« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se recycle » ! Le leitmotiv préféré de Sony a fait ses preuves, alors, aucune raison que Nintendo ne s’engouffre pas sur la même voie. Et aujourd’hui, avec Pokemon Let’s Go Evoli/Pikachu sur Switch, ce sont Pokemon Bleu/Rouge/Jaune qui sont de retour.

Le recyclage, c’est écolo

Pokemon Let’s Go Evoli ou Pikachu ne sont pas de nouveaux jeux Pokemon ! Et après Sony qui remasterise à tour de bras ses hits PS1 ou PS2 en HD, c’est aujourd’hui Nintendo qui prend cette voie très écolo qu’est le recyclage. Car ici, ce Let’s Go Pokemon risque de vous dire quelque chose si vous avez connu la GameBoy première du nom.

Souvenez-vous ! Nous étions en 1999, et deux versions d’un même jeu faisaient leur apparition sur l’écran monochrome de la célèbre Gameboy, en Europe (1996 pour le Japon). Pokémon Bleu (avec Carapuce pour Starter) et Rouge (avec Salamèche comme Pokémon de départ). Les Japonais, eux, avaient aussi une version Verte (avec Bulbizarre)… Et un peu plus tard, nous connaîtrons aussi un Pokémon Jaune, avec sa cartouche couleur banane, et Pikachu pour starter. Et c’est justement de cette dernière version que s’inspire ce nouveau jeu Switch !

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C’est donc bien, en quelque sorte, de ce tout premier Pokémon de l’Histoire du jeu vidéo dont il sera question aujourd’hui. Car en attendant un vrai nouveau jeu de la licence (probablement fin 2019), Nintendo revisite ces classiques. Désormais en HD, avec les graphismes qui vont avec, ils vont vous permettre de (re)découvrir la première génération de Pokémon, celle de Kanto…

Pokémooooooon

Vous voici donc replongé dans l’univers très étrange de Pokémon, avec ses singularités : ici, presque tous les humains sont des enfants (les hommes adultes sont peu nombreux)… Des enfants qui n’ont que le mot « Pokémon » à la bouche, et qui passent leur temps à venir vous agresser pour déclencher des combats. Comme dans tous les Pokémon, le jeu est décliné en deux versions, et vous devrez donc choisir si vous allez démarrer avec Pikachu ou Evoli. Mais quelle que soit la version que vous avez acheté, le choix entre ces deux créatures sera toujours possible au début du jeu…

Il y a toutefois une différence entre les deux cartouche, avec des Pokémon n’apparaissant que dans l’une ou l’autre. Ainsi par exemple, Mystherbe, Sabelette et Caninos n’apparaissent que dans la version Pikachu. Tandis que Chétiflor, Goupix et Miaouss n’apparaissent que dans Évoli ! Ce qui va vous obliger à faire des échanges online, avec vos amis…

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Dans le monde de Kanto, les Pokémon sont partout. À l’état sauvage, ou domestiqués par des dresseurs qui ne manqueront donc pas de vous défier. Comme dans chaque épisode de la série, vous allez donc sécher les cours pour capturer un max de « monstres de poche » ! Et pour compléter le « Pokedex » et enrichir les recherches du professeur Chen… Sans oublier de réaliser votre rêve de toujours : devenir le meilleur dresseur, et battre les champions de la Ligue Pokemon !

Ici, on appréciera les nombreux petits clins d’œil glissés ici et là. Par exemple, comme dans la version d’origine sur GameBoy, vous croiserez la Team Rocket. Mais ici, pas de vulgaires sous-fifres, mais Jessie et James, les deux antagonistes de la série animée… De même, on retrouvera les thèmes musicaux du jeu d’origine, joliment remixés…

Farming Simulator

C’est un aspect dont Pokémon ne pourra sans doute jamais se débarrasser : le farming ! Car ici, comme dans chaque volet de la série, vous devrez parfois (et souvent) farmer avant d’aller vous mesurer aux Champions, voire à la Ligue Pokémon. Les Champions d’arène étant les seuls qui vont vraiment vous opposer une résistance dans le jeu. Et il faut avouer qu’au bout d’un moment, se taper 250 combats contre des Rattata et des Chétiflor pour gagner cinq niveaux, ça peut lasser !

