Prenez le système de géolocalisation de Pokémon GO. Mariez-le avec le principe du célèbre Monopoly. Vous obtenez ainsi Neopolis, une application mobile née à Lyon, qui vous permet d’acheter les bâtiments et le patrimoine de votre ville. L’un des trois co-créateurs du jeu, Lucas Odion, s’est prêté au jeu de l’interview…

Bonjour Lucas. Pouvez-vous nous présenter l’équipe derrière Neopolis ?

Bonjour. Le jeu et le studio ont été créés par trois personnes : Ben Kaltenbaek, CEO de l’entreprise ; Roland Lamidieu, CTO (aspect technique du produit) ; et moi-même, Lucas Odion, pour l’orientation du produit, les features ou modifs à venir, la communication ou le marketing.

Depuis le lancement du projet, l’équipe s’est étoffée. Nous sommes désormais 8, avec trois employés, un stagiaire et une alternante. Nous avons pu nous développer entre autres grâce à une levée de fonds effectuée fin 2019.

Pour le moment, notre studio est identifié sous le nom Neopolis. Mais nous avons d’autres projets d’applications. Et nous sommes par conséquent en train de créer notre studio, les changements sont en cours. Il s’appellera Revolt.

L’équipe actuelle de Neopolis.
Etes vous issus du monde de la programmation ? Avez-vous suivi un parcours, une formation dans le jeu vidéo ?

Absolument pas ! Lorsque nous avons lancé le projet, Roland sortait tout juste de l’École Centrale de Lyon. Ben a fait Sup’ de Com, aussi à Lyon. Quant à moi, au début du projet, j’étais encore étudiant en école de commerce à Marseille. J’ai suivi un cursus DUT Techniques de Commercialisation.

Cependant, nous sommes tous les trois passionnés de technologie. Nous nous connaissions avant le projet Neopolis, pour avoir lancé quelques petites applications.

Vous êtes donc les créateurs de Neopolis. Pouvez-vous nous parler de cette application ?

Il s’agit d’un jeu gratuit sur mobiles (iOs et Android), basé sur la géolocalisation. Le joueur va parcourir sa ville, et acheter ou vendre les bâtiments réels de sa commune (hôtel de ville, musées, églises…). Mais il est aussi possible d’acquérir des bâtiments plus modestes, comme des bars, le kebab de votre rue…

Le jeu intègre aussi un système de cartes à collectionner, qui vont vous octroyer des bonus : augmenter vos bénéfices, détourner les revenus des autres joueurs. Une douzaine de cartes sont disponibles pour le moment, pour pimenter l’action.

Et puis, il y a aussi une notion de compétition. Avec notamment des classements. Vous pouvez voir les bâtiments préférés des joueurs, leur classement au niveau de la région, le 1er joueur de France… On affronte vraiment ses adversaires, les actions vont influer sur les bâtiments.

Comment avez-vous eu l’idée de cette application ?

Nous sommes tous les trois impliqués dans le monde de la technologie, et nous ne nous sommes jamais posé la question de faire autre chose.

Nous avons tous les trois été marqués par le concept de Pokémon GO, le mix entre la réalité et le virtuel. On s’attendait à une révolution sur mobiles suite à ça, mais ça n’est pas vraiment arrivé. Il nous semblait opportun de continuer ce que Pokémon GO avait commencé, autour d’un autre concept. Étant tous les trois fans de jeux de plateau, nous avons eu l’idée de garder la géolocalisation (c’était essentiel pour nous), et de l’associer avec la dimension immobilière du Monopoly.

L’idée de créer une application est venue naturellement, il n’y a pas eu de débat entre nous. Aujourd’hui, 90% de la population a accès à un smartphone, et développer une appli nous a semblé être incontournable, le meilleur moyen de toucher un maximum de personnes. Transformer le monde en plateau de jeu géant était pour nous une évidence.

Vous souvenez-vous des premiers retours du public ?

Lorsque nous avons imaginé le projet, nous l’avons validé par une vidéo diffusée sur Facebook, avec un très bon accueil du public. Nous avons sorti une première beta en mars 2019, uniquement sur Lyon. 1000 joueurs y ont participé. Le produit était très artisanal, avec des bugs et des features absentes… Mais les retours ont été extrêmement positifs.

Alors, dès l’été 2019, nous avons publié une seconde beta, plus aboutie, mais cette fois dans quatre grandes villes : Lyon, Marseille, Toulouse et Bordeaux. On s’approchait véritablement de la version finale.

Celle-ci est sortie en octobre 2019, en soft-launch. Il manquait de nombreuses features qui sont venues s’ajouter par la suite. Entre octobre et aujourd’hui, le jeu s’est beaucoup étoffé et stabilisé. Aujourd’hui, nous en sommes entre 60 000 et 70 000 téléchargements.

