Il y a des jeux comme ça : Fifa, PES, F1 ou Moto GP… Chaque année, l’annonce de leur nouvelle mouture ne nous surprend plus, tant elle est attendue. Alors, pour nous étonner, il ne leur reste que la technique. Voyons justement ce que MotoGP20, dernière mécanique bien huilée du garage Milestone, a dans le ventre…

Milestone, au rapport !

Bigre ! Maintenant que j’y pense, ça fait une éternité que je n’ai pas touché à un MotoGP récent. Et si j’ai connu les tout-premiers (très exactement en 2000 sur PS2 pour le premier épisode, alors chez Namco) puis ceux sur PS3, je me sens plus étranger aux MotoGP vus par Milestone, le studio italien qui les développe depuis 2013. Bien que le studio ait aussi signé MotoGP07 sur PS2, justement.

Un studio qui n’est pas vraiment un néophyte lorsque l’on parle de sport mécanique. Au début des années 2000, il signait la série des Superbike, avant de passer aux SBK, avant de toucher à WRC ou à Ride. Plus récemment, on leur doit aussi les MXGP, ou Gravel.

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MotoGP est aussi une série qui m’a toujours marqué pour ses graphismes superbes : déjà sur PS2, la licence claquait visuellement. Alors, il n’y a pas vraiment de raisons que cela change aujourd’hui.

Alors ne boudons pas notre plaisir plus longtemps. Le coronavirus ayant copieusement plombé la saison 2020 du MotoGP, il ne nous reste plus que le jeu vidéo officiel… Qui sera d’ailleurs peut-être le dernier, ou l’un des derniers, avant la nouvelle génération…

MotoGP20, qu’est-ce que c’est ?

Et bien, je pense que l’on peut dire que la réponse est dans la question ! MotoGP20 est tout simplement le jeu officiel de l’actuelle saison de MotoGP (comme Moto Grand Prix). Un championnat de motos sportives, qui est aux deux-roues ce que la F1 est à l’automobile. Alors, ne vous attendez pas à de gros délires bien typés arcade ! Ici, on va parler uniquement de simulation sportive, avec un réalisme très poussé. Qu’il s’agisse du plateau (équipes et pilotes), du comportement des motos, des sensations de pilotage…

Au lancement du jeu, plusieurs menus vous seront proposés : les Modes Rapides si vous ne voulez pas vous engager dans un championnat qui va durer des heures… Le Mode Carrière qui sera le gros morceau du jeu (on y revient plus bas)… Le Multijoueur (en ligne)… La Personnalisation pour ceux qui aiment passer des heures à redécorer leur moto, casque ou tenue… Un Mode Historique pour ceux qui veulent retrouver les anciens pilotes légendaires… Et enfin deux onglets plus habituels, à savoir les Options et les Extensions qui vous donnent accès à la boutique des (futurs) DLC. Le tout reste assez classique dans l’ensemble, mais suffisamment copieux pour faire de MotoGP20 LE jeu de référence !

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Si le jeu porte le nom de MotoGP, la catégorie éponyme ne sera pas la seule que vous pourrez piloter. On retrouvera ainsi les 500cc Deux Temps, les Moto3 et Moto2, les MotoGP Quatre Temps historiques… Et bien entendu la catégorie reine, les MotoGP. Les fans de bécanes remarqueront cependant l’absence des motos électriques (ou MotoE). Mais si tout va bien, cette catégorie devrait arriver prochainement, avec la RedBull Rookies Cup, avec une mise à jour gratuite.

Dès lors, vous voici plongé dans une saison 2020 plus virtuelle que jamais, puisque le championnat IRL a connu pas mal d’annulations ou de reports, dans le cadre de la pandémie de coronavirus. Sur votre console (ou votre PC), vous aurez bien entendu la possibilité, pour chaque course, de jouer l’ensemble du week-end, des essais libres jusqu’aux qualifications et à la course.

Le mode online est lui aussi au rendez-vous, avec des serveurs dédiés. Et lors de mes connexions, j’avoue n’avoir pas rencontré de difficultés majeures. Si ce n’est une déconnexion intempestive, et une session à attendre un bon moment… Pour le reste, ce mode existe, et il fait le job !