Cependant, il faut relativiser ! Ce Pokémon n’est pas bien compliqué ! Comme à la grande époque de la GB, il suffit souvent d’avoir une dizaine, voire (au plus large) une vingtaine de niveaux de plus que l’adversaire pour lui mettre une sérieuse misère. Le combat est jouable à niveau égal, mais avec quelques crans d’XP en plus, ce Pokémon Let’s Go est une petite balade bien sympa. Pour un joueur expérimenté en tout cas.

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Ce qui pose aussi la question de la rejouabilité. Car une fois le jeu terminé, que vous reste t-il ? Et bien… Quelques dresseurs à combattre, si vous les avez oubliés au détour d’un chemin… Ou des objets bien planqués dans des buissons… Et une grosse partie de farming, encore et encore… Histoire de pousser votre level au niveau 100. Est-ce suffisant pour une pas passer à autre chose une fois le jeu terminé ?

Comment ça se joue ?

Pokémon Let’s Go peut se jouer de différentes manières. Avec un seul joy-con (le second pour un deuxième joueur), avec les joy-con clipsés à la tablette en mode nomade, ou encore avec la Pokéball Plus (lire ci-dessous). Vous avez le choix en début de partie.

La jouabilité du titre a été terriblement simplifiée ! Et la capture de Pokémon sauvages se déroule exactement comme dans Pokémon GO ! Plus de combat, mais un cercle de couleur (vert à rouge, selon la difficulté de la capture) qui se rétrécit autour du Pokémon, et vous devez lancer une pokéball sur celui-ci, pile au bon moment pour l’attraper. Un… Deux… Trois… Clac, c’est dans la boite ! Et si la créature résiste un peu, comme dans la version mobile, amadouez-la avec une baie Framby… Et quand le Pokémon sauvage est capturé, les six membres de votre équipe gagnent de l’XP. Du level facile, quoi !

Pour les combats, c’est un peu plus compliqué, quoi que… Comme dans le jeu d’origine, on aura ici du tour par tour. Votre Pokémon peut apprendre et utiliser quatre techniques (CT), que vous choisissez grâce au joy-con… Le premier qui perd ses points de vie est KO. Si votre team (six Pokémon) est battue, c’est le retour à l’infirmerie. Veillez à bien prendre en compte le rapport de force qui existe entre les différents éléments qui définissent les Pokémon (feu, plantes, eau, pierre, etc).

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Le jeu propose toujours ses phases d’exploration, et ses affrontements contre les dresseurs obnubilés par les Pokémon, qui passent leur vie à vous attendre. Et à vous lâcher des phrases parfois douteuses. « J’aime ton gros Pikachu… Laisse-moi le toucher » ! Promettez-moi de ne pas donner de surnom trop graveleux à votre ami, certaines tournures pourraient vite devenir malaisantes ! « Votre Zizi a envie de jouer » … L’esprit familial des jeux Nintendo peut en prendre un sérieux coup (même si pas mal de mots sont bloqués par le logiciel 🙂

Initié depuis quelques épisodes déjà, le « transformisme » de Pokémon est de retour. Des tenues ou de nouvelles coupes de cheveux… Il est possible de personnaliser son Pokémon. Une option rigolote, kawaï lorsque l’on voit les bouilles de Pikachu ou Evoli… Mais au final pas vraiment utile… Vous pourrez aussi jouer avec votre meilleur ami (Pikachu ou Évoli) : caressez-le, entraînez-le… Afin de renforcer les liens qui vous unissent…

Les nouveautés de cet opus

On appréciera cependant quelques nouveautés vraiment sympas. Comme celle consistant à chevaucher l’un de vos Pokémon. À condition que leur taille vous le permette. Et croyez-moi, survoler les buissons et les terrains à dos d’Arcanin, c’est hyper-classe ! De même, votre Pokémon favori vous accompagne désormais sur la map. Il peut au choix soit marcher à vos cotés, soit se scotcher tel un vieux pin’s à votre casquette, ou sur votre épaule.

