Après notre preview, le mois dernier, de Kingdom Hearts : Melody of Memory par notre camarade Stardust… Nous sommes de retour aujourd’hui pour le test de la version définitive du jeu. Celle que vous pouvez acheter dès à présent sur PS4, Xbox One et Switch. Un jeu musical qui nous emmène sur plus de 140 compositions de la série apparue en Europe en 2002.

Kingdom Hearts : les mélodies du cœur

Doit-on encore présenter Kingdom Hearts, cette grande saga apparue en Europe en 2002 (sur PS2), un RPG dont la particularité est de croiser les univers de Square-Enix et de Disney ? Et une série dont tous les épisodes, tous supports confondus, s’imbriquent les uns dans les autres pour former une gigantesque fresque qui a trouvé une conclusion avec Kingdom Hearts III début 2019. Mais comme la série sait aussi le faire, on change d’ambiance aujourd’hui ! Avec Kingdom Hearts : Melody of Memory, Square-Enix nous emmène sur le terrain des jeux de rythme. À l’image de ce que l’éditeur nous avait déjà proposé avec Final Fantasy Theatrythm (3DS en 2012).

Lorsque l’on parle des musiques de Kingdom Hearts, il se passe un truc dans ma tête. D’une part parce que, dans sa globalité, Kingdom Hearts fait partie des jeux vidéo ayant (à mon sens), l’une des plus belles OST… Avec des orchestrations marquantes.

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D’autre part parce que la musique du jeu est signée notamment par une certaine Yoko Shimomura ! Une compositrice dont le talent relève du génie, au top dans mon classement des compositeurs de musiques de jeux ! Souvenez-vous : Street Fighter II, c’était déjà elle (avec Alph Lyra), et on ne compte plus le nombre de J-RPG sur lesquels elle a battu la mesure ! Depuis Kingdom Hearts, elle s’est même hissée au niveau de Nobuo Uematsu dans mon cœur de gamer mélomane (parfois même au dessus).

Voilà d’ailleurs qui va soulever une première remarque à l’attention de Square-Enix : on veut une OST sur CD de Memory of Melody. Qui serait une sorte de best-of des musiques de Kingdom Hearts, mais sans les dialogues et le son des touches, à écouter au calme à la maison ! Mais je m’égare ! Passons au test du jeu.

Un gameplay vraiment plaisant

Comme vous l’avait expliqué Stardust dans sa preview, KHMoM est un jeu musical, qui consiste à presser des touches en rythme. Chaque morceau vous propose de vous déplacer sur une portée, en incarnant trois personnages de la série (parmi les plus de 20 disponibles). Mais contrairement à Final Fantasy Theatrythm, dont le concept est repris ici, les partitions sont en 3D, en profondeur, et non plus en side-scrolling.

Les notes à jouer sont matérialisées par des ennemis, que vous devrez frapper en rythme avec la mélodie. Les personnages à gauche et à droite frapperont avec L1 ou R1 (quand la touche s’affiche)… Tandis que le personnage central utilisera les touches de base de la manette : X pour frapper, triangle pour envoyer de la magie, rond pour sauter… Dans le mode « Virtuose », ça se complique, avec de nouvelles touches en plus.

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Comme dans un Hatsune Miku, chaque note rapporte des points, en fonction de la précision de votre frappe. Pile au bon moment et c’est le jackpot, un peu en avance ou en retard, ça passe encore… Mais avec un trop grand décalage, c’est la sanction : votre barre de vie est impactée, et la musique s’arrête si elle tombe à zéro ! Si le jeu est très abordable dans sa configuration la plus facile, la donne sera bien différente dans son mode de difficulté le plus élevé. Cette difficulté sera paramétrable grâce à deux jauges bien distinctes : trois styles de jeu différents (Normal, Simplifié ou Virtuose), et trois niveaux de difficulté (débutant, normal, expert). Sachez aussi que, outre les portées dites classiques, le jeu propose aussi des partitions “plongée mémorielle” et « combat de boss” : dans la première, les touches directionnelles s’ajoutent à l’équation ; Dans la seconde, le combo parfait est de rigueur !

Pas grand chose à dire de plus sur le gameplay ! C’est simple, efficace, et ça se pige très vite. Il suffit d’un morceau pour comprendre le fonctionnement du jeu et s’éclater. Mais le soft étant proposé par Square-Enix, grand maître du RPG, on ne pourra pas passer à côté des mécaniques propres au genre. Comme le gain de niveaux grâce à des points d’XP, aux personnages à débloquer, l’utilisation d’objets, ou encore le craft de ceux-ci auprès d’un Mog, grâce à des matériaux à récupérer en jeu.

Un jeu très généreux

La campagne scénarisée est vraiment LA partie que l’on attendait, puisque ce « Tour des Mondes » n’était pas disponible dans la démo ayant servi pour notre preview. De plus, histoire de nous intéresser davantage, les développeurs ont confirmé que ce scénario peut être considéré comme canon dans l’histoire de Kingdom Hearts. Histoire de rendre le titre encore plus indispensable pour les fans (qui regretteront cependant l’absence des mondes de Winnie l’Ourson ou Pirates des Caraïbes)…

Et là, premier bon point qui m’intéresse beaucoup : Sora n’est pas au centre du récit, qui met en avant un autre protagoniste que j’aime beaucoup… Mais qui est hélas trop en retrait dans le lore de Kingdom Hearts : Kairi ! Ici, elle est la narratrice d’un récit qui vous fait revoir les grands passages emblématiques de la saga, de son point de vue… Avant de vous plonger dans l’intrigue du moment, prenant place à la fin de Kingdom Hearts III (attention aux spoilers). Elle répond à des questions, ouvre des portes, et je n’en dirai pas plus… Au total, comptez environ 7-8 heures pour en venir à bout en ligne droite, mais facilement le double si vous visez le 100%.