Visuellement, c’est très chouette

Le premier constat, lorsque l’on lance ses premières parties, est que le jeu est vraiment très agréable à regarder ! Pour un fan de moto, chaque capture prise lors d’un replay pourrait faire office de fond d’écran. Et à mon sens, le jeu est sans doute parmi les plus beaux à tourner sur une PS4 (avec Gran Turismo Sports ou F1 2019). Qu’il s’agisse des bécanes ou des pilotes, Milestone a un soucis du détail que l’on ne peut que saluer.

Petit bémol cependant concernant les bords de la piste, beaucoup trop génériques et sobres à mon goût. Ça reste très joli à voir mais… Mon dieu, quel manque d’ambiance ! Qu’il y ait du public ou non, le résultat sera le même : en plein GP majeur du championnat, vous ne ressentirez pas la passion, la ferveur du public. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, autour d’un circuit bondé, vous vous sentirez seul (à cause du confinement, peut-être). Pour un jeu qui est censé nous immerger dans la folie des GP motos, Milestone n’est pas encore au point.

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In game, le jeu vous propose quatre vues différentes, mais assez classiques : vue de derrière, dans la bulle, vue guidon et vue de l’intérieur du casque. Pour avoir testé ces différentes vues en jeu, elles sont assez réalistes et assez jouables dans l’ensemble. Bien que les vues intérieures (casque et bulle) limitent votre champ de vision sur les bas-cotés. Le tout reste néanmoins très accessible.

Enfin, notez que le jeu prend aussi en compte les conditions climatiques et leurs changements. Et si le beau temps vous offre une belle lumière et donc beaucoup plus de visibilité… Le rendu pluie est très chouette à regarder avec ses effets de gouttelettes et de ruissellement sur la visière ou sur la bulle (Franchement, j’ai halluciné la première fois que j’ai joué au Mans sous la pluie). En revanche, piloter sur une piste humide est un véritable tour de force, mais c’est une autre histoire…

Note : Ces remarques concernent la version testée, à savoir sur la PS4. Il est possible que la version Switch soit graphiquement un cran en dessous…

Une conduite abordable, mais exigeante

Si vous comptez jouer et progresser dans MotoGP20, la première chose que vous allez devoir apprendre sera de dompter vos appréhensions. Car lorsque vous arrivez dans un virage, votre premier réflexe naturel sera de ralentir plus ou moins fort, pour éviter de finir la tête plantée dans le gravier. Mais dans MotoGP (comme dans les vraies courses de moto d’ailleurs), les pilotes savent se « coucher » pour négocier leurs courbes. Parfois de manière qui peut sembler irréelle. Pourtant ils le font, et la force centrifuge aidant, ça passe crème quasiment à chaque fois.

Ce qui ne veut pas dire que ce sera votre cas. Et malgré ce que j’ai pu écrire plus haut, la moindre sortie dans le gravier, le moindre contact avec un obstacle peut vite se solder par une spectaculaire embardée. Encore une fois, nous sommes dans une simu, pas dans un jeu d’arcade. Par conséquent, la conduite sera exigeante. Cependant, soyez rassurés : le soft vous propose d’activer des aides ou de paramétrer les réglages afin de vous faciliter la tache, si vous découvrez le jeu. En revanche, pas de mode entraînement au menu, il faudra vous rabattre sur les « time-trial » pour découvrir les pistes.

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Vous vouliez du réalisme ? Alors, on pourrait aussi parler du comportement physique de la moto, conditionné par des paramètres bien concrets, que connaissent les vrais pilotes : usure des pneus, quantité de carburant… Et dégâts sur la moto, qui jouent aussi sur sa maniabilité : la moindre touchette ou la moindre chute peuvent avoir des conséquences désastreuses, et vous n’allez plus lâcher du regard votre jauge de carburant ou vos pneumatiques. Notez au passage que l’usure des pneus n’est pas juste un artifice pour « remplir » ! Milestone vous a concocté une usure asymétrique du plus bel effet (les deux pneus ne vont pas forcément s’user du même coté, en même temps).

Pour moi, le gameplay de ce MotoGP20 est une excellente surprise ! S’il reste abordable (mais laborieux) pour les néophytes, le gameplay de MotoGP20 s’adresse surtout aux habitués… Mais offre de belles sensations. Tant pour le comportement de la moto que pour le rendu physique du terrain : sous la pluie, vous allez vraiment sentir votre moto perdre son adhérence.