L’autre grosse nouveauté qui va vous sauter aux yeux est que, désormais, les Pokémon ne vous attaquent plus de manière aléatoire. Ils apparaissent maintenant sur la carte. Et vous pouvez, de ce fait, choisir de les affronter, ou de les contourner pour les éviter. Autre avantage, ce mécanisme permet aussi de différencier au premier coup d’oeil un Pokémon « normal » et un « shiny » (couleur alternative) plus rare. On peut aussi observer trois types de Pokémon sur la map : les normaux, ceux entourés d’une aura rouge (taille XL) et ceux entourés d’une aura bleue (taille mini).

Lorsque je parlais plus haut de gameplay simplifié, il en va de même pour la gestion de vos boites contenant les Pokémon en surplus, et l’élaboration de votre équipe. En effet, vous ne devrez plus chercher un centre Pokémon, pour accéder à votre PC. Désormais, cela passe tout simplement par le menu. Plus simple ! De même, les techniques spéciales ou CS (couper, vol, surf…) ne prennent plus l’un des quatre slots de vos capacités. Désormais, c’est votre Evoli qui les apprend automatiquement, en plus des quatre techniques qu’il possède. Plus pratique !

Mais la nouveauté la plus intéressante est la possibilité d’utiliser le second joy-con pour permettre à un second joueur de vous rejoindre dans la partie. Hélas, il ne s’agit que d’un compte invité, qui utilisera un Pokémon de votre équipe. Il est dommage que cette fonction ne permette pas, par exemple, à un deuxième compte de votre Switch, de prendre part à l’aventure, en conservant ensuite ses captures pour sa propre partie…

Compatible Pokémon GO… Oui, mais…

Nintendo a eu la présence d’esprit de nous proposer un jeu compatible avec Pokémon GO, l’application mobile qui vous permet de capturer des monstres de poche dans le monde réel, en réalité augmentée. Un jeu qui, même si la hype est passée, continue à bien tourner… Et qui en est déjà à la quatrième génération de monstres de poche.

Cependant, il est fort dommage de réaliser (très vite) que les deux titres ne sont qu’en partie compatibles ! En même temps, c’est logique : Pokémon Let’s Go étant le portage du tout premier jeu, vous ne pourrez importer de Pokémon GO que vos Pokémon de première génération. Oubliez les trois autres, qui sont disponibles sur Mobile. Ne comptez donc pas pouvoir importer votre Mangriff, Aligatueur, Absol ou Tyranocif préféré…

D’autre part, on ne pourra que vous conseiller de tester cette mécanique avant de vous lancer… En effet, certains joueurs ont été victimes d’un bug qui leur a fait perdre leurs Pokémon de la version mobile, sans les faire apparaître sur Switch. C’est rageant, mais le bug devrait normalement être corrigé au moment où vous lirez ces lignes. Mais dans le doute, faites d’abord un test avec un Rattata avant de transférer votre Dracaufeu ^^

Et si vous vous demandez comment faire, on vous explique la démarche ici.

Quelques petits défauts…

Pokémon Let’s Go est un bon jeu, qui bénéficie d’une réalisation très chouette (en témoignent les screens qui illustrent ce test). Les décors sont vivants, très colorés, avec un style graphique enfantin et attachant. Et on pourra peut-être simplement reprocher à sa réalisation un léger écart entre les versions TV et nomade (cette dernière souffrant de quelques ralentissements). Pourtant, le jeu me frustre, pour diverses raisons.

La première est son coté trop dirigiste. Oui, c’est la marque de fabrique de Pokémon… Mais les derniers jeux en monde ouvert pratiqués dernièrement ne font que renforcer cette impression de jouer ici à un jeu sur rails. Dans Pokémon Let’s Go, on ne se perd jamais, on sait toujours où aller car on n’a pas le choix, les autres voies étant bloquées tant que l’on n’a pas telle capacité, ou tel badge d’arène. Il reste bien quelques objets à trouver dans la nature, ou quelques Pokémon à attraper, mais… Le jeu donne trop cette impression de vous prendre par la main du début à la fin !