Pokémon GO a aussi eu ses défauts à ses débuts. Comme par exemple la difficulté pour trouver des centres d’intérêt si l’on habite en rase campagne. Qu’en est-il de Neopolis, qui peut aussi être concerné par cette problématique, puisqu’il s’appuie sur les bâtiments des villes ?

Les bâtiments sont en effet une limite naturelle, d’autant plus que dans notre jeu, vous ne trouverez que des structures qui existent réellement, et rien de fictif.

Mais nous y avons pensé, avec la volonté que notre jeu soit praticable de n’importe où, et par tout le monde. Il existe des items qui vont résoudre ce problème, comme une carte de téléportation, qui vous permet de visiter une ville depuis chez vous. Vous ne pouvez pas accéder aux bâtiments depuis votre domicile ? Cela reste quand même possible, même si vous n’habitez pas en centre-ville.

Nous parlons donc d’un jeu qui a un fort intérêt patrimonial. Avez-vous été sollicités, pour les Journées du Patrimoine, par exemple ?

Ce sont souvent les organismes régionaux ou les Offices de tourismes qui nous contactent. C’est en effet une belle opportunité de mettre en valeur leur patrimoine. D’autant que nous allons toucher à la fois des jeunes, mais aussi des joueurs plus anciens.

Notre priorité est pour le moment le développement du produit, et répondre aux demandes des joueurs. Mais c’est en effet un axe à explorer dans les mois qui viennent, il y a beaucoup de potentiel : le joueur se réapproprie sa ville, et peut la faire découvrir aux touristes. Malheureusement, pour l’heure, nous n’avons ni le temps, ni les ressources pour le faire.

Il faut aussi préciser que le jeu est gratuit !

Il est disponible gratuitement sur iOs et Android. Vous pouvez télécharger le jeu, et y jouer sans frais. Mais dans la version gratuite, vous aurez des pubs, qui vous permettent de débloquer des cartes in-game, sur la base de la participation (vous êtes libre de les regarder ou non, ce n’est pas une obligation).

La version gratuite du jeu propose deux rayons d’action. Un rayon primaire (avec les fonctions de base), et un rayon secondaire qui vous permet d’aller plus loin, mais il faut visionner des pubs.

Enfin, sachez qu’un abonnement est disponible, et vous permet de ne plus avoir de publicité. Nous travaillons également sur une boutique, avec des objets qui vous permettent par exemple d’améliorer votre rayon d’action, et autres bonus…

Et maintenant, qu’en est-il de l’avenir, pour le jeu ?

Il va continuer à évoluer. Il repose sur un principe de saisons, et chaque mois, les compteurs sont remis à zéro (cela laisse une chance aux nouveaux joueurs). Nous avons encore quelques grandes features à y insérer. Le mois prochain, nous lancerons aussi des quêtes, avec des objectifs quotidiens, un système d’achievements, et des objectifs de carrière pour les joueurs.

Nous travaillons aussi sur un système d’alliance de clans. C’est une demande énorme et régulière depuis que le jeu a été lancé.

Et puis, nous travaillons aussi à rendre Neopolis international. Depuis le mois dernier, le jeu est disponible en Belgique. Et cet été, nous allons lancer les premiers tests dans des pays anglophones.

C’est une tradition dans nos interviews… Parlons maintenant du gamer que vous êtes… Vous souvenez-vous de votre premier jeu marquant ?

Oui, c’était Pokémon Rouge, sur ma Gameboy Color. On revient à Pokémon, qui a touché beaucoup de gens de notre génération.

Et aujourd’hui, continuez-vous à jouer ?

Oui, avec une préférence pour les jeux en multijoueur local. Je peux vous dire que Super Smash Bros Ultimate est très apprécié dans l’équipe. Et ça nous arrive souvent de brancher la Switch et le rétroprojecteur, en fin de journée.

Mais je suis aussi un grand fan des jeux de plateau. Beaucoup de mes inspirations viennent de là. Je suis davantage un consommateur de jeux de société que de jeux vidéo traditionnels. Les nouveautés, mais aussi des grands classiques comme Risk (intérêt que je partage avec Ben et Roland).

Après le Monopoly, votre prochain jeu pourrait-il justement s’inspirer de Risk ?

Pour tout vous dire, la stratégie était une option face au Monopoly, lorsque Neopolis n’était encore qu’un projet. Mais nous avons choisi la seconde option pour son aspect plus « grand public » !

Un jeu de stratégie inspiré par Risk n’est pas le principe de notre prochain jeu, ou plutôt du prototype que nous développons actuellement. Mais l’idée est à garder de coté, il est possible que l’on se penche dessus dans les années à venir…

► Pour aller plus loin : site officiel du jeu Neopolis. Téléchargez-le gratuitement ici sur iOs ou Android.

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