À la fois pilote, manager, DRH, chercheur…

Intéressons nous maintenant au mode qui, comme je l’ai écrit plus haut, va constituer le plus gros morceau du jeu, et c’est peu de le dire : le mode « Carrière » ! Car ici, nous parlons bien de suivre l’évolution de votre écurie, du point de vue du manager, pas uniquement d’enchaîner les courses sur un calendrier de saison officielle ! Autrement dit, le championnat se gagne sur le tarmac, mais aussi dans les stands. Avant, pendant et après la course !

Car ce pilote que vous incarnez (que vous avez créé et dont vous avez customisé la tenue) n’est, en quelque sorte, que la partie émergée de l’iceberg. Et vous allez aussi devoir recruter et gérer un agent, des ingénieurs… Vous allez devoir prendre la main sur la section R&D (recherche et développement) afin d’améliorer votre bécane. Quand les jeux de moto vous permettaient autrefois d’enchaîner les courses du calendrier… Dans ce MotoGP20, on consacre assez facilement une ou deux heures à tout gérer entre deux courses…

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Dans ce mode, les courses se mettent entre parenthèses, pour vous plonger dans un véritable jeu de gestion ! Gérer la popularité de votre pilote, et ses contrats avec d’autres écuries, ou vos finances par exemple… Mais aussi mettre les mains dans le cambouis ! Et c’est là qu’entre en compte la passionnante partie R&D. Moteur, cadre, aérodynamisme, électronique… Il va falloir vous y pencher pour améliorer votre moto, pour la rendre plus performante. Pour cela, encore une fois, gagnez des points lors des défis, pour pouvoir les dilapider en développement et en améliorations.

Rencontre avec « Anna »

Cette fameuse Anna, j’en ai beaucoup entendu parler. Je n’ai pas encore eu l’occasion de la rencontrer, mais la curiosité me taraude. Non, Anna n’est pas une personne, pas une femme pilote ou une vendeuse de goodies… A.N.N.A. est un acronyme, comme « Artificial Neuronal Network Agent » ! Autrement dit, un nouveau système d’intelligence artificielle neuronale, mise en place sur MotoGP19.

Et je dois dire que le résultat est bluffant ! Oubliez les adversaires qui se déplacent sur une ligne invisible, ou ceux qui vous défoncent comme des malpropres. Ici, on pourrait presque penser que chaque concurrent a sa propre personnalité, sa propre façon de piloter, ses humeurs… Les pilotes font aussi des erreurs, s’arrêtent aux stands pour ravitailler, ont des comportements imprévisibles en course. C’est simple : des comportements aussi diversifiés, on ne les rencontre habituellement que lors de parties online, contre d’autres joueurs humains… Ici, c’est une IA qui pilote !

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Le soucis majeur étant, selon moi, que ANNA reproduit un pilotage digne de joueurs qui tâtent plutôt bien du MotoGP. Et vos premières parties risquent d’être un calvaire : au moindre ralentissement, à la moindre boulette, un ou deux pilote(s) vous double(nt)… Et à l’arrivée, n’espérez pas être sur le podium dans ces conditions. Alors, il va falloir apprendre à bien piloter, et vite !

Bien que la surprise soit de taille, le système ANNA a toutefois ses limites. Notamment en termes d’agressivité des pilotes adverses parfois un peu trop poussée, lors des coude-à-coude souvent musclés. Et pour certains, cela peut virer au harcèlement. L’étape d’après serait de faire en sorte que le pilote qui vous a doublé freine pour revenir à votre niveau, juste pour le plaisir de vous pourrir un peu plus…

Le jeu de la saison officielle

Inutile d’épiloguer sur cette partie, je l’ai déjà évoqué plus haut ! Mais qui dit « jeu officiel » dit aussi « motos, les 20 circuits officiels (y compris le nouveau, Kymiring, en Finlande) et pilotes officiels » de la saison 2020. Point, paragraphe suivant !