J’ai aussi évoqué plus haut ce que je qualifierais de « frustration du deuxième joueur » ! Je m’explique : l’idée de jouer en duo est absolument géniale. Il est donc vraiment dommage que le deuxième joueur ne soit qu’un compte invité. Sur ma Switch, nous sommes à trois à jouer à Pokémon. Mais hélas, les deux autres comptes ne pourront pas venir dans ma partie, en jouant leur personnage, tout en conservant leur progression.

Par rapport à la version d’origine, on a aussi perdu la possibilité de faire tenir un objet à un Pokémon. Possibilité qui avait pour conséquence de lui procurer des effets bonus, mais qui n’existe plus aujourd’hui.

Diantre, on n’a pas parlé de la Pokéball Plus !

Mais oui, c’est vrai ! Mais comment a t-on pu passer à coté ? La Pokéball Plus est un accessoire vendu séparément (ou en pack), qui peut faire office de manette. Cette Pokéball remplace le joy-con dans votre partie, et vous permet de conserver un Pokémon, que vous pourrez trimbaler où vous le souhaitez, à l’extérieur. Secouez-la à la terrasse d’un bar, et elle fera de la lumière, et vous entendrez les suppliques de votre Pokémon enfermé à l’intérieur. Effet garanti…

Cette boule de 48mm pour 68g fait donc office de manette, autant sur Switch que pour mobile (elle est aussi utilisable dans Pokémon GO). Reprenant le design des Pokéball du jeu, son bouton central fait office de stick analogique. Capable de détecter vos mouvements, il suffit de mimer un lancer en avant pour envoyer une pokéball virtuelle à la figure d’un Pokémon sauvage…

Oui mais… Ce gadget se vend tout de même entre 40 et 60€ selon les revendeurs. Si vous optez pour le pack jeu + Pokéball Plus, comptez cette fois autour de 100 balles… Voici donc un accessoire qui, à mon sens, se destine aux vrais fans de la licence. Pour les autres, son coté très accessoire nous pousse à y regarder à deux fois… Un chouette coup marketing, mais un objet dispensable…

Au final

Pokémon Let’s Go Evoli/Pikachu est le jeu de la facilité. Pour le joueur, qui ne rencontrera pas vraiment de difficulté pour peu qu’il ait suffisamment upgradé sa créature… Mais aussi pour les développeurs qui se sont contentés de passer en HD le premier titre de la série, sans réelle grosse nouveauté, et avec un scénario quasi-identique. Malgré, cependant, un énorme boulot sur le level-design, vraiment réussi.

Il n’empêche que l’on prend vraiment plaisir à (re)découvrir cet épisode fondateur, avec ses graphismes de toute beauté, ses couleurs éclatantes et son « mignonisme » à outrance. Car effectivement, beaucoup de joueurs Switch n’étaient pas nés en 1999 !

Pour ma part, je considère cet opus comme un test. Une manière pour Game Freak de prendre la température, et amener les Pokémon sur Switch, avant l’explosion de saveurs (l’an prochain normalement) avec un vrai nouveau Pokémon, créé de toutes pièces pour la machine.


Pokémon Let’s Go Evoli/Pokémon Let’s Go Pikachu 

 

On aime :

  • Graphiquement, c’est plutôt joli
  • Jouabilité très accessible
  • Pouvoir chevaucher les Pokémon
  • On redécouvre vraiment Pokémon Jaune
  • La mise en scène très agréable
  • Pouvoir importer ses Pokémon de Pokémon GO
  • Les musiques connues remixées
  • Le lien entre le dresseur et son « meilleur ami »
  • Durée de vie correcte

On n’aime pas :

  • Limité à la première génération
  • Il y aura toujours du farming pour combattre les champions
  • Le scénario quasi-identique à celui et Bleu et Rouge (et jaune)
  • Pas bien difficile
  • Très dirigiste
  • Le deuxième joueur n’est qu’un compte « invité »
  • Rejouabilité assez limitée
  • La Pokéball Plus dispensable
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