Proposé par le studio français The Game Bakers (Montpellier), Haven est un véritable voyage onirique, un conte qui mêle action, exploration et… Romantisme. Et quand ce sont des Français qui vous parlent d’amour, on a de bonnes raisons de les prendre très au sérieux. Pour la Saint-Valentin, on ne pouvait passer à coté d’un test du jeu…

La french-touch

Si vous ne connaissez pas encore The Game Bakers, honte à vous ! Car ce studio basé à Montpellier est sans doute parmi les meilleurs talents à la Française. D’ailleurs, le studio a été fondé en 2010 par deux anciens d’Ubisoft : Audrey Leprince et Emeric Thoa (dont vous pouvez retrouver une interview ici).

Parmi les créations des « Boulangers du jeu » on ne peut passer à coté de Furi ! Un boss-rush superbe et très agréable à jouer, mais qui va vous terraformer le fondement par sa difficulté. Plus fun et plus facile, on ne peut également que vous conseiller le rafraichissant Squids Odyssey, un jeu d’aventure/stratégie subaquatique.

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Et puis en 2019, nous découvrions Haven, nouvelle création du studio. Un titre ambitieux mêlant aventure, exploration et RPG. Le jeu est sorti sur PS5 et Xbox Series X/S et Xbox One (Game Pass) début décembre 2020. Le 4 février, il est aussi sorti sur Switch, PS4 et PC via l’Epic Games Store.

Amour défendu, amoureux en exil

Le jeu, intégralement traduit en VF, nous propose d’incarner Yu et Kay (rien à voir avec le Brexit). Un couple d’adolescents qui s’est exilé sur une planète étrangère, appelée Source. Nos deux amoureux veulent fuir leurs congénères, qui veulent les séparer. Cette planète perdue au fin fond de l’univers est donc le terreau idéal pour démarrer une nouvelle vie.

Dès lors, nos deux amoureux redémarrent une vie de zéro. Depuis leur vaisseau, le Nid, il vont se construire un habitat cosy, en l’upgradant à l’aide de matériaux récupérés sur la planète. Leur curiosité les conduit également à explorer ce nouveau monde, peuplé d’étranges créatures (vous pourrez même gratouiller les plus pacifiques). Un monde en apparence vierge de toute civilisation, mais il s’avérera plus tard qu’il a déjà été exploré auparavant.

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Mais… Tout serait si simple si l’on en restait là ! Et vous vous doutez bien que nos deux fuyards ont été pris en chasse ! Ce qui va introduire une mécanique (un peu trop) récurrente dans un jeu si contemplatif : les combats. Mais on en parle plus bas.

Outre les longues phases d’exploration de la Source, on appréciera aussi les fins de journées, durant lesquelles nos héros se retrouvent dans le Nid pour échanger, discuter, cuisiner… De chouettes moments de détente, qui sont prétexte à développer l’histoire de Kay et Yu. Et à nous servir de délicieux dialogues qui assoient encore davantage leur relation amoureuse… Des phases qui semblent ordinaires, mais qui ont leur importance puisqu’elles remplissent une jauge d’affinité qui permet de débloquer de nouvelles compétences.

Fait néanmoins assez curieux pour être souligné, si Yu et Kay sont seuls en extérieur… Une fois dans le Nid, le joueur semble incarner un 3e protagoniste à la première personne, qui observe nos deux amoureux. Certes, ce point de vue nous plonge encore davantage dans leur intimité, mais… Avec toutefois une impression de voyeurisme…

Une fois pris en main, un gameplay délicieux

Haven nous a été présenté comme un RPG. Certes, il en reprend les mécaniques, de manière assez simplifiée il faut le dire. Mais il ajoute aussi une dimension aventure/exploration non négligeable. Et au final, on retiendra un savant mélange de tous ces genres, qui s’équilibre assez bien. Le jeu en lui-même n’est pas difficile (les développeurs vous préviennent d’entrée qu’il est conseillé d’attaquer en « normal » mais le « easy » reste possible)… Et ici, le game-over n’existe pas : en cas de défaite, vous êtes renvoyé dans Le Nid.

On regrettera le système d’upgrade des compétences, quasi-automatique… Ou encore les dialogues à réponses multiples, mais qui n’ont véritablement pas (ou peu) de conséquences sur le reste de l’aventure (vous comprenez pourquoi je parlais de RPG simplifié). Alors, il vous reste un système de jauge de vie à surveiller, ou des activités annexes comme la cuisine à l’aide d’ingrédients collectés sur la carte (c’est dingue le nombre de jeux qui vous proposent de faire de la popote depuis The Legend of Zelda : Breath of the Wild).