Blague à part, avec le soucis du détail que l’on connaît chez Milestone, les développeurs vont chercher le caractère « officiel » de leur jeu beaucoup plus loin que sur le plateau. En effet, les puristes de la bécane de course seront ravis de constater que les bolides de la catégorie MotoGP disposent des nouveaux ailerons aérodynamiques qui équipent les motos cette saison. En même temps, les oublier serait comme ne pas équiper les F1 de leur arceau de sécurité.

Pourtant, le jeu sait aussi sortir de sa « feuille de route 2020 » pour vous proposer autre chose, qui parlera aux fans de longue date. Et là, je veux bien évidemment parler des Historiques. À débloquer à l’aide d’une monnaie virtuelle qui se gagne en remportant des défis (3 par jour), elles vont vous permettre de retrouver des figures que les fans connaissent : Jorge Lorenzo, Jeremy McWilliams… Ainsi que des circuits tout autant classiques.

Quelques défauts pour la fin ?

Premier gros défaut, selon moi, et non des moindres : sauf erreur de ma part, je n’ai pas vraiment trouvé de mode tutoriel. Alors, si vous reprenez la licence après une pause, ou si vous la découvrez… Vous serez plongés directement dans le bain, avec pour seul entraînement possible les essais libres. Un peu chaud, et à mon sens, le jeu semble s’adresser un peu trop à des joueurs qui maîtrisent déjà la licence. Les néophytes seront livrés à eux même…

Autre reproche, que MotoGP20 partage hélas avec de nombreux autres jeux de circuits : son absence de multijoueur local. Certes, le multijoueur est aujourd’hui massivement online… Et certes, splitter un écran bouffe de la ressource… Mais franchement, j’aurais vraiment aimé partager ce MotoGP20 lors de parties en local, ce qui n’est pas possible ici.

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Si l’on a pu voir que le jeu est une claque graphiquement (modélisation des pilotes ou des motos), on ne peut pas en dire autant de ses circuits. Oui, ils sont beaux et on les reconnaît… Mais si MotoGP20 devait partager un défaut avec Gran Turismo Sport, par exemple… Ce serait la trop grande sobriété de ses environnements. Les circuits semblent parfois vides, les bas cotés manquent cruellement de vie… Au point de se sentir parfois seul, même en passant devant des tribunes pleines… Mais ça, j’en ai déjà parlé plus haut. Et puisque l’on parle de l’ambiance du jeu, je ne vous ai pas parlé du speaker, lors des GP… Que l’on oubliera vite, tant sa présence est, au final, assez dispensable : il fait son travail, mais il lui manque juste parfois la conviction !

Au final

Premier bon point : après de longues sessions en mode carrière, ce nouveau MotoGP20 me laisse l’impression d’avoir joué à une version « deux roues » de l’excellentissime F1 2019. Et croyez-moi, c’est un gage de qualité. Bien que, pour moi, le jeu de Codemasters soit encore un bon cran au dessus.

Quoi qu’il en soit, une fois de plus, Milestone fait le job : c’est joli, c’est fidèle au vrai championnat… Et la partie gestion va vous en donner pour votre argent. Bien que certains reprocheront le retrait de certaines options, mais j’avoue ne pouvoir juger le jeu sur ce point, n’ayant pas fait les derniers opus…

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MotoGP20 est un très bon simulateur de courses de motos, sans pour autant être parfait : son IA a encore quelques (légers) ratés, le jeu est parfois d’une exigence qui pourra rebuter les néophytes (encore une fois, ce n’est pas de l’arcade grand public)… Et le confinement semble aussi avoir frappé les bords de piste, avec un public qui se contente de faire acte de présence… Pour le reste, on valide, et on vous recommande bien évidemment le jeu si vous aimez avoir des moucherons collés sur la visière.


MotoGP20

Testé sur une version PS4 fournie par l’éditeur
On a aimé :
  • De bonnes sensations de pilotage
  • Aide au pilotage, et difficulté paramétrable
  • Très joli à regarder
  • La gestion des dégâts ou de l’usure
  • Le mode Carrière
  • L’aspect simu plus poussé
  • L’IA Anna
  • Des serveurs dédiés
  • Les licences officielles
On aime moins :
  • C’est moi ou il manque un tuto ?
  • C’est moi ou il manque un multi local ?
  • Des environnements parfois trop sobres
  • Le commentateur vite dispensable
  • Le coude-à-coude parfois tendu