître d’autres mécaniques de jeu. Au moment de vous lancer dans le vide intersidéral, le soft vous propose de faire un geste vers vos camarades : salut militaire, pouce levé, clin d’oeil… Vous avez le choix, mais… Fausse alerte : ça s’arrête là, et n’a pas vraiment d’impact sur la suite du jeu…

L’idée de nous proposer un musée dans un jeu vidéo est devenue très classique… Mais elle fait toujours plaisir, surtout si vous êtes fan ! Alors, si l’idée est bonne, et si l’on apprécie de pouvoir modifier l’aspect cosmétique de notre engin… On regrettera peut-être que Granzella n’aille pas au bout du délire « museum » en nous proposant, par exemple, des artworks, un historique plus poussé… Voire des versions jouables des premiers épisodes…

Des points qui peuvent décevoir

En grand amateur de jeu vidéo des années 90 que je suis, je ne peux qu’être emballé par ce R-Type Final 2. Pourtant, le titre de Granzella et Nis America me déçoit par certains aspects qui, à mon sens, auraient pu être améliorés en amont de la sortie du jeu. À commencer par la musique, qui doit généralement être un point fort dans un Shoot’em Up, puisqu’elle va rythmer vos massacres pyrotechniques. Ici, excepté quelques morceaux plus rythmés et plus sophistiqués, les thèmes électro qui vous accompagnent sont juste sympas, sans être vraiment mémorables. À titre de comparaison, je me souviens encore de certaines mélodies de Super R-Type (Super Nintendo en 1991)… Pas sûr que la musique de R-Type Final 2 me fasse le même effet sur le long terme.

Second point à m’avoir déçu dans le jeu : R-Type Final 2 m’a semblé manquer cruellement de patate ! Bien que les ennemis arrivent parfois par grappes, et bien que la vitesse de votre vaisseau soit paramétrable (quatre vitesses possibles)… La traversée de certains niveaux m’a tout simplement semblée molle, aux commandes d’un parpaing, qui se traîne à l’écran. Mais attention… Pour avoir rejoué aux épisodes précédents, et notamment le Super R-Type (SNES), je ne jette pas la pierre à Granzella : la rigidité et la lourdeur du vaisseau a toujours été, en quelque sorte, la marque de fabrique de la franchise.

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Globalement, donc, le principal reproche que l’on pourra faire à ce R-Type Final 2 est à mon sens son manque de finition. Pourquoi, lorsque vous perdez une vie, l’écran se freeze t-il quelques secondes ? Une transition tellement abrupte que, la première fois, j’ai cru que ma console était plantée. D’ailleurs, pourquoi des temps de chargement aussi longs pour réapparaître ? Et pourquoi des hit-boxes aussi aléatoires, qui vous ruinent une vie alors que l’ennemi ou le décor vous avait à peine frôlé ?

Enfin, je terminerai ces points négatifs par la réalisation globale, hélas en deçà de mes attentes. Et sans surprise, la version portable est meilleure que la version dockée. Plus précisément, elle cache mieux la misère. Sur l’écran mini du mode tablette, le jeu reste globalement assez joli, avec ses environnements tantôt ouverts sur l’espace, tantôt à déconseiller aux claustrophobes. Globalement, c’est chouette à regarder, c’est presque organique, c’est du R-Type, quoi ! Hélas, le constat est différent lorsque vous passez sur l’écran de la TV (mais j’imagine que le résultat sera différent sur une PlayStation ou une Xbox).

Ici, les défauts deviennent plus apparents. Et notamment, certaines textures laissent entrevoir une date limite de consommation passée de quelques années… Et que dire d’une grande majorité des explosions (notamment des boss) qui manquent de panache. Nous sommes en 2021 et nous voulons de la folie, des effets qui déchirent l’écran… Pas un boss qui disparaît dans une explosion contenue, comme les développeurs devaient le faire par obligation technique sur une console 16 bits.

Au final

R-Type Final 2 est un jeu à mi-chemin entre le jeu rétro, et le jeu moderne. Rétro car il reprend une construction, ou des mécaniques de gameplay qui nous replongent dans la frénésie des shoot’em ups des années 90… Et moderne car il s’agit néanmoins d’un tout nouveau titre, qui jouit de graphismes 3D d’aujourd’hui avec tout ce qui va avec : ennemis de grande taille, animation plus réaliste, affichage HD, jeux de lumière et effets de particules (lors des explosions par exemple) réalistes… Qui plus est, les fans du genre sont ravis de retrouver ENFIN un vrai nouveau R-Type, une licence aussi légendaire dans le milieu du shoot’em up que peut l’être un Gradius ou un Thunder Force.

Cependant, il faut relativiser sur un point : bien que cet épisode soit inédit dans la franchise, il ne va pas non plus révolutionner le genre shoot’em up, ou le faire revenir au devant de la scène en 2021. Le titre reste assez classique, sans doute également à cause d’une réalisation qui fait juste le job, sans chercher à nous en donner plus… Quitte à manquer parfois de finition.

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R-Type Final 2 est un bon jeu qui séduira les nostalgiques des shmeups des années 90, comme les fans de la licence, en manque depuis 2003. Pas un jeu qui restera dans les mémoires, mais que l’on a apprécié de voir sur notre console. Et c’est sans doute là notre plus grand regret : pour une licence comme R-Type, on s’attendait à autre chose de plus grand, à un hommage plus marquant. Autre chose qu’un jeu sympa, mais un poil trop générique et qui ne fait que passer…

Quelle version choisir ?

Si vous êtes fan de la licence, on ne peut que vous conseiller de mettre la main sur la version physique du jeu. Elle vous coûtera 10€ de plus que la version numérique : le prix annoncé par l’éditeur est de 39,99€ pour une version téléchargeable, contre 49,99€ pour cette version boîte « Inaugural Flight Edition » !

Pour 10€ de plus, outre le jeu, vous aurez une boite collector (attention, cartonnée, elle est assez fragile), l’OST sur CD, ainsi qu’un mini-artbook. Ce qui fait de cette version le meilleur compromis.


R-Type Final 2

Testé sur Switch, sur une version fournie par l’éditeur.
Les points positifs :
  • Le retour d’une légende du « Shmeup »
  • Le musée et tous ses unlockables
  • Durée de vie très correcte
  • Un prix correct
  • La taille de certains ennemis, et des boss
  • Globalement, quand même plus accessible qu’un shmeup de l’époque
Les points négatifs :
  • Quelques ralentissements en jeu
  • Des musiques juste sympas, mais pas mémorables
  • Les temps de chargement
  • Les collisions trop aléatoires
  • Moins joli en mode docké
  • Un gameplay globalement mou