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Votre but est d’améliorer le hub central du jeu, autrement dit votre vaisseau, le Nid. C’est l’endroit où vous allez dormir, dialoguer, vous soigner en prenant des douches, cuisiner pour pouvoir manger… Bref, plein de choses à faire qui vous demanderont des ressources. Et vous le voyez venir : pour récolter ces matières premières, le jeu va vous lancer sur les phases plus captivantes d’exploration. Au total, vous devrez explorer une dizaine d’îlots flottants sur Source. Oui c’est vrai : sur le principe de base, le jeu rappelle un certain No Man’s Sky, par exemple. Mais ce n’est qu’une impression qui va vite s’estomper…

Les déplacements en glisse à quelques centimètres du sol sont particulièrement grisants (un peu à la manière de Flower, pour ceux qui connaissent). Et que dire des phases durant lesquelles vous « flottez » dans des couloirs d’ondes ? Les sensations sont bonnes, avec de surcroît une grande impression de liberté. Seul bémol : malgré la possibilité de faire instantanément demi-tour ou de virer à angle droit (vous apprendrez de nouvelles compétences au fil du jeu), les phases au sol manquent parfois de précision. Et le joueur ne part pas toujours sur la trajectoire souhaitée. C’est un coup à prendre !

Notez enfin que, si le jeu est jouable en solo, en alternant entre les deux protagonistes… Il vous propose également d’inviter un/une ami(e) pour évoluer en co-op. Un mode sympa, que de plus en plus de développeurs oublient de nos jours. Le seul reproche que l’on fera à ce mode est sa gestion de la caméra, qui a parfois tendance à s’emmêler les pinceaux.

Un gameplay parfois étrange

Durant vos phases d’exploration, deux mécaniques de gameplay sont à souligner. Tout d’abord, vous trouverez sur la surface une rouille rouge, que vous devrez nettoyer à la manière de Mario dans Super Mario Sunshine, simplement en passant dessus et en détruisant des sortes de noyaux. Ensuite, vous croiserez aussi des ennemis, pour des combats pendant lesquels les mécaniques RPG reprennent leurs droits. Si ce n’est que le jeu adopte ici un curieux mélange entre tour par tour et combat en temps réel.

D’ailleurs, il y aurait beaucoup de choses à dire à propos des combats, un poil trop nombreux et vite répétitifs. Ainsi, on a beaucoup de mal à comprendre pourquoi, lorsque les ennemis attaquent en groupe, il est impossible de choisir sa cible. Un aspect qui tue littéralement l’aspect stratégique des combats… Pour ne pas dire qu’il peut sérieusement vous handicaper, voire vous conduire à l’échec.

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Reste un mode de combat automatique, pour éviter d’affronter des ennemis sans arrêt, en laissant votre duo gérer la situation. Une possibilité qui fonctionne dans un jeu comme Yakuza : Like a Dragon, mais pas ici. Yu et Kay ayant tendance à ne pas toujours choisir la réaction la plus adéquate.

Mais attention ! Ne pensez pas pour autant que cet aspect soit loupé, et les phases de combats nous servent également de bonnes idées. Par exemple le fait qu’il faille se synchroniser avec son partenaire pour utiliser les quatre commandes possibles. Une mécanique qui ajoute à la synergie existante entre nos deux amoureux, celle-ci devient alors palpable.

Au final

Haven est un titre que nous avions pressenti comme un excellent jeu… Et sans chauvinisme, cela se vérifie manette en main. Bien sûr, les fans de challenge hardcore habitués à la difficulté de Furi seront surpris par une facilité qu’ils jugeront déconcertante… Mais dans Haven, l’intérêt est ailleurs.

Car au fil de ce voyage onirique, le joueur est comme les personnages qu’il incarne : il glisse en douceur sur cette intrigue, en profitant au maximum du voyage et des somptueux paysages qui se déroulent sous ses yeux. En d’autres termes, on n’est pas venus pour souffrir, OK ? Haven est de ces jeux que l’on explore en toute quiétude, juste pour se détendre et profiter d’une jolie histoire.

Alors, au final, faut-il craquer ? Et bien, en toute objectivité, oui !!! Et pour plusieurs raisons ! D’une part parce que le jeu est proposé à un tarif beaucoup plus abordable que les 80 balles demandés pour un jeu new-gen… D’autre part parce que l’on ne peut pas vraiment dire que l’on croule sous les propositions de cet acabit en ce moment ! Et surtout… Comme je l’ai déjà écrit, Haven est un très bon jeu, une excellente démonstration de savoir-faire à la française, qu’il faut au moins avoir essayé dans sa vie de gamer…


Haven

Testé sur PS4, sur une version fournie par l’éditeur.
Points positifs :
  • Une histoire vraiment très chouette, une belle écriture
  • Une DA en cel-shading, avec une vraie personnalité
  • Un duo attachant
  • Une relation de couple traitée avec une vision mature
  • Les déplacements grisants
  • Les différentes actions possibles dans le Nid
  • L’aspect contemplatif du titre
  • La bande-son électro de Danger
  • Un prix plus que correct
Points négatifs :
  • Sur la longueur, le jeu devient répétitif
  • Ici, on ne parlera pas vraiment de challenge
  • Les déplacements au sol
  • Des combats parfois un peu fouillis
  • Les soucis de caméra en co-op