Si vous vous intéressez à l’histoire du jeu vidéo, alors, il est une date que vous devez connaître : 1983 ! Victime d’un « krach » , le jeu vidéo a bien failli disparaître… Voilà pourquoi !

Un « Eldorado » économique

Avant toute chose, il faut replacer les faits dans leur contexte. Au début des années 80, le tout jeune jeu vidéo est considéré comme un « Eldorado » économique, une corne d’abondance pour nombre de jeunes sociétés de développement.

Et si les bornes d’arcade dominent fortement le marché, de nombreuses sociétés (notamment américaines), l’installent dans les foyers : Atari, Mattel, Magnavox, Coleco… En France, la marque Brandt fabriquera aussi sa console !

Considéré à l’époque comme un « jouet » , le jeu vidéo repose alors sur un mode de distribution qui va le fragiliser : le « consignement » ! Les jeux non vendus sont réexpédiés aux studios de développement. Ceux-ci ont alors le choix, soit de rembourser les invendus aux distributeurs, soit de leur envoyer de nouveaux jeux.

Mais qu’importe : à l’époque, le jeu vidéo représente une énorme manne financière. Alors chacun y va de son titre, et de jeunes studios se lancent dans l’aventure. Au début des années 80, on produit des jeux vidéo à tour de bras (un responsable de Mattel parlera même de « production de deux ans écoulée en une année » )… Quand on ne clone pas à outrance des licences qui marchent bien, comme Pac-Man ou Space Invaders. Et très vite, le marché est submergé par des titres en tous genres (et pas toujours de qualité)…

Du succès à la crise

Aveuglés par cette frénésie productive, les développeurs ne se sont pas rendu compte que le public s’était soudainement lassé ! Trop de jeux, pas forcément les moyens de tous les acheter, et trop de titres qui se ressemblent… Peu à peu, la demande ne suit plus le rythme de l’offre gargantuesque. Et les quelques jeux qui se vendent encore sont littéralement bradés : un jeu à 30€ se solde alors à 5€…

La conséquence est que le nombre d’invendus (renvoyés aux éditeurs, donc) devient trop important pour les studios de développement. Ceux-ci, parfois en faillite abyssale, n’ont souvent ni les moyens de rembourser ces pertes, ni ceux de développer de nouveaux jeux pour les remplacer… Et beaucoup devront mettre la clé sous la porte !

Nous sommes en 1983, année du fameux krach du jeu vidéo ! Les éléments cités plus haut conduisent l’industrie vidéoludique à connaître une crise économique telle, que les analystes boursiers y verront la fin du jeu vidéo ! Purement et simplement !

E.T. The Extra-terrestrial : le mauvais exemple

S’il est un nom souvent associé à ce krach du jeu vidéo, c’est bien celui de E.T. The Extra-Terrestrial, sur Atari 2600 ! Négociés à prix d’or par Atari, les droits du succès cinématographique de l’époque doivent aboutir à une adaptation vidéo-ludique qui sera un succès, et Atari fabrique des milliers de cartouches ! Calendrier oblige, le jeu sera développé en six semaines à peine par Howard Scott Warshaw !

Mais le résultat n’est pas celui escompté ! Sorti en 1982, E.T. est une catastrophe ! Considéré comme le plus mauvais jeu de tous les temps, il est moche, injouable… Et deviendra très vite un énorme bide (un déficit de 536 millions de dollars pour Atari) !

En plein krach du jeu vidéo, une légende urbaine est née, disant qu’une nuit, Atari aurait déchargé et enterré des remorques entières de jeux (dont E.T.) et consoles dans le désert du Nouveau Mexique… Jusqu’à ce que les stocks soient déterrés en avril 2014, dans une décharge de l’Alamogordo. Un joystick d’Atari 2600, sa boite et son manuel sont d’abord exhumés… Puis des cartouches d’invendus de Centipede, Space Invaders, Astéroids et E.T…. Des milliers de cartouches !

La sortie de crise : le sauvetage de Nintendo

La crise du jeu vidéo de 1983 va être tellement importante qu’il va falloir attendre 1987 pour qu’il s’en relève. Perdant au passage quelques vaillants combattants comme Games by Apollo, Intellvision (Mattel), Coleco, Magnavox, US Games et de nombreux éditeurs en devenir.

Des constructeurs comme Atari survivront, mais fortement marqués. Atari ne s’en remettra d’ailleurs jamais, et se contentera de survivre jusqu’à sa disparition avec l’échec de sa Jaguar, en 1996.

En réalité, le renouveau du jeu vidéo va avoir lieu grâce à une société japonaise : Nintendo ! Avec sa NES, le géant de Kyoto relance l’industrie du jeu vidéo, notamment avec son Super Mario Bros en 1985. Super Mario est le sauveur tant espéré, se vendant à plus de 40 millions d’exemplaires. Il relance à la fois l’industrie, et l’intérêt du public… Jusqu’ici dominé par les Etats Unis, le marché du jeu vidéo passe donc dans les mains du Japon.

Mais ce n’est pas le seul changement issu de cette crise : afin de sécuriser ses ventes, Nintendo va mettre en place son fameux Seal of Quality, qui permet à la fois de contrôler la qualité des jeux, et de canalyser le marché en instaurant un « quota » de sorties…

En 1987, le paysage a changé. De nombreux éditeurs, qui se partageaient naguère le gâteau, ont disparu. Et le marché est désormais dominé par Nintendo, loin devant le survivant Atari. Et un nouveau challenger, Sega, qui deviendra plus tard son rival le plus acharné…