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Outre la campagne scénarisée, on est surpris par la très grande générosité du jeu en termes de contenu. Et ses différents modes vont vous occuper un bon moment. Un mode libre pour vous entraîner, des défis « Duel » en versus (en online contre un adversaire aléatoire, ou contre l’IA) avec système de ranking… Ou encore un mode co-op en écran splitté, où il s’agit de tabasser du Sans-Cœur… Sachez que la Switch bénéficie aussi d’un mode exclusif, « Chacun pour Soi » (un battle-royale à 8) mais que nous n’avons pu tester. Mais attention, car pour jouer à ce mode, il vous faudra autant de consoles que de joueurs. Pour le reste, on retrouvera aussi le traditionnel musée, avec artworks, séquences animées… Et morceaux à réécouter !

Enfin, je réalise que je ne l’ai pas encore précisé, mais le jeu propose près de 150 morceaux au total. Des titres qui sont pour la plupart des compositions emblématiques de Yoko Shimomura (Working Together, Hikari, Scherzo di Notte, Waltz of the Damned, Destiny Island, Hand in Hand, etc)… Mais aussi des mélodies adaptées des célèbres chansons des films Disney, comme « Let It Go » (la version originale de la célèbre « Libérée, Délivrée » ) ou « Under the Sea » !

Une technique dépassée

C’est sans doute le point qui décevra le plus avec ce Kingdom Hearts : Memory of Melody ! Sa réalisation ! Bien que le jeu ne soit pas totalement moche, il ne fait pas vraiment honneur à la licence, avec un rendu visuel pas vraiment approprié en 2020. Un peu comme si les versions PS4/Xbox One n’étaient que de simples copies de la version Switch, techniquement parlant.

Concrètement, cela se traduit par des environnements qui datent de quelques années, certains étant vides et manquant cruellement de ces petits détails qui donnent une identité au jeu. Les textures elles-mêmes commencent à sérieusement dater, et on se dit vite que le jeu tient davantage des remasters HD que d’un Kingdom Hearts III, par exemple.

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Durant les parties, le joueur évolue sur fond de vidéos représentant des passages emblématiques de la série… Mais on relativise très vite en se disant que le but n’est pas ici de nous en mettre plein la vue… Mais de s’amuser sur les musiques de la saga. Et sur ce point, le contrat est honoré.

Autre aspect qui peut venir gacher l’expérience : lorsque trop d’ennemis ou d’effets pyrotechniques arrivent à l’écran, le jeu perd vite en lisibilité (surtout en mode difficile, de ce fait). Le joueur se perd au milieu de tout ce qui pope à l’écran, avec le risque de louper une manipulation… En même temps, comme je l’ai déjà dit, contrairement à Final Fantasy Theatrythm, on est ici en 3D, et c’est sans doute le prix à payer.

Au final

Kingdom Hearts : Melody of Memory est un épisode qui met les femmes à l’honneur ! D’une part, la compositrice Yoko Shimomura sans qui la licence ne serait sans doute pas ce qu’elle est… D’autre part Kairi, un personnage largement sous-exploité à mon sens dans la série (alors qu’elle est là dès le tout premier opus), qui devient ici la narratrice du mode histoire…

Franchement, un jeu musical n’est pas vraiment ce que l’on attendait pour remettre Kingdom Hearts au goût du jour. Et Square-Enix aurait très facilement pu se planter avec un tel choix… Mais le résultat est là : le jeu est bon et généreux, et s’intègre sans faire tache dans la série ! Bien joué !

On pourra lui reprocher ses graphismes, en retrait par rapport aux productions actuelles… Mais son intérêt est ailleurs ! Le gameplay est fun, et le jeu nous plonge dans une sorte de nostalgie qui redonne envie de sortir les épisodes canons de la série, pour les refaire. Reste à savoir si vous êtes prêts à investir, en cette période surchargée en termes de sorties… Mais si vous êtes un grand fan de KH, vous pouvez y aller les yeux fermés (mais en ouvrant les oreilles) !

Pour aller plus loin dans l’univers Kingdom Hearts, nous vous recommandons de lire aussi les tests suivants :

Kingdom Hearts : Melody of Memory

Testé sur PS4, sur une version fournie par l’éditeur.
Points positifs :
  • Kairi mise en avant
  • Un gameplay intuitif et addictif
  • Les 150 plus belles plages de Kingdom Hearts
  • Contenu copieux
  • En VF
  • Plus de 20 personnages pour former vos trios
  • Les superbes compositions de Yoko Shimomura à l’honneur
  • Les duels en online
  • La co-op en local
Points négatifs :
  • Graphiquement, on s’attendait à mieux
  • Parfois des soucis de lisibilité
  • Il reste tellement d’excellents morceaux qui auraient eu leur place ici !
  • L’histoire trop en mode « flashbacks »
  • Pas de duels en local